cher.es ami.es,
Depuis janvier 2022, je suis appelé par la direction de la FOKAL à assumer la charge de la coordination du Programme Initiative Jeunes. Une responsabilité que j'ai pris à cœur ouvert, ayant compris que je suis le produit de ce programme qui m'a aidé à grandir, à m'épanouir et a considérablement altéré mon rapport au monde.
En septembre 2006, je me suis inscrit au club de débat de la BMC. D'abord par simple curiosité. Je suis resté attaché à ce club jusqu'en décembre 2021. Comme toutes les histoires d'amour, celle-là m'a marqué et a fait de moi une meilleure personne. Je suis passé du stade de débatteur, à formateur national, au rôle de juge, d'animateur du club de BMC, jusqu'à aujourd'hui prendre la tête de ce programme.
L'année 2022 a été un tourbillon sociopolitique (Comme plusieurs précédemment), monté d’une crise humanitaire sans nom, ce qui a engendré l'appauvrissement systématique de la majorité. La situation est grave. Le pays va mal. Insécurité, mauvaise gouvernance, inflation … on aurait l'impression pour parodier Sartre, que l’enfer est ici. Evidemment ce tableau a eu ses répercussions sur le programme. Malgré tout, les différents acteurs de ce programme, se sont donnés entièrement dans la lourde responsabilité d'être aux avant-gardes des pratiques démocratiques, en faisant la promotion du principe de la diversité des opinions et du respect du point de vue de l'autre.
Certains se demandent assurément ce que peut cette communauté qu'est le PIJ ? En quoi ce que nous faisons est important ? En quoi est-ce prioritaire, même nécessaire ? Pourquoi continuer à soutenir un tel programme ? Une telle initiative, dans les situations actuelles, n'est-elle pas une perte de temps et d'énergie ?
La communauté du PIJ s’étend aujourd'hui dans 11 villes et communes du pays. Chacun géré par un Avenger, comme je me suis mis à les appeler. Certains diraient que l’urgence du pays n’est pas dans le débat contradictoire et la mise en pratique d’espaces d’apprentissage et de promotion de la pensée critique. Pourtant, les clubs de débat, mes cher.es ami.es, sont des lieux à toit ouvert d’agitation des idées, un réceptacle des enjeux du monde.
On n'a pas pu concrétiser tous nos projets sur 2022. Des 22 compétitions prévues, huit seulement ont pu se réaliser. Nos clubs n'ont pas pu se réunir régulièrement. Faute de conditions minimales de sécurité. Je me permets pourtant dans ces quelques lignes de dresser un bilan positif pour 2022. Nous avons concentré nos efforts dans le renforcement de notre communauté, la formation des encadreurs, le déploiement de nouveaux contenus didactiques et une stratégie de communication devant exposer notre travail au monde.
Nouveau guide pédagogique en cours, contenu audiovisuel devant renforcer les capacités à débattre, communauté solidarisée grâce entre-autres, aux NTIC, formations pour des juges, des échanges favorisés pour mieux remplir notre mission. Voilà brièvement ce que nous avons réussi pour 2022.
Depuis plusieurs mois le programme a lancé les rencontres #echanj pour donner la place et la parole aux jeunes professionnels. Les discussions se sont portées sur des sujets variés devant renforcer le regard de la communauté sur le monde. Discrimination positive, soft-power, cybercriminalité, pour ne citer que ceux-là. Le programme a aussi lancé l’hashtag #debatefokal pour prendre des nouvelles de chacun et penser la communauté en termes de cartographie. D’autres initiatives sont en préparation et nous sommes ouverts aux propositions et suggestions.
Identifier les secteurs porteurs de ce pays passe en tout temps par prioriser les jeunes. Ce n'est pas parce que nous sommes l’avenir. Parce que tout simplement nous sommes le présent et nous le savons.
Les animateurs et animatrices des clubs sont des héros du quotidien. Ils tiennent la ligne de la pratique de la raison argumentée. Ils encadrent les futurs leaders de nos communautés. Ils prêchent à tout vent la tolérance et la diversité dans les opinions. Leur travail n'est en rien anodin.
Les clubs sont des espaces ludiques d’apprentissage et d’épanouissement. Nous devons les considérer comme une simulation des responsabilités citoyennes à venir. Nous prenons chaque match, chaque session de rencontre, chaque formation, avec le sérieux que ça mérite. Mais surtout nous invitons nos membres à s'amuser. À se faire des ami.es dans cette communauté. Nous ne manquons aucune occasion pour les rappeler qu'ils ne sont pas seuls. La solidarité est une valeur que nous devons continuer à promouvoir, dans ce pays où trop longtemps on nous apprit à faire cavalier seul.
Impacter, influencer, préparer ... La paix et le développement ne s’abattent pas comme une pluie soudaine. Ils se préparent. On peut les influencer, les impacter positivement ou subir leur revers.
A la direction de FOKAL, merci de continuer à entretenir ce programme. Se mettre à espérer de jours meilleurs par l'encadrement des jeunes est un acte de foi.