mardi 28 septembre 2021

Les jeunes de Bourdon apprennent à prendre soin d'eux en ces temps de crise

 28 Septembre 2021

Aujourd'hui, chez nous, on a toutes les raisons de s'inquiéter de notre lendemain. Entre insécurité, urgences sanitaires, catastrophes naturelles, cherté de la vie, instabilité politique, économique et sociale, nous sommes dans le flou total, notre avenir est ainsi ballotté. Les débatteurs et débatteuses du club de Bourdon, membre du réseau de FOKAL ne sont pas exemptés de cette situation chaotique. La crise est pérenne, elle se normalise. Et les jeunes ont peur.

C'est en ce sens que le club de débat de Bourdon a réalisé à l'intention de ces jeunes, le samedi 18 Septembre 2021, de 2h à 4h pm, une thérapie de groupe avec la psychothérapeute et pédagogue, Monique Manigat, sur la gestion du stress en cette période de crises sans fin que traverse le [ays. Ce stress qui prend toute forme de symptômes, pour la gérer, il faut tenir compte de notre santé sans laquelle on ne peut rien faire.



Assise en U dans la grande salle de la bibliothèque du Centre Culturel Pyepoudre, les jeunes étaient au nombre de 21, dont 13 filles pour 8 garçons. Une activité de mise en train a débuté la séance, durant laquelle des petites questions de politesses sont posées pour savoir comment vont les jeunes en ces mauvais moments que traverse le pays.

Après les réponses des jeunes, Mme Monique a posé les bases de son intervention sur la santé physique, mentale et émotionnelle pour pouvoir gérer la crise. Elle a demandé aux participant.e.s de mesurer sur une échelle de 1 à 10 combien chacun note son niveau de santé pour chacune des dimensions.

La santé physique est souvent négligée chez nous. Selon elle, la première chose à savoir pour jouir pleinement de la vie, est d’avoir une bonne santé physique.

Pour rester en bonne santé, il faut avoir 5 attitudes :

1) Apprendre à prendre rendez-vous chez le médecin, car on prend grand soin de nos biens, tels nos téléphones, nos voitures, motocyclettes ou autre. Il faut prendre soin de nous-même aussi.

2)  Prendre le temps de dormir. 8 heures par jour et le temps nécessaire pour bien se reposer, même si on se sent en plein forme après 6 heures de sommeil. Le sommeil est une habitude, il faut le développer.

3) Boire de l'eau : de l'eau pour le corps, 8 verres par jour, on a la fâcheuse habitude de boire uniquement quand on a soif, le cerveau a besoin d'eau pour fonctionner, elle est composée de 83% d'eau et le cœur de 77% d'eau. Tous les organes sont majoritairement composés d'eau.

4) Manger : manger suivant la pyramide alimentaire, manger à des heures régulières. Il faut veiller à ce que son alimentation soit saine.

 5) Bouger : le dernier élément à tenir compte pour rester en bonne santé, on est devenu paresseux, on fait plus d'activité physique régulièrement pourtant c'est un point important pour demeurer en bonne santé physique. 

Si la santé physique est négligée, que dire de la santé mentale ? On a tendance à prendre pour un fou celui qui se fait aider par un.e psychologue. Il est important de faire une distinction entre santé mentale et santé émotionnelle. La santé mentale nous renvoie directement vers le cerveau. Tout ce qui est objectif vient du cerveau. Il faut explorer et participer dans ce qui t'intéresse et y consacrer toutes tes ressources : argent, temps, énergie. Pour réussir et être en paix avec soi-même, il faut identifier sa passion et mettre toutes ses ressources.

La santé émotionnelle quant à lui, fait référence aux émotions, sentiments, satisfaction, de besoin.... Les émotions sont aux nombres de (6) chez les êtres humains, ils sont universels, mêmes d'autres chercheurs pensent qu'ils sont plus. Ils sont : La peur, la colère, le dégoût, la tristesse, la joie et la surprise. Pour les sentiments, ils sont beaucoup plus et sont personnels à chaque personne. Tout ce que vous faites, dites ou ne faites pas ou ne dites pas et le fruit de vos choix, car la perception de la situation détermine ce que vous faites ou pas. Vous agissez en fonction de vos besoins, Rosenberg a énuméré la liste des besoins physiologiques, bien-être physique, sécurité, empathie, compréhension, créativité, amour, intimité, jeu, distraction, repos, détente, récupération, autonomie, sens, spiritualité.

Pour ne pas s'effondrer comme un château de sable en ces moments difficiles que traverse le pays, il faut prendre soin de soi, physiquement, mentalement et émotionnellement. On dit souvent que nos yeux sont la porte d'entrée de nos âmes. Et avec un regard pénétrant, on peut lire dans son compagnon comme un livre ouvert. C'est en ce sens que Madame Monique a terminé la séance par un exercice de regard, ou chaque personne pendant 5 minutes fixait son compagnon.

Les jeunes ont été très satisfaits de ce moment car cela a été l'opportunité pour eux de mettre a nu tous leurs ressentis refoulés ou cachés. 

Verbatim des jeunes :

Peterlyne Veillard :

"C'était une journée très riche en informations. Elle nous a rappelé l'importance d'être en santé mentalement, physiquement et émotionnellement, c'est un équilibre qu'on doit maintenir. Elle nous a prodigué des conseils assez pratiques sur la vie, les obstacles : comment les surmonter, ne pas lâcher prise, faire une étude sur notre personne afin de nous découvrir, de connaître nos passions de manière à les vivre à fond et améliorer notre qualité de vie. Elle nous a invité à accepter le fait qu'on va tous mourir et qu'on ne peut pas l'éviter, on n'a qu'à profiter des jours qui nous restent. Elle nous a aidé à accepter qu'il y a des choses qui ne dépendent pas de nous et qu’au lieu de rester à nous apitoyer sur elles, c'est mieux de nous concentrer sur celles qu'on peut gérer.

L'application de tout ce qu'on a appris aujourd'hui va certainement améliorer notre qualité de vie. "

Dimanche Ridelschine :

On devrait faire beaucoup de formations de ce genre car cela m'a fait beaucoup de bien et je crois aux autres aussi. Cela m'a fait réfléchir et j'ai eu de bons conseils que je ne tarderai pas à appliquer.
Ces formations sont de bon équilibre entre le débat et nos vies car je pense que pour pouvoir être performant dans le débat (et dans d'autres activités) on doit avoir une bonne qualité de vie qui aura un impact positif dans ce que nous entreprenons.

En tant que jeunes, on fait souvent face à des situations qui nous affectent mentalement et physiquement et qui ont des conséquences sur nos relations et nos activités. Et parfois ces genres de formation sont des bouées de sauvetage au milieu de l'océan.

C'est pour ces raisons que cette formation a été un plaisir. J’ai aimé la manière dont elle nous a fait participer de début à la fin, la manière dont elle a expliqué les choses d'une façon simple et précise. J'aimerais avoir d'autres formations (diversifiées) à l’avenir ! Je suis déjà excitée d'y participer !"

Romain Maurice :

"L’intervention de Monique Manigat, la psychothérapeute, fut d’une grande importance. Ces derniers temps, nous sommes confrontés aux diverses tragédies, catastrophes et autres, et tout ceci ont des effets directs ou indirects sur notre vie quotidienne. Une telle intervention a toute sa place.

Personnellement, à partir des différents points soulevés, j’ai pu apprendre davantage de l’être humain et de tout ce dont nous sommes dépendants.

J’ai eu un soulagement sur un facteur qui provoque l’anxiété chez moi. Donc, ce que madame a partagé fut une aide psychologique, importante. 

Cette activité a été une réussite, dans le sens que les jeunes ont participé avec beaucoup d'intérêt dans cette séance de thérapie de groupe. Et les jeunes ont compris que tant que les choses n'ont pas changé, ils ont le devoir de se battre pour leur santé.  Je crois fermement que la prochaine activité sera plus intéressante et plus grandiose.

Bravo à mon collègue Alfred DÉSIR, sans quoi cette activité ne sera pas possible. Et aussi merci au coordonnateur général pour son soutien dans la réussite de cette activité.

 

Joël LAZARD

Animateur du club de Bourdon

Tél. : +(509) 3678-5257

Email : lazard.joel@yahoo.fr

lundi 13 septembre 2021

Camp-Perrin, au cœur du séisme

par Jenny Charles

Débatteuse du club PIJ/FOKAL de Camp-Perrin

            Le samedi 14 Aout 2021, vers les 8h30 du matin, un violent séisme de magnitude 7,2 a secoué le grand Sud en particulier Camp-Perrin, ma ville natale. C’est un événement que je n’oublierai jamais et qui aura certainement des répercussions sur cette grande région [Sud, Grand-Anse, Nippes], et pourquoi pas, sur tout le pays. En tant que jeune, cet événement m’a plongée dans de profondes réflexions et je dois même avouer que j’ai perdu un peu l’appétit et le sommeil. La catastrophe a suscité pas mal de commentaires. Plusieurs sentiments me traversent ainsi que la plupart des jeunes de mon âge.

        D’abord, ce fut la surprise. C’est l’événement auquel on s’attendait le moins, en particulier à Camp-Perrin. Pour nous, les séismes de cette magnitude, c’est l’affaire du département de l’Ouest frappé en 2010, ou du Grand Nord, ravagé il y a près de deux siècles. On pensait qu’à part les cyclones dont Matthew était jusqu’ici le plus terrible, les inondations ou parfois des sécheresses, on ne pouvait connaitre d’autres catastrophes naturelles. Mais hélas ! On ne pouvait pas s’imaginer qu’un beau samedi matin ensoleillé, nos vies seraient à jamais bouleversées par une pareille catastrophe.

           Ensuite, ce fut la peur, la panique pour mieux dire. Les quelques secondes que ce tremblement de terre a duré et les désastres qu’il a causés en termes de vies humaines détruites, maisons transformées en décombres, glissements de terrains, ont provoqué la frayeur dans la population. Partout, des gens étaient rassemblés autour des décombres pour tenter de sauver des vies humaines, ou d’y retirer des corps sans vie. A chaque réplique les enfants se coinçaient entre les jambes de leurs parents, ou affolés voulaient courir on ne sait où. Quant à moi, et c’est pareil pour beaucoup de mes amis (es), il m’arrive si souvent depuis ce jour-là de faire des cauchemars. La maison de mes parents fortement endommagée, nous dormons à la belle étoile dans les deux premiers jours qui ont suivi l’événement et aujourd’hui sous un simple abri que nous avons construit. Malgré cela, j’ai l’impression qu’à chaque réplique la terre va nous avaler. On dort avec un œil ouvert et un œil fermé comme si l’on s’attend à ce que la terre tremble à chaque instant. On est pour ainsi dire traumatisés. Les enfants en particulier craignent d’entrer dans les maisons restées encore debout.

          Je constate enfin que, parmi les jeunes de mon âge surtout, souffle un vent de désespoir après ce séisme. Certains réalisent qu’ils ne peuvent pas avoir un avenir souriant en Haïti, non seulement à cause des problèmes socio-politiques qui tracassaient déjà le pays, mais aussi à cause de ce dernier événement. Ils estiment que le pays est malchanceux. Moi, je me dis, un peu pour me tranquilliser, qu’on n’aura pas tous les jours un séisme de cette force. Mais cela ne m’empêche pas de penser à la nouvelle année scolaire. Je me demande si les élèves seront assez concentrés pour apprendre. Le moindre bruit, comme un pneu qui éclate, un camion qui passe ou même un banc qu’on traine dans une classe pourrait gâcher une journée de classe et provoquer des blessés. Cela est d’ailleurs déjà arrivé à Camp-Perrin à cause de ce qui s’est passé en à Port-au-Prince en 2010.

   En fin de compte, le séisme du 14 Aout 2021 laissera un goût amer dans le cœur de chaque habitant du Sud, en particulier de ceux qui vivent à Camp-Perrin. Désormais, la vie ne sera plus la même. A la liste des catastrophes dont est souvent victime le département du sud, il faut maintenant ajouter le tremblement de terre. C’est pourquoi, je pense que des campagnes d’éducation de la population sont devenues de plus en plus importantes, non seulement pour préparer les esprits à s’attendre à de telles catastrophes, mais aussi pour apprendre aux populations à mieux réagir.

Septembre 2021


Jenny Charles, 19 ans, est membre du club de débat de Camp-Perrin. Elle a participé au dernier tournoi national de débat de FOKAL aux Cayes. Jenny termine cette année ses études secondaires au Collège Immaculée Conception de Camp-Perrin.

Brillante élève, elle a déjà reçu maints prix pour ses remarquables résultats académiques. Elle a été lauréate aux examens officiels de 9e Année fondamentale pour l’année académique 2016-2017, performance exceptionnelle pour laquelle elle avait reçu une distinction présidentielle signée par feu le Président Jovenel Moïse, le Premier Ministre Jack Guy Lafontant et le Ministère de l’Education Nationale d’alors, Pierre Josué Agenor Cadet.

Une année à la tête du PIJ

  cher.es ami.es, Depuis janvier 2022, je suis appelé par la direction de la FOKAL à assumer la charge de la coordination du Programme Initi...