« La recherche documentaire nous implique dans
des sujets qu’on ignorait» nous a affirmé Kant, de son vrai nom Kant Garibaldi Bercy LUNDI, élève de
seconde au collège Sacré-Cœur de Jérémie. Son équipe a été finaliste
malheureuse au tournoi de débat interscolaire de Jérémie, organisé en avril
dernier par Waldinde Germain, animateur du club de débat de Jérémie du réseau
de FOKAL.
Indécollable
sur ce point, Kant nous livre ses secrets de son expérience de débatteur :
« Les points concrets qui m’ont aidé
à débattre : faire de la recherche de documents et le plus important
de les utiliser à bon escient… Cela m’a beaucoup apporté ».
Il y a
quelques mois, il est devenu membre du club de débat de Jérémie, au Centre Numa
Drouin, après avoir participé à un tournoi de son école. Ce qui l’a poussé à
intégrer le club ? « Je suis
très intéressé au concept même du débat. J’aime débattre car on a l’habitude de
débattre à l’école. C’est rare de ne pas trouver des jeunes à l’école qui
discutent de Christiano et de Messi pour savoir lequel des 2 [joueurs de football dans 2 clubs
espagnols] est meilleur. A l’école on
débat sur la pollution et autre…».
Ce qu’il
a appris des débats, c’est que « le
débat me force à faire des recherches pour être meilleur et m’aide à acquérir
de l’expérience ». Mais Kant préfère le débat formel, règlementé,
« parce qu’on voit ce qu’on doit
faire ».
Kant avait
suivi une formation de 2 jours à Jérémie avec Maitre Waldinde, avant le
tournoi (voir article correspondant sur le blog): « Il nous a fait avoir un point de vue plus large sur ce qu’est le débat,
particulièrement le débat formel, le format Karl Popper ». Et plus
loin d’ajouter : « On apprend à
améliorer ses capacités oratoires, à appréhender des sujets ».
La vie
dans le club
"Lap
mache byen. Toujou gen deba, entèaksyon ant jèn yo nan klèb la. Moman ki pi
enteresan pou mwen se lè nou tout gen posiblite pou nou bay sa nou konn fè, sa
nou konnen tou."
Selon
lui, sa première expérience dans le tournoi a été plaisante mais stressante.
Nous avions débattu d’un sujet qui traite de l’opportunité d’une rupture entre
Haïti et la République dominicaine. L’argument le plus convaincant du débat
pour défendre la rupture entre les 2 pays a été « lorsque un débatteur a parlé des maltraitances subies par nos
compatriotes en Rep. Dom., d’un dictateur dominicain [Rafael Leonidas Trujilio
en 1936] qui ordonné le massacre de
plusieurs milliers d’Haïtiens sur son territoire ».
Un bémol
cependant. Le jeune Kant a tenu à préciser que ces évènements historiques
douloureux ne sauraient justifier tout à fait une rupture entre nos 2 pays. « Mais puisqu’on doit défendre une position
dans lorsqu’on débat, alors… », a-t-il soupiré sans terminer sa
phrase.
Il s’est
repris tout de suite pour avancer ceci: « Le
débat me fait voir que je ne dois rien admettre, c’est-à-dire puisque telle
chose est ainsi, c’est ainsi qu’elle doit être. Cela demande que nous fassions
toujours des recherches à propos de n’importe quel sujet. Un avocat pourrait
vous le dire, aucun cas, aucun sujet n’est indéfendable. Nous devons toujours
chercher les failles, et vous en trouverez quand même. Je considère de la même
manière qu’un avocat qui plaide au tribunal ». Kant ne veut pas
apprendre le droit pour autant. Il préfère la médecine.
Notre
jeune débatteur est revenu sur la cause de l’échec de son équipe à la finale du
tournoi. Il a avoué que son équipe n’a pas remporté la finale parce qu’elle a
manqué de préparation, mais surtout « parce que l’autre équipe
a été plus convaincante et a mieux joué que nous », a t-il lâché, lucide.
Lorsqu’on
l’a interrogé sur la façon qu’il croit que le débat peut permettre aux jeunes
de faire l’apprentissage de la démocratie, Kant a répliqué ainsi : « La démocratie, c’est le droit qu’a chacun de
parler comme il l’entend, mais sans faire de diffamation. Je crois que le
débat, grâce aux arguments qu’ils avancent, permettra aux jeunes d’être plus
ouverts, plus tolérants ».
« La leçon que j’ai tirée du tournoi, c’est
que le débat est une école, conclut-il.
On y apprend beaucoup de choses. J’aimerais
que cette initiative soit implantée partout dans le pays. Ainsi les jeunes qui
en sont touchés débattraient davantage de sujets dont ils tireraient différents
points de vue. »
A la
question de partager une expérience faite qu’il n’a pas aimée le débat. Sans
hésiter, Kant a répondu sèchement : « Lè
m pèdi ! [Quand j’ai perdu !]. Lorsqu’on a déclaré l’équipe adverse championne du tournoi, j’étais
un peu fâché. Mais j’étais en même temps content pour eux, car je reconnais
qu’ils ont mieux joué la finale que nous ».
Une
leçon de fair play.
Propos
recueillis par
Jean-Gérard
Anis & Yvens Rumbold
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