Par Stanley PIERRE-JEAN. Juge de débat
Compte-rendu succinct du
débat entre les clubs de Diquini et de Bourdon sur la motion : « Cette chambre voudrait sanctionner la
diffusion a la radio des échanges en direct avec les chefs de gangs en Haïti ».
Le match de débat qui a opposé l'équipe de Diquini
à l'équipe de Bourdon a été un match plutôt équilibré avec des approches
argumentaires intéressantes. Dès la première intervention de Noah THIRZA,
première oratrice de l'équipe de Diquini (équipe de la proposition), elle a souligné
pour le jury que nous étions face à une motion évaluative, donc nul besoin de modèle.
En effet, ce match s'est joué sur la motion surprise, un sujet d'actualité dont
l’énoncé est: Cette chambre voudrait
sanctionner la diffusion a la radio des échanges en direct avec les chefs de
gangs en Haïti.
L'équipe de Diquini, qui
représente le gouvernement, a donc avancé 3 arguments. Le premier argument
souligne que cela aurait un impact négatif
sur la population, psychologique aussi bien que comportemental. Rien que d’entendre
un chef de gang à la radio suffit pour terroriser des milliers de gens. Certains
auront du mal à vaquer à leurs occupations, d'autres se laisseront aller à de
profondes et vaines réflexions. Telles ont été les explications apportées par l’équipe
pour cet argument.
Selon leur deuxième argument, la sanction serait anxiogène car elle crée
un climat qui n’incite pas les jeunes à la violence. Dans cet argument, l'équipe
a décrit le mode de vie des chefs de gangs (l'obtention de toutes les choses
qu'ils veulent et leur popularité suite à leurs interventions à la radio, entre
autres) pour montrer que cela sert de catalyseurs aux jeunes qui voudrait les
imiter. Tout n’est qu'une question de temps.
Dans leur troisième argument,
l’équipe de Diquini croit que cette
mesure a pour effet de ne pas légitimer le banditisme. Elle avance avec
ferveur que laisser parler un bandit à la radio n'est autre qu'une façon de
clamer haut et fort l'acceptation du mouvement par l'Etat et par la société, donc
leur donner libre voie.
En revanche, l'équipe de Bourdon
qui a été l'équipe de l'opposition a fait également un étalage de trois
arguments pour contrecarrer l'équipe de Diquini. Pour montrer son désaccord
d'avec la motion, la première oratrice, Lovenshy ELYSÉE de Bourdon a donc affirmé
dans son premier argument que le fait de ne pas laisser parler les bandits à la
radio font d'eux des doubles victimes, car, d'après eux, les bandits sont eux aussi des personnes et qu'ils ont le droit a la parole,
comme il est stipulé dans la Déclaration universelle des Droits de l'Homme. Elle
poursuit pour dire que si les chefs de gangs sont aujourd'hui des bandits,
c'est la faute de notre système et de l'Etat qui a trop de manquements.
L'équipe de Bourdon |
Dans leur deuxième argument, l’équipe
soutient que, en laissant parler les bandits à la radio, cela garantit la sécurité publique car, non seulement nous
connaîtrons leurs faiblesses (à savoir comment ils sont devenus ainsi, ce qui
les ont poussé à opter pour ce choix de vie), mais aussi nous saurions ce
qu'ils ont derrière la tête, leurs déplacements, leurs vies et nous pourrions
donc anticiper leurs actions. « Prévenir
vaut mieux que guérir », a t-elle conclu son discours.
Le troisième argument porte
sur la violation de la liberté de la presse. Pour l'équipe de Bourdon, la
presse doit rester authentique, de par sa mission, à savoir le partage d’informations
quelle qu’elle soit, car nous sommes en démocratie. Elle a aussi avancé que ce
n'est pas toutes les fois qu'un chef de gang prend la parole pour vanter ses
mauvais actes, il parle parfois pour vider sa conscience, pour manifester des
remords ou des regrets.
Cela a été un très bon débat,
une belle confrontation idéologique entre 2 approches soutenues par ces 2
équipes, et très riche en sources d’information. Une raison de croire que les
jeunes lisent la presse ou bien suivent de près l’actualité au quotidien.
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