Nous avons eu au Cap-Haïtien la
démonstration de ce qu’ils veulent précisément. A la fin de leur réunion
hebdomadaire ce samedi 21 novembre, au collège Regina Asumpta du Cap, les 24
jeunes présents (13 filles et 11 garçons) ont eu à remplir un questionnaire qui
les sondait sur leur degré de satisfaction du fonctionnement du club, de la
formation reçue, des activités entreprises au sein de leur groupe, de leurs
difficultés et de leurs attentes de leur club et du programme. Ils n’ont pas
esquivé les questions, répondant avec franchise non sans une certaine candeur.
L'animateur Edwin Pierre-Louis animant la réunion |
L’objectif de cette consultation
impromptue des jeunes de ce club a été pour le coordonnateur du programme d’aider
à résoudre une crise de résultats qui traverse le club depuis tantôt 3 ans, sur
demande de 8 anciens membres du club qui ont écrit une pétition à FOKAL pour
solliciter son action afin de renverser cette situation qui les interpelle.
Accompagné d’Yvens Rumbold, responsable de communication de FOKAL, le
coordonnateur s’y est rendu, observé la séance de réunion du club, s’est
entretenu avec les pétitionnaires puis les 2 animateurs du club, Edwin
Pierre-Louis et Alendy Almonor.
Les satisfactions
FOKAL apprécie fortement que les jeunes du
Cap-Haïtien des clubs portent un véritable attachement au destin de leur club.
Les anciens membres se montrent soucieux de leur club car ils n’ont pas digéré
ni la performance de leurs représentants ni le classement médiocre de leur club,
dans les derniers tournois régionaux et nationaux, au point qu’ils militent
ouvertement pour un redressement d’urgence du club. Les jeunes membres actuels
poussent également à ce que leur club « gagne des tournois comme les autres », espèrent-ils.
Les anciens membres du club à la base de la mission dans le club |
Les débatteurs de la métropole du Nord ont
manifesté aussi le souhait que le débat bénéficie d’une meilleure promotion
auprès des parents qui souvent refusent de les laisser participer à cette
activité, et auprès des jeunes de toutes écoles confondues de leur ville, qui
méritent de découvrir les bénéfices que ce programme peut leur apporter. Le
club de Jacmel a déjà pris les devants en ce sens la semaine dernière en
invitant parents, journalistes, jeunes à une démonstration de débat. (http://vaguedufutur.blogspot.com/2015/11/voter-aux-elections-devrait-etre.html).
Enfin, il était important pour nous à
FOKAL de savoir que les jeunes débatteurs du Cap (ainsi que des autres clubs du
réseau) veulent de leur club, ce qu’ils attendent de leurs animateurs et du
programme. Cela nous aide à corriger les dérives, à colmater les défaillances,
et à fournir des instructions ciblées, des recommandations et des solutions
adaptées à la réalité de chaque club. Les débatteurs capois, en se prêtant
positivement à l’exercice de cette consultation, ont participé sans le savoir,
à cette démarche dont les retombées profiteront à tout le réseau.
Les difficultés
Les débatteurs capois ont réagi sur la
pédagogie de la formation au débat, trop magistrale à leur gout, qui laisse,
selon eux, peu de place aux exercices et à la pratique. Ils ont confessé le
stress, la timidité, les difficultés à s’exprimer, voire la peur, comme autant d’entraves
à surmonter pour débattre. Ils ont pointé aussi leur faible capacité à trouver
des arguments convaincants, à articuler correctement leur discours, à mener
valablement des recherches documentaires, à trouver et utiliser de bons
supports, qui les empêche de préparer un débat.
Une débatteuse du club intervenant |
Ces jeunes du club du Cap-Haïtien consultés
ont dit également éprouver des difficultés à maîtriser le déroulement du débat
et le rôle dévolu à chaque débatteur d’une équipe, à assimiler les notions
importantes du débat parfois encore confuses dans leur esprit, et à convaincre-
la conséquence d’un manque de confiance en eux.
Par ailleurs, ils déplorent le manque
d’interaction entre jeunes et animateurs, le manque de participation de jeunes
aux réunions, plus observateurs qu’acteurs, le manque d’animation, motivation,
les va-et-vient continuels marqués par leur irrégularité dans le club, leur
absentéisme récurrent aux réunions, et le départ des plus aptes.
Les doléances
Ils ont insisté sur la nécessité d’avoir
plus de débats dans le club, soit en mode de démonstration soit en mode
tournoi, car, il faut le rappeler, le club du Cap n’a pas organisé un seul
tournoi depuis plus de 3 ans. Pour les jeunes, cela se ressent dans leur
performance aux tournois régional et national car ce sont les seuls moments où
ils découvrent la compétition. L’esprit de gagne a déserté le club.
Un jeune du club effectuant une présentation |
Ils encouragent les 2 animateurs à être
plus exigeants sur la discipline dans le club, en établissant des règles rigoureuses
pour la ponctualité, la régularité, et les taches à faire aux réunions. Ils
leur demandent de faire en sorte d’attirer plus de jeunes de la ville, en
faisant connaitre le club dans les écoles et les lieux de fréquentation des
jeunes, en médiatisant ses activités.
Ils souhaitent que les animateurs fassent
connaitre le club à leurs parents car ces derniers rechignent à les laisser se
déplacer pour participer aux activités que ce soit en ville ou aux rendez-vous
nationaux du débat. Ils requièrent plus d‘initiatives des animateurs, par exemple
des interactions avec d’autres clubs, d’activités originales, des sorties pédagogiques
afin de motiver les jeunes à rester, pour ainsi dire de les fidéliser.
Les recommandations
La méthodologie de la formation au débat est
à revoir avec les animateurs. Il leur sera fourni un plan à suivre de formation
avec durée, priorités, étapes, objectifs, manières de faire et types de suivi afin
de rendre plus efficace l’apprentissage des techniques du débat. La formation
devra s’étaler sur une période de 2 mois au moins (soit 16 heures), et
déboucher sur un tournoi à l’intérieur du club qui mélange anciens et nouveaux
débatteurs du club. L’important est que chaque jeune, à l’issue de la formation,
soit capable d‘argumenter valablement.
Une simulation de débat au cours de la réunion du club |
La méthodologie des réunions est à revoir
également. Elles devront être plus animées en mettant les jeunes en condition
pour s’exprimer régulièrement, pour travailler en groupes, et pour effectuer
des exercices de simulation de manière régulière. Certaines expériences
réussies de réunion dans d’autres clubs seront mises à contribution et
seront partagées dans le réseau. L’important est que chaque réunion soit
préparée et que chaque jeune sente à l’issue de chaque réunion qu’il/elle a
vraiment appris quelque chose du débat.
Les animateurs doivent à être à l’écoute
des membres de leur club, de se montrer sensibles aux mouvements d’humeur et
aux doléances des jeunes. Il y va de la vitalité et de la survie du club. Il
est important que les animateurs suivent les instructions et les recommandations reçues, consultent leurs
pairs pour être au fait de bonnes pratiques et initiatives à appliquer, et
enfin d’inciter les jeunes à consulter le blog et la page Facebook du programme
et à y apporter leur contribution le cas échéant.
Conclusion
Un jeune du club réagissant à une question d'un animateur |
Un document de recommandations générales
pour tous les clubs sera élaboré à partir des résultats de ces visites à
Jacmel, au Cap et à Fond Parisien. Il leur sera distribué lors de la rencontre annuelle des animateurs le 12 décembre prochain.
Jean-Gerard Anis
Coordonnateur du PIJ