mardi 31 janvier 2017

Le club de Christ-Roi prépare un grand coup

Le club de débat de Christ-Roi est en train d’avancer sérieusement la 3édition de son tournoi inter-scolaire 2017, qui aura lieu en mars prochain. Alfred et Joel ont déjà sélectionné une douzaine de coaches volontaires, tous des anciens débatteurs, issus de différents clubs (Jérémie, Darbonne, BMC, Christ-Roi), qui seront répartis dans les collèges et lycées de la capitale pour aider ces établissements à préparer leurs équipes pour le tournoi.
A cette fin, neuf d’entre eux, 6 filles et 3 garçons, ont suivi une formation sur le coaching dans le débat avec le coordonnateur du PIJ, samedi 28 janvier, au centre culturel Pyepoudre à Bourdon. Très motivés, ils ont souhaité recevoir une formation de formateurs de débat, afin de mieux exercer leurs mission et taches auprès des jeunes débatteurs dont ils auront la responsabilité. Ce qui sera fait rapidement.

Le coaching s’exerce dans des domaines variés : le sport, le show-biz, la politique, l’entreprise, la santé, l’apprentissage, et particulièrement le débat … Plusieurs points ont été abordés avec eux  sur les attributs du coaching dans le débat:

1 - la définition du coach : quelqu’un capable de guider un débatteur ou équipe de débatteurs, qui l’aide à atteindre ses objectifs d’apprentissage (apprendre à construire des arguments, à faire et à utiliser la recherche documentaire) ou de performance (gagner un match ou un tournoi); il n’a pas besoin d’être un leader, mais le coaching peut révéler ses talents de leadership ;
2 - les qualités du coach: il maîtrise ce qu’il fait (connaissances et expériences avérées dans le domaine) ; il connait et s’adapte aux attentes de l’apprenant ; il est patient (il prend son temps pour guider l’apprenant); il est persévérant  (il ne se décourage jamais) ; il est à l’écoute (il répond toujours aux sollicitations de l’apprenant) ;

3 - le processus de coaching : il a un objectif clair ; il connait les prés requis de l’apprenant ; il a une méthodologie approprié ; il fait faire (il ne fait pas à la place de l’apprenant mais l’aide à trouver ses marques et les solutions par lui-même); il fait participer tout le monde dans une équipe ; il évalue ce qu’a compris l’apprenant au fur et à mesure (soit par des questions soit par des simulations).

Il y a une différence entre un coach et un formateur de débat. Le formateur apprend aux jeunes à débattre, un coach apprend au débatteur à gagner. Le formateur ne s’implique pas dans la préparation d’un débat alors que le coach y est engagé. Il est préférable qu’un coach ait été un débatteur alors qu’il n’est pas nécessaire pour un formateur d’avoir expérimenté le débat.
Le plus intéressant est d’être les deux. C’est ce qui fera de vous un animateur dans un club. Une ambition ouverte pour ces 9 jeunes bénévoles engagés dans l’initiative du débat inter-scolaire de Christ-Roi. Exemple à suivre…

Jean-Gérard Anis
Coordonnateur du Programme Initiative jeunes  (PIJ)
FOKAL 

mardi 17 janvier 2017

Le programme de débat de FOKAL: Impact, défis et perspectives

C’est peu dire. Il jouit en effet d’une excellente santé. Le succès du programme chez les jeunes, l’engouement des filles qui s’imposent comme des débatteuses redoutables, le désir manifesté par des établissements secondaires du pays pour s’approprier ce programme, l’augmentation exponentielle des tournois de débats dans le réseau sont autant de succès qui méritent d’être soulignés au crédit de nos efforts pour faire du débat, une autre manière d’apprendre pour la jeunesse haïtienne. Depuis 20 ans.

Ce programme a 20 ans d’existence. 2016 a été l’année de sa célébration. Introduit en Haiti en 1996 par Michèle D. Pierre-Louis, la fondatrice et présidente de FOKAL, le débat est un programme fondateur de la fondation. Il a été conçu pour être un outil pour l’apprentissage à la démocratie, à la citoyenneté, à la résolution de conflits, à la tolérance, au respect de l’autre, et au maniement des concepts philosophiques liés à l’argumentation et au raisonnement.

Depuis environ 7 ans, plusieurs tournois nationaux, régionaux, locaux et inter-scolaires ont été organisés en nombre par la fondation et les clubs sous notre supervision, pour permettre à ces jeunes de se mesurer les uns aux autres, d’apprendre à se connaitre, de faire l’exercice du débat contradictoire, et de faire vivre une expérience de vie nouvelle, que de plus en plus de parents, de directeurs d’écoles, des observateurs dans nos compétitions, nous encouragent à poursuivre.

Qu’avons-nous fait de ces jeunes ?

Des milliers de jeunes dans plusieurs communautés rurales, villes et quartiers du pays ont bénéficié de nouvelles capacités que ce soit dans l’art d’argumenter et de convaincre, de l’habileté à communiquer en public et à mener de manière autonome la recherche documentaire pour préparer des arguments. Nous leur avons fait discuter de sujets qui affectent leur vie et leur communauté dans une atmosphère de franche camaraderie, de rationalité et de rigueur intellectuelle, valeurs, habiletés et comportements qui sous-tendent les pratiques démocratiques.
Plus de 400 jeunes des 2 sexes, engagés dans 14 clubs de débat répartis sur le territoire, participent chaque année à cette « école » qui leur apprend autrement, accompagnés par 28 formidables animateurs et animatrices bénévoles, dévoués à cette cause. Non seulement les jeunes ont appris à construire une réflexion critique, à convaincre par la force de leurs arguments, et non par les arguments de la force, mais aussi la curiosité et l’honnêteté intellectuelles, la tolérance, le respect de l’autre, bref le vivre ensemble.

Parole du jeune débatteur, Kant Lundi (Jérémie), sur son expérience du débat : « La démocratie, c’est le droit qu’a chacun de parler comme il l’entend, mais sans faire de diffamation. Je crois que le débat, grâce aux arguments qu’ils avancent, permettra aux jeunes d’être plus ouverts, plus tolérants »
« La leçon que j’ai tirée du tournoi, c’est que le débat est une école, conclut-il. On y apprend beaucoup de choses. J’aimerais que cette initiative soit implantée partout dans le pays. Ainsi les jeunes qui en sont touchés débattraient davantage de sujets dont ils tireraient différents points de vue. »

Ce sont les valeurs que FOKAL promeut, défend et auxquelles la fondation instruit les jeunes investis dans son programme de débat. Savoirs, savoir-faire, savoir-être et savoir-vivre sont autant de capacités que le débat inculque à ces garçons et filles, élèves du secondaire, pour les transformer en des citoyens responsables et des futurs leaders de demain. C’est le but et la mission que de FOKAL s’est donnée pour tirer notre jeunesse des pesanteurs de la société, des manquements et ratés de l’école, des errements de nos gouvernants, des désillusions du quotidien, et des peurs du lendemain.

Les chantiers à venir

L’épreuve que FOKAL a vécue avec l’affaire Massimadi, festival international LGBTI (lesbien, gay, bisexuel, transgenre ou inter-sexe), organisé en septembre 2016 par Kouraj, une association haïtienne de défense des droits humains, événement pour lequel FOKAL a été injustement accusé de faire l’apologie de l’homosexualité, et a souffert de graves menaces sur les réseaux sociaux, nous a appris une grande leçon : en dépit des avancées que nous avons eues depuis 20 ans avec le programme de débat, avec les jeunes, nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers.

La liberté d’expression, la tolérance sont des conquêtes sociales et démocratiques fragiles en Haiti, qui sont constamment harcelées par l’ignorance, les discours extrémistes de tous bords, l’intolérance de nos concitoyens, ou tout simplement par la bêtise humaine. Cela nous force à demeurer vigilant. De ce fait, FOKAL affiche sa détermination à continuer de travailler pour promouvoir les débats, les discussions avec les jeunes, à l’intérieur des 14 clubs de notre réseau, sur des sujets qui affectent leur vie et leur communauté dans une atmosphère de tolérance, de rigueur intellectuelle et de respect mutuel.

Ainsi, le Programme Initiative Jeunes de FOKAL lancera au début de cette année une grande consultation en ligne sur le web, pour connaitre l’impact du débat sur les anciens bénéficiaires du programme, pour connaitre leurs besoins améliorer le programme. Nous allons aussi faciliter une large diffusion de « Paroles de jeunes », un ouvrage illustré, publié en décembre 2015, résultat d’une consultation nationale de 3 mois, auprès de 450 jeunes du pays sur leurs préoccupations pour leur avenir, et les initiatives, les pistes de résolutions qu’ils proposent aux décideurs du pays.

Parole de Dinon Murlène (Cap-Haïtien), à propos du livre : «Pour moi, le livre est une vision de la jeunesse. Donc, publier un livre pareil est comme offrir aux adultes, aux autres qui le liront, une possibilité de savoir ce que pensent les jeunes; c’est comme les intégrer dans la vie sociale et politique de notre pays.[…] Les opinions inscrites dans ce livre, c’est comme dire aux lecteurs que les jeunes aussi ont leur mot à dire. Et quelques fois, ces mots qu’ils disent sont importants et valables. C’est comme dire aussi à ces gens qu’il ne faut pas négliger la jeunesse, à cause de sa jeunesse.» 
Aux décideurs du pays, Dinon prévient : « Même si nous sommes des jeunes, nous ne sommes pas des bons à rien ! ».

Qu’est-ce que nous attendons de  vous ?

Nous avons besoin de relais dans la société, dans nos communautés rurales et urbaines, dans tous les milieux institutionnels habituellement fréquentés par les jeunes, pour les accompagner et les aider à faire fructifier ces compétences acquises. Nous avons besoin d’allié-es qui veulent renforcer ces valeurs que FOKAL promeut et défend. Nous avons besoin des guides comme vous parents, éducateurs, directeurs de conscience ou d’opinion, pour orienter les jeunes vers des modèles de vie que nous voulons pour eux.

Les jeunes veulent être entendus [l’initiative Open Up ! Connecter les jeunes à la société (1), de notre partenaire européen IDEA NL (2), est une excellente illustration], ont besoin d’être guidés, veulent apprendre. Nous leur devons un discours de vérité pour les aider à vaincre leurs peurs ou comprendre les contradictions du monde. Nous devons leur enseigner l’humilité devant le succès chèrement acquis, compassion et solidarité devant les malheurs d’autrui, la patience face à des désirs pressés de réussite ou de possessions matérielles, l’espérance en des lendemains meilleurs et non en des lendemains qui chantent.

Nous demandons aux parents, éducateurs, partenaires nationaux et internationaux, supporteurs ou passionnés du débat, de prendre part à cette mission. Nous leur demandons de se joindre à nos efforts pour faire de nos jeunes des acteurs de changement pour leur pays, d’accompagner nos actions pour rendre à notre jeunesse la fierté d’être…jeune.

Jean-Gérard Anis
Coordonnateur du Programme Initiative Jeunes
FOKAL

(1) Promu par IDEA NL, l’initiative "OPEN UP! apporte la voix des jeunes adultes, des volontaires et des animateurs de jeunes de différentes communautés à travers l'Europe dans un débat enthousiaste où ils auront l'occasion de présenter leurs points de vue et solutions aux défis actuels auxquels l'Europe est confrontée.

Après un intense débat dans leur pays, ces groupes de jeunes adultes talentueux ont développé des MESSAGES CLÉS et transmettent ces messages à Bruxelles pour d'autres débats. Ils renforcent l'importance de développer les compétences essentielles clés et de promouvoir la pensée critique lorsqu'on envisage l'avenir des nouvelles générations.

Pour en savoir plus sur l’initiative OPEN UP !, consulter l’article http://vaguedufutur.blogspot.com/2017/01/open-up-connecter-les-jeunes-la-societe.html , ou aller à www.openupconnect.org ou www.nl.idebate.org .


 (2) International Debate Education Association, aux Pays-Bas

lundi 16 janvier 2017

OPEN UP! CONNECTER LES JEUNES À LA SOCIETE

Promu par IDEA NL, l’initiative "OPEN UP! apporte la voix des jeunes adultes, des volontaires et des animateurs de jeunes de différentes communautés à travers l'Europe dans un débat enthousiaste où ils auront l'occasion de présenter leurs points de vue et solutions aux défis actuels auxquels l'Europe est confrontée.

Après un intense débat sur leur territoire, ces groupes de jeunes adultes talentueux ont développé des MESSAGES CLÉS et transmettent ces messages à «Bruxelles» pour d'autres débats. Ils renforcent l'importance de développer les compétences essentielles clés et de promouvoir la pensée critique lorsqu'on envisage l'avenir des nouvelles générations.

FOKAL est l'un des partenaires de cette initiative d'IDEA NL dont elle est membre. Jean-Gérard Anis, le coordonnateur du Programme Initiative Jeunes de la fondation, a été présent au lancement de OPEN UP! le 29 novembre 2016, au Parlement européen à Bruxelles.

Messages-clés

OPEN UP! est une initiative des organisations de droits de l'homme, de jeunes et de débat, d'entraîneurs de débat, d'artistes et de jeunes. Les partenaires d’OPEN UP! travaillent ensemble pour relier les jeunes avec moins d'opportunités à la société, à travers des méthodologies éducatives de débat logiques et créatives, axées sur l'action. IDEA NL a créé le réseau d'OPEN UP! depuis 2012.

OPEN UP! est actif dans plus de 9 pays européens. Les entraîneurs de débats ont recueilli des messages-clés s'adressant aux décideurs et responsables politiques, aux directeurs d'école, au bien-être des jeunes et au secteur des entreprises à tous les niveaux en Europe auprès de jeunes avec peu d'opportunités.
Ces messages sont les suivants :

1. Les jeunes doivent être entendus et les autorités doivent accorder le poids voulu aux questions des jeunes (Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant, article 12). Réaliser cet important droit de participation permettra la construction de la citoyenneté à un âge précoce.

2. L'autonomisation et l'inclusion des jeunes avec peu d'opportunités

Lorsque vous commencez à exclure des personnes de la société, par exemple les jeunes dès le plus jeune âge, en faisant taire leur voix et en leur donnant le sentiment qu'ils ne devraient pas être entendus, ils trouvent d'autres voies et moyens de s'exprimer, le plus souvent par des activités négatives qui ne profitent à personne. Après avoir été longtemps intimidés, ignorés et mis à l'écart, ils veulent juste trouver quelqu'un qui croit en eux. Et oui je crois en eux, j'écoute, je leur donne la chance de constamment prospérer. C'est la seule façon de vaincre les réseaux négatifs qui gâchent leur vie ”.  (UN PARTICIPANT D'OPEN UP! PENDANT UNE FORMATION À NAPLES, SEPTEMBRE 2016)

2a. La jeunesse en général, avec un accent particulier sur les jeunes avec peu d'opportunités.

2b. Offrir davantage de possibilités aux jeunes d'accéder au marché du travail. Cela devrait être axé spécifiquement sur ceux qui ont moins de possibilités.

2c. Offrir plus d'opportunités aux jeunes (en particulier à ceux qui ont moins de possibilités) d'accéder au marché du travail, afin de prévenir leur radicalisation.

3. L'éducation au débat, incluant les jeunes ayant moins d'opportunités, est l'une des réponses À ces problèmes car:
·         Cela soutient la parole en public de manière confiante.
·      Cela crée une plate-forme et des réseaux positifs pour les jeunes par rapport aux tendances négatives dans leur développement.
·      Cela offre diverses perspectives sur un problème, qui approfondit la compréhension et fournit des solutions sur la façon de traiter les problèmes quotidiens dans un contexte diversifié et complexe.
·      Par le biais de débats publics, nous réunissons différentes parties prenantes sur certaines questions (NDR : dont FOKAL), en les analysant sous des angles différents, mais ils permettent également d'inclure toutes les parties prenantes pertinentes pour ce problème.
·    Cela offre aux jeunes le sentiment d'être entendus, ce qui aboutira éventuellement à l'interconnexion entre des jeunes d'horizons différents.
·     Cela crée une compréhension de la démocratie et stimule l'engagement civique afin que tous les jeunes - quelle que soit leur origine- soient entendus.
·         Cela crée un espace sûr pour discuter de questions intéressant les jeunes.
·         Compétences pour le travail et un avenir positif comme :
a. Confiance en soi
b. Amour propre
c. Travail d'équipe
d. Leadership
e. Pensée critique
f. Capacité d’analyse
g. Définition de vos objectifs
h. Communication interculturelle
i. Développement d’arguments
j. Discours et présentation
k. Écoute active
l. Recherche
C’est le genre d’initiative dont FOKAL a déjà fait l’expérience sous une forme et une méthodologie différentes, mais avec les mêmes objectifs (faire en sorte que les jeunes soient entendus en s’adressant aux décideurs du pays, pouvoirs publics, ONG, organisations de la société civile) et les mêmes outils (les discussions et le débat).

Le projet « 400 voix », réalisé par FOKAL de 2013 à 2015, qui a donné lieu à la publication en décembre 2015, d’un ouvrage illustré « Paroles de jeunes » qui recueille les préoccupations de la jeunesse pour leur avenir et leurs propositions d’initiatives, de pistes de résolutions à toutes les organisations et institutions  nationales publiques et privées œuvrant pour la jeunesse haïtienne.

Pour en savoir plus sur cette initiative, cliquer sur : www.openupconnect.org ou www.nl.idebate.org  

lundi 9 janvier 2017

Compte-rendu de la rencontre annuelle des animateurs du PIJ

I.                    Après les épreuves, les retrouvailles

Vingt animateurs, sept animatrices des 14 clubs de débat et un fervent collaborateur du Programme Initiative Jeunes de FOKAL se sont retrouvés, samedi 10 décembre 2016, dans les locaux de la fondation, pour leur rencontre annuelle traditionnelle. Cette rencontre a été importante pour eux après les épreuves difficiles qu’ont connues certains animateurs victimes de l’ouragan Matthew dans le sud, et d’autres dont leur club a eu des difficultés de fonctionnement à la suite de l’« affaire Massimadi », en octobre dernier.

La rencontre annuelle des animateurs a eu pour objectifs cette année de faire le bilan critique des activités du programme et du des clubs durant l’année, de partager expériences, recettes et bonnes pratiques qui contribuent au bon fonctionnement des clubs et à l’amélioration de la pratique du débat chez leurs jeunes membres, enfin de dégager ensemble les projets, les initiatives et les actions à entreprendre pour l’année suivante.
Le bilan de l’année 2016 est très satisfaisant, car les activités de débat dans les clubs sont en hausse avec l’organisation de plusieurs tournois locaux. L’initiative des clubs de Christ-Roi, de Darbonne et de Jérémie d’organiser des tournois interscolaires a le vent en poupe au point que d’autres clubs du réseau envisagent d’organiser le leur en 2017. Le tournoi de débat mixte (les jeunes de différents clubs sont mélangés pour former des équipes) au camp d’été est plébiscité par tous les animateurs et animatrices.

II.                  Des résolutions aux défis

Deux résolutions ont émergé des discussions qu’il y a eu au cours de la rencontre. Premièrement, l’opportunité de d’utiliser les anciens débatteurs du club comme tuteurs pour les débatteurs actuels du club lors de la préparation des tournois, comme coaches pour seconder les animateurs dans les formations au débat. Deuxièmement, la nécessité de faire connaitre davantage le programme de débat et le travail des clubs dans les communautés en invitant parents, journalistes, enseignants, d’autres jeunes… dans leurs activités.
Certains clubs ont déjà initié le mouvement. Christ-Roi et Jacmel ont pris l’habitude, durant l’année 2016, d’inviter à des réunions hebdomadaires les parents pour l’un, journalistes et parents pour l’autre. Le Cap a démarré récemment cette initiative après son titre de Champion national de débat cet été. Cela a eu pour effet de mettre les parents en confiance par rapport à leurs filles évoluant dans le club, et de faire connaitre l’activité de débat dans la communauté à travers les médias.

D’autres animateurs font déjà un usage régulier des compétences et expériences au débat d’anciens débatteurs qui restent toujours attachés à leur club. C’est le cas de BMC, de Martissant, de Christ-Roi, de Cote-plage, de Darbonne. Les anciens débatteurs sont utilisés soit comme juges après avoir été formés par le coordonnateur du  PIJ, soit comme coaches pour former au débat des équipes d’élèves d’écoles engagées dans les tournois interscolaires, soit comme tuteurs qui guident les nouveaux débatteurs dans les clubs. C’est une tendance qui probablement se transformera bientôt en mouvement de fond dans le réseau.
Le coordonnateur a déploré la faible pénétration des clubs de débat dans les communautés où ils sont implantés, parce que peu de gens savent qu’ils existent, l’effectif de beaucoup d’entre eux est en deçà de ce qu’attend FOKAL. C’est malheureux que davantage de jeunes ne profitent pas des apports et des bénéfices du programme de débat. Les animateurs ont manifesté la volonté de corriger la situation.

Affaire à suivre…

III.                Les  valeurs qu’incarnent FOKAL et le programme de débat

FOKAL a voulu tester les animateurs sur les valeurs que la fondation promeut, celles qu’elle défend et celles qu’elles veulent transmettre aux jeunes dont ils/elles ont la charge dans les clubs. 25 animateurs sur 27 présents (2 étaient arrivés en retard après cette partie) ont répondu au questionnaire.
Des 24 valeurs sur lesquelles la fondation met l’accent dans sa mission, 80% des participant-es (soit 20 sur 25) considèrent que la démocratie est la valeur que FOKAL incarne le plus. Suivent dans l’ordre la liberté d’expression puis la tolérance. (Résultat dans le tableau ci-dessous).

Valeurs
TOTAL
Valeurs
TOTAL
Valeurs
TOTAL
Démocratie
20
Responsabilité
8
Autonomie
6
Citoyenneté responsable
14
Liberté d’expression
19
Protection de l’environnement
13
Tolérance
18
Honnêteté/Intégrité
8
Leadership
17
Esprit critique
17
Respect
13
Dignité
5
Transparence
7
Ouverture
10
Etat de droit
13
Justice et équité
7
Créativité
15
Espace public
12
Emancipation
17
Identité
5
Bien commun
5
Mixité
10
Impartialité
4
Mémoire
11

Légende :              Top score                           score # 2                          score # 3                          + faible score


La liberté d’expression est la valeur que le programme de débat incarne le plus pour 96% d’entre eux (soit 24 sur 25). Suivent dans l’ordre la tolérance, ex aequo l’esprit critique et la tolérance, puis le leadership. (Résultat dans le tableau de la page suivante).

Valeurs
TOTAL
Valeurs
TOTAL
Valeurs
TOTAL
Démocratie
20
Responsabilité
11
Autonomie
12
Citoyenneté responsable
15
Liberté d’expression
24
Protection de l’environnement
2
Tolérance
23
Honnêteté/Intégrité
11
Leadership
20
Esprit critique
23
Respect
17
Dignité
2
Transparence
0
Ouverture
15
Etat de droit
15
Justice et équité
4
Créativité
11
Espace public
5
Emancipation
16
Identité
3
Bien commun
2
Mixité
11
Impartialité
5
Mémoire
5

80% d’entre eux (soit 20 sur 25) croient que le leadership est la valeur qui est à même de transformer les jeunes dans leurs clubs de débat. Suivent dans l’ordre la responsabilité puis la citoyenneté responsable et la créativité ex aequo. (Résultat dans le tableau ci-dessous).

Valeurs
TOTAL
Valeurs
TOTAL
Valeurs
TOTAL
Démocratie
14
Responsabilité
19
Autonomie
16
Citoyenneté responsable
18
Liberté d’expression
15
Protection de l’environnement
9
Tolérance
17
Honnêteté/Intégrité
15
Leadership
20
Esprit critique
17
Respect
12
Dignité
8
Transparence
8
Ouverture
14
Etat de droit
10
Justice et équité
9
Créativité
18
Espace public
6
Emancipation
17
Identité
6
Bien commun
5
Mixité
10
Impartialité
10
Mémoire
11

IV.               Transmission des valeurs aux jeunes : le challenge des animateurs

Quatre groupes, composés de 7 participants au mieux, ont été créés pour effectuer 3 exercices sur la manière de transmettre les valeurs aux jeunes dans leurs clubs. Leur travail consistait à :
1) choisir 3 valeurs parmi celles qui, selon eux, incarne le programme de débat, à transmettre aux jeunes au cours de leurs activités dans leur club en 2017. La citoyenneté responsable, l’esprit critique, l’autonomie et le leadership sont les valeurs qui ont été les plus citées, et qu’ils aimeraient transmettre aux jeunes de leurs clubs ;


2) sélectionner par consensus une valeur parmi celles choisies dans la question précédente et trouver dans la vie courante un exemple qui illustre le plus cette valeur selon eux,  et le représenter sous la forme d’un dessin collectif.
Bettina Perono (Jacmel)
Deux des 4 groupes ont choisi la citoyenneté responsable qu’incarne parfaitement, selon un des groupes, l’écrivaine et intellectuelle haïtienne Odette Roy Fombrun, fondatrice de l’organisation à but non lucratif Fondation Odette Roy Fombrun pour l'éducation (FORF), dont l'objectif de la FORF est d'œuvrer à la promotion de l'éducation et à la formation de la jeunesse.


Deux autres groupes ont préféré l’esprit critique, que symbolise, pour l’un, Rosa Parks, activiste américaine à l’origine de la lutte des Noirs pour les droits civiques, et qui a remis en cause le système de ségrégation raciale dans le sud des Etats-Unis ; pour l’autre groupe, cette valeur favorise la remise en cause permanente de la vérité ;
Wedly Mozeau (BMC)
3) sélectionner une valeur et proposer un moyen de le mettre en œuvre dans un club. Un groupe  choisit la créativité qui donne aux jeunes davantage de confiance en eux ; 2 autres groupes proposent l’autonomie en mettant les jeunes en situation de conduire leurs propres recherches documentaires, en leur apprenant à analyser et critiquer une information ; le dernier groupe mise sur le leadership, en confiant aux jeunes des taches de responsabilité dans le club, en leur faisant participer aux prises de décisions, au processus de recrutement de nouveaux membres.

V.                 Renforcer les capacités de travail des animateurs

Quatre catégories ont été soumises en test aux animateurs répartis en 4 groupes. Chaque groupe avait chacun à réfléchir à l’une des 4 catégories liées à cette question : Quelles sont les initiatives concrètes que le PIJ ou les clubs devraient prendre  en 2017
J-G Anis et Max Gregory Saint-Fleur (Darbonne)
1) pour supporter la pratique du débat dans les clubs. Comme initiative nouvelle à démarrer, le groupe 1 propose trois qui sont les suivantes :

a. d’impliquer les clubs dans les affaires de la communauté. Cela consisterait à identifier un problème dans la communauté, à le débattre sur la place publique ;
b. de se tourner vers les médias  pour partager l’exercice du débat;
c. de casser la routine dans le club.

Comme initiative à continuer, ce groupe veut toujours des équipes mixtes dans les camps d’été, la formation des animateurs et des juges, qu’on implique les jeunes du club dans le recrutement de nouveaux membres, qu’on promeut la diffusion du livre « Paroles de Jeunes ».
Jonathan Vilmeus (Gros Morne)
2) pour améliorer l’organisation du camp d’été et des tournois régionaux. Comme initiative à démarrer, le groupe 2 a suggéré :

a. d’y introduire des modules de formation pouvant donner des compétences pratiques aux jeunes (formation sur l’artisanat, sur la protection de l’environnement, le secourisme) ;
b. de permettre à toutes les équipes de se rencontrer dans les tournois régionaux (chaque équipe de club jouant 13 matches au total) ;
c. d’associer les animateurs dans le choix du lieu (ville, département) d’organisation du camp d’été ;
d. que les camps d’été se font sur des thématiques ayant lien avec la région où se déroule le camp.

Comme initiative à continuer, le tournoi mixte au camp d’été, la soirée culturelle (les prestations devraient être préparées à l’avance, avant même le camp).
Waldinde Germain (Jérémie)
3) pour accompagner les animateurs. Ce groupe de travail a proposé :

a. de soutenir les animateurs en termes de formation par exemple sur les techniques de prise de notes, de conduite de réunion, d’animation, de recherche documentaire ;
b. de valoriser les compétences des animateurs en leur délivrant un certificat, en leur confiant des missions de formation  sur le débat dans le pays;
c. d’organiser une retraite de 2 jours pour les animateurs et non seulement une réunion pour aborder les sujets en profondeur, pour des formations de mise à niveau ou d’acquisition de nouvelles compétences
Alfred Désir (Christ-Roi)
4) pour faciliter la communication et le partage dans le réseau. Ce dernier groupe a conseillé :

a. de rétablir le CUG pour tous les animateurs adjoints (ou d’utiliser le plan À nous Deux de Digicel) ;
b. d’organiser un camp pour les animateurs ;
c. que les animateurs encouragent les jeunes à s’inscrire au blog ; 
d. que les clubs rédigent, communiquent et partagent plus souvent leurs rapports d’activités sur le blog.

Enfin, Brunel François, du club de Diquini, a insisté qu’il y ait un monitoring des différents points discutés dans la rencontre des animateurs. Il aimerait qu’on soit capable de suivre à la lettre les progrès réalisés autour de ces points.

VI.               Echange de bons procédés

Une partie de la rencontre a été consacrée à un échange de bons procédés entre animateurs-trices sur la manière de conduire le club et d’organiser les réunions hebdomadaires. Sept d’entre eux ont partagé les bonnes pratiques qu’ils ont mises en œuvre dans leur club qui ont permis d’améliorer ou de renforcer le fonctionnement de leur club.
Gutenberg Destin (Cote-Plage)
Ricardo Nicolas, du club de BMC a utilisé des exercices de mise pour mettre à l’aise les jeunes (la rime qui consiste à rimer la dernière syllabe de son nom en se présentant). Reginald Raymond-Fils, du club de Jacmel a expliqué que sa collège et lui procèdent à une consultation tous les trimestres des jeunes du club, avec des fiches de dialogue, pour dresser leurs motifs de mécontentement des jeunes et les corriger éventuellement.

Waldinde Germain de Jérémie a organisé diverses activités pour dynamiser le club telles qu’un tournoi bicéphale entre membres du club, répartis dans des équipes de jeunes de même école. Darbonne, ainsi que Martissant et Cote-plage, organise une fête de fin d’année (qui clôt habituellement le tournoi du club), moment de relaxation et de retrouvailles, et de témoignage des anciens et nouveaux membres.

Alendy Almozor (Cap-Haïtien)
Christ-Roi s’engage de plus en plus dans l’organisation de tournois interscolaires et élargit la base des écoles participant à ce tournoi. A chaque réunion hebdomadaire, le club de Gros Morne explore le speaker corner durant lequel un jeune parle d’un sujet durant 5 minutes. Gutenberg Destin de Cote-Plage a institué des formations ponctuelles incluant plusieurs clubs, des visites dans d’autres clubs histoire de créer des liens entre les jeunes, et une fête de fin d’année où jeunes et parents sont invités.

Alendy Almozor et Edwin Pierre-Louis du Cap investissent avec leurs jeunes les activités de la ville, donnant ainsi une visibilité au club, et encouragent leur initiative afin qu’ils contribuent au fonctionnement du club. Un tournoi individuel, une formule de débat à 1 contre 1 a été l’une de leurs initiatives (lire l’article concernant ce tournoi sur le blog).
Jennyfer Desrosiers (Martissant)

VII.             Les chantiers pour 2017

1. L’introduction d’un nouveau format de débat dans le programme : le World School Debating. C’est le format à la mode et systématiquement utilisé dans toutes les compétitions internationales de débat depuis 2014. Si nous voulons participer à ces tournois auxquels on invite toujours FOKAL, il est nécessaire que nous formons les coaches et les jeunes à ce nouveau format. Dès cette année, nous allons l’y introduire progressivement dans le programme.

2. Le choix de la thématique des débats pour 2017. Chaque club pourra proposer 3 thématiques. Celle qui récoltera le plus de nominations sera adoptée cette année, et inspirera toutes les résolutions des tournois à venir.
Alex Sylné (Camp-Perrin)
3. Le projet de consultation en ligne de l’impact du débat sur les anciens bénéficiaires. Cette année, le PIJ va lancer à destination de tous les anciens bénéficiaires de son programme de débat, pour savoir ce qu’ils/elles sont devenus, ce qu’ils/elles ont hérité du programme, évaluer ce qui a été déjà fait, savoir quoi corriger à présent. Cette consultation pourrait conduire à une optimisation du programme, ou encore, à sa révision pour coller au mieux au souhait des bénéficiaires.

4. Le projet de débat en ligne. Afin de d’offrir aux jeunes d’autres espaces de débat autre que les tournois, le PIJ va lancer via notre groupe Facebook des débats en ligne sur des sujets sociaux qui concernent la jeunesse, suivant un format, des règles et des conditions préalablement établies.

5. Le suivi du Livre blanc. Des mini-événements, des actions seront organisés par les clubs, de concert avec la coordination du programme, pour sensibiliser les gens dans leurs communautés sur les thématiques traitées par les jeunes dans le livre « Paroles de Jeunes ».

CONCLUSION

La rencontre s’est achevée, tard dans l’après-midi, par un partage de gâteau et de champagne, en présence de la directrices des programmes de FOKAL, Elizabeth Pierre-Louis AUGUSTIN, pour clore ensemble en beauté la célébration annuelle des 20 ans d’anniversaire du programme de débat.
Les animateurs-trices des clubs de débat du PIJ
vous souhaitent une bonne et heureuse année 2017


Jean-Gérard Anis
Coordonnateur du Programme Initiative Jeunes
FOKAL – OSF Haiti

9 Janvier 2017

Une année à la tête du PIJ

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