lundi 30 novembre 2015

Que veulent les jeunes des clubs de débat ?

Nous avons eu au Cap-Haïtien la démonstration de ce qu’ils veulent précisément. A la fin de leur réunion hebdomadaire ce samedi 21 novembre, au collège Regina Asumpta du Cap, les 24 jeunes présents (13 filles et 11 garçons) ont eu à remplir un questionnaire qui les sondait sur leur degré de satisfaction du fonctionnement du club, de la formation reçue, des activités entreprises au sein de leur groupe, de leurs difficultés et de leurs attentes de leur club et du programme. Ils n’ont pas esquivé les questions, répondant avec franchise non sans une certaine candeur.
L'animateur Edwin Pierre-Louis animant la réunion
L’objectif de cette consultation impromptue des jeunes de ce club a été pour le coordonnateur du programme d’aider à résoudre une crise de résultats qui traverse le club depuis tantôt 3 ans, sur demande de 8 anciens membres du club qui ont écrit une pétition à FOKAL pour solliciter son action afin de renverser cette situation qui les interpelle. Accompagné d’Yvens Rumbold, responsable de communication de FOKAL, le coordonnateur s’y est rendu, observé la séance de réunion du club, s’est entretenu avec les pétitionnaires puis les 2 animateurs du club, Edwin Pierre-Louis et Alendy Almonor.

Les satisfactions

FOKAL apprécie fortement que les jeunes du Cap-Haïtien des clubs portent un véritable attachement au destin de leur club. Les anciens membres se montrent soucieux de leur club car ils n’ont pas digéré ni la performance de leurs représentants ni le classement médiocre de leur club, dans les derniers tournois régionaux et nationaux, au point qu’ils militent ouvertement pour un redressement d’urgence du club. Les jeunes membres actuels poussent également à ce que leur club « gagne des tournois comme les autres », espèrent-ils.

Les anciens membres du club à la base de la mission dans le club
Les débatteurs de la métropole du Nord ont manifesté aussi le souhait que le débat bénéficie d’une meilleure promotion auprès des parents qui souvent refusent de les laisser participer à cette activité, et auprès des jeunes de toutes écoles confondues de leur ville, qui méritent de découvrir les bénéfices que ce programme peut leur apporter. Le club de Jacmel a déjà pris les devants en ce sens la semaine dernière en invitant parents, journalistes, jeunes à une démonstration de débat.   (http://vaguedufutur.blogspot.com/2015/11/voter-aux-elections-devrait-etre.html).

Enfin, il était important pour nous à FOKAL de savoir que les jeunes débatteurs du Cap (ainsi que des autres clubs du réseau) veulent de leur club, ce qu’ils attendent de leurs animateurs et du programme. Cela nous aide à corriger les dérives, à colmater les défaillances, et à fournir des instructions ciblées, des recommandations et des solutions adaptées à la réalité de chaque club. Les débatteurs capois, en se prêtant positivement à l’exercice de cette consultation, ont participé sans le savoir, à cette démarche dont les retombées profiteront à tout le réseau.

Les difficultés

Les débatteurs capois ont réagi sur la pédagogie de la formation au débat, trop magistrale à leur gout, qui laisse, selon eux, peu de place aux exercices et à la pratique. Ils ont confessé le stress, la timidité, les difficultés à s’exprimer, voire la peur, comme autant d’entraves à surmonter pour débattre. Ils ont pointé aussi leur faible capacité à trouver des arguments convaincants, à articuler correctement leur discours, à mener valablement des recherches documentaires, à trouver et utiliser de bons supports, qui les empêche de préparer un débat.
Une débatteuse du club intervenant
Ces jeunes du club du Cap-Haïtien consultés ont dit également éprouver des difficultés à maîtriser le déroulement du débat et le rôle dévolu à chaque débatteur d’une équipe, à assimiler les notions importantes du débat parfois encore confuses dans leur esprit, et à convaincre- la conséquence d’un manque de confiance en eux.

Par ailleurs, ils déplorent le manque d’interaction entre jeunes et animateurs, le manque de participation de jeunes aux réunions, plus observateurs qu’acteurs, le manque d’animation, motivation, les va-et-vient continuels marqués par leur irrégularité dans le club, leur absentéisme récurrent aux réunions, et le départ des plus aptes.

Les doléances

Ils ont insisté sur la nécessité d’avoir plus de débats dans le club, soit en mode de démonstration soit en mode tournoi, car, il faut le rappeler, le club du Cap n’a pas organisé un seul tournoi depuis plus de 3 ans. Pour les jeunes, cela se ressent dans leur performance aux tournois régional et national car ce sont les seuls moments où ils découvrent la compétition. L’esprit de gagne a déserté le club.
Un jeune du club effectuant une présentation
Ils encouragent les 2 animateurs à être plus exigeants sur la discipline dans le club, en établissant des règles rigoureuses pour la ponctualité, la régularité, et les taches à faire aux réunions. Ils leur demandent de faire en sorte d’attirer plus de jeunes de la ville, en faisant connaitre le club dans les écoles et les lieux de fréquentation des jeunes, en médiatisant ses activités.

Ils souhaitent que les animateurs fassent connaitre le club à leurs parents car ces derniers rechignent à les laisser se déplacer pour participer aux activités que ce soit en ville ou aux rendez-vous nationaux du débat. Ils requièrent plus d‘initiatives des animateurs, par exemple des interactions avec d’autres clubs, d’activités originales, des sorties pédagogiques afin de motiver les jeunes à rester, pour ainsi dire de les fidéliser.

Les recommandations

La méthodologie de la formation au débat est à revoir avec les animateurs. Il leur sera fourni un plan à suivre de formation avec durée, priorités, étapes, objectifs, manières de faire et types de suivi afin de rendre plus efficace l’apprentissage des techniques du débat. La formation devra s’étaler sur une période de 2 mois au moins (soit 16 heures), et déboucher sur un tournoi à l’intérieur du club qui mélange anciens et nouveaux débatteurs du club. L’important est que chaque jeune, à l’issue de la formation, soit capable d‘argumenter valablement.
Une simulation de débat au cours de la réunion du club
La méthodologie des réunions est à revoir également. Elles devront être plus animées en mettant les jeunes en condition pour s’exprimer régulièrement, pour travailler en groupes, et pour effectuer des exercices de simulation de manière régulière. Certaines expériences réussies de réunion dans d’autres clubs seront mises à contribution et seront partagées dans le réseau. L’important est que chaque réunion soit préparée et que chaque jeune sente à l’issue de chaque réunion qu’il/elle a vraiment appris quelque chose du débat.

Les animateurs doivent à être à l’écoute des membres de leur club, de se montrer sensibles aux mouvements d’humeur et aux doléances des jeunes. Il y va de la vitalité et de la survie du club. Il est important que les animateurs suivent les instructions et  les recommandations reçues, consultent leurs pairs pour être au fait de bonnes pratiques et initiatives à appliquer, et enfin d’inciter les jeunes à consulter le blog et la page Facebook du programme et à y apporter leur contribution le cas échéant.

Conclusion
Un jeune du club réagissant à une question d'un animateur
Un document de recommandations générales pour tous les clubs sera élaboré à partir des résultats de ces visites à Jacmel, au Cap et à Fond Parisien. Il leur sera distribué lors de la rencontre annuelle des animateurs le 12 décembre prochain.

Jean-Gerard Anis
Coordonnateur du PIJ


mercredi 25 novembre 2015

Former des jeunes au débat : une priorité du club de Darbonne

Ils étaient 20 jeunes (15 garçons et 5 Filles), issus de différentes écoles de Léogane qui ont pris part, durant le weekend  du 14 au 15 novembre 2015, à 2 journées de formation sur les techniques de débat. Cette activité rentre dans le cadre des nouvelles stratégies des responsables du club de débat de Darbonne pour recruter des nouveaux débatteurs et pour pouvoir réaliser prochainement le tournoi local du club.
Dès le début, les deux animateurs, Maxandre Bien-Aimé et Max Gregory Saint-Fleur, épaulés par Jefté Thélusma, un ancien débatteur du club, ont pris le soin d’expliquer aux jeunes l’importance du débat. Il permet non seulement de développer chez les bénéficiaires le sens critique mais aussi le goût de la recherche d’information, ont-ils fait savoir.
Suivant un agenda préalablement établi, les jeunes ont lié connaissance avec des concepts fondamentaux du débat, tels que l’argument, l’énoncé, l’argumentation, la réfutation, le contre-interrogatoire etc. Pour leur permettre de mieux appréhender les thèmes suscités, les jeunes se sont regroupés parfois en de petits ateliers et l’approche participative a été  largement priorisée. N’ayant pas toujours l’habitude de travailler en groupe, il importe de signaler l’intervention des animateurs pour répondre à leurs questions et de donner des explications supplémentaires.

Gaëlle Félix, meilleure débatteuse du tournoi régional, réalisé en avril dernier à Léogane, était aussi présente pour partager ses expériences avec les jeunes. Elle a expliqué aux jeunes le rôle de chaque orateur dans une équipe. A la question « Quel rôle est le plus important dans un match ? », Gaëlle a répondu ainsi: « Rien n’est à négliger dans un match. Qu’il soit premier, deuxième ou troisième orateur, chacun doit faire correctement le travail qui lui est assigné. N’oubliez surtout pas que le débat est un travail d’équipe », a-t-elle ajouté.
Les témoignages recueillis auprès des jeunes après ces deux journées de formation, prouvent qu’ils sont vraiment satisfaits. « J’avoue que cette formation a été pour moi une source inépuisable de nouvelles connaissances. Je sais maintenant comment structurer mon discours et mieux présenter mes arguments. Je suis parfaitement édifié. Les intervenants ont été très explicites » a insisté l’un des jeunes.

« Maintenant, je sais comment bien formuler mes questions afin d’entraver les réponses de l’équipe adverse », s’est félicité Jeff. Il propose aussi qu’un thème ayant rapport au débat soit présenté lors des rencontres hebdomadaires. Ce qui lui permettra d’avoir une meilleure maîtrise des notions apprises.
Suite à cette formation, les jeunes s’engagent à continuer l’expérience du débat. Ils s’accordent sur le fait que c’est en débattant qu’on devient un bon débatteur. A cet effet, une journée de travail a eu lieu le samedi 21 novembre afin de faire beaucoup plus de pratiques et aussi commencer les préparatifs du tournoi local prévu pour la deuxièmes semaine de décembre.

Max Grégory Saint-Fleur

Animateur du club de Darbonne

mardi 17 novembre 2015

Voter aux élections devrait être obligatoire en Haiti

Cette affirmation a été le sujet débattu dans le club de Jacmel, samedi 14 novembre 2015, dans les locaux de l’Université Notre-Dame d’Haiti dans la métropole du Sud-est. En présence de parents de membres du club, de journalistes de divers médias de la ville, et des jeunes curieux d’apprendre davantage sur le débat, environ une trentaine de personnes, ont assisté à cette démonstration de débat, dans le format Karl Popper*, qui a opposé 2 équipes de jeunes, et arbitrée par 3 juges formés par FOKAL.

L’équipe affirmative* composée de Ralph, de Claudia, et de Mardoché soutenait cette thèse de rendre le vote aux élections obligatoire en Haiti, tandis que l’équipe négative*, formée de Lovely, de Kimy et de Kerline, défendait la position contraire. Ce sont tous des jeunes du secondaire, cinq d’entre eux ayant déjà participé à un tournoi de débat au niveau régional ou national organisé par FOKAL.

L’objectif de ce match d’exhibition (et conjointement de ma mission) a été de faire découvrir le débat aux journalistes des médias de la ville, de faire connaitre les activités du club aux parents souvent réticents à laisser leurs progénitures représenter le club à l’extérieur, et d’inciter d’autres jeunes de la ville à intégrer le programme de débat. Des dépliants d’information sur le programme leur ont été distribués.

 ‘Quand l’abstention est élevée, c’est la démocratie qui perd’

L’équipe affirmative a défini le vote comme « un acte par lequel une personne participe à une prise de décision collective en faisant un choix politique. C’est le suffrage exprimé dans une élection ». Son caractère obligatoire établi par une loi ferait que le citoyen ne peut pas s’y déroger.  L’équipe a soutenu 2 arguments. En premier lieu, elle a stipulé que voter devrait être obligatoire « pour garantir la participation d’un plus grand nombre de citoyens aux élections ».
Ralph, Claudia et Mardoché de l'équipe affirmative
Ils ont expliqué « …que dans tout régime démocratique, l’unité fondamentale pouvant assurer la bonne marche de la démocratie repose sur les élections. Nul ne peut parler d’élection sans soulever la question du vote, (…) démarche indispensable pour la bonne marche d’une société démocratique. Mais lorsque c’est une minorité qui s’adonne au vote, on ne peut donc plus tout à fait le voir comme un acte de bonne santé pour la démocratie, parce qu’il s’agit [dans ce cas] de faire participer le plus grand nombre, voire toute la population en âge de voter… .

C’est quelque chose d’inacceptable que les représentants de la population soient élus par une minorité. Parce que ce sont eux qui vont prendre des décisions au nom de la masse populaire, en ce sens ces représentants devraient être élus par la majorité.
Si de nos jours, les gens manquent d’engouement pour aller voter, c’est parce que cela est devenu une question de « si je veux », parce qu’il manque une incitation forte comme l’obligation de voter. Il serait risqué de laisser le vote périr entre les griffes du principe « je vote si je veux ». Il faut empêcher cela, dirent-ils « en faisant du vote une obligation pour s’assurer que tous les efforts déployés, les dépenses effectuées, les sacrifices consentis ne vont pas droit au mur ».

Ils ont précisé que « Plus de 70% des Australiens, quelque soit leur milieu social se sont déclarés en faveur du vote obligatoire dans leur pays, pourcentage qui n’a pas varié depuis 40 ans. Or, le taux d’abstention dans les récentes élections générales en Haiti a été de 82%. Une tragédie. Le vote est un devoir du citoyen ».

‘Voter est un droit avant d’être un devoir’

L’équipe négative s’est opposée fermement à ce raisonnement en faisant valoir qu’obliger les gens à voter ne garantit pas la démocratie. « Voter est d’abord un droit, avant d’être un devoir ». Le principe démocratique reconnait le vote comme un droit qu’on a la liberté de jouir ou pas. « La volonté de voter ou de s’abstenir lors des élections est ce qui entre dans une démocratie véritable. (…) L’abstention ne tue pas la démocratie ; c’est une expression de la démocratie…», puisque « la démocratie octroie à tout citoyen le droit de voter ou pas ».
Kerline, Kimmy et Lovely de l'équipe négative
Ils supportent cet argument en citant l’exemple de pays européens où voter aux élections est obligatoire sous peine d’amende (13 € au Liechtenstein, de 27 à 55 € en Belgique, 137 € en cas de récidive, de 500 à 1,000 € au Luxembourg) ou au risque d’être rayé des listes électorales, pendant 10 ans comme en Belgique. Or, la participation dans ces pays n’a jamais atteint 100%.

Selon l’équipe négative, « rendre le vote obligatoire pour les citoyens haïtiens plongera le pays dans la ‘démocrature’ »,  un néologisme résultant de la fusion des mots démocratie et dictature. Ils entendent par ‘démocrature’, « une forme de dictature camouflée sous l’apparence de la démocratie ». Le fait de penser à introduire le vote obligatoire ne va plus garantir la jouissance des droits humains et des libertés individuelles, précisèrent-ils.
Ils rappellent que les néerlandais en 1970 et les italiens en 1993 ont renoncé au vote obligatoire, car pour eux, « voter sous la contrainte n’est pas une vraie solution à la participation. C’est en quelque sorte un suffrage censitaire à l’envers.  Avec le suffrage censitaire, seuls ceux qui avaient les moyens pouvaient voter. Avec le vote obligatoire, seuls ceux qui ont les moyens peuvent s’abstenir de voter. Les italiens et les néerlandais ont conclu que cette motivation civique forcée rabaisse l’expression civique à son plus bas niveau, celui du portefeuille ».

Pour eux donc, « il est préférable que les politiques gagnent la confiance qu’ils ont perdue auprès de leurs concitoyens afin de les amener vers les urnes. Il ne faut surtout pas penser à rendre le vote obligatoire ».

Le devoir de participer contre la liberté de voter

L’équipe affirmative a réfuté leur argumentation en marquant que, pour synthétiser leur discours, en matière d’enjeu électoral, le devoir doit primer sur le droit, car si la majorité des électeurs ne vote pas, cela dégrade la démocratie. « Obliger les gens à voter ne viole pas leurs droits. Au contraire, cela protège leurs droits ».

Si pour cette équipe, la forte participation citoyenne garantie conséquemment par le vote obligatoire, consacrerait la crédibilité du scrutin et donnerait une vraie légitimité aux élus, l’équipe adverse y voit déjà son effet déstabilisateur sur les résultats, avec la forte probabilité d’un vote blanc massif qui n’est pas pris en compte dans nos élections, et doute par avance de la sévérité et de l’efficacité de la sanction contre les contrevenants. Autrement dit, où placer le curseur ?

Pour contrer cette idée de la négative, l’affirmative a fait observer, à juste titre, que le taux d’abstention aux élections en Haiti ne fait qu’augmenter, passant de plus de 50% de votants en 1990 à moins de 20% en 2015. « Quand une minorité vote seulement, cela empêche l’avancement de la démocratie. Ce n’est pas acceptable qu’une minorité choisit pour une majorité ».

« Ne pas voter est un droit, qu’on peut exercer comme on veut », a rétorqué l’équipe négative. « A quoi sert de forcer les citoyens à voter si on ne peut garantir 100% de participation ?! », s’est exclamée une débatteuse de l’équipe. « Le taux d’abstention montre que la démocratie est en marche. Le peuple n’a pas à être en soumission ». Mais plutôt en résistance, serait-on tenté d’ajouter aujourd’hui.

Mobilisation pour convertir la jeunesse jacmélienne au débat

A la fin du match, les parents et les journalistes présents, impressionnés par la performance des 6 jeunes débatteurs, ont questionné le coordonnateur sur la finalité même du débat : Recherche t-on la vérité ? Quelle conviction sur un sujet peut-on attendre chez les jeunes ? Depuis quand ce programme existe-t-il à Jacmel ? Sur quels critères choisit-on les jeunes ? L’entrée au club est-elle gratuite ? Pourquoi FOKAL n’implante t-elle pas le débat dans les écoles ? Qu’est-ce que ce programme peut apporter à la ville ?

Deux interviews donnés volontiers à 2 importantes médias* de la ville, samedi 14 novembre, et une participation à une émission d’information culturelle de la plus importante station de radio communautaire du département du Sud-est, dimanche 15 novembre, ont permis au coordonnateur de développer les réponses à ces questions parmi d’autres, posées par les journalistes, les parents et les jeunes, et de faire connaitre FOKAL et son  programme national de débat à la communauté jacmélienne.

Les 2 animateurs du club de la métropole du Sud-est, Bettina Perono Rock et Réginald Raymond-Fils, ont été à l’initiative de toutes ces actions qui se sont déroulées à Jacmel (interviews avec des journalistes, participation à une émission de radio, débat de démonstration, reportage d’un site jacmélien d’information continue en ligne* très branché, réunion avec les jeunes du club). Ce nouveau leadership entreprenant pour rehausser le niveau des débatteurs de leur club, depuis leur entrée en fonction en avril dernier, est en train de donner des résultats certains.

Le club de Jacmel a semé ce week-end. Il aimerait essaimer…

Jean-Gerard Anis
Coordonnateur du PIJ
16 novembre 2015


* Pour plus d’information sur le format Karl Popper, allez à :
* L’équipe affirmative défend le sujet
* L’équipe négative s’oppose au sujet
* Radio Sound FM
* Radio Télé Express Continental

* L’adresse de ce site d’information en ligne est www.bonzouti.com

lundi 9 novembre 2015

Le club de débat de Christ-Roi joint l’utile à l’agréable à Seguin

Le club de débat de Christ-Roi a organisé du 28 au 31 juillet 2015, une sortie à Seguin, une localité se trouvant dans les hauteurs de Kenscoff, plus précisément dans la commune de Marigot, dans le département du Sud-est. Ils étaient une dizaine à faire le déplacement. Le groupe était logé en plein cœur du parc La visite, dans lauberge de la Fondation Seguin. 
A Seguin il fait froid, la température est variée entre 16 et 22 degrés centigrades. Pour tenir les jeunes bien au chaud, les responsables de lauberge ont mis à notre disposition thés, des vêtements chauds, des sacs de couchages, sans oublier la présence des cheminées dans les chambres pour tenir les débatteurs bien au chaud durant le séjour.

Cette journée couvrait un double aspect : éducatif avec des activités de formation, et ludique avec excursion et visite de la zone de Seguin.

Dans un premier temps, une petite formation sur les techniques de préparation dun sujet-surprise en très peu de temps, a été organisée précisément pour montrer aux débatteurs comment utiliser les données concrètes à leurs dispositions sans utiliser linternet. Cette activité sinscrit dans lobjectif daméliorer la performance au débat des jeunes, suite au tournoi national a Jérémie, au niveau de la préparation des sujets-surprises qui ont augmenté dans cette compétition.


Mon collègue Alfred Désir et moi avons été les deux principaux intervenant lors de la formation sur le débat. Nous avons opté pour une combinaison de plusieurs méthodes. Dabord, nous avons procédé à des exposés sur le format de débat de Karl Popper afin de clarifier des points dombre. Alfred Désir et moi avons travaillé premièrement, sur la façon de trouver des sources fiables et dignes pouvant mieux supporter les arguments, deuxièmement sur le rôle et limportance des définitions dans un match de débat et le travail du troisième débatteur. Nous avons introduit dans la préparation des matches de nouvelles techniques pour les jeunes, comme lutilisation des prérequis des jeunes pour préparer des sujets-surprise sans laccès à linternet.
Puis Alfred et moi avons organisé un atelier de travail sur ce sujet : « L’Etat haïtien devrait forcer lEtat américain à dédommager Haïti pour loccupation allant de 1915 à 1934. » Les jeunes avaient comme tache de trouver des arguments pour ou contre l’énoncé, des supportes également, en utilisant les informations que les débatteurs ont déjà sur le sujet, que nous pourrons compléter par la suite  sur le net. Enfin une simulation de débat a été effectuée. Altidor Clarisse, Jozil Samuel, Mérilien Tania ont défendu le sujet cité plus haut, tandis que MOREAU Christie, REGIS Rose Gyrlène, Joseph Fédjine défendaient  la position contraire. Tout ceci pour permettre aux jeunes dexpérimenter les nouvelles techniques.

Laspect détente a été concrétisé  par la visite de la ville de Seguin et de ses sites touristiques. Un séminaire de formation a eu lieu sur lengagement civique, sous la forme dune causerie sur le problème environnemental haïtien, plus précisément le phénomène de la déforestation. Cette causerie a été possible grâce à deux deux agronomes, Yvon Elie et Josnel Garconville. Elle a été aussi une  occasion de sensibiliser les jeunes sur la situation alarmante de lenvironnement haïtien tels que : labattage effréné darbres, le tarissement de nos sources, linondation de nos villes, linsalubrité, et linfertilité de nos terres. Et aussi pour développer chez eux un sentiment dappartenance, damour et de respect envers leurs communautés et leur pays.
De ce fait, Alfred et moi avons expliqué aux jeunes quun citoyen ne veut pas dire tout simplement être majeur, avoir en sa possession une carte didentification nationale. Mais un bon citoyen, cest quelquun qui non seulement jouit de ses droits civils et politiques, mais qui simplique aussi dans des activités de redressement de son quartier, sa communauté, par exemple en songeant à planter un arbre et à y prendre soin,  d’être honnête, intègre et respectant scrupuleusement les principes de la société. Cest une personne qui fait tout pour le bien de son pays, fait du bénévolat, évite de jeter partout sur le sol des déchets.

Yvon Elie a rejoint le staff de la fondation Seguin en 2010, et sest donné pour mission de mettre en terre 300 000 plantules, en mémoire des victimes du séisme. Son but, conserver la biodiversité de la région, la mission essentielle de la Fondation Seguin, avec comme objectifs dinstaurer une politique permettant de protéger la couche arabe du sol et aussi de subvenir aux besoins économiques de la population, doù la plantation darbre fruitiers comme lavocatier à fin de sa commercialisation. 
De son coté, lagronome Josnel qui a rejoint le staff de Seguin un peu plus tard, est spécialiste en urbanisation. Il fait partie des spécialistes qui ont contribué à faire du Parc Matissant ce bijou quil est actuellement. Pour lagronome Josnel, résoudre le problème environnemental doit passer par la conscientisation de la population sur les réels problèmes, ensuite par lamélioration de la vie sociale de lindividu, et enfin par la résolution du problème de grossesse précoce. « Tant que jeunes enfants donneront naissance à des bébés, la misère, la bidonvilisation seront toujours présentes, la dégradation de lenvironnement saggravera » dixit lagronome.

Pour les deux agronomes, le problème environnemental que confronte Haïti actuellement est dû à lincompétence et à lincapacité de nos anciens dirigeants. Ils croient que le problème environnemental haïtien est lié à bon nombre de problèmes, tels que les maladies, les insalubrités, la misère, la bidonvilisation, un système éducation délétère. Daprès eux, résoudre le problème de lenvironnement haïtien, cest dun coup résoudre la majeure partie des problèmes dHaïti.
Les jeunes ont été très satisfaits du séjour à Seguin. Ils croient que ce genre dactivité permettra non seulement daméliorer leur niveau en débat mais aussi de créer une atmosphère de fraternité, de convivialité entre les membres du club.
Voici les réactions de quelques-uns dentre eux :

Clarisse Altidor : « Durant mon séjour à Seguin, jai pu participer à une formation sur le débat qui ma montré comment mieux réagir dans un match de débat et elle ma aidé à faire sortir en moi des capacités que jignorais comme celle de préparer un match sans linternet.» Elle poursuit peu après : « Jai pu participer aussi à une formation sur la protection de lenvironnement qui ma aidé à comprendre les raisons poussant le Haïtien à ne pas se focaliser sur la protection  de son environnement ainsi que les conséquences ».

Rose Gyrlène Régis : « Pour atteindre un haut niveau de performance, il faut connaitre ce qui est la motivation. Cette  formation de débat  a permis l’épanouissement dun bon nombre de jeunes qui avaient un manque de confiance en eux. Ces derniers ont pris conscience de leur capacité car cette formation nous a motivés, nous a donné confiance en notre capacité intellectuelle.». Elle continue « Un environnement vert, cest ce qui contribue a la beauté dun pays. Cest le jugement qui résulte après la séance de causerie avec lagronome Yvon Eli. Il nous a gratifié de ses connaissances sur lenvironnement et incites aussi à changer notre manière de penser face à linteraction existant entre lhomme et son milieu ».

Samuel Jozil : « Le débat en tant que jeu demande des techniques pouvant permettre danalyser un sujet rapidement, de miser sur les points faibles de l’équipe adverse pour mieux lattaquer etc. En ce sens,  la formation mavait mis à mon aise de sorte que rapidement, je peux cerner un sujet. Elle ma donné une perspicacité énorme, une capacité de saisir les mini-détails nécessaire de jouer un bon match.»

Pour Clarisse « ça a été une très bonne initiative et mérite quon recommence ». De son cote Jozil Samuel affirme que : « ces genres dactivités favorise lapprentissage et la découverte dune région inconnue, mais le plus important cet activité à créer une atmosphère de familiarité entre nous. Donc on devrait continuer sur cette même lancée.»

Le séjour a été une réussite, cote préparatifs et cote participation des jeunes. Les notions ont été bien assimilées par tous les jeunes, parce que les ateliers restitués par les jeunes ont prouvé leurs compréhensions. Il faut saluer la détermination et le sens de leadership dAlfred Désir sans qui cette activité naurait pas lieu.

Joël LAZARD

Animateur du club de Christ-Roi

Une année à la tête du PIJ

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