vendredi 16 décembre 2016

Jacmel : du dialogue au jeu

La rentrée académique de septembre 2016 a marqué la reprise des activités du club de débat de FOKAL à Jacmel. La grande réunion de lancement qui s’est tenue le samedi 10 septembre 2016. Les animateurs y ont mis à discussion leurs propositions pour l’année et recueilli ceux des jeunes : Un premier canevas prévisionnel de formation et d’exercices de débat, quelques projections de films thématiques, de sorties éducatives. L’enthousiasme de départ est, cependant, réduite à la participation dissipée. Les présences aux réunions se sont espacées de telle sorte que les exercices pratiques ont été reportés à plusieurs reprises.

Le dialogue pour se relever

Pourtant, c’était déjà le moment d’intégrer de nouveaux jeunes dans le club. Les activités prévues dans ce cadre, matchs d’exhibition et invitation dans les écoles, ont du être ajournés sur quelques semaines. L’ambiance avait besoin d’être redynamisée au préalable, pour que cette nouvelle campagne de recrutement soit pleinement réussie. Mais comment rallier les troupes ?

 Les animateurs du club de Jacmel, Bettina Pérono et Reginald Raymond-Fils ont eu recours à leur principal outil de dialogue pour remédier à la situation. Mais auparavant, la fiche de dialogue a été réadaptée à la situation. Les jeunes, ont été appelés à s’exprimer librement et le plus honnêtement possible. Toutes les réponses ont relevé un manque d’implication et de motivation chez les jeunes. La plupart souhaitaient plus de loisirs. La plus grande difficulté à laquelle ils ont tous dit se confronter dans la préparation des matchs a été de trouver et d’utiliser les supports.

Grâce aux fiches de dialogue, les animateurs du club Bettina Pérono et Réginald Raymond Fils ont alors revisité leurs méthodes de coaching, en vue d’améliorer la participation des jeunes jacméliens dans le club, ainsi que leurs performances de débateurs. La solution devait autant faire appel à la rigueur de l’esprit du débat qu’au besoin de loisirs des  jeunes. Les stratégies de l’année précédente avaient, pourtant, été payantes : arrivé en demi-finale au tournoi national, le club de Jacmel a eu des performances remarquables. 

Quant aux loisirs, films, soirées dansantes et prestations culturelles, les jeunes en avaient eu pour leur compte entre les multiples exercices et tournois de débats. Mais l’évidence venait de changer de cap : Il est vrai que débattre, c’est apprendre en s’amusant ; l’animateur risque, cependant, d’être le seul à le comprendre, s’il n’arrive pas à sans cesse réinventer les méthodes de coaching afin d’en convaincre les jeunes, qui, de leur coté, ont souvent tendance à prioriser les loisirs sur l’apprentissage.

Il fallait donc encore évoluer.  Maintenant, dans quelle direction ?

Le gout du jeu

C’est de la page 124 du guide pédagogique de débat de FOKAL qu’émergea la piste la plus adaptée à la situation : un jeu de rôle racontant les circonstances de l’assassinat d’une jeune femme, et où il revient de déterminer dans son entourage qui est le plus responsable de sa mort de son décès. Les désignés : son mari absent, son amant qui refuse de l’aider, son ami qui en fait de même, un passeur qui lui exige des frais qu’elle n’a pas en échange de ses services, et un fou qui finalement la tue plutôt que de la laisser traverser un pont pour rentrer chez elle. Le match devait se dérouler comme dans un tribunal. Les débatteurs, des avocats. La résolution remplacée par la responsabilité ou non de leur client.

Dans un premier temps, les jeunes ont du déterminer par ordre croissant, et selon leur point de vue personnel,  le niveau de responsabilité des protagonistes dans le décès de la femme. Parmi les protagonistes qui ont récolté le plus de voix après le meurtrier direct, c’est à dire le fou, seraient les premiers les clients des équipes.

Le mari et l’amant remportèrent la palme avec respectivement 23 et 18 points, après le fou (27 points). La première résolution retenue était donc : L’amant est le plus responsable de la mort de la femme. Et l’accusation étaient portée par les avocats du mari, de l’équipe affirmative, Brunet BLAISE (1A) et Claudia PETIT JEAN (2A), Gregory JEUDY (3A). La défense étaient assurée par Marcorel NOEL (1N), Annizabelle SANON (2N), Querline BERNADEAU (3N). En guise de jury, les animateurs  Bettina Pérono et Réginald Raymond Fils prenaient note.

Les règles 

Le plaidoyer des avocats devaient reprendre la structure argumentative Karl Popper et témoigner d’un respect mutuel, les avocats devaient eux-mêmes réunir les éléments de leur plaidoyer ; pour le reste ils avaient carte blanche. Le premier match s’est tenu le dimanche 16 octobre .Les jeunes se sont laissé prendre au jeu. Leur premier tour : nommer le mari comme leur animateur Réginald, et l’amant comme un des débatteurs affirmatifs, Brunet, dans l’intention maligne de le porter à s’accuser lui-même.  

Le débat

Argument de l’équipe affirmative :

Déclaration : L’amant est le principal responsable de la mort de la femme, parce que son refus de l’aider  a un impact psychologique déterminant sur elle.  
Explication : La femme a traversé la rive pour rejoindre son amant. Face à l’attitude irresponsable de ce dernier, elle se retrouve dupée, humiliée, désespérée. D’autant plus que l’amant n’a même pas daigné fournir une explication sur les raisons de son refus à la femme, ce qui implique qu’il ne voulait tout simplement pas l’aider.
Support : N/A
Conclusion : Son refus de l’aider cause  ainsi son geste désespéré de se livrer à une mort certaine.

Réfutation par l’équipe négative : L’amant n’a pas poussé la femme vers la mort, au contraire c’est lui qui a souffert quand elle a décidé de l’abandonner. Pourquoi devait-il aider la femme à le quitter?

Argument de l’équipe négative :

Déclaration : L’amant n’est pas le principal responsable de la mort de la femme, parce qu’il est dépassé par les événements.
Explication : C’est la femme qui a commencé leur relation en décidant de se laisser séduire. Elle est venue le trouver chez lui, pour ensuite l’abandonner. La femme avait le choix : elle aurait pu rester. Mais elle a choisi de partir, en lui brisant le cœur.
Support : N/A
Conclusion : L’amant est désespéré que la femme préfère risquer sa vie pour retrouver une autre personne qui la néglige. 

Réfutation par l’équipe affirmative : L’amant vient de passer la nuit avec la femme, c’est une preuve de l’amour qu’elle lui porte. Il n’est donc pas déstabilisé, mais confiant dans sa prédominance affective lorsqu’il prend la décision de ne pas l’aider. Leur relation est illégitime, l’amant est irresponsable parce qu’il ne considère pas les risques que la femme prend ainsi pour lui. C’est lui qui abandonne la femme, car il la délaisse face à la difficulté.  

Reconstruction  de l’argument affirmatif:
Rappel de la déclaration : L’amant est le principal responsable de la mort de la femme, parce que son refus de l’aider  a un impact psychologique déterminant sur elle.   
Support : Selon le psychologue, Sigmund Freud, un traumatisme peut provoquer un désespoir extrême.
Explication: Et c’est ce qui est arrivé à la femme. Ce désespoir l’a poussée à pratiquement à se suicider en acceptant finalement d’affronter le fou, en sachant que celui- ci allait la tuer.
Conclusion : L’amant est donc le principal responsable de la mort de la femme, parce qu’il savait aussi qu’il la condamnait en lui refusant son aide. Il a ainsi fait preuve d’une négligence criminelle.

Réfutation de la reconstruction par l’équipe négative : Premièrement, si la femme était tout simplement restée avec son amant, elle ne serait pas morte. Deuxièmement, si elle décide quand même de partir, l’amant n’est pas garant de sa sécurité. C’est elle qui préfère le quitter et  risquer sa vie pour un mari qui la néglige. 

Reconstruction de l’argument négatif :
Rappel de la déclaration : L’amant n’est pas le principal responsable de la mort de la femme, parce qu’il est dépassé par les événements.
Explication : L’amant n’est ni le seul ni le premier à qui la femme s’adresse, il y a aussi le passeur, l’ami de longue date, et ils ont tous deux refusé de l’aider. Et puis, l’amant avait peut-être honte de ne pas avoir d’argent à lui donner pour le passeur. Qu’est ce que l’amant aurait du faire ? Risquer sa vie inutilement pour sauver celle d’une femme qui est en train de le quitter ?
Support : N/A
Conclusion : La femme infidèle est seule responsable de ses actes. Elle décide de se laisser séduire. Elle rejoint son amant en l’absence de son mari. Elle quitte son amant pour rentrer en pleine nuit avant l’arrivée de son mari, en refusant de rester, même pas pour sa sécurité.

Les contre-interrogatoires étaient passionnants. Parmi les questions et réponses les plus intéressantes, celles-ci ont retenu l’attention des animateurs :

Question (3N au 1A) : N’est-ce pas la femme qui s’est laissée séduire ? 
Réponse (1A au 3N) Sans amant, il n’y a pas d’infidélité.

Question (1N au 2A) Le retour de la femme vers son mari signifie t-il forcement qu’elle le préfère à l’amant ?
Réponse (2Aau 1N) : Pas forcément, mais elle a épousé cet homme devant la loi, et la loi interdit l’infidélité. Elle risque la prison ou même la mort si elle se fait prendre. 

Juste un jeu

Pas de décision du jury pour cette fois, c’était par contre prévu pour le prochain match où les équipes devraient inverser leurs rôles, devant d’autres jeunes et potentiels nouveaux membres du club,  ainsi que leurs parents.

Les animateurs du club de Jacmel ont quand même souligné le manque de support aux arguments et ont promis d’y revenir dans leurs prochaines séances de formation. Le constat le plus important à faire, selon eux, était l’attitude des débatteurs et débatteuses : Les jeunes se sont lâchés, s’amusant à s’envoyer des piques taquines dans leurs discours, mais ils sont restés en alerte au discours adverse pour l’attaquer plus tard et de front. Et parce qu’ils ne pensaient qu’à jouer, le rire des autres et de soi-même avait remplacé  la crispation dans le discours causée habituellement par le stress.

Cette compétition positive et plaisante est justement l’ambiance requise au débat, leur ont fait remarqué Bettina Pérono et Réginald Raymond Fils, ravis de pouvoir également se le rappeler : dans ce programme éducatif, débattre est, avant tout, un jeu.

Bettina PERONO & Réginald Raymond-Fils
Animateurs du club de débat de Jacmel

Lundi 16 décembre 2016,

vendredi 9 décembre 2016

Les jeunes de Darbonne et la problématique du sida

À Darbonne, les jeunes du club réfléchissent
sur la problématique du Sida

Le 1er décembre est consacré à la célébration de la journée mondiale de la lutte contre le sida. Dans plusieurs pays et particulièrement en Haïti, des nombreuses activités sont réalisées sur cette pandémie qui, selon le rapport d’ONUSIDA de 2014, près de 36,9 millions de personnes vivent avec le VIH dans le monde. Ce qui est le plus inquiétant, c’est que durant cette même année, selon ce même rapport, environ 2 millions de personnes ont été nouvellement infectées, soit 5600 nouvelles infections par jour dont un tiers concerne des jeunes de 15 à 24 ans.


C’est dans ce contexte particulier que les jeunes du club de débat de Darbonne ont été invités à réfléchir ce vendredi 2 décembre 2016 sur cette problématique. Dans la salle de lecture de la bibliothèque Rasin Lespwa, plus d’une trentaine de jeunes du club et autres invités sont réunis. Mais c’est Merline Somerville, ancienne débatteuse du club, qui tenait les commandes. Elle vient, il y a quelques semaines de participer à un séminaire sur le leadership des jeunes filles avec l’ambassade américaine et un module sur la sexualité des jeunes a été développé.
Après une petite mise en contexte de l’un des animateurs, Merline a introduit la séance avec un survol historique sur le sida depuis l’apparition du virus au début des années 80 aux USA et son parcours jusqu'à nous en Haïti. Elle s’ensuit avec cette question adressée aux participants : Quelle différence faite vous entre le VIH et le sida ? Plusieurs réponses sont venues du public, mais on retiendra que le VIH est le virus responsable du sida, tandis que le sida est le stade déclaré de l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine. A ce stade la personne atteinte du virus, les signes et symptômes de la maladie commencent déjà à apparaitre.
En ce qui attrait aux modes de propagation de cette pandémie, Merline a expliqué aux jeunes qu’il y a plusieurs moyens de contracter le virus. D’abord, 90 % des cas sont dûs aux rapports sexuels non protégés ; ensuite il y a le contact sanguin. Une femme enceinte portant le virus peut aussi infecter son enfant si elle n’est pas prise en charge par un médecin durant la période de grossesse.
Pourquoi ce sont les femmes et surtout les jeunes qui représentent la catégorie la plus touchée pour le sida dans le monde ? Cette question qui allait susciter beaucoup plus de débat au milieu des participants. Ginette croit que le niveau économique précaire des femmes et de filles n’est pas sans conséquence dans la propagation de ce fléau. Comment imaginer qu’une jeune fille de 16 ans, pour subvenir à ses besoins et parfois aussi ceux de sa famille, soit obligée de livrer son corps  ajoute elle la peine dans l’âme.
Pour Donley et Landie, la famille et l’école ont leur part de responsabilité. Pas de cours d’éducation sexuelle dans les écoles. Que dire des parents qui refusent d’aborder ce sujet tabou avec leurs enfants ?
En guise de propositions, Merline a exhorté les jeunes à pratiquer l’abstinence qui selon elle, est le moyen le plus efficace pour se protéger contre les MST et les grossesses précoces non désirées, afin de ne pas hypothéquer leur avenir. On est jeune, l’avenir nous appartient, on aura tout notre temps, a-t-elle conseillé à ce public de jeunes très attentif à son message. Sinon, elle  les encourage à utiliser un préservatif.
Il faut rappeler que la journée mondiale de la lutte contre le sida a été célébrée cette année autour du thème : Levons la main pour la prévention du sida !

Max Grégory SAINT FLEUR
Animateur du club de Darbonne   

mardi 15 novembre 2016

Le club de débat de la BMC se porte bien!

Le club de débat de la BMC a entrepris toute une série d’activités dans le cadre de sa programmation trimestrielle pour la fin de l'année 2016. Des activités hebdomadaires interrompues momentanément par l’affaire Masimadi. Le club reprend pour le moment son fonctionnement habituel avec une programmation riche et axée sur des activités-phares comme des formations et des rencontres avec des ressources extérieures au club.

Les activités du club

Suite aux recrutements de jeunes dans le club, au niveau des directions d’écoles secondaires dans la périphérie de FOKAL, le club a organisé le samedi 17 septembre 2016, une journée d'intégration dans l’objectif d'accueillir et d’informer les nouveaux adhérents sur la mission du club et du programme de débat de la FOKAL en général. Au cours de cette séance les animateurs du club ont entretenu le public sur l'actualité et les fondements du programme, au regard des  propos de Michèle D. Pierre- Louis (Présidente de FOKAL) contenus dans le guide pédagogique des débats. Une cinquantaine d'élèves et étudiants ont pris part à la journée. Cette rencontre a été aussi l'opportunité pour certains débatteurs expérimentés de témoigner des quelques habiletés que ce programme a su leur conférer au long de carrière de débatteurs.

Tout a été fait pour rendre le club attrayant à ces nouveaux inscrits, des 2 sexes, une formation sur le leadership a été même réalisée le samedi suivant par un ancien membre du club, aujourd’hui formateur national en leadership au bénéfice d’une trentaine d’entre eux,  dans la limite des places disponibles.

Il s’appelle Wilkenson CESAR. Il est CEO du NDD (New Direction for Developpement), structure organisationnelle qu’il a montée avec d’autres professionnelles du leadership. Plus d’une décade s’est écoulé depuis son dernier tournoi national aux côtés de ses quelques coéquipiers du club. Voilà qu’il revient 10 ans plus tard offrir ses compétences en leadership à un public qui lui rappelle énormément ses années sur les bancs de ce club, comme il se plaît à le dire. Sa formation étant axée sur la nécessité pour les animateurs d’opter pour un leadership permettant l'émergence de nouveaux leaders au niveau du club, cultivant le sens de responsabilité et la tolérance. Le formateur en a, entre autres profité, pour rappeler le devoir des animateurs-trices et débatteur-ses d’aller vers l’autonomie. Comprenant que  la mission des animateurs étant la transmission aux jeunes de compétences non apprises à l'école.

A cet effet, il faut souligner le formidable exemple de leadership du comité de facilitation du club, présidé par le débatteur Evens Adonis. Ce comité est d’une aide précieuse sur plusieurs points comme l'installation de la logistique en vue des rencontres, l'élaboration du calendrier trimestriel, la mobilisation des jeunes et la disponibilité des membres de ce comité pour les jeunes les moins expérimentés.

L’affaire Masimadi

A cause de menaces proférées à l’encontre de la FOKAL, le club de débat de la BMC, ainsi que tout le centre culturel, ont dû surseoir leurs activités ouvertes au public. Le club, étant hébergé directement dans les locaux de fondation, a été fortement impacté par de telles menaces dans la mesure où les activités n’ont pu être reprises que vers la fin du mois d’octobre à la réouverture du centre culturel au public. Le club étant un lieu par excellence de tolérance, l’affaire Masimadi a été une occasion pour le club de réaffirmer et de redoubler d’efforts pour souligner les idéaux de tolérance, de respect des points de vue de l’autre et la nécessité de vivre ensemble, malgré nos différends et différences

Le club a pu reprendre ses activités le samedi 29 octobre par un match d'exhibition proposé par d’anciens débatteurs. Le but de cet exercice a été de montrer en exemple aux nouveaux adhérents comment se déroule un match de débat dans la pratique, dans le format Karl Popper. Le match s’est joué autour de l'énoncé : “Medya ayisyen yo ta dwe sispann difize imaj vyolans nan manifestasyon yo”. Ce match de débat répondait à un double objectif : introduire les nouveaux adhérents au format Karl Popper, mais aussi décomplexer les jeunes au débat en faisant jouer le match en créole, une initiative de la coordination du programme. Les clubs sont donc des espaces bilingues, ce qui élimine la barrière linguistique que pourrait être le français pour certain-es.

Le samedi 5 novembre, c’était le tour du responsable du cybercafé de la FOKAL, Yves Osner Dorvil, d'animer une énième formation sur la recherche documentaire via le web. En effet, ce n’est pas la première fois que le club de débat bénéficie des compétences de l’informaticien qui a pris plaisir à entretenir les jeunes du club sur les techniques de recherche documentaire via internet. Cette formation se relève l’un des piliers essentiels pour le club. Être capable de mener une recherche documentaire sans assistance est l’une des compétences prioritaires que le club s’est fixé de transmettre à ses jeunes. Un débatteur est par-dessus tout celui qui sait trouver et mobiliser les informations sur un sujet donné, compétence qui lui est indispensable pour réussir un débat.

Les piliers du club de débat de la BMC

Le club de débat de la BMC travaille sur plusieurs axes prioritaires de transmission, entre autres : la prise de parole en public, la capacité de mener des recherches documentaires sans assistance, la prise de note, la culture générale et les compétences liées à la lecture.

Un débatteur est avant toute chose un artisan de la parole. Nous mettons donc un point d’honneur chaque fois que l’occasion se présente de revenir sur les techniques de prise de parole en public, la gestion du trac et la communication non-verbale. Certains débatteurs ont souvent témoigné des avancées spectaculaires qu’ils ont pu faire en la matière. Il faudrait peut-être parodier Boileau sur la question : “Le vers le mieux rempli, la plus noble pensée ne peut plaire à l’esprit quand l’oreille est blessée”. Dans cette optique, chaque session commence par un exercice de prise de parole en public (comme le balloon debate) et/ou de gestion de trac. Ce qui a aussi pour objectif de favoriser une meilleure participation de tout un chacun lors des rencontres.

Puisque savoir parler ne suffit pas, d’autres activités favorisent l’assimilation de compétences comme les ateliers de lecture organisés à plusieurs reprises au cours des activités trimestrielles visant à favoriser de meilleures aptitudes en lecture et de rapport au texte. Aussi une activité baptisée “Les actualités de la semaines”  est obligatoirement présentée à chaque rencontre par un débatteur différent. L'idée est d’inciter les jeunes à être à l'écoute du monde et de ce qui se passe dans leur communauté. Cela vise aussi à aider le débatteur à se forger une culture générale indispensable lors d’un match de débat.

Les Perspectives

Dans le souci de promouvoir la culture de la tolérance, le club de débat organise à l’occasion de la journée internationale de la tolérance, en partenariat avec la Bibliothèque Monique Calixte, une projection-débat autour de la tolérance. Une causerie sera animée par Jean-Marie Pierre autour de l’inestimable nécessité de la tolérance. Cette activité sera ouverte au public et mettra en exergue toute une littérature sur la question par des textes disponibles à la bibliothèque.

D’autres activités sont prévues jusqu'à la fin de l'année, entre autres un tournoi-caravane qui sera organisé dans les locaux de plusieurs écoles des environs du club. En attendant de plus amples informations sur le tournoi, il reste à surveiller l'évolution de l'atmosphère politique et espérer que le pays se portera bien.

Ricardo Nicolas
Animateur du club de débat de la BMC



jeudi 10 novembre 2016

Lancement de la 2ème édition du Concours de plaidoirie

Le Concours de plaidoirie sur les droits humains est désormais lancé ! Les étudiant-e-s ont jusqu'au 8 décembre 2016 pour nous adresser une contribution écrite sur le thème : La "détention préventive prolongée" dans le système judiciaire haïtien.

L'annonce, le règlement du concours et le formulaire de candidature sont en ligne sur le site www.bdhhaiti.org

L'annonce est en train d'être affichée dans toutes les facultés de droit de la capitale et envoyée dans celles de province. Nous allons également l'afficher dans les tribunaux et barreaux ainsi que dans les principaux lieux culturels.

Elle est publiée sur la page facebook Bureau des Droits Humains en Haïti. Elle devrait être également publiée avant la fin de la semaine dans Le Nouvelliste et Le National.

Je vous invite à partager largement l'annonce et à la diffuser sur vos réseaux sociaux. Le plus simple est de renvoyer vers le site www.bdhhaiti.org pour que les candidat-e-s puissent télécharger directement les documents à la source.

Ann avant!!

Bien à vous,

Pauline LECARPENTIER

BHDH

vendredi 4 novembre 2016

Rencontre post-Matthew au club de Jérémie

Contrairement à ses rencontres habituelles, le club de Jérémie a organisé samedi 29 octobre 2016, à l’Alliance française de Jérémie, une rencontre animée par Francklin Louis-Jean, responsable du club de Santo, à l’invitation de Waldinde Germain, son collègue du club de la cité des Poètes. La réunion a porté essentiellement sur les conséquences de l’ouragan Matthieu et les leçons tirées de son passage sur le département et les propositions par les 20 jeunes présents.

Témoignage des jeunes

Francia Illus a pris la parole en disant : « L’ouragan Matthieu a un impact psychologique sur certaines personnes. Il y a beaucoup de personnes qui ont perdu des biens, des maisons… Elles peuvent perdre la tête à cause de cela. Comme solution, je propose que des psychologues consultent ces personnes, comme on a fait dans le club samedi dernier, fassent un débriefing psychologique suivi de soins bien spécifiques. Et comme leçon, il ne faut plus jamais prendre à la légère ce que prévoient les scientifiques ».

Venel Garçon, un autre jeune du club, croit que « l’ouragan a augmenté la famine dans la région parce que les jardins et les animaux des paysans ont disparu. Pour pallier à ce problème, pendant qu’on distribue de l’aide alimentaire aux sinistrés, il faudrait qu’un groupe d’agronomes distribuent des engrais et des semences aux agriculteurs. La leçon que j’en tire, c’est qu’il est bon de venir en aide à ceux-là qui en ont besoin ».

Pour Thermogène Guychard, l’ouragan Matthieu a mis presque tout le monde au chômage. Il nous a permis de constater l’irresponsabilité de l’Etat haïtien face à l’arrivée en trombe des ONG. L’Etat n’a plus le contrôle du territoire. Ma solution est de reboiser, replanter ce qu’on peut. La leçon tirée de cette catastrophe est que pendant le passage de Matthieu, les gens qui se croyaient importants et qui ne voulaient pas se mêler aux autres, ont fait un seul corps avec eux.

« Le choléra revient avec une fréquence sans précédent, la pollution augmente et des gens sont frappés par des troubles cardiaques. Solutions : distribuer des tablettes de purification d’eau aux gens, se mettre ensemble pour une bonne politique de gestion des déchets et pour une meilleure protection de l’environnement. Nous ne devrions pas être trop attachés aux biens matériels. Il y a des gens qui sont devenus fous, au pire se suicident parce qu’ils étaient trop attachés aux biens matériels », a avancé Immaculeuse Édouard.

 « Moi, j’ajoute à ce qu’ont avancé les premiers intervenants, l’exode rural. Beaucoup de gens se sont rendus à Port-au-Prince, après l’ouragan. Pour empêcher cette tendance, il faut absolument leur venir en aide et les encourager à continuer à vivre dans le département. Le paradoxe dans ce drame jérémien, c’est que même ceux-là qui disaient : ‘‘ma maison est en meilleur état que celles des autres’’ dorment eux aussi dans sur des tombes et dans des grottes », a ajouté Daniel Jeudy ».

Selon Wogensky Laguerre, la violence a augmenté dans certains quartiers. « De plus, le Grand Sud qui représentait la réserve forestière d’Haïti ne l’est plus et cela peut aggraver les conséquences du réchauffement climatique. L’Etat doit rapidement aider à reboiser et relancer la production agricole. Il y a aussi la difficulté de communication et le déplacement forcé et dangereux vers Port-au-Prince. Une remarque paradoxale que j’ai faite de cette catastrophe est que beaucoup de personnes dont les maisons sont restées debout ont accueilli les victimes, pendant que les commerçants se plaisent eux-mêmes à augmenter le prix de leurs marchandises ».

Francklin Louis-Jean a résumé les différentes interventions des jeunes et les a félicités pour le courage et la solidarité dont ils ont fait montre dans ces moments difficiles. Il leur a rappelé qu’ils doivent tirer des leçons de ces évènements et d’apprendre dès maintenant à faire preuve de responsabilité, car bientôt ce sont eux qui auront à remplacer éventuellement les autorités actuelles. Ils doivent être à même de faire une meilleure gestion du territoire, de prévenir et de répondre efficacement aux situations d’urgence auxquelles la nation peut être confrontée. 

Pour clore cette rencontre, Waldinde a remercié Francklin et les jeunes qui étaient présents et leur a donné rendez-vous samedi prochain pour le début des séances de formation sur le débat.

Waldinde Germain
Animateur du club de Jérémie


lundi 24 octobre 2016

Le Cap garde son cap

Soixante-quinze (75) jours après son sacre national, le club de débat du Cap-Haïtien a organisé un tournoi individuel de débat : un type de compétition différent de ce qui se fait habituellement dans le Programme Initiative Jeunes de FOKAL, dont le club fait partie. Ce tournoi s'est réalisé le samedi 1er octobre 2016, à l’université du Roi Henri Christophe du Cap-Haïtien (URHC).

En présence des nouveaux membres du club, environ une cinquantaine de jeunes recrutés en septembre 2016 à la fin des vacances d’été qui viennent de plusieurs établissements scolaires de la ville du Cap (les collèges Regina Assumpta, Externat Saint François Xavier, Modèle, Notre-Dame, Saint Joseph, l'Essor, Pratique du Nord ; les Lycées Nationaux Philippe Guerrier, Dutty Boukman, Bréda), des étudiant-es de l'URHC, du Centre national de formation à distance, ainsi que des parents et ami-es qui ont été invités à prendre part à l’activité.
L’objectif de cette compétition inédite a été de donner le goût et l'envie du débat aux nouveaux membres du club et de faire émerger des talents cachés parmi eux, et de savoir quel rôle conviendrait le mieux à tel ou tel jeune de façon à construire des équipes beaucoup plus équilibrées, beaucoup plus complémentaires et surtout beaucoup plus efficaces pour représenter le club dans les tournois officiels de FOKAL.

Le format utilisé pour un tel tournoi, reste le même que celui utilisé par le programme de débat de FOKAL, le format Karl Popper, néanmoins avec quelques modifications : chaque joueur avait l'obligation de faire les 3 discours différents du format Popper, le premier, le deuxième et le troisième ; les différents contre-interrogatoires ont été supprimés.
Donc le match est à un « un contre un », et les débatteurs ont le même temps de paroles que  dans le format Karl Popper régulier soit (6 minutes, 5 minutes et 5 minutes, y compris 6 minutes et 30 secondes de préparation). Les débats sont jugés sur la forme, c’est-à-dire la qualité de l’expression, la fluidité du discours, et sur le fond, autrement dit la pertinence des arguments, la cohérence de ces derniers avec le sujet et bien évidemment les supports apportés pour chaque cas. La durée de chaque rencontre était de 45 minutes.

Le tournoi s'est déroulé autour du sujet : « L’état haïtien devrait interdire la mendicité dans les rues ». Il y eut huit (8) participants : Jean Élie François, Johanna Augustin, Briana A. Philemy, Findji Pierre, Lovinsky Fils-Aimé, Schneidine Poux, Frislin Pascal, Boris Edska Bordenave provenant de différentes institutions de la ville. Quatre (4) filles et quatre (4) garçons répartis en deux groupes de quatre. Chaque joueur a joué trois matches en phase de poules et les deux meilleurs joueurs de chaque poule se sont retrouvés pour disputer les demi-finales, et les vainqueurs des demis sont passés  directement en finale.
L'argumentaire de cet énoncé s'est tourné autour du critère de l'ordre public et du développement touristique pour le cas affirmatif, sur le critère de la solidarité humaine pour le cas négatif. Trois arguments forts ont marqué les discours affirmatifs. Selon eux, premièrement « ne pas interdire la mendicité dans les rues constituait l'expression d'une impuissance publique ou encore de mal gouvernance », supporté par une déclaration du philosophe français des Lumières, François Voltaire : « Tout pays où  la mendicité fait rage est mal gouverné ».

Deuxièmement, la mendicité représente « une source d’insécurité pour l’économie du pays »  dans la mesure où des brigands se cachent derrière ce phénomène pour voler, détrousser et braquer des institutions privées, ainsi que d'honnêtes citoyens ; d’où l’arrêté du 24 septembre 2012 émis par le commissaire du gouvernement de Port au Prince, actuel sénateur de la république M. Jean Renel Senatus « qui interdit la mendicité à proximité des banques commerciales et des institutions publiques et privées ». Pour finir, la mendicité affecte le développement du tourisme dans le pays.
Les discours des cas négatifs, élaborés autour du principe de la solidarité humaine, étaient soutenus par trois arguments principaux. Le premier stipulait que « la mendicité ne doit pas être interdite mais, plutôt être combattue » parce qu’elle ne constitue pas en soi un délit (mineur ou majeur) et encore moins un crime. Elle ne saurait d’ailleurs en être un. Le meilleur moyen de combattre la mendicité, c'est de s'attaquer à la base véritable du problème : la pauvreté.

Deuxièmement, « criminaliser la mendicité est discriminatoire » car elle portera atteinte à la liberté individuelle, et conduira à l'irrespect du droit fondamental de l’être humain, qui est le droit à la vie. Interdire à quelqu'un qui n'a pas d'autres moyens de subsister de mendier, c'est l'interdire de vivre, le mener directement à sa tombe, et donc une violation flagrante des droits de l'homme.
Et pour clore,  « l’état ne peut pas interdire la mendicité dans les rues quant lui-même est le premier mendiant ». Cette position met l'accent sur le fait que le budget national est financé chaque année jusqu'à 70 % par la communauté internationale et que pour organiser nos élections, à chaque fois il nous a fallu le financement de pays donateurs. 

Findji et Lovinsky qui disputaient leur premier tournoi de débat, ont créé la surprise en se hissant au dernier carré du tournoi : Findjy a battu François Jean Élie (Meilleur débatteur du tournoi local en Avril 2016) en phase de poule, et il l'a retrouvé encore en finale après un match serré contre Lovinsky. Les deux sont les révélations de cette compétition. « J’étais loin de me douter que Findji était capable de débattre à un tel niveau. Je ne lui connaissais pas ce potentiel », déclara Edwin Berly Pierre-Louis, animateur du club, après avoir jugé le match opposant Findji à Jean Élie en phase de poule. « Ce jeune maîtrise à la lettre les discours 1 et 3. J'ai jamais rencontré de discours 1 si bien charpenté », approuva Jefferson Fabien, un autre juge. 

Lovinsky, pour sa première expérience avec le débat formel, ainsi que sa première participation à un tournoi de débat, s'est révélé être un futur débatteur de classe nationale, en dépit de quelques faiblesses dues à son inexpérience. Il s'est frayé un chemin parmi tous ces compétiteurs pour atteindre les demi-finales de la compétition. « Il ne lui manque que la concision et la clarté du langage, il a un très gros potentiel pour le débat », a commenté Saint-Hubert Jean Reynald, juge ayant aidé à la réalisation de la compétition.


Les principaux gagnants de ce tournoi sont d'abord Jean Élie François, sacré Champion pour la première fois, qui confirme son statut de super-débatteur du club ; ensuite Findji Pierre qui est sorti vice-champion à la surprise générale, et Lovinsky Fils-Aimé qui a remporté le titre de « Révélation du tournoi »; et en dernier lieu, Alendy Almonor, qui a été désigné par le vote des différents participants Meilleur juge.

Après un petit sondage mené auprès des personnes présentes par le biais d'une petite fiche de commentaire anonyme, le résultat a montré que le public a été très satisfait, que ce soit les juges, les membres du club, et les invités aussi. Cet événement a eu un impact positif sur tous les spectateurs. D’aucuns étaient vraiment enthousiasmés par le débat formel. D'ailleurs, une jeune élève de la ville a déclaré : « Je n'avais jamais imaginé que les débats pouvaient se passer aussi bien. Je suis épatée ! Malgré mon emploi du temps assez chargé, je vais me débrouiller pour participer aux rencontres du club et devenir une très grande débatteuse». Un autre participant, de passage dans la ville du Cap ce samedi, s'est exclamé : « Je n'ai jamais vu pareille chose de ma vie ! Et n’était-ce parce que je ne vis pas en Haïti, j’aurais participé activement et intégré le programme ».
Je ne peux terminer cet article sans envoyer des remerciements spéciaux à Ejymson VALMIR qui nous a donné cette idée, et deux(2) autres jeunes du club, Arnelle Philémy et Yves-Mary Saint-Hubert, qui se sont donné corps et âme pour l'organisation et la réussite ce tournoi.

Alendy ALMONOR

Animateur du Club de Débat du Cap-Haïtien

jeudi 20 octobre 2016

Christ-Roi solidaire des jeunes du club de Camp-Perrin, victimes de Matthew

Le club de débat de Christ-Roi a pris une initiative extraordinaire qui fait honneur à ses membres. Sous le leadership des deux animateurs du club, Alfred Désir et Joel Lazard, les jeunes ont décidé dans un grand élan de solidarité de venir en aide à leurs camarades des clubs de Camp-Perrin, région agricole totalement ravagée par l’ouragan Matthew. Ce projet a pris forme après ce que les 2 animateurs et les  jeunes du club ont vu, lu et entendu dans la presse et sur les réseaux sociaux de l’ampleur de cette catastrophe environnementale et humaine dans le grand sud.

Ils ont collecté entre eux divers produits nécessaires, allant de la nourriture (sacs de riz, farine, caisses d’huile, de spaghetti, boites de sauce tomate, des paquets de biscuits, des aliments en conserve…) à d’autres articles de consommation courante (produits de toilette et de lessive, vêtements pour adultes et enfants, draps et serviettes…). Cela faisait plaisir à voir tous ces jeunes qui se sont donnés rendez-vous samedi 15 octobre, au centre culturel Pyepoudre à Bourdon, le local du club, pour apporter chacun leur contribution personnelle et procéder également à la répartition en kit des produits récoltés.
Les gros contributeurs de cette campagne de dons ont été Paula Clermont Péan, fondatrice et directrice de Pyepoudre, Islande Baptiste, directrice du centre Katherine Dunham de FOKAL à Martissant, Alfred Désir,  animateur du club, et ces 3 dynamiques jeunes du club : Clarisse Altidor qui a organisé la semaine précédente une journée de couleur dans son école pour récolter des fonds pour financer l’achat des produits, Genise Mexius qui a fait le tour d’églises protestantes du centre-ville de Port-au-Prince pour recueillir des dons des fidèles, et Kervens Herby Timothée qui a fait une importante donation.

Le lendemain matin très tôt, à bord du véhicule d’un ami, Alfred Désir et Joel Lazard accompagnés de 5 jeunes du club, se sont rendus dans le Sud, transportant avec eux les ressources collectées. Leur mission a été triple : constater de leurs yeux l’étendue des désastres causés par les fureurs de l’ouragan Matthew dans le Sud; manifester leur solidarité avec leurs collègues et camarades des clubs touchés dans le Sud (Cayes et Camp-Perrin) ; remettre au club de Camp-Perrin les fournitures qui leur étaient destinées.

Sur la route, depuis Petit-Goâve jusqu’aux Cayes, aux dires d’Alfred Désir, la délégation n’a vu que ruines et désolation : partout des arbres déracinés ou defeuillés, des bananeraies et cocoteraies entièrement détruites, des maisons à terre ou sans toit, ponts emportés, des habitants hagards errant dans ce champ de ruines. La nature s’est couchée.

Ayant été averti la veille par Alfred de l’arrivée de la délégation, Alex Sylné, animateur du club de Camp-Perrin, avait convoqué ses jeunes chez lui (le local de réunion du club sert d’abri provisoire aux victimes de la zone) pour accueillir la délégation de Christ-Roi. L’autre animateur du club, Pierre Sony Daudier, était également présent. La rencontre, ayant lieu à 11h am, a été empreinte d’émotion : les débatteurs camp-perrinois témoignaient chacun de leur vécu durant le passage de l’ouragan. La délégation écoutait religieusement, posait parfois des questions pour mieux comprendre, compatissait avec la détresse de ces jeunes.

A la fin de la rencontre, tous les jeunes camp-perrinois du club, ont pris chacun un des kits disponibles, remerciant les représentants du club de Christ-Roi, et par là même tous les jeunes de ce club pour cette noble marque de solidarité et de générosité à leur égard. La femme d’Alex, très reconnaissante a préparé à manger aux 7 membres de la délégation de Christ-Roi.

Le débat n’enseigne pas seulement le savoir et le savoir-faire aux jeunes, mais aussi le savoir-vivre… ensemble !!! Christ-Roi vient de faire le premier pas vers eux. FOKAL suivra.

Jean-Gérard Anis
Coordonnateur du PIJ
FOKAL

Visite du club de Christ-Roi au club de Camp-Perrin

Suite au passage du cyclone Mathieu qui a ravagé plusieurs communes du Sud du pays en particulier Camp-Perrin, les Jeunes du Club PIJ de cette commune (Programme Initiative Jeunes) ont reçu la visite d’une délégation de leurs pairs du Club de Christ-Roi.

Conduite par les Animateurs Alfred et Lazare, cette délégation d’une demi-douzaine de jeunes est arrivée à Camp-Perrin aux environs de 11h A.M. Ils ont été reçus par une trentaine de jeunes de Camp-Perrin chez l’animateur principal du club de Camp-Perrin, Alex Sylné.

Objectif de la visite : sympathiser avec les jeunes du club de Camp-Perrin pour la plupart fortement éprouvés par ce fléau et partager avec eux les dons en vêtements, chaussures, nourritures qu’ils ont acquis grâce aux contributions recueillies entre eux et celles qui ont été collectées auprès des parents, d’amis ou d’associations religieuses.

Après quelques minutes consacrées aux témoignages des jeunes de Camp-Perrin sur ce qu’ils ont vécu  lors du passage du cyclone, témoignages qui ont été écoutés avec attention par les jeunes du Club de Christ-Roi, ces derniers ont posé des questions pour avoir de plus amples informations sur le drame et pour se rendre compte aussi de la situation actuelle des jeunes Camp-Perrinois, en particulier de ceux qui fréquentent le club.

Pour Clarisse du Club de Christ-Roi, elle n’aurait jamais imaginé que les dégâts étaient aussi graves. Elle qui rêvait tant de voir ce qu’est un cyclone en a maintenant presque le remords.

Une rencontre fraternelle, où animateurs et jeunes ont exprimé la joie de se retrouver et de partager aussi. Le mot d’Angélo du club de Camp-Perrin semble résumer l’atmosphère cordiale qui a caractérisé cette rencontre : « J’ai découvert à travers cette initiative du Club de Christ-Roi, que les Clubs PIJ, au-delà même de leur mission d’apprendre aux jeunes à débattre, sont avant tout des réseaux de solidarité et cela nous interpelle, nous aussi à voler au secours de nos frères et sœurs en difficulté, dès que l’occasion se présente. »

Après cette belle rencontre, alors que les jeunes de Christ-Roi et leurs animateurs échangeaient sur la cour, des réflexions avec l’animateur principal du club de Camp-Perrin autour du passage du cyclone Mathieu, l’animateur adjoint du dit club, Pierre Sony Daudier, fortement éprouvé lui aussi, dirigeait les distributions.

Plus que les dons eux-mêmes, c’est ce geste combien exemplaire, combien philanthropique, combien solidaire qui prouve que les germes de la construction d’une société basée sur la  solidarité et la compréhension mutuelle sont bel et bien là et qu’il ne faut que les raviver.

Un merci tout à fait spécial au coordonnateur du Programme Initiative Jeunes de FOKAL, Jean-Gérard Anis, qui  le mérite à double titre d’avoir encouragé l’initiative et d’y avoir donné aussi sa contribution, à Alfred et Lazare qui ont accompagné la délégation et donné aussi leur contribution en nature, aux jeunes du club de Christ-Roi qui ont offert un si bel exemple aux jeunes du pays en général ainsi qu’à tous ceux qui leur ont tendu la main pour venir en aide aux jeunes de Camp-Perrin.

Les jeunes de Christ-Roi se sont dits prêts à venir en aide aux jeunes du club de Camp-Perrin dans le cadre d’éventuels projets de reboisement par exemple.

Alex Sylné
Animateur du club de Camp-Perrin

Une année à la tête du PIJ

  cher.es ami.es, Depuis janvier 2022, je suis appelé par la direction de la FOKAL à assumer la charge de la coordination du Programme Initi...