vendredi 28 mars 2014

Un flot d'initiatives réalisées par le club de BMC


Des initiatives

Le meilleur moyen de garder un club en vie est de s’assurer qu’il y ait des activités régulières et profitables aux jeunes qui en sont membres. Sur ce point, le club de centre-ville se veut être un club phare ; en témoigne l’ensemble des activités entreprises au cours de ce mois de mars et l’impact qu’elles ont eu sur les jeunes et sur le fonctionnement du club en général. En effet, du 8 au 22 mars, le club a fonctionné selon une programmation assez simple mais très intéressante qui a permis aux jeunes de participer à des réflexions saines et utiles, d’enrichir leur culture générale et de se doter de prérequis pour les prochaines séances de formation en techniques de débat.

Projection-débat

Le 8 mars qui marquait la journée internationale des femmes, les jeunes (30 environ) ont pu visualiser un film-documentaire titré «  les femmes d’occident, un si long chemin ». C’est un film d’environ 45 minutes sorti en 2007 qui retrace l’histoire des femmes de l’occident et qui met l’accent sur les luttes menées par ces dernières pour leur libération. Du darwinisme au christianisme en passant par le moyen-âge, le film montre comment dominait auparavant une conception dévalorisante de la femme.  Il a fallu attendre l’époque de la renaissance européenne pour voir l’émergence de la femme, surtout sur le plan culturel. Pendant cette même période, une idéologie bourgeoise de la famille tendait à revaloriser les femmes. Mais ce n’est qu’avec la Révolution française de 1789 qu’on allait constater un éveil de la conscience politique chez ces dernières alors que la revolution industrielle transformait leurs rapports avec les hommes. Cependant, le documentaire rappelle qu’aujourd’hui le problème n’est pas totalement résolu. En effet, trois femmes sur cinq subissent la violence de nos jours, et certains courants intégristes en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient, constituent un obstacle à la libération des femmes.  Elles ont, conclut le film, le poids du passé qui pèse sur elles.

La projection a été suivie d’une discussion entre l’animateur Nicolas Ricardo, les jeunes et Claude Ardy JULIEN qui est un étudiant finissant en sociologie à la Faculté des Sciences Humaines et membre fondateur du Groupe de Réflexion en Genre et Colonialité du Pouvoir en Haïti (GREGCOPH). Ce dernier, compte tenu de son statut, a été invité spécialement pour l’occasion afin d’alimenter les débats. Les discussions ont été très vives et les jeunes ont montré un intérêt particulier pour cette thématique qui est encore d’actualité dans le monde contemporain et en Haiti. Elles ont porté précisément sur l’origine de cette conception dévalorisante de la femme et sur le rôle que la religion a joué dans le renforcement d’une telle conception. Il est aussi intéressant de noter que les jeunes ont eu, à chaque fois dans leurs interventions, à faire un saut dans la réalité haïtienne, ce qui a été très encouragé par Ricardo et l’invité. Ils voulaient savoir, par exemple, si les luttes menées par les femmes d’Occident ont été utiles pour les femmes haïtiennes et discutaient entre autres, autour de la place que les organisations féministes occupent dans la société haïtienne.

Formation sur la recherche sur internet

Le samedi d’après devait être consacré à une formation en techniques de documentation sur internet. Cette formation pratique réalisée en deux temps pour deux groupes différents sur une période d’une heure visait à donner aux jeunes, à l’heure des nouvelles technologies de l’informatique et de la communication (NTIC), les outils nécessaires pour effectuer des recherches sur internet, ce qui est très important pour améliorer la qualité des matchs de débat.

Environ une trentaine de jeunes ont pris part à cette formation organisée en collaboration avec le cyber café de Fokal et animé par Yves OSNER, l’un des responsables du cyber café. C’était une formation très pratique ou chaque participant avait à sa disposition un ordinateur qui permettait une application instantanée des notions apprises. Dans cette formation, l’accent a été mis particulièrement sur les moteurs de recherche et sur l’utilisation des mots-clés dans une recherche. Cette formation a été tres bénéfique si l’on croit l’opinion des jeunes. Pour certains, cela les donne plus d’habilité à effectuer des recherches sur le web. Ils sont, par ailleurs, contents d’apprendre que Google n’est pas le seul moteur de recherche et qu’on peut en utiliser d’autres comme : spock.com, msn search, foncodoc, clusty.com, etc. Au final, les jeunes étaient visiblement satisfaits de ce séminaire, même s’ils auraient aimé que cela dure beaucoup plus de temps.

Une autre formation est prévue très prochainement sur la documentation dans les bibliothèques et sera probablement animé par le directeur de la bibliothèque Monique Calixte qui a déjà animé une formation de ce type et qui développe un très bon rapport avec le club.

Débat de démonstration

Le samedi 22 mars, les jeunes du club ont pu assister à un match de débat portant sur l’’énoncé suivant : «  les chaines de télévisions devraient limiter la diffusion des telenovelas en Haïti ». Ce sujet a été inspiré par Michelet Joseph, un jeune du club qui, un mois de cela, a présenté un speaker corner (dans le contexte du programme de débat, un speaker corner est un bref discours argumenté, présenté sur un thème donné et généralement improvisé) très intéressant sur la diffusion à outrance des feuilletons télévisées sur les chaines haïtiennes et sur l’influence que ces derniers puissent avoir sur les jeunes femmes haïtiennes. Deux équipes ont été montées avec les jeunes du club, l’une composée uniquement de filles et l’autre uniquement de garçons. L’équipe des filles a eu à défendre l’affirmative et les garçons la négative. Cette stratégie a eu pour effet de rendre le match beaucoup plus intéressant dans la mesure où il favorisait un esprit critique plus développé compte tenu des rapports différents des filles et des garçons face a ces feuilletons.
Séance de contre-interrogatoire
Malheureusement, le match n’a pas eu le succès espéré par rapport aux réflexions produites. L’argumentation a été tres faible des deux cotés. L’équipe affirmative s’est contentée à essayer de montrer que les telenovas augmentent la paresse chez les jeunes et que la limitation de la diffusion de ces derniers permettrait de donner plus de place au cinéma haïtien. L’équipe négative, quand à elle, mettait l’accent sur le caractère divertissant de ces telenovas et sur la valorisation de la femme qui s’y fait. On remarque aussi que les travaux de réfutation n’ont pas été faits malgré la faiblesse des arguments présentés. Ce match a été toutefois tres utile aux nouveaux membres du club qui ont eu la chance de se faire une idée de ce que peut être un match de débat.  Il a également permis aux animateurs de repérer les failles et de mieux préparer les formations sur les techniques de débat qui doivent avoir lieu au début du mois d’avril.

Perspectives

Pour boucler la boucle, ce samedi 29 mars, le club de centre-ville rend visite au club de cote-plage et un match d’exhibition est prévu entre des anciens débatteurs des deux clubs. Ce match se tiendra au collège de cote-plage à carrefour à deux heures, et se déroulera autour de l’énoncé « Face a l’oppression politique, la violence est justifiée ».

La formation sur les techniques de débat est prévue pour le début du mois d’avril et le tournoi interne du club aura lieu à la fin du même  mois.

Dans l’ensemble, ces activités ont permis aux jeunes de manifester beaucoup plus d’intérêt pour le club. Ils y viennent régulièrement et sont très enthousiastes de participer. Le club fonctionne donc très bien avec un effectif stable (25 membres actifs), des initiatives intéressantes, des jeunes très motivés et des animateurs déterminés à faire de ce club, un club phare qui remplit son rôle d’aide à l’épanouissement des jeunes.

Car le débat reste et demeure une autre manière de voir le monde !

Wedly MOZEAU
Animateur du club de débat de BMC (Port-au-Prince)

lundi 24 mars 2014

« En Haiti, les gens ne savent pas débattre ! »



Cette affirmation a été prononcée doctement, non sans provocation, par un jeune des Gonaïves, au cours d’une rencontre qu’a tenu le coordonnateur du Programme Initiative Jeunes de FOKAL avec des élèves de philo du Cercle des Finissants, samedi 22 mars dans la cité de l’Indépendance.

Ces jeunes avaient sollicité FOKAL en janvier dernier, pour les aider à créer un club de débat dans la cité de l’Indépendance et leur enseigner les techniques de débat. Le coordonnateur du Programme Initiative Jeunes était donc allé à leur rencontre pour en savoir plus sur leur association, pour les informer de la mission et des objectifs du programme, de débat de la fondation, et discuter avec eux de l’opportunité d’une collaboration.

Une formation au débat ! Pourquoi faire ?

Quand le coordonnateur les a interrogés sur ce qui a motivé leur demande de formation au débat, Lovens Gédé, élève de philo du Collège Immaculée Conception, et leader du groupe, a répondu sans hésiter : « Nous voulons étoffer notre bagage académique. Nous avons des petits débats informels en salle de classe mais qui aboutissent le plus souvent à des disputes. On veut apprendre à faire ».

James Philogène, du collège Eben-Ezer, croit, pour sa part, que « les gens qui débattent ont peur de la réaction du public », autrement dit, redoutent les jugements sévères ou les critiques cinglantes de leur auditoire, sur leur prestation. Plus loin, il a ajouté que « les débats n’ont pas de conclusion, encore moins de leçons à tirer ».

Le jugement de ces jeunes sur leurs ainés est sans appel. « En Haïti, les gens ne savent pas débattre. Yo renmen pale anpil. Tel des parle-menteurs », renchérit l’un d’eux, sous un ton amusé. Une expression qui a cours dans la cité de l’Indépendance.

Pourquoi un club de débat aux Gonaïves ?

Pour Rose Mirta Bertrand, élève au collège diocésain de Saint-Paul, un club de débat « introduira les jeunes aux discussions structurées, leur apprendra à parler en public, à argumenter ». Un des ses camarades veut doter la ville d’un club pour faire « …progresser des jeunes talentueux qui n’ont pas l’opportunité de s’exprimer ».

Selon ces jeunes Gonaïviens, ce besoin d’apprendre à débattre est motivé par un besoin de parler, de s’exprimer. « J’ai peur de m’immiscer dans les discussions parce que je pense que mes arguments ne tiennent pas. Je suis embarrassé !», confesse Zamor Ricardo, autre élève de philo du Collège Immaculée Conception.

Quoi attendre du débat ?

Si pour l’un, « c’est acquérir des connaissances à partir des points de vue différents », un autre vise quelques intérêts plus banals comme l’art de parler, se faire connaitre du public. Un dernier espère gagner des batailles puisque, selon lui, « le débat est un combat. »

Sans vouloir faire des promesses à ce jeune groupe de débat des Gonaïves, FOKAL compte dans un premier temps, les inviter dans ses activités de débat en tant qu’observateurs, et réfléchit, dans un deuxième temps, à satisfaire leur demande de formation au débat.

Le groupe de débat de la ville est une initiative du Cercle des Finissants (CDF), association d'élèves de philo qui a une cinquantaine de membres. Ce cercle qu’héberge l’Alliance française des Gonaïves, vise à briser les barrières existant entre les différentes écoles qui le constituent et à créer une famille socialement unie. Depuis 7 ans, l'association travaille à l’élargissement du champ de connaissance des jeunes et milite pour une meilleure prise en charge de la Bibliothèque Jacques S. Alexis des Gonaïves.

Le club de débat créé par le CDF comprend 24 élèves, de la 3e à la rhéto, ajoutés aux membres du CDF. L’association avait envoyé une invitation aux élèves de différentes écoles de la ville des Gonaïves pour leur faire part du projet. Une rencontre a eu lieu dimanche 9 février  dernier.  Une projection du film « The Great debaters » a également été organisée par la suite le 15 février dernier.

Jean-Gérard Anis
Coordonnateur du programme Initiative Jeunes
FOKAL

lundi 17 mars 2014

Protection du patrimoine culturel haitien


Présentation de Michèle Pierre-Louis

Je remercie Harold Gaspard, président de ICOM-HAITI, d’avoir organisé en collaboration avec l’UNESCO, cet atelier sur la gestion des risques de catastrophes pour le patrimoine culturel et de m’avoir invitée à me joindre à vous ce matin.

L’initiative est importante, mais elle force en même temps nos réflexions. Car pour protéger notre patrimoine, faut-il bien que nous ayons conscience de son importance et de sa richesse. Et cela nous renvoie également à l’histoire, à la connaissance que nous en avons, à l’importance réelle que nous lui accordons, et aux faits et gestes que nous voulons garder en mémoire et qui contribuent à forger notre identité individuelle et collective.

Quelques exemples d’expériences vécues dans un temps pas trop lointain illustrent mon propos. En 2001, la Société haïtienne d’histoire, de géographie et de géologie (la plus ancienne de la région), FOKAL, l’Ecole normale supérieure, et d’autres institutions avaient pris la décision de commémorer le bicentenaire de l’action politique de Toussaint Louverture, qui devait culminer, le 7 avril 2003, par une visite au fort de Joux, la sinistre forteresse où mourut de tristesse et de froid notre héros national, le Précurseur, celui qui ouvrait les barrières. En dehors des conférences, débats, publications qui ont marqué cette commemoration en été 2002, nous décidâmes de faire un pèlerinage sur les lieux historiques du Nord, Ennery, Marmelade, Dondon avec des étudiants de l’ENS et des élèves du lycée Jacques Roumain de Gros-Morne. Nous fûmes étonnés de retrouver des vestiges encore significatifs des habitations où vécu Toussaint Louverture et sa famille, et aussi des traces orales encore assez fortes, ce qui signifie qu’une transmission de la mémoire des personnages et des lieux s’était faite de génération en génération.

Sur le chemin du retour, nous avions voulu retrouver l’habitation sur laquelle Toussaint Louverture fut piégé et arrêté par le général Brunet. Madiou et Ardouin parlent de l’habitation Georges, les habitants de la zone la nomment Ka George. Ils nous conduisirent donc sur les lieux à l’entrée des Gonaïves près du pont de la Quinte. A notre grande surprise, nous découvrîmes, abandonné sous des lianes et herbes sauvages, un monument en marbre érigé par le président Sténio Vincent, le 7 juin 1938, en hommage à Toussaint Louverture. Une plaque en bronze porte l’inscription « En mémoire du héros Toussaint Louverture, arrêté sur cette habitation le 7 juin 1802 ». A part les habitants de la zone, personne n’en connaissait l’existence. Or, voilà qu’il y a à peine quelques semaines, le secrétaire actuel de la Société d’histoire a voulu refaire le périple. Il ne reste rien sur les propriétés, me dit-il non sans tristesse. Rien du tout. En dix ans, toute trace de cette noble histoire avait disparu. De même, à Saint-Marc, sur la grand-rue, existait encore il n’y a pas très longtemps, une belle maison en bois où en 1838, le président Boyer avait accueilli le député de la Martinique Victor Schoelcher en visite en Haïti. On connaît le rôle joué par Schoelcher dans l’abolition de l’esclavage dans les Antilles françaises. Une plaque en bronze figurait sur le fronton de cette maison rappelant cette illustre rencontre. Un incendie détruisit la maison il y a quelque temps et la plaque disparut à tout jamais. 

Et je pourrais citer tant d’autres exemples, au Cap-Haïtien, à Fort-Liberté, à Jacmel, à Jérémie, où les lieux de mémoire disparaissent au gré de nos aléas quotidiens. Se perdent ainsi des traces importantes de notre riche patrimoine historique, culturel et naturel. C’est vrai que nous avons le devoir de le protéger des catastrophes, mais il reste et demeure encore plus important de le protéger de nous-mêmes. Même lorsque certaines mesures sont prises par les pouvoirs publics et demandent une sérieuse prise en compte et une éducation à la citoyenneté, l’intendance ne suit pas nécessairement. Par exemple, par arrêté présidentiel du 25 août 1995, cela fait bientôt vingt ans, trente-trois monuments historiques ont été classés « patrimoine national », la liste ayant été publiée au journal Le Moniteur. Il est important de les citer tous.

Natuturellement, la Citadelle Henry, le Palais de Sans-souci et ses dépendances, et le site fortifié des Ramiers, à Milot; cinq forts du Cap-Haïtien (Magny, Picolet, aux Dames, Saint-Joseph et Belly), et toujours au Cap-Haïtien, les vestiges coloniaux de Labadie, la résidence d'Anténor Firmin, et le Pénitencier ; à Marchand-Dessalines, les cinq forts (Doko, Décidé, Fin-du-monde, Madame et Culbuté), les cinq forts de Fort-Liberté (Labarque, Batterie de l’Anse, Saint Charles, Saint Frédéric, Saint Joseph) ; les cinq forts du Môle Saint-Nicolas (Georges, Ralliement, Batterie de Vallières, Batterie de Grâce, Edifices militaires du Vieux Quartier) ; à Petite-Rivière, de l’Artibonite, le Palais de la Belle-Rivière dit Palais aux 365 portes, et le fort de la Crête-à-Pierrot; les forts Jacques et Alexandre à Fermathe ; les forts des Oliviers et Saint-Louis à Saint-Louis du Sud, et enfin la Citadelle des Platons dans les hauteurs de Ducis, près des Cayes.

Une richesse incroyable qui se détériore d’année en année par négligence et usure, et que les catastrophes n’épargnent pas non plus. Et je n’ai cité que le patrimoine bâti. Il en est sans doute de même pour les archives, les bibliothèques, ce qui nous reste de musées, et tout le patrimoine matériel et immatériel qu’il faut encore inventorier. Et ce en dépit des efforts réalisés depuis pour une meilleure préservation dans de meilleures conditions. Il est donc plus que temps de réagir et d’agir. Les dernières catastrophes qui ont frappé le pays, particulièrement le tremblement de terre du 12 janvier 2010, ont mis encore plus à nu la vulnérabilité de notre patrimoine, donc de notre société dans ce qu’elle porte de plus symboliquement fort. 

Cet atelier vient donc à point nommé. Mais en fait, il s’agit de relancer une initiative prise tout de suite après le tremblement de terre par le Comité international du Bouclier Bleu dans le but de créer un Comité national du Bouclier Bleu. Le Bouclier Bleu est issu de la Convention de 1954 de la Haye, traité international édictant les règles de protection du patrimoine culturel mondial dès lors qu’il est menacé par les conflits armés, les catastrophes naturelles ou anthropiques, celles causées par l’homme. Le réseau Bouclier Bleu se compose d’organismes traitant des musées, des bibliothèques et archives, des supports audiovisuels, des sites et monuments. J’ai retrouvé dans mes archives un communiqué du comité Bouclier Bleu Haïti en date du 14 janvier 2010, émis donc deux jours après le tremblement de terre. Je cite un paragraphe du communiqué :

« La culture est un besoin vital et le patrimoine une nécessité symbolique qui donne du sens à la vie humaine en reliant le passé, le présent et le futur. Le patrimoine est porteur de valeurs qui aident à rétablir un sentiment de normalité et permettent aux gens d’aller de l’avant. Le patrimoine est fondamental dans la reconstruction de l’identité, la dignité et l’espoir des communautés après une catastrophe… Le Bouclier Bleu appelle la communauté internationale, les autorités locales et la population à donner le meilleur soutien possible aux efforts, qu’ils soient officiels ou spontanés, en cours pour protéger et secourir le riche et unique patrimoine d’Haïti. » Les bases de la relance sont donc là, il suffit de se remettre au travail et de remobiliser les institutions publiques et leurs partenaires privés qui oeuvrent dans les domaines précités et qui sont disposés à contribuer au sauvetage et à la préservation de notre patrimoine en danger.

A FOKAL, nous travaillons activement à sauver un patrimoine naturel, historique et culturel à Martissant (le parc de Martissant). Nous avons créé un atelier-école pour former des artisans de la restauration des maisons gingerbread. Un groupe de 10 jeunes issus de quatre écoles professionnelles de Port-au-Prince travaillent depuis près de trois ans à la restauration d’une maison gingerbread en collaboration avec l’ISPAN, l’Institut du patrimoine wallon de Belgique, et le World Monuments Fund de New York. Nous travaillons également avec la Fondation Carasso au sauvetage et à la renaissance du Centre d’Art fortement éprouvé par le séisme du 12 janvier.

C’est dire l’intérêt que nous portons à la question. C’est aussi la raison pour laquelle nous avions accueilli avec enthousiasme le projet du Smithsonian Institution de sauvetage des biens culturels après le séisme, et y avons collaboré à plus d’un titre. Il est certain que nous avons besoin de l’appui de nos partenaires internationaux, mais c’est d’abord à nous d’agir. C’est avant tout notre responsabilité pourvu qu’on y croit. Rassemblons nos forces, nos intelligences et nos énergies pour faire vivre ce patrimoine si riche qui est nôtre, pour le faire connaître aux enfants, aux jeunes, pour le prémunir des dégâts de tous ordres qui le menacent. Faisons l’inventaire de nos biens culturels, dressons ensemble « la liste rouge des biens en péril », apprenons à protéger les lieux qui les gardent. Plus qu’un voeu, c’est un devoir. Je souhaite à tous ceux et celles ici présents à cet atelier d’y participer pleinement. Merci.
MUPANAH, 10 mars 2014


Michèle Pierre-Louis

Présidente de FOKAL

www.fokal.org 

lundi 10 mars 2014

Les jeunes du club de Darbonne découvrent le parc Martissant

Loin des décibels assourdissants, loin des masques du carnaval des étudiants, un groupe de 28 jeunes membres du club de débat de Darbonne sont partis à la découverte du Parc de Martissant, le vendredi 28 février 2014.

Ces jeunes qui sont pour la plupart des nouveaux membres du club, ont déjà bénéficié depuis début janvier 2014 des activités de formation et de loisirs favorisant leur intégration au club : formation sur les techniques du débat Karl Popper, excursions et visites dans les sites naturels et touristiques de la région de Léogane, tournois de débat, visites dans d’autres clubs, conférences suivis de débat sur des thèmes variés, projection de films documentaires. Les 2 animateurs du club ont décidé de les emmener visiter le parc Martissant dans l’objectif de resserrer les liens entre eux et de découvrir le site constituant le parc Martissant.

Arrivés sur les lieux du mémorial, ils étaient très impressionnés par la verdure et la propreté de l’espace. Un garde champêtre leur a servi de guide. Là, sous le calebassier, ils découvrent la sépulture d’un homme, Albert Mangonès, architecte  et sculpteur haïtien, propriétaire de cette habitation.  Stylos et blocs de notes en mains, les jeunes prennent des notes. Ceux qui n’en avaient pas ont tapé quelques bribes d’informations sur le cadran de leur portable, informations qu’ils allaient compléter, assurément.

« Ce grand  Albert Mangonès,  ne peut pas rester inconnu pour nous » s’est lancée Gaëlle et ne voulant pas perdre un iota de  tout ce que rapporte la guide. Les jeunes visitent les plantes médicinales, le jardin Wòklò… Les questions pleuvent, la garde champêtre, harcelé par cette curiosité envahissante, est à bout de souffle. Les jeunes la supplient de les conduire chez Katherine Dunham, de leur faire faire un petit tour des différentes parties du jardin et aux poteaux  qui représentaient les 21 nations ou les tribus d’Afrique.Tout est symbolique ici. L’anthropologue Afro-américaine a voulu léguer cet héritage aux Haïtiens, ce jardin bien étoffé des plantes médicinales.

Malgré la fatigue qui commençait à gagner certains jeunes, ils ont continué à poser encore des questions sur les vertus de telles plantes ou de telles feuilles. Ils n'ont rien voulu laisser échapper à leur curiosité. Car à la prochaine réunion, il faut tout partager aux autres membres qui n’ont pas eu la chance de participer à cette visite. Sous l’insistance des jeunes, la garde champêtre a passé la main à une autre pour permettre aux jeunes de visiter le parc Leclerc et Pauline. Les arbres, les plantules, les appartements et les piscines sans eaux piquent la curiosité des jeunes.

Satisfaits dès le départ de cette visite au parc, certains jeunes se renseignent déjà sur les conditions de visites. Ils entendaient suggérer la visite du parc à d’autres groupes d’élèves et d’associations de jeunesse dans leur région de Léogane.

S’exprimant sur la portée d’une telle visite, ils sont unanimes à dire que l’espace avait tout pour leur plaire et ils en sont ravis. Pour Nerline Toussaint, l’une des anciennes débatteuses du club, cette visite est profitable pour un débatteur dans la mesure où celui-ci veut avoir une bonne culture générale. Rosemyth Cornély, quant à elle, croit que cette visite est une opportunité pour les membres d’un club de débat, s’il veut parler de l’importance des parcs, d’un mémorial, des personnages comme Albert Mangonès et de Katherine Dunham.

 Charlancia Rémy, pour sa part, a déclaré : « Vizit sa anrichi konesans mwen, m kontan m vizite memoryal la, m panse jèn yo,  manm PIJ yo ap jwen anpil bagay pou  enterese yo,  pou yo kontinye vin nan reyinyon klèb la… » Kindro, élève de philo du lycée Anacaona de Léogâne, s’exprime en ces termes. : «  M te pran plèzi pandan m tap aprann  epi diskite ak lòt jèn yo, sa vrèman ede m vin konnen yo pi plis epi m kontan jwen enfòmasyon sou achitèk sa ki te trase plan lise m te renmen anpil la… Malerezman evènman 12 janvye 2010 a te krazel. Mwen  aprann epi m apral kontinye aprann anpil bagay sou Albert Mangonès ak Katherine Dunham. ».

Enfin, les jeunes ont été très satisfaits de cette journée. La visite des jeunes du club de débat de Martissant et un speaker corner prévus n’ont malheureusement pas eu lieu. Néanmoins, ils n’ont pas cessé de lancer des remerciements spéciaux aux gardes champêtres et aux responsables de la FOKAL qui ont su transformer cet espace au cœur de la ville pour le bien-être des jeunes.

Maxandre BIEN-AIME
Animateur du club de débat de Darbonne


jeudi 6 mars 2014

Une nouvelle animatrice au club de débat de Christ-Roi


Sachernka au premier plan sur la photo
Sachernka ANACASSIS devient la nouvelle animatrice adjointe du club de débat de Christ-roi. Elle remplace à ce poste Alfred Désir, promu animateur principal suite au départ de Bengie Alcimé qui travaille désormais au Centre Culturel Katherine Dunham (CCKD) de FOKAL à Martissant.

Sachernka Anacassis est une débatteuse de ce club depuis 4 ans. Elle a une très bonne expérience du débat. Elle a participé au tournoi international au Mexique en juillet 2012. Etudiante en 1ère année en communication sociale à la Faculté des sciences humaines, elle fait également du théâtre. Sachernka milite au club de lecture et du club d’anglais Harold Coulander à FOKAL.

Sachernka désire mettre son expérience d’ancienne débatteuse et ses compétences au service de son club. Elle connait les formats British parliamentary debate, Karl Popper et Public forum. Son désir est d’insuffler l’amour du débat chez les jeunes de Christ-Roi et de Bourdon.

Nous lui souhaitons la bienvenue au staff des animateurs et animatrices et bon travail dans son club.

Jean-Gérard Anis
Coordonnateur du PIJ
FOKAL

Une année à la tête du PIJ

  cher.es ami.es, Depuis janvier 2022, je suis appelé par la direction de la FOKAL à assumer la charge de la coordination du Programme Initi...