En prélude à son dixième anniversaire et à
son premier tournoi de débat inter-scolaire, le club de débat de Christ-Roi a organisé,
vendredi 4 décembre 2015 à FOKAL, avec le soutien du coordonnateur du Programme
Initiative Jeunes, Jean-Gérard Anis, une conférence-débat, d’une durée de 2
heures, sur le thème de la dictature. Cent quarante-deux jeunes élèves,
répartis dans une quinzaine de délégations, venues des lycées, collèges et écoles
congréganistes de la capitale, ont participé à cette rencontre.
Cette activité revêtait une double fonction :
dans un premier temps, faire connaitre les jeunes les horreurs et de la
dictature duvaliériste qui a terrorisé le pays près de quarante ans avant qu’ils/elles
ne soient né(e)s ; dans un deuxième temps, leur permettre de mieux
comprendre le thème du tournoi de débat inter-scolaire qui sera organisé par le club
de Christ-Roi en février 2016, et qui mobilisera 16 équipes des établissements
secondaires de Port-au-Prince.
Les jeunes face à la dictature
Trois personnalités reconnues avaient
accepté généreusement d’animer cette conférence : l’historien Michel
Soukar, avait à effectuer la « Radiographie des dictatures». Malheureusement,
à cause des problèmes de santé, il a décommandé. Danièle Magloire, sociologue
de formation, et militante féministe a intervenu sur cette problématique :
« A la lumière du contexte national et international, une dictature
est-elle encore possible en Haïti ?
». En dernier lieu, Michèle Duvivier Pierre-Louis, présidente de FOKAL a s’est
attachée à expliquer à son jeune auditoire « Comment les jeunes
vivaient la dictature sur le régime duvaliériste ».
Mon collègue à la direction du club de
Christ-Roi, Alfred Désir et moi-même avons voulu que les jeunes comprennent que
la liberté, le respect des Droits humains est très important pour la survie de
la démocratie et qu’en aucun cas le retour d’une dictature ne saurait être bénéfique
pour la nation. Car assez souvent les jeunes comparent la situation économique
et sociale du temps de la dictature avec la période d’aujourd’hui pour dire que
la situation que nous vivons actuellement est pire qu’avant.
Un plongeon historique dans la dictature
La conférence a débuté vers 12h30
dans la salle Polyvalente de FOKAL. L’exposé
de chaque intervenant a duré une trentaine de minute environ. La
militante pour le respect des droits des Femmes et l’égalité des genres, Danièle
Magloire, a fait une longue intervention pour montrer qu’une dictature à travers
le contexte national et international n’est pas possible en Haïti. Il y a de
grandes avancées dans le respect des droits humains, notamment dans la liberté d’expression.
Elle a déterminé le profil d’une dictature :
le règne de l’arbitraire et de l’impunité, la privation des libertés politiques,
le non respect de droits humains, le culte de la personnalité du dictateur, la
surveillance généralisée de la population, la peur et la violence pour imposer
l’ordre.
Mme Duvivier Pierre Louis, présidente de
la FOKAL a mis l’accent sur comment les jeunes de l’époque dictatoriale
vivaient la dictature, puisque elle, a vécu très jeunes sous ce régime. Elle a
montré comment les jeunes de son époque, au péril de leur vie, ont résisté face
à ce régime, soit par des marches de sensibilisation, des grèves d’étudiants,
des articles de journaux considérés comme subversifs, et d’autres actions séditieuses,
soit par des interventions armées de rebelles au régime.
Elle a également rappelé les intimidations,
la défiance entre les citoyens, la chasse aux opposants ou suspectés d’opposants
du régime, le meurtre de journalistes et d’étudiants, le massacre de familles
entières, les emprisonnements forcés, les tortures et les disparitions de
prisonniers politiques, le contrôle absolu de la presse parlée et écrite de l’époque,
la peur instaurée sur les villes et les campagnes haïtiennes par les tontons
macoutes, la féroce milice du régime.
Réactions des jeunes
A la fin des interventions, des bras se
sont agités de partout pour poser une question, ou pour demander plus de lumière
sur un point, soit à Michèle PIERRE-LOUIS ou Danièle MAGLOIRE. Même si des questions n’ont
pas pu être posées faute de temps, les jeunes ont été très satisfaits de cette
conférence-débat. Ils croient que ce genre d’activité permet aux jeunes de
savoir comment la population, leurs parents et grands-parents ont vécu sous la
dictature, mais aussi de mieux aborder les sujets de débat qui en découleront.
Ils souhaitent que ce genre de conférence soit accessible à beaucoup plus de
jeunes dans le pays.
La conférence a été une réussite, sur le
plan organisationnel, la participation ainsi que sur les connaissances
partagées avec les jeunes. Les questions et les réactions de jeunes prouvent
que les notions ont été bien assimilées et les informations captées. Voici les
réactions de quelques-uns d’entre eux toute suite après la conférence :
Clarisse ALTIDOR : « J’ai
beaucoup appris de cette conférence. Je ne savais pas que des jeunes d’à peu près
mon âge se sentaient aussi impliqués dans les affaires de l’Etat.
Malheureusement les jeunes de nos jours ne sont pas vraiment impliqués dans la
survie de la démocratie. »
Lynda NOËL: « C’était une
conférence très informative. J’ai pu apprendre que les jeunes ont été très présents
dans la lutte contre le régime duvaliériste. J’ai fini par comprendre la
souffrance qu’a endurée le peuple pour instaurer la démocratie. Certes, cette démocratie
n’est pas en pleine forme mais, on doit faire tout pour la protéger et aussi l’améliorer
de jour en jour. D’où la nécessité d’impliquer tous les jeunes du pays. »
Pour Raymonde REMI: « Cette
conférence a été pour moi une grande source de découverte ainsi que pour la
majorité des jeunes. Entant que jeunes du pays, nous devrions savoir ces
choses-là. J’ai aimé la façon dont les deux intervenants ont pris le soin de
nous décortiquer les moindres détails. En plus, ce n’est pas facile ce genres d’activité.
Je souhaite que cela se reproduise afin d’élargir notre champ de connaissances.
Nous, jeunes du pays doivent garder en mémoire que nos parents et
grands-parents ont vécu d’atroce souffrance et que nous devons tout faire pour
que la démocratie triomphe. »
Joël LAZARD
Animateur du club de Christ-Roi
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