Le
club de débat de Darbonne du Programme Initiative Jeunes de Fokal a reçu ce
vendredi 4 mars Jean-Gérard Anis, le coordonnateur du programme, pour une
présentation du livre Paroles de Jeunes, à la demande de Maxandre Bien-Aimé et de Max Grégory saint-Fleur, les 2 animateurs
du club de débat implanté dans cette communauté.
L’objectif
de cette présentation a été de faire connaitre le livre à la communauté, auquel
ses jeunes ont contribué, d’orienter les jeunes vers sa lecture dans la
bibliothèque Rasin Lespwa de Darbonne
où 2 exemplaires sont disponibles, d’avoir des réactions des gens de la
communauté sur le livre.
Environ
soixante-dix personnes des 2 sexes ont été au rendez-vous. Parents, élèves,
débatteurs, étudiants journalistes, représentants d’associations, tous ont été attentifs et très intéressés par la
présentation de ce livre « fait pour les jeunes et par les jeunes ».
Naissance du projet et consultation
nationale des jeunes
La mission
principale de Fokal est d’aider les jeunes Haïtiens et Haïtiennes, c’est son axe prioritaire
qui traverse tous ces programmes. C’est dans ce but que le Programme Initiative
Jeune naît en 1996, qui a évolué et fête cette année ses 20 ans d’existence.
« Il est rare de voir un programme durer autant dans ce pays, sans
discontinuité » a précisé le coordonnateur du projet.
Paroles
de Jeunes, est le premier livre dédié à la jeunesse faite par les jeunes en
Haïti », a déclaré fièrement J-G
Anis, responsable du projet à Fokal. "Il a été rédigé sur la base des 13 consultations
menées auprès des jeunes dans diverses régions du pays des clubs de débat du
pays. Dans ce livre, la jeunesse haïtienne parle de ses préoccupations, de ses frustrations,
de ses espoirs sur le pays et leur avenir."
Pour
en savoir plus sur la genèse du livre et la consultation nationale des jeunes,
allez à http://vaguedufutur.blogspot.com/2014/08/les-400-voix-de-la-jeunesse-haitienne.html
Pour
avoir un aperçu du contenu de l’ouvrage, allez à http://vaguedufutur.blogspot.com/2015/12/paroles-de-jeunes-est-enfin-disponible.html
Le
livre a été distribué gratuitement dans toutes les zones d’implantation des
clubs de débat de Fokal, notamment dans les bibliothèques publiques et de
proximité, les établissements secondaires disposant d’une bibliothèque ou d'un coin de lecture, des
universités publique et privée, des organisations de la société civile, des
organismes de droits humains, des institutions
internationales, certains ministères (Jeunesse et sport, Culture, Tourisme, Education),
des associations travaillant avec des jeunes, etc.
Ce que les jeunes de cette consultation espèrent, c’est d’être entendus. C’est pourquoi Fokal veut rendre ce livre disponible partout et pour tous. Selon le coordonnateur, la plus grande perspective de ce livre, c’est qu’il soit utilisé par les responsables ou toute personne voulant aider les jeunes dans leur avenir.
Questions et réactions du public
La
présentation a été suivie des échanges passionnants avec le public. Les
questions et les témoignages fusaient. Verbatim.
C’est
une appellation que nous avons utilisé à l’interne pour nommer le livre. Par
définition, un livre blanc est
un recueil d'informations destiné à un public déterminé pour l'amener à prendre
une décision sur un sujet particulier. […] Il permet aussi à des institutions
privées ou publiques à but non lucratif comme les ONG de publier un message
officiel sous forme d'état des lieux sur un domaine d'intérêt public. Dans notre cas, c'est d'amener les décideurs de ce pays, les institutions et les organisations œuvrant pour la jeunesse haïtienne d'entreprendre des initiatives pour ce même public.
- Le livre est-il disponible à
l’achat ?
Il
est en vente également dans les librairies de la capitale. Non, ce n’est un
non-sens de vendre le livre alors que nous disons qu’il est disponible pour
tout le monde, comme l’a fait remarquer un journaliste présent.
La
fondation n’a pas une vision politique, au sens politique politicienne, mais
une politique jeunesse qui s’incarne dans ses différents programmes-maison à
destination des jeunes. Le programme de débat, les bibliothèques de proximité, les
bourses d’études aux étudiants, concourent tous à aider les jeunes à développer
leurs capacités et à s’émanciper.
- Quand l’impact du livre se fera t-il
sentir ?,
s’inquiéta un jeune.
Nous
aimerions que son impact se fasse sentir le plus rapidement possible. D’abord
chez les jeunes qui devraient y trouver des motifs de réflexion sur eux-mêmes
et sur le pays; ensuite chez les décideurs pour qu'ils engagent de véritables actions en leur faveur.
- Est-ce que les solutions présentes
dans le livre paraissent plus concrètes ?
Plus
concrètes par rapport à quoi ? Bien entendu, les pistes de solutions que
les jeunes consultés ont proposées pour chaque problématique sont concrètes.
Elles sont précises, réalistes, réalisables. C’est ce qui fait d’ailleurs la
puissance du livre. On oublie trop vite que les jeunes peuvent être également une force de
propositions aux problèmes du pays.
Dans
ce livre, Fokal n’a pas proposé de solutions pour les jeunes. Au contraire, ce
sont les jeunes qui proposent des solutions. Fokal s’est fait seulement leur
porte-parole à travers Paroles de Jeunes.
- Ne trouvez-vous pas que le livre
est inachevé parce qu’on n’a pas consulté les jeunes du Nord-ouest et du
Nord-est ?, questionna une jeune fille.
Oui
et non. Oui, parce qu’on aurait pu faire plus de consultations, touché plus de
jeunes, plus de communautés. Mais il a fallu être réaliste. Nous avions des
limitations de temps et de budget. D’un autre coté non, puisque nous avons
atteint nos objectifs prévus.
- Est-ce que Fokal a l’intention de
s’étendre dans le Nord-ouest et le Nord-est ?, renchérit un autre.
J’espère bien qu’un jour ou l’autre Fokal interviendra dans ces 2 départements non encore
touchés par ses programmes. Il n’est que d’attendre.
- Pourquoi d’autres zones n’ont pas
été touchées par les consultation?, insista un camarade.
Les
communautés touchées sont toutes des zones d’implantation des 14 clubs de débat
de notre réseau. Ils ont servi comme ressources logistiques pour préparer les
consultations et comme points de rencontre pour les jeunes. Malheureusement, dans les
autres départements, nous ne disposions pas de ces ressources-là sur place.
Malheureusement, Fokal n’a pas (encore)
de clubs dans ces départements : Nord-ouest, Plateau Central, Nippes et
Nord-est. Nous mettrions trop de temps à y organiser ces consultations. Or, nous
n’avions plus ce temps-là
- Est-ce que le livre sera disponible
en format électronique ? Si oui, quand ?
Fokal
y réfléchit déjà à cette possibilité. Malheureusement, je ne peux pas vous dire
quand.
- Qu’est-ce qui va se passer
après ? a
demandé une élève.
Nous
travaillons avec les clubs à transformer certaines de ces propositions en
actions. Autrement dit, les clubs pourront organiser des journées de
sensibilisation dans leurs communautés respectives sur des problématiques
traitées dans Paroles de Jeunes, afin de donner encore plus d’écho à
leurs paroles.
- Comment l’école peut utiliser le
livre ? Comment le livre peut-il aider la communauté ?, s’est interrogé un parent.
Ce livre peut être utilisé comme
outil pédagogique, car il renvoie à beaucoup de sources, et aussi comme ouvrage de
référence sur
certains thèmes intéressant les jeunes en général, par exemple la question de l’égalité
des sexes, des loisirs, de la culture, du bilinguisme à l'école…
Le
livre adresse aussi des problèmes ou des préoccupations de la communauté, par
exemple les questions de conditions de vie, d’habitat et de transport, d’emploi
et de formation, de discriminations et de préjugés, de droits et de santé
sexuels, des religions… Les réflexions et les propositions des jeunes peuvent
constituer des tremplins vers des projets ambitieux si la communauté veut agir
sur ces problèmes.
D’ailleurs,
à la fin du livre, un chapitre est consacré à la manière dont on peut
l’utiliser.
- Est-ce que n’importe qui pourrait
reproduire le livre ?, a voulu savoir un élève.
Le livre est enregistré au Bureau Haïtien
des Droits d’Auteur (BHDA) et est protégé par un copyright. Ces diapositifs
donnent à Fokal le droit de poursuivre devant la justice, en Haiti ou à
l’étranger, quiconque le vendrait illégalement, ou en ferait une reproduction
illicite, sans son autorisation.
- Pourquoi le livre ne sera pas
disponible dans toutes les écoles du pays ?
Nous
avons fait le choix juste et sensé de donner gratuitement 1 à 2 exemplaires de
l’ouvrage uniquement aux établissements secondaires disposant d’une
bibliothèque ou d'un coin de lecture. Ainsi, nous évitons que le livre demeure la
propriété d’un professeur ou demeure sur le bureau d’un directeur, dans une
école, sans possibilité que les jeunes y aient accès.
- Pourquoi le livre est-il en vente
dans les librairies ?
Pourquoi
pas ? Vu qu’on n’a pas la possibilité de donner un exemplaire à chaque individu,
on permet à des personnes intéressées de se l’approprier autrement, grâce à un
petit effort financier. Cependant, la vente lucrative n’est pas la motivation
de la fondation.
- Quel a été le coût de publication
du livre pour Fokal?
Beaucoup
d’argent, que la fondation a supporté seule. Il faut compter les frais d’organisation
des consultations, d’édition et d’impression. Je dirais dans les trente mille
dollars américains environ.
- Quelles sont les recommandations
prioritaires de Fokal dans ce livre ?
FOKAL
n’a pas fait de recommandations dans le livre. Néanmoins, il exhorte tout un
chacun à le consulter, à s’approprier la parole des jeunes pour agir dans
l’intérêt de la jeunesse haïtienne toute entière.
Comme
les jeunes, on y met beaucoup d’espoirs : l’espoir que les paroles des
jeunes soient vraiment entendues par tous ceux et toutes celles à qui le livre
est adressé, que l’Etat, les responsables politiques, les institutions
publiques, les organisations non gouvernementales et non étatiques agissent
pour satisfaire les besoins de cette catégorie la plus importante de la
population haïtienne.
- Est-ce que FOKAL compte refaire une
consultation ?
On
verra. Mais nous considérons les activités de débat dans les clubs comme des
consultations sur des thématiques spécifiques.
Visions et perspectives du livre
Les
jeunes ont applaudi l’initiative de venir présenter le livre à la communauté,
de les faire découvrir son contenu et ses « secrets », au point qu’un
jeune étudiant se disant leader d’un groupe de jeunes déclare qu’il ne partira
pas sans un exemplaire de « Paroles de Jeunes ».
Une
militante féministe, représentante d’une association de femmes à Léogane, s’est
dite ravie que le club de Darbonne ait traité du thème « Egalité des
genres ». Elle a ajouté que les jeunes filles doivent considérer les
enseignements du livre sur l’équité de genre pour définir leur place et leur avenir dans la
société haïtienne. Elle a exhorté les filles à rester à l’école le plus
longtemps possible.
Ce
qu’il faut retenir, c’est que la vente du livre n’a pas un intérêt lucratif
pour Fokal et que le livre n’est pas uniquement une sorte de recueil des
réactions des jeunes sur des sujets de la société mais aussi un outil de
réflexion et de décision afin d’améliorer la vie, l’avenir des jeunes Haïtiens
ainsi que de la société en général.
Fokal
réitère ses remerciements aux jeunes filles et garçons de Darbonne qui ont contribué
à la réalisation du livre « Paroles de Jeunes ».
Jean-Gérard Anis
Coordonnateur
du Programme Initiative Jeunes
Jessica Saint-Louis
Étudiante en 3e année à Sciences Po Rennes (France)
Stagiaire à la FOKAL
Étudiante en 3e année à Sciences Po Rennes (France)
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