Par Stanley PIERRE-JEAN. Juge de débat –
16 mai 2019
Compte-rendu du débat entre les clubs des Cayes et de Darbonne sur la
motion : « Cette Chambre estime qu’on devrait interdire le commerce des produits de
blanchiment de la peau sur tout le territoire national ».
Lors du tournoi régional de débat du grand sud à
Eco Hôtel des Orangers (Jacmel), le match opposant l’équipe des Cayes face à l’équipe
de Darbonne a été un duel d’envergure. Les deux équipes ont séduit par leur
ardeur à débattre d’un sujet (la motion-surprise dévoilée pendant le tournoi) qui
met en exergue une réalité certaine du pays, dont l’énoncé est le suivant :
« Cette Chambre estime qu’on devrait
interdire le commerce des produits de blanchiment de la peau sur tout le
territoire national ».
L’équipe des Cayes étant l’équipe de la proposition
a avancé trois arguments pour soutenir la motion. Le premier argument est qu’on
ne doit pas encourager le manque d’estime de soi. Dans cet argument, l’équipe
soutient que le fait de laisser circuler les produits de blanchiment, c’est
accepter que des gens puissent diminuer ce qu’ils sont et ce qu’ils représentent,
tout en évoquant l’importance de l’estime de soi dans une société.
Dans le deuxième argument, l’équipe croit la
commercialisation des produits de blanchiment de la peau contribue à dévaloriser
notre identité. L’équipe fait une promotion pour l’identité culturelle avec la
couleur noire, qualifiée de couleur d’or
par l’un des orateurs de l’équipe. Les Cayens ont continué dans cette même
veine en affirmant que notre couleur est notre fierté et qu’elle fait partie de
notre culture. Donc nul besoin de l’enlever ; c’est alors un mépris à
notre identité, à ce que nous sommes.
L’équipe avance dans leur dernier argument que
cela serait néfaste pour la santé. À travers cet argument, les Cayens ont
effectué un étalage d’individus qui ont atteint de graves maladies de la peau suite
à l’utilisation répétée de ces produits. Ils ont également évoqué le cancer de
la peau qui est l’une des possibles conséquences du blanchiment, en citant Dr.
Ghislaine AUGUSTE, dermatologue à l’hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti.
Cependant, l’Opposition qui est l’équipe de
Darbonne, défend la position contraire avec trois arguments également. Selon
elle, l’interdiction de la commercialisation des produits de dépigmentation de
la peau affecterait l’économie nationale, arguant que cela ne ferait
qu’aggraver l’état économique actuel de notre pays : un commerce de moins
rendrait pire la situation économique des commerçants, étant donné
qu’aujourd’hui les produits de blanchiment se vendent rapidement. On ne peut se
permettre de bloquer ce commerce car, comme le dit le proverbe haïtien « Baton ki nan men’w, se ave’l ou pare
kou ».
Leur deuxième argument défend l’idée que
l’interdiction augmenterait la contrebande. L’équipe recommande l’utilisation de
ces produits avec modération et sur avis d’un médecin pour éviter tout éventuel
incident. Car, d’après eux, les maladies résultent d’une exagération dans
l’utilisation, et l’interdiction risque de faire glisser les commerçants vers
la contrebande et d’entraver le développement de la société.
Dans leur dernier argument les débatteurs de
Darbonne affirment que l’interdiction attaquerait la liberté individuelle,
parce que, tant que l’individu qui utilise ou qui vends ses produits ne nuit
pas aux autres et ne nuit pas à lui-même, il a le droit de faire ce que bon lui
semble. Donc l’interdire l’utilisation des produits de blanchiment de la peau revient
à lui priver d’un de ses droits.
Ainsi, un aperçu des arguments de ces 2 équipes
qui se sont opposés sur cette motion.
Les juges auteurs des comptes-rendus des débats
De g. à d: Stanley Pierre-Jean, Nishina Previlon, Jothsaïna Pierre.
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