Une extension d’échelle du programme
de débat
Depuis
2014, une nouvelle compétition a vu le jour au sein du Programme Initiatives
Jeunes (PIJ) de FOKAL, le tournoi interscolaire de débat. C’est une initiative
d’Alfred Desir et de Bengie Alcimé, les 2 animateurs du club de débat de
Christ-Roi, le club le plus dynamique du réseau, qui s’est affirmée au fil des
ans et qui a fait des émules auprès des autres clubs. Depuis lors, d’autres
animateurs ont organisé des tournois de ce type dans leurs communautés.
En
cette année 2018, dix tournois interscolaires publics de débat se sont réalisés
à Port-au-Prince (Christ-Roi, BMC, Martissant, Santo, Diquini et Cote-Plage) et
en province (Darbonne, Jacmel, Cayes, Jérémie), avec une moyenne de 6 écoles par
tournoi. Environ 156 jeunes débatteurs, venant de lycées publics, de collèges
privés et d’écoles congréganistes, ont participé à ces joutes.
Cela
représente une extension d’échelle du programme, qui essaime l’exercice du
débat avec toutes ses compétences, habiletés conséquentes, à d’autres espaces
de jeunes.
Un virage
salutaire pour les clubs
Les
clubs de débat de notre réseau montent évidemment en gamme, en offrant une
activité parascolaire envers les écoles secondaires établies dans leur
communauté. L’initiative a l’avantage de permettre une empreinte du club plus
forte dans sa communauté, de donner davantage de visibilité à ce programme
fondateur de la fondation.
L’objectif du
tournoi interscolaire est de faire bénéficier davantage de jeunes du programme
et des compétences du débat, en touchant directement les écoles, en impliquant
leur administration dans la pérennisation du programme au sein de l’établissement.
Les
résultats sont là : davantage d’émulation intellectuelle grâce au nombre
exponentiel de tournois organisés, et de concurrence saine et stimulatrice
entre écoles. Les élèves sont très mobilisés, qu’ils/elles soient débatteurs ou
supporters. De plus en plus de parents viennent soutenir leurs enfants engagés
dans ces tournois. La direction et l’administration des établissements-cible s’implique
et contribue à la consolidation, à la pérennisation de l’initiative.
Le
débat à l’école constitue par ailleurs un réservoir d’adhérents pour les clubs,
car ces élèves qui sont tombés dans le débat dans leur école poursuivent
l’expérience dans le club qui gonfle mécaniquement ainsi ses effectifs. Ainsi
le club se constitue un vivier de débatteurs talentueux pour défendre ses
couleurs dans les compétitions officielles organisées par FOKAL (tournois
régional et national).
Le tournoi
interscolaire, un cheval de Troie
Introduire
le débat directement dans les écoles a représenté un défi majeur pour la
fondation, depuis le démarrage de ce programme en 1997. Malgré les nombreux
moyens gratuits, malgré la disposition bienveillante et désintéressée de la
fondation pour rendre cela possible (formation
de formateurs, fourniture de guides de débats, supports technique et matériel pour
la mise en œuvre), ses efforts se sont révélés infructueux auprès de
plusieurs établissements secondaires, à la capitale comme en province.
Les
raisons observées n’ont pas été explicitement fournies par les écoles-cible,
malgré le fait qu’elles ont reconnu les bénéfices que leurs élèves pourraient
en jouir. Même les établissements où le programme a été initié, l’essai a fait
rapidement long feu : manque d’engagement de la direction de l’école,
difficulté à trouver des professeurs bénévoles, indisponibilité horaire,
exigence de mobilisation financière. Nous rappelons que le programme s’est
construit sur une base d’engagement volontaire, bénévole et désintéressée des
acteurs et des parties prenantes.
La
solution de l’institution a été de créer de préférence des clubs de débat non
liés aux écoles, implantés dans certains espaces-cibles (bibliothèques, centres
culturels, centres jeunesse). Un pari totalement gagnant, dont le succès se
poursuit depuis 15 ans. Toutefois, cette solution limite trop son objectif
initial de faire progresser le programme de débat dans les écoles mêmes, pour
davantage de bénéficiaires. Le tournoi interscolaire représente en quelque
sorte un cheval de Troie qui nous offre l’opportunité réelle d’atteindre un
public plus large d’élèves à faire profiter de ce programme éducatif de la
fondation.
Plaidoyer pour un engagement des
écoles
L’une des missions de FOKAL est de renforcer les processus
organisationnels par lesquels s'exerce l'esprit critique, et se développent
apprentissage, partage et confrontation des savoirs au sein des groupes, en vue
d'une participation active à la gestion démocratique de la chose publique et
l'épanouissement de la vie associative, sociale et culturelle.
Le programme de débats vise à
permettre aux jeunes Haïtiens de
développer leur pensée critique, leurs capacités d’expression, leurs aptitudes
à faire de la recherche documentaire de façon indépendante, leur leadership
naturel et leurs capacités d’anticiper et de résoudre les conflits. Il leur
permet de discuter de sujets qui affectent leur vie et leur communauté dans une
atmosphère de tolérance, de rationalité et de rigueur intellectuelle, valeurs,
habiletés et comportements qui sous-tendent les pratiques démocratiques.
Le débat favorise la force de
l’argument plutôt que l’argument de la force, et
permet aux jeunes de se mesurer les uns aux autres dans une atmosphère de
camaraderie, d’équité de genre et de respect mutuel. Il permet aussi aux
formateurs qui encadrent les jeunes débatteurs de développer leur propre pensée
critique et leur connaissance en pédagogie interactive et en pédagogie centrée
sur l’élève.
Le débat est une confrontation d’idées, planifiée, documentée et organisée, se déroulant en direct, sous forme d’une joute intellectuelle dans le cadre d’un format précis, entre deux équipes de débatteurs. Une équipe parle en faveur et l’autre contre une thèse controversée soumise par défaut. Il faut respecter des règles strictes et les temps de parole impartis à chaque débatteur. À la fin du jeu, un jury évalue les arguments et la présentation.
Le débat est une confrontation d’idées, planifiée, documentée et organisée, se déroulant en direct, sous forme d’une joute intellectuelle dans le cadre d’un format précis, entre deux équipes de débatteurs. Une équipe parle en faveur et l’autre contre une thèse controversée soumise par défaut. Il faut respecter des règles strictes et les temps de parole impartis à chaque débatteur. À la fin du jeu, un jury évalue les arguments et la présentation.
Un investissement gagnant pour les
élèves
Débattre
est une activité intellectuelle qui offre aux élèves des compétences, des
capacités nouvelles et des opportunités.
Le
débat, inculque et développe chez le jeune des capacités réelles dont a.
un savoir-faire en communication publique, en prise de notes rapide et
intelligente, en concentration auditive soutenue b. une méthode de structuration de la pensée, de construction d’arguments, du contrôle de
soi c. une rigueur dans la recherche
de preuves, dans la préparation du discours, dans le respect du format de débat
adopté.
Débattre
offre aussi diverses opportunités,
dont les plus importantes sont les suivantes : a. acquisition de nouveaux savoirs, parce que le débat augmente vos
connaissances ; b. constitution d’un
savoir-être, parce que le débat développe le sens du leadership, l’esprit
critique, l’esprit de tolérance, le respect de l’autre, l’ouverture
d’esprit ; c. compréhension, parce que le débat nous donne une
conscience plus aiguë de la diversité des autres, de notre environnement, du
monde.
In fine, débattre
est simplement un autre moyen d’apprendre pour les jeunes, une autre manière
d’être, une autre façon de vivre ensemble… et de s’amuser.
Un aboutissement à mettre en oeuvre
Dans
le cas du tournoi interscolaire national, le programme est en train de capter
de nouveaux débatteurs et passionné-es du débat, de s’étendre et de s’intégrer
dans les écoles, d'accroître sa visibilité, d’augmenter sa cohorte de
bénéficiaires, le rendant de plus en plus incontournable (nous y travaillons !)
dans le paysage scolaire et de la jeunesse haïtienne.
Cette offensive a été possible grâce à ces atouts puissants : le programme dispose de ressources humaines compétentes (un pool de juges et de coaches volontaires bénévoles formés et disponibles, des animateurs-trices expérimentés disposé-es), des élèves intéressés et mobilisés, le support indéfectible de FOKAL, la notoriété du programme et l’intérêt grandissant de plusieurs établissements du pays.
Cette offensive a été possible grâce à ces atouts puissants : le programme dispose de ressources humaines compétentes (un pool de juges et de coaches volontaires bénévoles formés et disponibles, des animateurs-trices expérimentés disposé-es), des élèves intéressés et mobilisés, le support indéfectible de FOKAL, la notoriété du programme et l’intérêt grandissant de plusieurs établissements du pays.
Le
processus de séduction envers des écoles secondaires, non encore à bord
s’amplifiera, en 2019: visite de la direction ou de l’administration des
écoles-cibles, promotion du programme auprès des élèves l’établissement, attribution
de coaches pour accompagner les élèves, engagement
pour participer au tournoi interscolaire avec une équipe de débatteurs.
Vue sur le futur
Au
vu des développements et des succès des tournois interscolaires organisés par
les animateurs des 14 clubs de notre réseau dans leurs communautés
d’implantation, le PIJ envisage, dans un proche avenir, la création d’une nouvelle
action au bénéfice des jeunes : le tournoi interscolaire national.
C’est
un projet déjà en gestation qui va amener des bouleversements prometteurs dans
la stratégie du PIJ. Mais qu’on le tienne pour dit : les autres
compétitions officielles organisées par FOKAL (tournois régional et national),
ainsi que les tournois internes des clubs ne disparaîtront pas.
Toutefois,
nous lançons ce mot d’ordre de mobilisation : Aux jeunes, aux écoles, engagez-vous
dans le débat ! Vous n’avez rien à perdre, cependant tout à gagner. Ô
combien !
Jean-Gérard Anis
Coordonnateur
du Programme Initiative Jeunes
FOKAL – Octobre 2018
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