mardi 26 mars 2013

Le club de débat de Darbonne célèbre la Journée mondiale de la femme


La bibliothèque Rasin Lespwa de Darbonne a été transformée en une véritable table ronde organisée, le samedi 9 Mars 2013, pour que les jeunes et les associations féminines de la zone puissent se rencontrer, débattre sur le sens de la journée du 8 mars, Journée mondiale de la femme. L’objectif a été d’essayer de comprendre la situation des femmes dans la société haïtienne plus particulièrement à Darbonne, les 8, 9, 10 mars 2013. « Une femme, comparée à une fleur, a besoin de tendresses, d’affections et de caresses », a estimé  Charlancia,  une participante à cette grande activité.

La bibliothèque Rasin Lespwa transformée en table ronde
Le vendredi 8 mars,  dans la matinée, quelques dizaines d’enfants âgés entre 10 et 13 ans ont participé à l’atelier de réflexion réalisé traditionnellement autour de cette date; dans l’après-midi, cela a été au tour des membres du club de débat et certains membres des associations féminines de la zone. Le 9 mars était réservé aux élèves de Rhéto et de Philo des établissements scolaires de Léogane ; et le dimanche 10 mars a été la clôture de ces ateliers de réflexions, agrémentée d’un spécial « DIMANCHE DES ARTS ».

Les 2 animateurs du club de Darbonne ont exposé aux élèves l’histoire de la lutte féminine en Haïti et les grandes figures de cette lutte.  Les enfants ont essayé de comprendre les posters et les affiches relatifs aux traitements infligés aux femmes dans leurs communautés.  Pour faire suite aux interrogations des enfants, les animateurs les ont invités à lire les extraits de textes exposés, puisés dans des sources diverses et relatives aux différentes lois et conventions votées à l’égard des femmes dans le monde. Les enfants ont été satisfaits.


Maxandre, Jefté et Patricia intervenant sur les droits des femmes
Dans l’après midi, Patricia Maitre et  Jefté Thélisma, deux animateurs de la bibliothèque Rasin Lespwa, ont  expérimenté avec les participants un jeu instructif et amusant : 6 filles et 4 garçons sont appelés à simuler les habitants d’une nouvelle planète. Sur cette planète, il n’y a pas d’exclusion et de discrimination sous aucune forme, les gens vivent en parfaite communion parce qu’ils jouissent de leurs droits et se respectent les uns les autres. Mais tout se renverse quand on les départage en êtres dominants et êtres dominés. Les gens dominés sont bien obligés de livrer leurs droits aux gens dominants qui les leur enlèvent sans qu’aucune contestation ne soit possible. Résultats : Frustrations, chambardement total.  Réagissant par rapport à l’exercice, les participants  se disent choqués, diminués, stressés, sous-estimés, en un mot, victimes après qu’on leur ait  privé de leurs droits.

Tout compte fait, les réflexions ont porté sur les droits de la personne humaine où cette thématique a donné  lieu à des approches intéressantes: Les femmes ont-elles des droits spécifiques ? Les intervenants ont laissé du temps aux jeunes pour réagir à cette  question. Dans la foulée on peut retenir la déclaration de l’un des participants qui a affirmé que : « Tenant compte de l’observation faite dans la société Haitienne, il y a lieu de dire, les femmes n’ont pas de droits spécifiques mais elles ont des obligations envers les hommes et les hommes en ont également envers elles. » Cela a soulevé de vives discussions. Les jeunes filles n’on pas voulu qu’on les catégorise parmi les êtres  faibles, même si elles ont admis avoir besoin de l’aide d’un homme dans les situations difficiles…

Une des affiches à interpréter par les jeunes
Les intervenants les ont amenés à définir « Droit » et  « Pouvoir ». Trois types de pouvoirs ressortent généralement dans la vie sociétale : «pouwa sou » (le fait qu’un individu exerce son pouvoir sur d’autres personnes), « pouvwa pou kore zòt » (quand une personne utilise son pouvoir dans le but d’aider une personne, mais tout en espérant quelques choses en retour),  « pouvwa avèk » (le fait que deux personnes utilisent leurs pouvoirs pour atteindre un objectif commun).  Ainsi, les participants ont vite compris que les deux premiers peuvent faire des victimes dans leur utilisation et quand il y a de victimes les choses ne peuvent pas aller comme on le souhaite.

La deuxième partie de la séance s’est intéressée surtout à l’interprétation des images retrouvées dans une affiche ayant pour thème : An nou reflechi ! Lè pouvwa ant fi ak gason gen fòs kote, eske se yon bon bagay ? Repartis en groupes de 6, les jeunes avaient à discuter de ces images qui représentaient des scènes de violence subie par les femmes dans la société.

La première affiche traduisait l’image d’un homme qui, injuriant sa femme, dérange le voisin d’à coté  et même fait pleurer les enfants’’ a relaté le premier groupe. Pour ces gens, quand rien ne va dans une famille, où le père se permet d’infliger à sa compagne des violences verbales et psychologiques, la femme, les enfants, et le voisinage sont aussi victimes de ces violences. ‘’
Deux jeunes simulant une scène de violence conjugale
La deuxième représentait un homme et une femme qui partent en voyage, mais c’est à la femme de tout porter : l’enfant, les valises et un panier sur la tête tandis que l’homme lui, marche  les mains accolées sur son corps  en chantant. Selon un autre groupe, c’est un abus fait aux femmes. Ce qui allait susciter une controverse car d’autres pensent que cette incivilité relève d’un problème d’éducation puisque la société sélectionne déjà des tâches qui relèvent de la capacité des hommes et celles réservées aux femmes.

Quant au troisième groupe, son image représentait  deux personnes qui s’aventuraient dans un rapport sexuel. La femme veut utiliser un préservatif, mais l’homme refuse catégoriquement. Cette représentation a soulevé plusieurs questions : Doit-on vraiment utiliser un condom ? Si oui, pourquoi ? Les différentes réactions ont poussé les membres des associations féminines à proposer aux animateurs  une causerie sur l’utilisation des condoms dans une relation sexuelle dans les jours à venir.

Intervention d'une représentation d'une association féministe
Pour clore cette journée, les animateurs ont souligné à l’intention de tous qu’être égale ne veut pas dire que les femmes doivent prendre le dessus, mais plutôt de vivre en parfaite harmonie avec les hommes où le respect mutuel est établi. Ils leur ont demandé  de continuer à travailler ensemble afin d’avoir une société équilibrée où tous les habitants sont libres et égaux en droits. Les représentants des associations féministes  ont remercié la bibliothèque Rasin Lespwa ainsi que les intervenants pour le travail qu’ils effectuent avec les jeunes en les sensibilisant sur les droits de la femme et le respect entre les hommes.

Dimanche des Arts est une activité conçue pour valoriser les talents des jeunes et revaloriser la culture haïtienne. Elle a une fois de plus fait la joie des gens de la communauté. Le clou de cette activité organisée à l’occasion de la journée mondiale de la femme, a été une performance collective quand plus d’une soixantaine de personnes se sont réunies entre 5 heures  et 8 heures du soir, pour chanter et dire pour la femme haïtienne.

Des jeunes en train de performer au cours de Dimanche des arts
En lieu et place de Festi Fanm, un spectacle présenté et animé par les femmes artistes de Léogane, les jeunes filles de la localité joliment parées et vêtues ont envahi la piste de Rale, pour ce  spécial « DIMANCHE DES ARTS ». Les jeunes artistes et des artistes confirmés tels  Génel Auguste, Wanel Lormilus, Marc Henry Romulus, Max Grégory Saint-Fleur, Baby’s Lourdes, Roselande Romulus ont égayé l’espace, ce dimanche 10 mars : les blagues, chansons, poésies, danses, musiques ont fait la joie de  l’assistance. 

L’ambiance était de taille et nous rappelle les refrains très choyés dans le temps :   Fanm si la yo toujou byen dyanm, fanm si la yo toujou gen nanm, menmlè lavi tounen yon flanm, yo pa janm sispann de Patricia Maitre, Yo rele n pèlen, yo rele n ratyè, poutan zòt paka viv san nou de Madame Lyonor fatal. Des diseurs pour leur part ont lu des textes d’improvisation et des textes écrits à l’occasion, qui font l’éloge des femmes du pays.

Ainsi a pris fin à cette belle fête, et rendez-vous est pris pour l’année prochaine avec cette fois-ci FESTI FANM.

Maxandre  BIEN-AIME, animateur du club de Darbonne
Avec l’aimable participation de Jefté THELISMA

lundi 25 mars 2013

Des étudiants de l’Université Quisqueya sont formés au débat


Le débat, un savoir-faire recherché par les étudiants de l’UniQ

Le coordonnateur des Programmes Initiatives Jeunes (PIJ) de FOKAL a réalisé, dimanche 24 mars, de 9h am à 4h pm, une formation sur les techniques de débat pour une trentaine d’étudiants du club de débat de l’université Quisqueya, à Port-au-Prince. En suivant cette formation au débat, ces étudiants qui étudient soit les sciences politiques et juridiques soit les sciences économiques et administratives soit les sciences de la santé, ont dit être motivées principalement par le désir de vouloir partager leurs idées, d’enrichir leurs connaissances, de savoir communiquer en public et de défendre leurs opinions.
Des membres du club de débat de l'UniQ
Cette journée de formation est une initiative du comité exécutif de ce club qui, avec l’appui avec la direction des affaires estudiantines de l’université Quisqueya, se donne l’ambition de populariser le débat dans leur établissement. Cette initiative visait donc à former les membres du club de débat de cette prestigieuse université privée aux techniques du débat. En ce sens, FOKAL leur a apporté son soutien technique et l’accompagnement nécessaire à l’accomplissement d’une telle ambition.

Le débat, ses exigences, ses contraintes

La formation a démarré par les réactions des participants sur les différents débats auxquels ils ont eu l’occasion de voir à la télévision ou d’entendre dans les stations de radio de la capitale. Selon eux, ce genre de débat est biaisé car ils s’apparentent plus à de la conversation ou à des exposés dirigés. Ils ont été très critiques et désappointés envers un débat réalisé dans leur université le 22 mars entre 2 équipes de leur club, qui ressemblait plus à une foire d’empoigne, où même le public s’est donné à cœur de joie en intervenant de manière intempestive.
Une formation très interactive

Par contre, les débats opposant Barack Obama au candidat Mitt Romney à la présidentielle américaine, à leur avis, n’ont été en rien comparables à ce qu’ils ont l’habitude d’assister en Haïti : une profusion de données et de chiffres à l’appui des arguments, des propositions claires et simples pour convaincre l’électorat, le sang-froid des candidats durant le débat, le respect de l’adversaire, une grande capacité des 2 débatteurs à s’écouter l’un l’autre, la prise de notes.

Après leur avoir défini le débat, « un affrontement d’idées entre 2 (groupes de) personnes qui s’opposent sur un sujet controversé », le responsable des PIJ de FOKAL, leur a expliqué les exigences d’un débat formel (préparer son plaidoyer, rechercher des documents, être rigoureux et méthodique dans son argumentation, être tolérant, être fair play) et ses contraintes (gérer les temps de parole, avoir un discours clair, prendre des notes, demeurer concentré, être honnête).

Le débat, un exercice permanent de l’étudiant

La formation s’est poursuivie avec l’analyse d’un énoncé de débat qu’ils ont proposé : « La peine de mort devrait être rétablie en Haïti ». Cet exercice a été l’occasion pour eux de comprendre l’importance de délimiter un sujet de débat en définissant les termes de la résolution. Il leur a été démontré que la définition de la peine de mort, qu’ils ont caractérisée comme une sanction légale contre un crime, ne saurait occulter l’idée de « mort d’homme », qui évite tout amalgame avec d’autres types infractions majeures apparentées (viol, trahison d’Etat, corruption, trafic humain…).

Des participants construisent ensemble un argument

Ensuite, les étudiants ont effectué en atelier l’exercice de construire un argument pour et contre la motion suivante : « Les étudiants devraient pouvoir noter leurs professeurs à l’université ». Quinze minutes après leurs réflexions en ateliers, chacun des 5 groupes créés à l’occasion a fourni un argument.  Si pour les 2 groupes qui ont supporté la résolution, cette disposition « permettrait d’améliorer la compétence des professeurs », et « …la qualité de l’enseignement à l’université », les 3 groupes contre ont considéré en revanche qu’« elle inciterait les étudiants à fuir leurs responsabilités », et que « déontologiquement, elle est inacceptable ».

Les participants étaient invités à réfuter l’argument de la partie opposée en suivant la démarche que le coordonnateur du PIJ a pris soin de leur expliquer. La réfutation qui est l’attaque frontale de l’argument adverse a été une épreuve difficile, car la réaction spontanée et le raisonnement rapide qu’elle exige nécessite  dans le débat la capacité d’identifier correctement les faiblesses d’un argument. Ce qui na pas été pas du tout évident pour eux. Un exemple de réfutation a été que la qualité de l’enseignement ne saurait se réduire à faire obtenir de meilleures notes aux étudiants ; de même, loin d’inciter les étudiants à fuir leurs responsabilités, noter ses professeurs aurait le résultat inverse.

Le meilleur moyen de comprendre, c’est de faire

La formation s’est achevée par un match de démonstration entre 2 équipes de volontaires dans le format Karl Popper, avec la motion suivante : « Les universités en Haïti devraient être entièrement publiques ». Même si ce match a révélé des faiblesses prévisibles chez les débatteurs (difficulté à épuiser son temps de parole, discours mal organisé, réfutations approximatives…), il a été un exemple instructif pour leurs camarades qui ont compris la nécessité de bien préparer son plaidoyer pour la position défendue, d’avoir des supports pertinents pour les arguments, de réfuter avec discipline, de maîtriser son discours, bref d’avoir une attitude professionnelle dans le débat, pour convaincre.

Séance de contre-interrogatoire lors du débat d'exhibition

Les tenants des universités dans le giron des pouvoirs publics ont affirmé que ce système (à l’instar de Cuba et de la France) permettrait un contrôle direct de la formation des étudiants et une plus grande accessibilité de tous à la formation universitaire, ce qui conduirait à terme à une réduction des inégalités. L’équipe opposée à un tel système a allégué que l’État haïtien n’a pas les moyens budgétaires pour le financer, même si on devait faire payer aux contribuables ce fardeau. Selon ces derniers, l’exemple de l’université publique du Roi Henri Christophe à Limonade est symptomatique de l’incapacité patente de l’Etat face à une telle responsabilité.

Conclusion

Ce match d’exhibition, pour lequel trente minutes de préparation ont été accordées aux 2 équipes, a permis aux étudiants non seulement d’expérimenter les techniques de débat, mais encore de dévoiler les talents de certains débatteurs, de vivre les sensations que procure cet exercice et de les désinhiber par rapport à la pratique du débat. Résultat garanti : la satisfaction des participants à ce débat bien organisé a incité les 2 responsables du club, Dora Lamarre et Christian Lemaine, à fixer rapidement un prochain débat le 26 avril prochain, après leurs examens d’intra.

Jean-Gérard Anis
Coordonnateur des Programmes Initiative Jeunes

lundi 18 mars 2013

FOKAL a formé de nouveaux juges de débat


Un plan pour améliorer les débats des jeunes des clubs

Le coordonnateur des Programme Initiative Jeunes de FOKAL a formé seize (16) nouveaux juges aux techniques de débat, le samedi 16 mars dans les locaux de la fondation. Ces nouveaux juges sont 6 animateurs de 6 clubs de débat de la région métropolitaine de Port-au-Prince, 6 anciens débatteurs expérimentés, 4 cadres de FOKAL.

Cette initiative de FOKAL a été principalement motivée par l’insuffisance de juges lors de la compétition nationale de débat organisée chaque été par FOKAL, par la frustration récurrente des débatteurs insatisfaits de l’arbitrage avec un seul juge du débat, par l’indisponibilité chronique de juges pour les tournois dans les clubs.

La formation visait donc à augmenter l’effectif de juges disponibles pour les débats, à faciliter l’organisation de tournois de débat local dans les clubs de la capitale, à améliorer la qualité des arbitrages (plus il y a de juges pour un débat, plus leur décision sera précise) et à affiner les résultats des débats (les jeunes préfèrent avoir 3 juges au lieu d’un seul pour décider de l’issue d’un débat).

Les responsabilités d’un juge de débat

Dans un premier temps, les seize participants ont appris du débat (affrontement d’arguments entre 2 personnes ou 2 équipes défendant leur position sur un sujet controversé), du point de vue d’un juge, ses exigences (se concentrer pour écouter les débatteurs, prendre de notes sur un ordinogramme, remplir le bulletin de vote) et ses contraintes (prendre des décisions rapides, être objectif dans sa décision, résister à la tentation de se mettre à la place du débatteur).

Ils ont effectué l’exercice de construire des arguments structurés à partir d’un sujet controversé (« Les étudiants devraient pouvoir noter leurs professeurs à l’université »), de les réfuter et de les reconstruire, afin de pouvoir comprendre la démarche des débatteurs et les attentes à avoir de leur discours. Et enfin le format de débat Karl Popper, le plus utilisé dans le monde pour les élèves du secondaire, dans les tournois internationaux leur a été expliqué.

En essayant ensemble de définir le mot « noter » dans le sujet, les juges ont compris la difficulté pour un débatteur de réussir un tel exercice. Doit-on comprendre ce mot au sens de « évaluer » ou « sanctionner » ? Parfois l’issue du débat repose sur une question de définition.

Dans un 2e temps, ils ont été initiés à la fonction de juge, avec le visionnage d’une partie du Guide Pédagogique sur le débat élaboré par FOKAL. Ils savent désormais que non seulement le juge est responsable de veiller au bon déroulement du débat (veiller à ce que les règles soient appliquées et les principes respectés par les débatteurs), mais aussi il doit aussi être ouvert d’esprit, impartial, et capable de justifier objectivement son vote à la fin du débat.

Les critères pour juger un débat

Le plus difficile pour eux a été d’assimiler les critères pour bien juger un débat : analyser les arguments développés par les débatteurs, identifier les points de confrontation directe, et décider pour l’équipe qui l’a convaincu par la pertinence et la solidité de ses arguments. Il ne doit pas forcer la décision sur la base de la prestation d’un débatteur, ou bien sur ce qu’il connait du sujet du débat. Ceci a occasionné beaucoup de questions.

Lorsque les règles du format de débat ne sont pas respectées (par exemple, l’équipe négative n’a pas présenté son cas, ou bien qu’il y a un doute manifeste sur la véracité des supports fournis dans le débat), il ne revient pas au juge de corriger ses faiblesses, et donc de décider en fonction de cela. Il doit  laisser les débatteurs le soin de les montrer eux-mêmes.

Finalement, un juge n’a pas besoin d’être un expert du débat ou du sujet débattu. Il doit être quelqu’un qui a suffisamment de connaissances pour comprendre les idées développées dans le débat, et de recul pour s’interdire de juger les débatteurs sur la base de ses convictions personnelles.

L’apprentissage par l’exemple

Dans un 3e temps, les apprentis juges ont eu à arbitrer un débat entre 2 équipes de 3 débatteurs chacune, issues du club de la Bibliothèque Monique Calixte de FOKAL, dont l’énoncé est le suivant : « La censure est justifiée dans une démocratie ». L’équipe affirmative soutenait que la censure empêche la diffusion d’informations contraires à la morale et protège les atteintes à la vie privée, tandis que l’équipe négative arguait que la censure prive les citoyens de leur liberté d’expression, et sans empêcher nullement la circulation des idées.

A l’issue de ce match de démonstration, ils ont eu à expérimenter leurs connaissances sur l’arbitrage d’un débat. Après avoir suivi le match, concentrés pendant environ une heure, chaque juge a expliqué les raisons objectives pour lesquelles ils ont donné la victoire à telle équipe, et à commenter la performance des débatteurs. Leur décision de voter pour l’équipe gagnante du débat convergeait plus ou moins vers les mêmes bonnes raisons: faiblesses dans la réfutation de l’équipe perdante et confusion dans sa définition du mot censure.

Bien que les justifications des juges étaient valables et correctement expliquées, il a fallu pour le coordonnateur national du programme de débat de FOKAL corriger certains détails sur la notation des débatteurs (par exemple, le total de points des débatteurs d’une équipe ne détermine pas l’issue du débat), compléter des réponses sur les critères de juger un débat (par exemple, les réponses obtenues lors du contre-interrogatoire entrent en ligne de compte dans la décision quand le débatteur les réutilise dans son discours de réfutation).

La décision du juge est définitive et irrévocable. Elle ne peut faire l’objet d’aucune contestation de la part d’un coach ou d’un débatteur.

Conclusion

Des documents sur la manière de juger un débat dont un aide-mémoire pour les juges et deux guides pédagogiques sur le débat ont été fournis à chaque participant. Ils ont sortis globalement satisfaits de la formation. Enfin, ils ont été soumis à une évaluation sommative rapide des connaissances apprises sur la fonction de juge et les critères de juger, sous la forme d’un Quizz.

Ce programme de formation de juges qui a déjà été réalisé dans le club du Cap-Haïtien, des Cayes et de Camp-Perrin, se poursuivra dans les autres clubs en province (Jacmel, Gros Morne Jérémie). Ainsi, cela permettra au programme de débat de la fondation de se développer davantage et d’améliorer la qualité des débats, et de faire mieux progresser les jeunes engagés dans ce programme.

Jean-Gérard Anis
Coordonnateur du PIJ

jeudi 14 mars 2013

Les résolutions de IDEA Global Youth Forum 2013 sont annoncées




Les trois motions à préparer pour le Global Youth Forum 2013 d’IDEA à Galway sont les suivantes:

Championnat mondial de débat Karl Popper 2013

Contourner activement la censure sur Internet est un outil légitime de politique étrangère

Les universités devraient mettre tous les travaux académiques qu'ils produisent, y compris des articles scientifiques, des manuels de cours et des conférences enregistrées, à la disposition du grand public

La session et le tournoi 2013 pour équipes mixtes

Le droit à l'affichage anonyme sur Internet devrait être protégé par la loi

Seront bientôt publiés sur le Debatabase du site www.idebate.org  des articles, documents d'information et des débats sur les questions enregistrées pour aider les équipes à se préparer.


Le coordonnateur du PIJ

mercredi 13 mars 2013

Le club de Jérémie commémore la Journée mondiale de la femme


Après la finale du tournoi de débat autour du format public forum, ce samedi 9 mars 2013, pour inviter les jeunes à parler du 8 mars, l’animatrice Antoine Joanna Barthélemy a soumis aux jeunes cette question au débat: « Que vous dit le 8 mars, la journée mondiale de la femme ? ». Cette question a généré une pluie de réactions. Verbatim.

« La journée mondiale de la femme est le moment où il faut comprendre que les femmes sont importantes et il faut leur donner toute leur importance. Elles symbolisent la base des familles, le pilier du foyer et sans elles la vie n’a vraiment pas de sens », a avancé Darius Floriane.

« Dans l’une de ses œuvres, Molière considère les femmes comme des biens meubles. Aujourd’hui, ce n’est plus cela. Elles sont égales aux hommes. Mais, elles doivent comprendre que cette égalité exige qu’elles travaillent comme les hommes et qu’elles peuvent apporter leur pleine contribution à la vie financière et économique de la famille », a jouté Jolène Paul.

« On commémore la Journée mondiale de la femme dans le but de matérialiser l’équité de genre. Autrefois, la femme était victime de trop discriminations. Même dans la Bible, on ne compte pas les femmes. De nos jours, tant de femmes nous ont montré, de par leurs travaux, qu’elles ne sont pas des nulles. Par exemple, Judith Durin, la première femme dans l’histoire de l’enseignement haïtien, a écrit un livre de lecture pour les enfants », a rétorqué Alexandre Josué.

« Le 8 mars, c’est un jour qui met en valeur les femmes, qui nous montre les valeurs des femmes. Et ce n’est pas immérité. Ce sont les femmes qui dirigent le pays. Martelly ne peut, je crois, prendre des décisions sans les sages conseils de sa femme. Il revient de continuer à avoir des gens qui défendent les femmes en Haïti », a déclaré Numa Junior Daniel.

Quant à Antoine Dolorès, « la femme était l’objet de discrimination de toutes sortes. Aujourd’hui, avec l’arrivée de certaines femmes au poste décisionnel, cela s’améliore et cela doit continuer à s’améliorer. »

Pour reprendre le jeune chateur haïtien Jean Jean Roosvelt, « San fi pa gen kafe le maten. » « Et, dans notre culture, nous savons tous ce que cela veut dire « boire une tasse de café » chaque matin », a rajouté Jolène.

D’où vient cette inégalité ? a interrogé Alexandre Josué.

« De notre culture et de l’école. Chez nous, c’est toujours la mère qui s’occupe des travaux domestiques, jamais le père. Quand on a un objet lourd à déplacer ou à transporter, on ne fait pas appel aux filles. Ces dernières ne peuvent pas non plus sortir seules. A l’école, c’est la même chose. L’ouvrage de Madame Myrtho Sorel Celestin titré « les stéréotypes sexuels dans les manuels scolaires haïtiens » nous le prouvent. Dans certaines fêtes champêtres, on sait mettre à l’affiche : Admission : Gason 50 goud, fi gratis. Les filles, sans réfléchir surement à quoi cette promotion les rabaisse (un appât) signifie réellement, l’acceptent. C’est pour vous dire, chers jeunes et chères jeunes, la femme est inférieure à l’homme, c’est un apprentissage qu’on nous fait dans notre culture et nos écoles. On doit aujourd’hui penser au contraire de cela : la femme est égale à l’homme », a corrigé l’animateur Waldinde.

Pour clore la rencontre, le jeune artiste débatteur, Jacobin a interprété, en hommage aux filles du club et de l’animatrice Antoine Joanna Barthèlemy, un morceau de l’artiste de Jérémie, Jean Jean Roosvelt, titré « Donner le monde aux femmes ».

Waldinde Germain
Animateur du club de Jérémie

Conférence de Anthony Phelps à FOKAL

MERCREDI 13 MARS - 5 H PM - CONFERENCE

ANTHONY PHELPS PRESENTE  
HAITI LITTERAIRE 

francophonie  
MOIS DE LA FRANCOPHONIE

ecrivains haiti litteraire
  

A l'occasion d'une conférence illustrée de films courts, Anthony Phelps parle du mouvement Haïti Littéraire et de ses auteurs. Les films présentés seront : Roland Morisseau (1991) et DAVERTIGE (1992) réalisés par Carl Lafontant et Les îles ont une âme (1989) réalisé par Alain Aix .
Regroupés sous le nom d'Haïti littéraire, cinq poètes allaient imprimer une nouvelle direction à la poésie haïtienne, participer activement à la plupart des manifestations culturelles de Port-au-Prince et susciter un type d'échange plus fécond entre les créateurs de différents secteurs : peintres, sculpteurs, céramistes comédiens, dramaturges, musiciens, d'une part et, d'autre part, intellectuels et idéologues.
  
 Anthony Phelps a reçu pour cette rétrospective le soutien de l'Institut Français-Paris - Ministère des Affaires étrangères et des communautés européennes

SALLE FOKAL UNESCO
ENTREE LIBRE DANS LA LIMITE DES PLACES DISPONIBLES

mardi 12 mars 2013

Le club de BMC organise son tournoi de débat


Le pari du club de BMC

Le club de BMC organise son premier tournoi annuel de débat, le samedi 23 mars 2013, à partir de 10h am, dans les locaux de FOKAL. Quatorze matches sont prévus avec 8 équipes, autrement dit 24 débatteurs au total. La compétition qui se fera dans le format Karl Popper, sera autour deux énoncés : « L’Etat haïtien devrait interdire toute publicité pour le tabac » et « Des cours d’éducation sexuelle devraient être instaurées à l’école en Haïti ».


Le club, qui comprend une cinquantaine de membres, a fait le pari de réussir son tournoi. A cet effet, le coordonnateur des Programmes Initiative Jeunes de FOKAL a effectué samedi 9 mars 2013 une visite dans ce club afin de pouvoir accompagner les 2 animateurs, Ricardo Nicolas et Mozeau Wedly, et les débatteurs, dans la préparation de l'événement.

Le coordonnateur s’est montré disponible pour répondre aux questions des jeunes du club sur les notions du débat. Bien qu’ils aient reçu auparavant une formation au débat avec leurs 2 animateurs, beaucoup d’éléments les préoccupent dans le format Karl Popper. Leurs questions ont porté sur les notions suivantes :

Comment construire un bon argument ?

Un bon argument se doit être clair, logique, objectif, bien supporté et résistant à la réfutation. Il doit comporter une déclaration brève et simple.
Cette déclaration doit être suivie d’une explication qui démontre comment et pourquoi l’argument est généralement vrai. Idéalement, l’explication et le raisonnement ne doivent être que de quelques phrases seulement.
L’argument doit être supporté par un ou des exemples qui montrent qu’il s’applique dans la réalité. Le support doit convaincre le juge et le public que votre argument est vrai dans le monde réel.
Enfin, l’argument s’achève avec une petite conclusion qui montre exactement comment il soutient votre point de vue. Une technique utile est de répondre à la question « Et alors ? » en rapport avec l’argument.

Comment construire un argument à partir d’une source ?

Tout est une question de méthode de travail. Quand vous disposez de documents traitant du sujet, vous devez être capable d’isoler les informations qui vont pouvoir vous servir dans l’élaboration de votre argumentation.

Quels types de support peut-on utiliser dans le débat?

Les supports sont des exemples qui constituent le moyen le plus simple et le plus courant de justification et de preuve. Ces exemples doivent être réels, c’est-à-dire ils ne peuvent pas être hypothétiques ; généraux, pour ainsi dire évidents; significatifs, autrement dit importants. Évitez les anecdotes personnelles. Les données statistiques, les résultats d’enquête et d’étude, les citations de spécialistes et d’experts reconnus dans un domaine de connaissance, des faits avérés et connus constituent de très bons supports. En toute occasion, vous devez citer la source de votre support.

Pourquoi est-ce important de définir les termes de l’énoncé du débat ?

L’objectif de la définition est d’expliquer ce qu’un mot de l’énoncé signifie pour votre débat. Dans tous les débats, les 2 équipes doivent définir les termes de la résolution, aussi claire et simple que possible (ce qui ne veut pas dire qu’il faut définir chaque mot de l’énoncé). La définition sert aussi à limiter la portée de l’énoncé et donc du débat, pour éviter les hors-sujet. La définition doit demeurer raisonnable, consensuelle, c’est-à-dire elle doit rencontrer l’adhésion d’un public neutre, peu averti du sujet.

Comment faire une bonne définition ?

Quelques techniques pour faire une bonne définition :
-          Ne définissez pas les termes métaphoriques littéralement, à l’exemple de cet énoncé métaphorique, « La carotte (une incitation) vaut mieux que le bâton (la punition)».
-          Ne donnez pas de définitions trop compliquées, celles d’un dictionnaire par exemple. Mieux vaut l’expliquer en rapport avec la motion spécifique que vous débattez, même si vous vous inspirez d’un dictionnaire.
-          Soyez prêts à donner des exemples pour expliquer votre définition, au cas où elle ne permettrait pas de clarifier le sens des mots.

Comment poser de bonnes questions ?

Quelques règles à suivre :
-          Votre question doit avoir rapport avec les propos que l’orateur est en train d’énoncer ou qu’il/elle vient juste d’énoncer.
-          Chaque fois que c’est possible, formulez vos demandes sous forme de question.
-          Evitez de poser des questions qui permettent à l’orateur d’exposer les points forts de l’argumentaire de son équipe
-          Vos questions doivent être aussi courtes que possible.
-          Evitez d’engager une conversation avec l’adversaire
-          Posez des questions qui attaquent l’argumentation de votre adversaire, mais non qui défendent la vôtre.

Est-il nécessaire au 3e orateur de dire que son équipe a gagné le débat ?

Pas nécessairement, car cela n’a pas d’importance pour le juge qui seul décide de l’issue du débat sur la base des arguments en confrontation. Néanmoins, le 3e orateur doit être capable d’indiquer et prouver aux juges les points de confrontation (clash points) dans le débat qu’il pense que son équipe a remportés.

Que faut-il faire pour bien réfuter un argument ?

-          Notez bien d’abord l’argument de l’adversaire
-          Identifiez l’expression-clé (ou thème) de la déclaration de l’argument que vous voulez attaquer
-          Dites clairement aux juges que vous vous opposez à sa déclaration
-       Montrez les failles de l’argument (raisonnement spécieux ou fallacieux, références mal choisies) soit par un raisonnement correct soit en donnant d’autres références
-          Montrez l’impact de votre réfutation dans le débat, c’est-à-dire les conséquences de l’attaque.

Il ne suffit pas de dire que l’argument de l’adversaire est faible, il faut le prouver. Il est utile de savoir que l’on peut également réfuter une définition, les exemples, les statistiques et même une réfutation.

Conclusion

A la fin de sa visite, le coordonnateur a exhorté les jeunes à bien préparer leur débat par des recherches approfondies, par véritable un travail d’équipe, à surmonter leur inquiétude par une bonne préparation. Il les a encouragés à débattre davantage pour mieux maîtriser les techniques du débat et pour devenir un meilleur débatteur. Comme dit le philosophe allemand Emmanuel Kant : « Le meilleur moyen de comprendre, c’est de faire ».

Jean-Gérard Anis
Coordonnateur du PIJ

Une année à la tête du PIJ

  cher.es ami.es, Depuis janvier 2022, je suis appelé par la direction de la FOKAL à assumer la charge de la coordination du Programme Initi...