Rien ne fit contre la colère du
vent. Rejetant les cadeaux à cent pas de hauteur, il secoue la ville, ivre de
fureur…
Jacques Stéphen Alexis,
Compère Général Soleil
Il y a un an exactement, le grand sud, en particulier
Camp- Perrin, a été frappé par l’une des plus cruelles catastrophes naturelles
qu’il ait jusqu’ici connues : l’ouragan Matthew. Si les cicatrices sont
encore là dans les esprits et dans les dégâts visibles causés dans
l’environnement, le souvenir des gestes de solidarité dont nous avons été
l’objet, triomphe de celui des tragédies que nous avons vécues.
Le Sud qui renait peu à peu de ses cendres
Au lendemain de
Matthew, à la vue du spectacle apocalyptique qui s’étalait devant nous,
personne n’aurait pu imaginer que les mornes seraient dans un proche avenir
recouverts d’arbres. On aurait dit que ces derniers avaient été léchés par une
immense flamme, tant ils paraissaient desséchés. On se demandait, anxieux,
jusqu’à quand les arbres donneraient de leurs fruits. Mais Dieu merci, la
nature est douée d’une grande résilience.
Les mois qui ont
suivi la catastrophe ont été très pluvieux ; les mornes ont vite fait de
reprendre leur couleur. On constate même une augmentation de la production de
certaines denrées comme la banane, vu que certains espaces autrefois inexploités,
émondés après l’ouragan, sont
aujourd’hui cultivés. Les oiseaux ont, pour la plupart refait leur apparition
dans notre ciel. On dirait que certaines collines sont devenues plus vertes
encore qu’auparavant.
On a beaucoup
fustigé les organisations humanitaires pour n’avoir pas répondu à toutes les
demandes, mais on ne s’est peut-être pas demandé comment serait la situation si
elles n’étaient pas sur le terrain. Bref, la vie reprend peu à peu et même
au-delà des espérances, d’il y a 12 mois, même si les conséquences de cette
tragédie affecteront encore pour plusieurs années la vie de plus d’un.
Bouquet de remerciements
Les jours
post-Matthew ont été vraiment difficiles. Il est cruel de constater la misère
autour de soi et de ne pas pouvoir la soulager. Je me souviens entre autres de
ce groupe de jeunes, pour la plupart des élèves que je connais bien, que j’ai
rencontrés au cours d’une visite de routine dans la ville de Camp-Perrin, une
ville alors jonchée d’arbres tombés çà et là ; une ville où les gens semblaient
encore à peine réveillés d’un cauchemar. « M. Alex, nous venons d’être roués de coups, en essayant de recueillir
quelque chose pour apporter chez nous. Il y avait tellement de désordre dans la
distribution. C’est terrible ! Terrible !…» Le cœur gros, la
gorge serrée, je me suis vite retourné sans pouvoir leur dire un mot...
Au cœur de cette
tragédie que nous avons vécue, nous n’étions pas abandonnés à nous-mêmes.
Nous ne saurions ne
pas remercier la FOKAL et toute la communauté PIJ en général du soutien sous
toutes les formes que nous avons bénéficié d’eux. Un grand merci en particulier
à Madame Elisabeth Pierre Louis Augustin,
Directrice des Programmes à FOKAL, pour avoir compati sous toutes les formes à
notre douleur et aussi à tout le staff de la FOKAL qui de près ou de loin a
partagé nos moments difficiles. Merci à Monsieur
Jean Gérard Anis, coordonnateur du Programme Initiatives Jeunes (PIJ), qui
avant et après l’ouragan a maintenu le contact avec nous et nous a témoigné de
sa solidarité.
Dans ces jours-là, un appel de Gros-Morne de la part de Jonathan Vilméus ou Max Grégory Saint-Fleur de Darbonne vous demandant des nouvelles, a été un baume. Merci à tous les animateurs du
projet qui étaient en contact avec nous presque
quotidiennement, quand cela était devenu possible, et rien que d’avoir pu leur parler nous faisait
du bien!
Le club de
Camp-Perrin n’a pas oublié surtout la visite du club de Christ-Roi ayant à sa tête Alfred Désir et Joel Lazare. Ce
jour-là, les jeunes de notre club réunis chez moi, ont non seulement reçu les
provisions apportées par les jeunes de Christ-Roi (articles de toilettes,
vêtements, nourritures), mais ils ont pu aussi, comme on dit chez nous,
« vider leur estomac », en racontant chacun la façon dont il/elle a
été frappé (e) par la tragédie. Une véritable thérapie pour le mental. C’est
une visite que le Club de Camp-Perrin ne pourra jamais oublier d’autant plus qu’Alfred
et son équipe ont encouru des risques réels à l’époque pour venir jusqu’à nous,
car toute voiture ou camion suspecté de porter aide aux victimes était une
cible et aurait pu être mis à sac en chemin.
A un moment où nos
jeunes manquaient quasiment de tout, puisque la pluie et le vent ont tout
abimé, une paire de sandales, une chemise, ou encore des articles de toilettes
avaient une importance spéciale. Merci Alfred
et Lazard pour tous les dangers que vous avez bravés pour venir jusqu’à
nous, merci aux Jeunes de Christ-Roi
pour la collecte qu’ils ont réalisée en notre faveur !
Enfin, il y a bien des moments où le mot
« solidarité » a tout son poids. Nous en avons fait l’expérience au
cœur même de la tragédie. Cela fait oublier les épreuves des mauvais jours pour
considérer qu’en réalité à travers PIJ, nous formons une famille !
Alex Sylné (au centre de la photo)
Animateur du Club PIJ de Camp-Perrin
4 octobre 2017
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