Le 17 septembre, une intéressante rencontre a eu lieu, au parc de Martissant, entre des jeunes et résidents de Martissant et Diana Mosquera, responsable du projet « Renforcement des capacités d´alerte précoce et de réponse aux tsunamis en Haïti » coordonné par l´état Haïtien en coopération avec l´UNESCO, et financé par la Direction Générale d´Aide Humanitaire et Protection Civile de la Commission Européenne (DG-ECHO).
Diana Mosquera de l'Unesco et des participants au Parc |
L’objectif de cette session d’information était pour elle de compiler des informations les connaissances sur les tsunamis et la perception du risque entre les jeunes, habitant dans une communauté exposée à ce risque en Haïti dans le cadre de son mémoire de mastère. De même, en suivant le concept de « recherche-action », la session visait à fournir aux participants des connaissances nouvelles et à profiter de leur connaissance du contexte pour identifier des mécanismes de sensibilisation et préparation.
Cette rencontre d’information (qui a duré près de 5 heures), a été une initiative personnelle de Diana Mosquera de l’Unesco, du coordonnateur du projet Vague du futur de FOKAL et des 2 animateurs du club VDF de Martissant, membre du réseau national des clubs de débat de FOKAL.
Plus de 50 jeunes (sur 40 attendus) ont participé à cette rencontre, avec un nombre égal de filles et de garçons, constitués des membres du club VDF de Martissant, de 4 animateurs du projet Parc de Martissant de FOKAL, et des membres d’associations de la communauté de Martissant (RESAM, ART,…), des jeunes riverains de la zone, curieux et soucieux de mieux connaitre les risques de tsunami sur Haïti.
La séance a démarré par la soumission d’un questionnaire d’enquête à remplir. Les participants ont répondu à une vingtaine de questions qui avaient pour but d’analyser les désastres d´un point de vue critique, d’identifier le niveau de préparation de la communauté face aux désastres, le risque au tsunami et les mesures de protection à prendre. Ensuite, les participants, répartis en 4 groupes, avaient à répondre à une trentaine des questions, lors d’ateliers de discussion.
Un atelier de discussion |
Les questions étaient réparties en 4 catégories : la représentation sociale de la notion de « catastrophe » au sein de la communauté ; les connaissances de base sur les tsunamis et les systèmes d´alerte ; la perception de la communauté par rapport à sa « vulnérabilité » et ses capacités de réponse aux effets d´un tsunami ; les facteurs pouvant déterminer la préparation individuelle et familiale concernant les tsunamis ; les connaissances et les attentes de la communauté par rapport aux rôles des autorités dans la réduction des risques aux tsunamis.
Les réactions, les échanges entre les participants sur le sujet ont livré des enseignements intéressants et surprenants. Les jeunes ont eu des difficultés à définir concrètement un tsunami (des vagues géantes et dévastatrices se formant à l’issue d’un séisme sous-marin), même s’ils appréhendent son caractère dangereux. Si pour certains, le tsunami est « une grande agitation de la mer », pour d’autres, c’est « une montée de la mer », ou mieux, « un raz-de-marée qui envahit les plages ».
Les participants remplissant le formulaire d'enquête |
La différence que les jeunes font entre « risque » [probabilité pour qu’un désastre ait lieu] et « vulnérabilité » [faiblesse ou incapacité de résister et de se remettre des conséquences d’un désastre]face aux catastrophes a donné ce résultat original : Le « risque » serait, selon eux, le fait de s’exposer consciemment et volontairement à un danger (à ce moment, l’individu prend le risque de…), tandis que la « vulnérabilité » serait l’inverse : le fait d’être exposé au danger sans en être conscient des conséquences potentiellement dangereuses pour sa vie.
Aussi, ils ne sont pas du tout au courant qu’il existe des systèmes d’alerte aux tsunamis régionaux et mondiaux. Plus étonnant, aucun participant n’a cité la Direction de la Protection Civile comme organisme pouvant participer aux efforts de la réduction de la vulnérabilité face au tsunami. Mais ils ont cité volontiers des organisations qui œuvrent déjà dans la communauté comme FOKAL, Concern, RESAM…
Les jeunes étaient sidérés d’apprendre cette nouvelle menace qui pèse sur Martissant et Haïti (toutefois, quelques jeunes du club avaient lu sur le blog du projet VDF qu’il y a eu un tsunami au Cap-Haitien, en 1842). Ils se sentent très vulnérables face au risque d’un tsunami, et sont résignés devant cette éventualité, car ils ne croient pas du tout pouvoir en réchapper, avec ou sans prévention, avec ou sans système d’alerte.
Diana en en pleine explication |
Enfin, au cours de la restitution des ateliers, Diana Mosquera a entrepris d’améliorer les réponses imparfaites des jeunes sur les définitions traitées, de leur fournir des notions de base sur le risque de tsunami, sur le paradoxe des attitudes des personnes d’une communauté dans une campagne de sensibilisation, de leur expliquer la nature, les objectifs et les caractéristiques du projet de système d’alerte au tsunami pour Haïti dont elle est responsable pour l’Unesco.
A la fin de la journée, au moment de l’évaluation de la session, les participants reconnaissent avoir appris beaucoup sur les tsunamis. Ils se disent désormais conscients du risque et de la vulnérabilité du quartier et de leur famille face à cette menace naturelle. Certains d’entre eux ont dit être intéressés à collaborer avec Diana dans le cadre d’une campagne de sensibilisation dans la communauté de Martissant.
Jean-Gérard Anis
Coordonnateur du projet VDF
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