LA REFUTATION
Deux argumentations opposées ne font pas un débat. Il faut qu’il y ait interaction entre les argumentaires.
Autrement dit, vous devez attaquer frontalement les arguments de l’adversaire.
C’est ce qu’on appelle une réfutation.
C’est l’une des parties les plus passionnantes, la plus cruciale du débat.
C’est la réfutation qui distingue le débat de la parole publique ordinaire, en
donnant aux participants la possibilité de critiquer ouvertement les arguments
de leurs adversaires.
Quoi réfuter ?
Le but de la réfutation est de démonter l’argumentaire de la partie
adverse. Votre rôle n’est pas de juger l’argumentaire de l’adversaire (par exemple
en lui reprochant d’avoir dépassé son temps de parole, ce qui n’affecte le
caractère persuasif de son argumentaire) ni de remplacer le juge (par exemple en relevant que tel argument
n’est pas illustré, au lieu de dire que l’absence de preuve est la preuve de la
non véracité de l’argument).
Vous devez réfuter l’argumentaire de votre adversaire, en discréditant
toute notion ou affirmation, ses définitions, les exemples, les statistiques et
tout autre élément contribuant au caractère persuasif de son argumentaire.
Le
thème
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Attaquer
les idées et hypothèses qui sous-tendent l’argument
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La
définition
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-
Faites clairement savoir que vous contestez la définition de votre adversaire
-
Expliquez en quoi la définition est incorrecte
-
Remplacez leur définition par la vôtre
-
Expliquez en quoi votre définition évite les écueils de celle de l’opposition
|
Un
argument
|
1.
identifier l’argument ou l’idée que vous attaquez. Ce qu’ont dit vos adversaires.
2.
indiquer quelles sont les limites de l’argument. Pourquoi c’est faux ?
3.
montrer comment votre équipe répond au problème que vous avez identifié dans
l’argument de l’adversaire. Ce que nous avons dit.
4. reliez
la réfutation à votre propre argumentaire, au risque de perdre l’initiative. Pourquoi ce
que vous dites est vrai ?
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Les
exemples et les statistiques
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Si
vous réfutez des exemples et des statistiques, vous devez constamment
examiner et discuter la pertinence et le contexte dans le débat
|
Une
réfutation
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Vous
devez répondre à l’attaque de vos adversaires, mais veiller à ne jamais
explicitement présenter la réfutation d’une réfutation comme une question-clé
du débat
|
Remarque : Vous devez consacrer la majeure partie de votre temps de parole à
réfuter, particulièrement les 2e et 3e orateurs.
Motifs-clés de réfutation et astuces
Voici certaines raisons courantes pour lesquelles vous devez réfuter un
argument :
a.
Absence de pertinence logique : examiner ce que l’opposition doit prouver et déterminer si elle le fait effectivement. La concession peut être une technique de réfutation efficace.
b.
Insignifiance. La technique de réfutation la plus adaptée est
la marginalisation par distinction, c-à-d
on fournit une base sur laquelle distinguer un argument ou un exemple en
rapport à la question directement débattue.
c.
Inexactitude factuelle. Les faits inexacts peuvent servir de
base à la réfutation si elles influent substantiellement sur l’argument avancé.
d.
Affirmation sans fondement. Une simple affirmation, une vague
déclaration sans justification efficace, autrement dit sans preuves, est un
motif de réfutation.
e.
Hypothèses sous-jacentes. Contester les hypothèses qui
sous-tendent l’argumentaire de vos adversaires.
f.
Causalité. Quand une équipe cause qu’une tendance (par exemple la tendance à regarder des films
violents) provoque une autre tendance (par
exemple la tendance à être une personne violente). Le moyen le plus
puissant de l’exprimer dans une réfutation consiste à fournir et à appuyer une
autre explication du fait que les tendances vont ensemble.
g.
Contradictions. Un orateur concède une idée, mais un autre
membre de la même équipe essaie de s’opposer à la même idée. C’est une
incohérence.
h.
Présentation erronée. C’est une forme de réfutation qui
consiste simplement à réduire ou à déformer les arguments de vos adversaires,
au point de les rendre méconnaissables et de les vider de leur substance, puis
à les traiter comme s’ils étaient d’une inexactitude évidente. C’est
risqué !
Le Style
Quelques règles pour présenter efficacement vos idées.
1. Etre soi-même
Parlant de style, l’aspect le plus important n’est pas ce que vous devez
faire, mais ce que vous devez être. Vous devez donc apprécier ce que vous
êtes ! N’adoptez pas une personnalité différente ni un style
d’élocution différent.
2. Présentation visuelle
·
Votre
style se manifeste dés
que votre équipe entre en salle de débat. La ponctualité est de mise. Dès que
le président vous annonce, vous devez prendre la parole au risque d’entacher
votre crédibilité. Un juge a le droit de sanctionner un orateur qui retarde la
prise de parole après avoir été annoncé.
·
Contact
visuel. Un débatteur doit
cibler des personnes parmi l’auditoire et maintenir un contact visuel avec
celle-ci pendant un certain temps. Il doit éviter de lire ses notes / de cligner
des yeux entre les notes et le public / de s’adresser à ses adversaires, en les
vouvoyant / de regarder ailleurs dans la salle
·
Geste. Les gestes sont naturels dans une
conversation. En tant que débatteur, vous devez vous efforcer d’avoir l’air
naturel pour paraitre crédible et sincère. Libérez
donc vos mains autant que possible, et donnez libre cours à vos gestes !
·
Posture. Aucune règle ne vous oblige à restez
scotché sur place pendant toute la durée de votre discours. Déplacez-vous
donc dans un but précis. Toutefois vous devez éviter tout mouvement
répétitif ou distrayant
3. Présentation verbale
Vous devez toujours viser à exprimer vos idées aussi simplement et
clairement que possible, à l’aide d’un langage simple et des phrases courtes.
·
Eviter
le vocabulaire complexe dans la mesure du possible
·
Introduire
les acronymes, en prenant soin de fournir la signification de tout acronyme que
vous utilisez la première fois dans votre discours (OMS= Organisation Mondiale de la Santé)
·
Expliquer
les termes techniques
·
Répondre
à toute question rhétorique, c-à-d à toute question que vous posez à vous-même
pendant votre discours
·
Eviter
de faire de l’humour, de faire des plaisanteries isolées, du sarcasme
Remarque : Le public et les juges réagissent mieux
aux débatteurs qui argumentent
réellement, et moins à ceux qui lisent leurs arguments à partir des notes.
Notez les repères et les sous-titres pour maintenir la structure interne de
votre discours.
PIJ – FOKAL Novembre 2017
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