Dans un match de débat, chaque phase relève d’une importance capitale,
qu’il s’agit de la présentation des cas, du contre-interrogatoire, de la
réfutation des arguments ou du travail de synthèse des orateurs. Mais, il
arrive très souvent que les débatteurs exploitent mal le contre interrogatoire,
ce qui à maintes occasions donne lieu à des scènes d’agressivité et de
tohu-bohu. Rares sont les équipes qui parviennent à en faire un bon usage.
Sachant que le débat en soi est une activité intellectuelle qui entre autres
consiste à éveiller l’esprit critique de ses pratiquants, cependant cet éveil
ne peut pas être réalisé en dehors d’une posture de questionnement. De ce fait,
la bonne gestion de cette séquence du débat est bénéfique à toute équipe aspirant à une bonne
prestation, car cette phase stratégique peut bien servir à la déstabilisation
de l’équipe adverse lors de la réfutation. Voyons progressivement et de manière
très succincte en quoi cette phase d’interaction est favorable à un bon travail
de réfutation, lorsque sa gestion est faite de manière adéquate.
Bien avant d’évoquer les raisons pour lesquelles on estime que le
contre-interrogatoire est utile à la réfutation, il s’avère important de le définir :
« C’est une partie importante, ou
les débatteurs peuvent vérifier leur compréhension du cas adverse et travailler
à le démanteler à travers un questionnement stratégique direct. »
Cette définition nous renvoie à deux éléments majeurs dans le cadre de la
préparation réfutation : compréhension du cas de l’adversaire et
démantèlement de son discours.
D’abord, pour réfuter un critère ou un argument, il faut avoir une nette
compréhension de ce que l’on veut réfuter, c'est-à-dire, saisir le sens et la
portée du discours adverse, car on ne réfute pas à partir du néant, mais par le
biais des failles relevées dans les déclarations.
Pour cela, l’écoute s’avère très importante, car elle vous permettra de ne
pas mal interpréter le sens du discours des orateurs. Toutefois, certaines
choses pourraient vous échapper lors d’une intervention, mais ne vous affolez
pas. Notez quelque part ce que vous n’avez pas trop bien cerné, et attendez le
contre-interrogatoire pour faire le point là- dessus. Profitez-en, en formulant
toute une panoplie de questions servant à élucider le discours de l’adversaire,
afin qu’il soit à la portée de votre compréhension. Car, une fois que l’idée de
l’adversaire est bien saisie, vous voila déjà en mesure de la contrecarrer.
Une fois que vous vous êtes assuré de bien comprendre le cas adverse, il
faut ensuite procéder à son démantèlement. Sachez que
normalement, un cas bien compris est à demi réfuté. Mais la grande question
reste à savoir comment poser les jalons de la réfutation en plein
contre-interrogatoire ?
Dans les paragraphes ci-dessus, nous avons bien mentionné que l’on peut
s’en servir des questions pour mieux comprendre l’argumentation de l’équipe
opposante, cependant les questions ne servent pas seulement d’outils de
clarification, ils permettent aussi d’évaluer l’authenticité des raisonnements
de l’adversaire, de relever l’incohérence de son discours
qui entre autres peut vous permettre d’identifier les failles de son
argumentation. Si vous voulez que les questions vous servent réellement à
mettre à nu les failles de l’équipe adverse, il faut éviter de s’éterniser sur
des questions dont vous connaissez déjà la réponse.
Il est important de poser des questions directes (on peut y répondre par oui ou non), car elles peuvent à tout moment
vous aider à mettre en exergue la contradiction planant dans le discours de
l’orateur. Cependant, il y a des orateurs qui font beaucoup d’attention pour ne
pas se contredire. Si leurs discours sont cohérents et si l’orateur fait des
concessions dans leurs réponses, il sera sans effet de lui imposer cette
manière de répondre. Dans ce cas toute tentative d’insistance aboutira à une
perte de temps et un gaspillage du contre-interrogatoire.
Peu importe la qualité d’un discours, il y aura toujours des choses à
reprocher, autrement dit des failles. Il n’existe pas d’argument irréfutable. Aussi
fort qu’il puisse avoir l’air, les failles sont là. C’est à vous de les
identifier en évaluant soit les liens logiques entre les prémices et
les conclusions, soit les sources, soit le raisonnement logique de l’argument, soit
la validité ou la pertinence d’un support, soit le contexte dans lequel une
déclaration a été faite.
Prenez garde de bien écouter vos adversaires, afin de comprendre leur
argumentation. N’hésitez pas de les poser des questions en vue de clarifier
leur discours. Ayez de la suite dans vos questions, ne laissez pas l’adversaire
vous poser de questions, soyez courtois. Ainsi vous serez en mesures de livrer une
bonne performance non seulement lors du contre-interrogatoire mais aussi dans
l’ensemble du match.
Jonas Anélus
Animateur du Club de
Diquini
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