mercredi 17 août 2016

20 ans de lutte… En avant !

L’homme est un être grégaire…

Louis-Jean Francklin
Je l’ai appris d’un professeur assez intelligent, mais pas assez célèbre pour que je retienne son nom.
Qu’à cela ne tienne, puisque la phrase est restée gravée dans ma mémoire. C’est ma phrase à moi, elle est peut être courante mais le temps ne l’a pas érodée quinze ans après…

L’homme est un être grégaire…

Le professeur voulait dire que cet animal porte en son gêne le désir de se regrouper, de vivre en groupe, en société.

Aujourd’hui je me permets d’aller plus loin pour dire ceci : La seule façon pour un homme de réaliser le meilleur de lui-même, c’est de se joindre à un groupe. Il existe dans le regroupement, l’association des individus un secret que notre cerveau tarde encore à percer. Tout au moins, nous savons qu’il existe.

Comment on peut arriver à cette réflexion ?

Si vous êtes né en Haïti, et que vous avez vécu votre jeunesse dans ce pays pendant ces 20 dernières années, vous avez certainement traversé l’une des tranches d’histoire les plus difficiles de cette nation.

Mais entre temps il y a une question à se poser. Pendant que tous crient que ce pays est invivable, que les lignes devant les ambassades s’allongent de plus en plus à la recherche d’un visa pour se « jeter », que ceux qui n’ont même pas les moyens pour le visa traversent clandestinement la frontière ou se risquent dans la mer dans des embarcations de fortune, existe-t-il encore quelques cerveaux audacieux qui osent penser au delà de cette misère ?

La réponse est heureusement OUI !

Ils sont peut être deux ou trois, mais ils sont là. Ils sont peu, mais ils résistent en pleine conscience. Ce qui fait la force de ces esprits ne réside pas en ce qu’un individu peut réaliser seul dans un coin. C’est leur capacité à se joindre et se dire, faisons quelques chose d’autre pendant que les autres s’inquiètent.

Quelque chose d’autre ? C’est quoi exactement ? Apprendre une autre manière de se voir en voyant l’autre. Se rencontrer. Se rencontrer pour réfléchir ensemble. Du moment où ce phénomène se produit, notre vision du monde change. Notre réalité est vue autrement, et de nouvelles voies s’ouvrent devant nous.  

L’homme n’est pas seulement un être grégaire, c’est aussi un être de combat. Il est capable de déclarer la guerre contre la médiocrité sur la terre du génie Toussaint Louverture et de l’Empereur Jean Jacques Dessalines. De quelles armes disposons-nous pour cette guerre ?

Il y a, d’une part, les armes de destruction massive et d’autre part, les armes de construction massive comme Michaëlle Jean, la présidente de l’Organisation Internationale de la Francophonie, le voit. Elle voulait parler d’éducation... Y a t-il un lien entre éducation et désarmement ?

En 2004, à l’arrivée des casques bleus en Haïti, nous avions entendu parler de désarmement. Aujourd’hui encore, on cherche à contrôler la circulation des armes. Récemment une décision gouvernementale interdisait pendant un certain temps le port d’arme à feu dans le pays.

Pourtant, il y a une minorité qui croit que la meilleure façon de désarmer c’est d’armer. Oui, il faut armer pour pouvoir désarmer, car l’arme du savoir et de l’éducation sont les seules qui puissent vraiment offrir une alternative au bandit et faire fleurir la vie là où la mort régnait en maitre et seigneur !

Mais avant de faire de l’homme un être de combat, il faut lui faire comprendre qu’il est un être  grégaire. Peut-on construire une armée avec une bande d’inconnus ? Non. Il y a tout un ensemble de mécanismes à mettre en place pour arriver à des frères d’armes invincibles !

Mais comment créer cette ambiance ?

Il existe en Haïti un programme qui le fait depuis 20 ans, c’est le Programme Initiative Jeunes de la Fondation Connaissance et Liberté (FOKAL). Depuis 11 ans que je participe à ce programme, j’ai fait cette conclusion : Il crée les conditions pour que le jeune haïtien réalise le meilleur de lui-même ! Pas seulement en lui offrant la possibilité de se joindre à un groupe mais aussi et surtout la possibilité de s’exprimer dans un cadre où l’on se sent valorisé non par sa condition socio-économique mais par la pertinence de ses idées.

Depuis 2 décennies, des cerveaux haïtiens travaillent de manière à ouvrir les yeux des jeunes sur l’immensité de la richesse à laquelle nous pouvons accéder. Peu importe ce que l’on entend. Des histoires comme le pays le plus pauvre de l’hémisphère, de mendiant international et de compatriotes qui ont développé une expertise dans la médiocrité. Oui il y a ça, mais il y a aussi ce pays dans le pays. Celui du petit groupe, celui de la minorité. La minorité qui ose penser autrement. La minorité qui croit dans un avenir meilleur. Et qui travaille vers la concrétisation de ce rêve.

Une infime partie de cette minorité (80 jeunes venant de 14 clubs du pays) se retrouvent à la fondation Vincent dans la ville du Cap du 13 au 18 juillet pour leur traditionnel camp d’été.

Ce n’est pas pour rien qu’ils se retrouvent au Nord. C’est pour dire que nous n’avons pas perdu le Nord ! Que la boussole est parfaite. C’est au navigateur de savoir la suivre contre vents et marées.

C’est aussi pour se retrancher à Vertières  et dans la Citadelle à coté des Héros. En avant ! Le combat doit se poursuivre ! Avec les nouvelles armes et munitions proposée par FOKAL depuis 20 ans. Celles de la connaissance et de la pensée libératrice!   


Francklin Louis-Jean
Animateur au Programme Initiative Jeunes
Skype : francklin17

Tel : (509)3849-0523 

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