Du 18 février au 2 mars 2013, FOKAL présente au public l’exposition « Croix-des-Bossales » de l’artiste plasticien Killy, de son vrai nom Patrick Ganthier, en partenariat avec Les Ateliers Jerôme. Après une première installation de cette exposition dans ces ateliers, Killy investira l’Atrium de FOKAL avec ses œuvres en papier, mais aussi la devanture avec son installation. A partir de matériaux recyclés, poupées de plastique, monotypes et paillettes irisées sur papier, portes usagées…l’artiste tente de restituer l’environnement Croix-des-Bossales avec son foisonnement de population affairée, d’étalages rutilants, tout un univers fortement théâtralisé. Le vernissage de l’exposition se fera le 18 février à 4h30.
Si pour l’Histoire, Croix-des-Bossales représente le principal lieu où accostaient, à Port-au- Prince, les bateaux négriers pour déverser leurs lots de captifs destinés à l’esclavage, pour l’opinion commune, Croix-des-Bossales est ce lieu immonde dont plusieurs dirigeants ont tenté de débarrasser la capitale tout au long du XXe siècle. Paradoxalement, le résultat a été l’extension du caractère Croix-des-Bossales à tout le bas de la ville. C’est à cette zone-plaie de la capitale qui porte tous les qualificatifs dévalorisants, que Killy accorde son attention. « Chak fwa mwen desann nan zonn sa a, mwen santi mwen posede pa yon maji. Le map gade tout moun sa yo kap danse, kriye, lan mitan etalaj, kote yo devlope tout imajinasyon yo pou kapte atansyon kliyan ki li menm pa janm sispan machande* » C’est dans cet espace que Killy a découvert la force du sculpteur bois et métal recyclé, Nasson, celle du sculpteur textiles et objets d’inspiration vodou, Pierre Barra. C’est pour cette raison que Killy identifie étrangement l’espace Croix-des-Bossales à un grand Musée, le musée de l’imaginaire collectif. Cette étude fait suite à l’ensemble Grandir et mourir, du même artiste présenté au MAI (Montréal Arts Interculturels) en 2008 et à l’installation du même nom présentée à la Fondation Agnès b puis à la 54e Biennale de Venise au Pavillon national haïtien en juin 2011.
Autour de cette exposition, Les Ateliers Jerôme et FOKAL proposeront également au public des visites guidées les 20, 21 et 22 février, une table-ronde le 22 février, ainsi que la projection du film « Economie de la survie » d’Arnold Antonin, le 25 février à 5 h.
Le parcours de Killy
Patrick Ganthier, connu sous le nom de Killy, est né le 24 octobre 1966 à Girardeau dans la banlieue de Pétion Ville, Haïti. D’abord artisan de fanaux de Noël (petites lanternes de papier et de carton de couleur très populaires en Haïti), il commence en solitaire, en 1986, l’expérience de la sculpture de récupération en puisant ses matériaux dans les décharges de son quartier d’origine. De 1987 à 1990, il fait l’apprentissage du dessin au Centre d’Art de Port-au-Prince sous la direction du peintre réaliste Franck Louissaint. En 1997, il présente pour la première fois sa sculpture de recyclage au Concours Texaco Haïti « Artisanat de récupération. » À la même époque, Killy fréquente l’atelier « Kay Tiga » où sous la conduite du fondateur du mouvement Saint-Soleil, Jean Claude Garoute, il fait l’expérience de la rotation artistique (simultanéité dans la pratique des arts).
En 2004, Killy émigre à Montréal où il produit, à partir de la mousse synthétique et de vieilles planches récupérées dans les décharges de Rivière-des-Prairies, une imagerie baroque fortement expressive. Des pièces d’une rare puissance qui tiennent de l’Art brut et du Funk Art. Membre actif de l’Atelier circulaire de Montréal, centre de production et de diffusion des arts imprimés, Killy y poursuit une formation en gravure et lithographie jusqu’en octobre 2005, date à laquelle un grave accident de travail lui réduit l’usage de la main droite. Son pouvoir créatif ne s’en retrouve pourtant pas affecté. L’exposition Grandir et Mourir, installations et monotypes, février 2008 est sa première exposition importante à Montréal.
Cette exposition a reçu l’aval de la critique montréalaise. Sa participation en juin 2011 au Pavillon National Haïtien de la 54e Biennale de Venise a été très remarquée par la presse internationale et lui a valu l'illustration du reportage du journal l'Express.
* A chaque fois que je me retrouve à Croix-des-Bossales, je suis possédé par la magie des lieux. Au spectacle de tous ces gens qui crient, s’agitent, dansent, au milieu d’étalages multicolores agencés avec un art et une imagination propres à capter l’attention de clients qui, eux, n’arrêtent pas de marchander.
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jeudi 7 février 2013
Croix-des-Bossales, une exposition de Killy
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