Un véritable tour de
force
Le club de débat de
Christ-Roi a organisé pour son dixième anniversaire un tournoi de débat
interscolaire, le samedi 30 Janvier 2016, à l’école Congréganiste Christ-Roi
Filles de Marie, sis au # 24, 1ère ruelle Nazon, bas Bourdon. 14 établissements
secondaires de la zone métropolitaine y ont participé : les écoles
Congréganiste Christ-Roi, Cœur Immaculée de Marie ; les lycées Toussaint
Louverture, Antênor Firmin, Carrefour Feuilles, Marie Jeanne; les collèges
Saint-Louis Roi de France, Blaise Pascal, Dominique Savio, Saint-Louis de
Bourdon, Nouveau Collège Bird ; les institutions Mixte Sainte Geneviève,
Saint François Xavier, Georges Marc.
Pendant toute une journée,
17 garçons et 25 filles, ont débattu de deux sujets sur la thématique du
changement climatique: « Pour sauver l’environnement l’action
individuelle est préférable à l’action gouvernementale » et « Les
Etats de la Caraïbe devrait faire payer une écotaxe aux entreprises polluantes
du secteur privé ». A peu près 180 personnes étaient présentes à cette
journée d’activité, incluant les 42 débateur-ses, les 16 juges mobilisés, les membres du
club, les supporters de différentes écoles engagées dans le tournoi, de 2
journalistes.
Un plat chaud et des
rafraichissements ont été servis principalement aux juges, coaches et joueurs
et nos invités. De l’eau tait disponible pour le public. Vénadia DESSIPE, une
ancienne débatteuse du club de Christ-Roi, assurait le rôle de commissaire du
tournoi sous la supervision de mon collègue Alfred DESIR et moi.
Objectifs et
déroulement du tournoi
L’objectif de cette
activité revêtait un triple aspect : premièrement, vulgariser la question
de débat en Haïti ; deuxièmement, permettre aux jeunes de développer leur
esprit critique, par l’analyse, l’agencement cohérent leurs idées et de
cultiver la tolérance ; troisièmement, augmenter l’effectif du club de
débat avec les jeunes qui auraient pris gout au débat.
Le tournoi permet aux
jeunes d’avoir une habitude de lecture, de faire beaucoup plus de recherche sur
des sujets diversifiés, leur permettent d’argumenter leurs positions ou leurs
point de vue lors des débats. C’est un atout considérable pour eux dans leur
développement de leurs capacités intellectuelles.
Pour le déroulement du
tournoi, il y avait dans un premier temps 7 matches dans des salles
différentes. Dans les matches de poules,
chaque équipe joue 3 matches sur le premier sujet en même temps, soit un total
de 21 matches au premier tour. Les 8 meilleures équipes sont admises pour le
quart de finale, 4 équipes en demi-finale et enfin les deux meilleures équipes
en finale. 28 matches au total ont été joués durant cette journée.
L’équipe du Collège
Saint-Louis de Bourdon représenté par Sarah M. ZEPHYR, Carlie V. PETIT,
Anne-Christie ST-SURIN et l’équipe de l’Institut Georges Marc représenté par
John K. JEAN PIERRE, Tania MERILIEN, Cleevens DANIEL. Ces deux équipes ont
gratifié le public d’une très bonne prestation, prestation d’ailleurs digne d’un
match de finale dans le format de débat Karl Popper. La décision du jury le prouve bien. Le collège
Saint-Louis de Bourdon a gagné le tournoi sous le score de 3 contre 2.
Pour sauver
l’environnement, l’individu ou l’Etat ?
Pour le sujet débattu à
la finale, « Pour sauver l’environnement l’action individuelle est
préférable à l’action gouvernementale », l’Institution Georges Marc,
qui défendait la position affirmative, a soutenu l’idée que là où le
gouvernement faillit à sa tâche, l’action individuelle est toujours là.
L’action gouvernementale peut changer ou inexistante, mais l’action
individuelle continuera d’exister à travers la conscience collective.
L’équipe championne, le
Collège Saint-Louis de Bourdon, a démontré qu’il n’y a pas d’action meilleure
qu’une autre pour protéger l’environnement, mais que chaque action a besoin du
soutien de l’autre. Les deux sont nécessaires et les actions gouvernementales
et individuelles doivent être en symbiose pour sauver l’environnement.
Pollueurs payeurs
contre Payeurs pollueurs
Le deuxième sujet, « Les
Etats de la Caraïbe devrait faire payer une écotaxe aux entreprises polluantes
du secteur privé », a été débattu en quart de finale et en
demi-finale.
L’idée majeure qui est
ressortie des argumentations des équipes défendant la position affirmative a
été que la Caraïbe est géographiquement plus exposée face à la menace du
changement climatique. De ce fait, il est juste que les entreprises polluantes
du secteur privé, responsables de l’effet de serre, paient une écotaxe qui a
pour objectif de faire diminuer la quantité de gaz rejetés dans l’atmosphère.
D’où le principe « pollueur payeur » : tu pollues, tu paies.
Par contre, les équipes
opposées à cette solution ont dans l’ensemble montré que faire payer une écotaxe
peut au contraire faire augmenter la quantité de gaz dans l’atmosphère. Ce
serait établir le principe inverse, « payeur pollueur » : tant
que tu payes, tu peux polluer. En fait, selon elles, l’écotaxe risque
d’aggraver la situation. Elle produira une délocalisation des entreprises
polluantes du secteur privé vers d’autres pays plus laxistes, aggravant par
conséquent le chômage. L’écotaxe est davantage une ressource économique qu’une
solution écologique, et l’argent recueilli ne servirait pas l’environnement,
mais d’autres fins.
Les enseignements de ce concours de débat
Les jeunes étaient très excités à l’idée de débattre. Certains
n’imaginaient pas jouer autant de matches dans une seule journée. Mais au
final, toutes les équipes ont été très satisfaites de cette activité, tant par
l’atmosphère de convivialité que par le niveau de tolérance et de fair play qui
a régné. Les deux sujets ont été bien maitrisés par la majorité des équipes, ce
qui prouve que le travail des coaches, qui sont des anciens débatteurs et
débatteuses, ont été très valables.
Qu’est-ce que leur a apporté le concours ? Réactions de quelques
débatteuses du collège Saint-Louis de Bourdon, champion du tournoi.
Sarah Marlange ZEPHYR: « En tant
que novice, je conçois l'idée même du tournoi de débat comme étant un espace
réservé aux jeunes pour non seulement peaufiner leur capacité oratoire, mais
également pour donner leur mot sur des sujets qui interpellent, les permettre
de prendre position, de défendre cette position dans le but de convaincre
l'auditoire, mais surtout d'apprendre grâce aux arguments avancés par l'équipe
adverse. Et le plus intéressant dans tout ça, c'est qu'on ne perd jamais, on
apprend toujours.
Le tournoi de débat nous a permis de nous
questionner sur des sujets qui avant n’attiraient pas notre attention
auparavant. Des sujets délicats qui méritent qu'un groupe de personnes se penchent
vers eux, afin de trouver des solutions durables. Ça nous a permis de nous
questionner et d'augmenter notre capacité de réflexion. On a dû lire beaucoup,
faire beaucoup de recherches, de documentation afin de trouver des arguments
qui non seulement pouvaient convaincre, mais également d’élucider la question
même du changement climatique. »
Marie Micheline SAINTE : « J’ai beaucoup appris du concours comme:
“comment défendre ma position sur un sujet”, “Comment mieux argumenter”,
“comment convaincre sans se battre”. Ce qu’il faut retenir avant tout, c’est
qu’on débat pour apprendre et non pour gagner. Nous les Saint-Louissiennes nous
avons fait le travail des deux au prix du Trophée. »
Anne-Christie
ST-SURIN : « Il y a quelques mois, nous avons été, mes amies et moi,
invitées à participer à un concours de débat organisé par le club de Christ-Roi
(Pye poudre). A quoi bon, me suis-je dit. Débattre pourquoi ? Étant de
nature très timide, au début je n'ai pas pris à cœur ce concours. Au fil des
préparations, j'apprenais... je développais peu à peu mon esprit critique, mon
sens de recherche, mon écoute et je découvrais ma capacité à m'exprimer
clairement en public.
Le tournoi de débat
nous a également fait comprendre qu'en tant que jeune, nous avons notre mot à
dire sur des sujets sérieux, que nous pouvons réfléchir et apporter des
solutions a des problèmes mondiaux. Du coup, nous nous sentons beaucoup plus
concernées par ce qui se passe dans notre monde aujourd’hui. Nous laissons un
peu de cote nos téléphones pour nous adonner à la lecture d'ouvrages
scientifiques et autres.
Ma perception de
moi-même a également changé, je sais à présent que je suis une fille capable de
prendre position ouvertement, de défendre mes opinions en y apportant des
supports scientifiques. Je n'ai plus peur, je réfléchis, je m'exprime et j'ose
me faire entendre. N'est-ce pas un bon début pour se préparer à la vie
adulte ? »
Carlie Valdayard PETIT: « Si je devais résumer cette journée en un mot, je dirais
que ce fut un samedi incroyable et extraordinaire. Avant, je ne pensais pas que
cela me serait possible de jouer 6 matches successifs. Mais, à un certain
moment, l’envie de débattre se faisait de plus en plus sentir en moi. Chaque match gagné fut pour moi un pas
vers la victoire. Et à chaque pas, le tournoi prenait une ampleur de plus en
plus vive et enrichissante.
Une capacité de faire passer mes idées, de remettre
instantanément les propos d'autrui en question demeurait jusqu'ici cachée en
moi. Je n'ai jamais été aussi sûre de moi que ce samedi-là. Ce qui
m'impressionnait le plus, c'est cette multitude d'idées différentes les unes
des autres qui véhiculaient à chaque match. Quand on débat, on apprend. »
Conclusion
Avec le support infaillible
de notre coordonnateur Jean-Gérard ANIS, mon collègue Alfred et moi avons réussi à concrétiser l’un de nos
multiples projets. Ce tournoi a été une réussite, car nous avons capté
l’attention de plus d’une quinzaine d’écoles de la zone métropolitaine qui
souhaitent collaborer dans nos multiples projets de ce genre.
Grâce au professeur Marc
EXAVIER, qui anime l’émission « Lecture et compagnie » à la
radio-télé ESPACE FM, (94.1) et à Stéphanie BALMIR, écrivaine et journaliste au quotidien LE
NATIONAL, qui ont tous deux assisté ce samedi-là aux débats des jeunes, plus
d’un saura qu’il y a un programme de débat qui contribue au développement
intellectuel et à la prise de conscience des jeunes du pays.
Rendez-vous est donc
pris pour un autre tournoi interscolaire sur le thème de la dictature, le
samedi 12 Mars 2016, au collège Saint-Louis de Bourdon.
Joël LAZARD
Animateur du club de débat de Christ-Roi
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