Cette affirmation a été prononcée
doctement, non sans provocation, par un jeune des Gonaïves, au cours d’une
rencontre qu’a tenu le coordonnateur du Programme Initiative Jeunes de FOKAL avec
des élèves de philo du Cercle des Finissants, samedi 22 mars dans la cité de l’Indépendance.
Ces jeunes avaient sollicité
FOKAL en janvier dernier, pour les aider à créer un club de débat dans la cité
de l’Indépendance et leur enseigner les techniques de débat. Le coordonnateur
du Programme Initiative Jeunes était donc allé à leur rencontre pour en savoir
plus sur leur association, pour les informer de la mission et des objectifs du
programme, de débat de la fondation, et discuter avec eux de l’opportunité d’une
collaboration.
Une formation au débat ! Pourquoi faire ?
Quand le coordonnateur les a
interrogés sur ce qui a motivé leur demande de formation au débat, Lovens
Gédé, élève de philo du Collège Immaculée Conception, et leader du groupe, a
répondu sans hésiter : « Nous
voulons étoffer notre bagage académique. Nous avons des petits débats informels
en salle de classe mais qui aboutissent le plus souvent à des disputes. On veut
apprendre à faire ».
James Philogène, du collège
Eben-Ezer, croit, pour sa part, que « les
gens qui débattent ont peur de la réaction du public », autrement dit,
redoutent les jugements sévères ou les critiques cinglantes de leur auditoire,
sur leur prestation. Plus loin, il a ajouté
que « les débats n’ont pas de
conclusion, encore moins de leçons à tirer ».
Le jugement de ces jeunes sur
leurs ainés est sans appel. « En Haïti,
les gens ne savent pas débattre. Yo renmen pale
anpil. Tel des parle-menteurs », renchérit l’un d’eux, sous un
ton amusé. Une expression qui a cours dans la cité de l’Indépendance.
Pourquoi un club de débat aux Gonaïves ?
Pour Rose Mirta Bertrand, élève
au collège diocésain de Saint-Paul, un club de débat « introduira les jeunes aux discussions
structurées, leur apprendra à parler en public, à argumenter ». Un des
ses camarades veut doter la ville d’un club pour faire « …progresser des jeunes talentueux qui n’ont
pas l’opportunité de s’exprimer ».
Selon ces jeunes Gonaïviens,
ce besoin d’apprendre à débattre est motivé par un besoin de parler, de s’exprimer.
« J’ai peur de m’immiscer dans les
discussions parce que je pense que mes arguments ne tiennent pas. Je suis embarrassé !»,
confesse Zamor Ricardo, autre élève de philo du Collège Immaculée Conception.
Quoi attendre du débat ?
Si pour l’un, « c’est acquérir des connaissances à partir
des points de vue différents », un autre vise quelques intérêts plus banals
comme l’art de parler, se faire connaitre
du public. Un dernier espère gagner
des batailles puisque, selon lui, « le débat est un combat. »
Sans vouloir faire des promesses à ce
jeune groupe de débat des Gonaïves, FOKAL compte dans un premier temps, les inviter
dans ses activités de débat en tant qu’observateurs, et réfléchit, dans un
deuxième temps, à satisfaire leur demande de formation au débat.
Le groupe de débat de la ville est une initiative
du Cercle des Finissants (CDF), association d'élèves de philo qui a une cinquantaine de membres. Ce
cercle qu’héberge l’Alliance française des Gonaïves, vise à briser les
barrières existant entre les différentes écoles qui le constituent et à créer
une famille socialement unie. Depuis 7 ans, l'association travaille à l’élargissement du
champ de connaissance des jeunes et milite pour une meilleure prise en charge
de la Bibliothèque Jacques S. Alexis des Gonaïves.
Le club de débat créé par le CDF comprend
24 élèves, de la 3e à la rhéto, ajoutés aux membres du
CDF. L’association avait envoyé une invitation aux élèves de différentes écoles
de la ville des Gonaïves pour leur faire part du projet. Une rencontre a eu
lieu dimanche 9 février dernier. Une projection du film « The Great
debaters » a également été organisée par la suite le 15 février dernier.
Jean-Gérard
Anis
Coordonnateur du programme
Initiative Jeunes
FOKAL
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