Contrairement à ses rencontres habituelles, le club de
Jérémie a organisé samedi 29 octobre 2016, à l’Alliance française de Jérémie, une
rencontre animée par Francklin Louis-Jean, responsable du club de Santo, à l’invitation de Waldinde Germain, son collègue du club de la cité des Poètes. La réunion a porté essentiellement sur les conséquences de
l’ouragan Matthieu et les leçons tirées de son passage sur le département et
les propositions par les 20 jeunes présents.
Témoignage
des jeunes
Francia
Illus a pris la parole
en disant : « L’ouragan
Matthieu a un impact psychologique sur certaines personnes. Il y a beaucoup de
personnes qui ont perdu des biens, des maisons… Elles peuvent perdre la tête à
cause de cela. Comme solution, je propose que des psychologues consultent ces
personnes, comme on a fait dans le club samedi dernier, fassent un débriefing
psychologique suivi de soins bien spécifiques. Et comme leçon, il ne faut plus
jamais prendre à la légère ce que prévoient les scientifiques ».
Venel Garçon, un autre jeune du club, croit que « l’ouragan
a augmenté la famine dans la région parce que les jardins et les animaux des
paysans ont disparu. Pour pallier à ce problème, pendant qu’on distribue de
l’aide alimentaire aux sinistrés, il faudrait qu’un groupe d’agronomes
distribuent des engrais et des semences aux agriculteurs. La leçon que j’en
tire, c’est qu’il est bon de venir en aide à ceux-là qui en ont besoin ».
Pour Thermogène Guychard, l’ouragan Matthieu a mis presque tout le monde au
chômage. Il nous a permis de constater l’irresponsabilité de l’Etat haïtien face
à l’arrivée en trombe des ONG. L’Etat n’a plus le contrôle du territoire. Ma
solution est de reboiser, replanter ce qu’on peut. La leçon tirée de cette
catastrophe est que pendant le passage de Matthieu, les gens qui se croyaient
importants et qui ne voulaient pas se mêler aux autres, ont fait un seul corps
avec eux.
« Le
choléra revient avec une fréquence sans précédent, la pollution augmente et des
gens sont frappés par des troubles cardiaques. Solutions : distribuer des
tablettes de purification d’eau aux gens, se mettre ensemble pour une bonne
politique de gestion des déchets et pour une meilleure protection de
l’environnement. Nous ne devrions pas être trop attachés aux biens matériels.
Il y a des gens qui sont devenus fous, au pire se suicident parce qu’ils
étaient trop attachés aux biens matériels », a avancé Immaculeuse Édouard.
« Moi,
j’ajoute à ce qu’ont avancé les premiers intervenants, l’exode rural. Beaucoup
de gens se sont rendus à Port-au-Prince, après l’ouragan. Pour empêcher cette
tendance, il faut absolument leur venir en aide et les encourager à continuer à
vivre dans le département. Le paradoxe dans ce drame jérémien, c’est que même
ceux-là qui disaient : ‘‘ma maison est en meilleur état que celles des
autres’’ dorment eux aussi dans sur
des tombes et dans des grottes », a ajouté Daniel Jeudy ».
Selon Wogensky Laguerre, la violence a augmenté dans
certains quartiers. « De plus, le
Grand Sud qui représentait la réserve forestière d’Haïti ne l’est plus et cela
peut aggraver les conséquences du réchauffement climatique. L’Etat doit
rapidement aider à reboiser et relancer la production agricole. Il y a aussi la
difficulté de communication et le déplacement forcé et dangereux vers
Port-au-Prince. Une remarque paradoxale que j’ai faite de cette catastrophe est
que beaucoup de personnes dont les maisons sont restées debout ont accueilli
les victimes, pendant que les commerçants se plaisent eux-mêmes à augmenter le
prix de leurs marchandises ».
Francklin Louis-Jean a résumé les différentes
interventions des jeunes et les a félicités pour le courage et la solidarité
dont ils ont fait montre dans ces moments difficiles. Il leur a rappelé qu’ils
doivent tirer des leçons de ces évènements et d’apprendre dès maintenant à
faire preuve de responsabilité, car bientôt ce sont eux qui auront à remplacer
éventuellement les autorités actuelles. Ils doivent être à même de faire une
meilleure gestion du territoire, de prévenir et de répondre efficacement aux
situations d’urgence auxquelles la nation peut être confrontée.
Pour clore cette rencontre, Waldinde a remercié
Francklin et les jeunes qui étaient présents et leur a donné rendez-vous samedi
prochain pour le début des séances de formation sur le débat.
Waldinde Germain
Animateur du club de Jérémie
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