vendredi 25 février 2011

Les jeunes du club de Camp-Perrin réfléchissent au sort de Baby Doc

Au cours de la réunion de notre club, le dimanche 20 février 2011, Les jeunes du club ont abordé le sujet Duvalier, revenu d’exil en le 23 janvier dernier. Nous avons parlé un peu sur la dictature des Duvalier, en  effectuant un brainstorming sur le personnage de Jean-Claude. Alex et moi avons entretenu les jeunes de ce que nous savons de lui, que nous complétons avec ce que des anciens du village nous ont raconté de lui. On a fait un parallèle entre la dictature et la démocratie, identifié ensemble les forces et les faiblesses de chacun de ces régimes. Et il faut dire que l’exercice a été très intéressant.

Ensuite, nous leur avons demandé leur point de vue sur l'éventuelle arrestation ou jugement de ce dernier, un jeune a répondu : « Ce n’est pas possible de l'arrêter, parce qu'il a passé 25 ans hors du pays en exil ! Et si personne n'a jamais porté plainte, il est un peu tard. ». Un autre a abondé sur le bon coté du jugement de « Baby Doc » en promouvant l’idée que « l'arrestation de l'ex dictateur pourrait servir de leçon aux autres, car Haïti n'a pas besoin de subir une autre forme de dictature, sous aucun prétexte ». Pour un troisième, cela pourrait permettre de freiner la vague de violence et de terreur que nos dirigeants continuent à faire dans le pays.

Une jeune fille a posé la question suivante : « Les crimes qui ont été perpétrés sous le régime de Jean-Claude Duvalier, est-ce c'est lui qui a donné l'ordre de les faire? Si ce n’est pas lui, pourquoi on devrait le poursuivre? » Cette question a suscité un flot de réactions. Certains ont dit que même si c'était pas lui qui a donné l'ordre, mais en tant que président, il pouvait demander de stopper ce genre de choses, parce qu'un président peut et doit-être écouté. Pour plus d'un, Haïti n'est pas encore prête pour la démocratie, parce que trop de gens pensent que la démocratie est une licence et ils peuvent faire tout ce qu'ils peuvent et ceci à n'importe quelle personne.

Les jeunes ont dit que la démocratie est bonne, mais dans le cas d'Haïti, on doit avoir des leaders qui ne « jouent » pas trop avec le peuple, parce que quand c'est le peuple qui a le monopole de direction, les choses peuvent changer de phase. Il faut comprendre par cette déclaration que les dirigeants ne doivent pas flatter le peuple dans le sens du poil, car si on lui accorde trop de libertés, le pays risque de courir vers l’anarchie.

Pour Jean-Claude Duvalier, des jeunes affirment qu’il a le droit de vivre dans son pays en tant qu’Haïtien, puisque la constitution ne fait pas de provision pour l'exil. « C'est vrai, il était un président qui a laissé passer trop de mauvaises choses sur son régime, mais s'il a choisi de retourner et vivre dans son pays, nous devons en tant qu’Haïtiens l'accepter, car c'est le temps de penser à la réconciliation », conclut un dernier.

Rebert Vital
Animateur adjoint du club

jeudi 24 février 2011

Le coordonnateur a visité le club VDF de Mon Repos

Le coordonnateur a effectué, dans l’après-midi du samedi 19 février, une visite de travail dans le club VDF de Mon Repos, à la Bibliothèque Justin Lhérisson, Mon Repos 44. Une quinzaine de jeunes ont participé à la réunion. Cette rencontre s'est déroulée dans une atmosphère agréable et dans un format différent de l'habituel, c'est-à-dire avec pensée du jour, bon à savoir, discussion sur un thème et autres rubriques.

Le coordonnateur a commencé a passé en revue avec moi, les différents problèmes que le club confronte (horaire de réunion inapproprié, indisponibilité fréquente de l’animatrice principale, effectif en renouvellement, intégration des nouveaux membres, environnement de travail bruyant…). Au su de ces difficultés, il m’a fourni des recommandations et des conseils pour améliorer et rendre plus efficace le fonctionnement du club.

Ensuite, le coordonnateur a demandé aux jeunes ce qu’ils connaissent sur la nature, les objectifs, les activités du projet Vague du futur. Leurs réponses tendent à considérer le club uniquement comme un club de débat. Le coordonnateur en a profité pour leur parler du projet VDF et m’a recommandé de distribuer, dans les meilleurs délais, à chacun un dépliant d’information du projet, et a invité les jeunes à consulter régulièrement le blog VDF.

Cela a permis au coordonnateur de leur expliquer que le club est un cercle d’apprentissage de leurs droits et leurs devoirs envers leur pays (il leur a demandé de citer des exemples), un espace qui leur permet d’exercer des activités citoyennes. La réunion s’est poursuivie sur une causerie autour du régime Duvaliériste, durant laquelle les jeunes ont bénéficié d’un voyage dans le temps à travers les explications du coordonateur, particulièrement pour ceux et celles qui n'étaient pas à FOKAL, le 5 février dernier, et qui ignorent ces pages d'histoire haïtienne.

Les jeunes écoutaient religieusement le coordonnateur qui prenait plaisir à répondre à leurs questions, à satisfaire leur curiosité, à combler leur soif de savoir. L'intervention des jeunes et leurs questions étaient intéressantes, comme l’indique l’exemple de l’interrogation d’une jeune fille: « Le désordre actuel (le non respect des droits) n'est-il pas provoqué par le passage sans transition de la dictature à la démocratie? ». Certains avaient l’air incrédule, lorsque le coordonnateur leur parlait de la privation des droits politiques des citoyens, la limitation des libertés de mouvement, de réunion, d’association, les arrestations arbitraires, les exils forcés… qui caractérisaient ce régime.

Les jeunes n’ont pas caché leur grande ignorance de la dictature duvaliériste. Ils avouent n’avoir entendu parler des Duvalier, « Papa Doc » et « Baby Doc » que récemment par des adultes, et dans la presse, au moment du retour en Haïti du tyran, en janvier dernier. Ils reconnaissent que cela leur parait si lointain… Le coordonnateur leur a expliqué que les adultes, qui ont vécu cette période  tragique, ont un devoir de mémoire envers les jeunes générations, afin que ces erreurs et horreurs du passé ne se répètent plus dans notre histoire de peuple.

Les jeunes ont été généralement satisfaits de la rencontre. Ils étaient même disposés à aller au-delà des 2 heures habituelles de réunion. Néanmoins, ils espèrent que cette visite n'est pas la dernière du coordonnateur. Compte tenu du format particulier de cette réunion, les projets seront sur la table de discussion avec les jeunes le samedi prochain,  en attendant les modifications dans l'horaire de fonctionnement.

Les jeunes du club en mon nom remercient M. Jean-Gérard Anis pour la visite et ses précieux conseils.

Brunel François
Animateur du club

mercredi 23 février 2011

Réaction des jeunes du club VDF du Centre-ville à l'affront subi par la sélection haitienne U-17

Le coordonnateur a effectué, dans la matinée du samedi 19 février, une visite de travail dans le club VDF du Centre-ville, à FOKAL. Une vingtaine de jeunes ont participé à la réunion.

La réunion a démarré avec une pensée du jour, proposée par un jeune : « Celui qui diffère de moi, loin de me léser, m’enrichit. » Antoine de Saint-Exupéry. Les jeunes ont réagi à la pensée, en cherchant à l’expliquer et à l’illustrer. La pensée du jour a permis aux jeunes  de parler de tolérance et à effectuer des distinctions entre les notions suivantes :
-          différence et diversité : un jeune définit la diversité comme une somme de différences qui enrichit le monde et qui doit nous porter à la tolérance ;
-          tolérance et « sitirans » : selon eux, on associe trop souvent la tolérance (acceptation des différences) au sitirans (créolisme qualifiant la tendance au laxisme, la faiblesse de réaction face à des comportements et discours déviants dans la société haïtienne).

Cette partie s’est achevée sur des réflexions concernant la difficulté du travail intellectuel, à l’appui d’un texte lu par Ricardo Nicolas, un animateur du club, la mission de l’Université qui est de produire du savoir scientifique, et non des professionnels, le défi d’être un intellectuel en Haïti, sans ressources, sans public et coupé de son peuple paradoxalement par la profondeur de son savoir.

Parallèlement à la vague d’indignation qui agite le pays sur le sort qui a été fait par les autorités sanitaires jamaïcaines à la sélection haïtienne U-17 de football, la semaine dernière, le coordonnateur a demandé aux jeunes du club de Centre-ville de réagir là-dessus. Les jeunes ne se sont pas fait prier pour répondre.

L’un affirme sans ambages que c’est un complot de la Jamaïque pour empêcher Haïti de se qualifier pour la Coupe du monde de football au Brésil en 2014. Un autre de dire que « C’est un prétexte des Jamaïcains pour avilir notre image. Ils profitent de nos faiblesses » ; un troisième : « Cela n’a aucun rapport avec le football » ; un quatrième : « Les Jamaïcains ont agi par ignorance car ils ne connaissent pas les arcanes du football, n’ont pas la culture de ce sport » ; un dernier avance que « c’est un problème d’encadrement du foot haïtien. Le problème vient de nous puisque l’Etat n’a jamais pris de dispositions pour empêcher ce genre de choses ». Un dernier appelle à « …chercher d’abord le vrai mobile de cette expulsion de la sélection haïtienne de la phase de qualification du Mondial 2014 ».

Les esprits s’échauffèrent. L’indignation est montée d’un cran. Le coordonnateur leur a posé la question suivante : « Comment la société haïtienne, ou l’Etat haïtien ou vous-même devez réagir face à l’humiliation subie par la sélection haïtienne en Jamaïque? ». Les réponses ont plu. 

« L’Etat haïtien devrait interpeller la Jamaïque devant les instances de la FIFA », propose l’un. Un autre renchérit : « Si la sélection n’obtient pas justice, il faut que les Haïtiens agissent contre les politiciens  pour leur dire qu’ils sont responsables de ce qui s’est passé puisqu’ils ne valorisent pas leurs compatriotes ». Plus diplomatique, un troisième serait pour que le Sénat haïtien envoie une lettre de protestation aux autorités jamaïcaines. Mais un camarade rejette cette proposition en disqualifiant les échanges diplomatiques entre les autorités des 2 pays. Il penche pour un échange de correspondances avec les instances de football. Enfin un dernier conclut en ces termes : « Il faut saisir cette occasion pour apprendre à avoir honte, pour prendre nos responsabilités, pour que nos dirigeants fassent leurs devoirs. » La conclusion n’a pas plus à tout le monde.

L’animateur Ricardo rappelle aux jeunes que le gouvernement Haïtien a rappelé son chargé d’affaires en Jamaïque, qui elle-même a considéré cet « incident » comme un malentendu regrettable. Cela n’a pas suffi pour convaincre les jeunes dont certains pensent que les autorités haïtiennes, même si elles posent des actions concrètes, ne vont pas assurer le suivi ni faire pression auprès de la CARICOM. Un autre propose une approche méthodique dans la résolution du problème : faire silence pour éviter d’envenimer les tensions, ensuite entreprendre des actions diplomatiques. « Je ne suis pas d’accord avec la honte qui conduit au silence » s’indigne un jeune. «  Il faut être indigné ! Nos politiciens sont trop passifs !»

La réunion a pris fin sur une rubrique culturelle où des jeunes expriment leurs talents à l’écriture.

Le coordonnateur

Le coordonnateur du projet VDF visite les clubs du Centre-Ville et de Mon Repos

Le coordonnateur a effectué, samedi 19 février, une visite de travail dans un premier temps dans le club VDF du Centre-ville, à FOKAL de 10h à 12h30 pm, et dans un deuxième temps  dans celui  de Mon Repos, à la Bibliothèque Justin Lhérisson à Mon Repos 44, de 4h à 6h pm.

Cette visite lui a permis d’observer le fonctionnement de ces 2 clubs, de constater les problèmes qu’ils rencontrent, et de participer aux activités des jeunes.
  
A l’actif de ces clubs, l’enthousiasme des jeunes et leur curiosité sur des questions ou sujets qui mobilisent leur intérêt.

Au passif des clubs, le manque d’équilibre dans l’effectif des clubs, la ponctualité aux réunions, le leadership des animateurs.

Néanmoins, les débats et les réflexions autour de sujets traités dans les clubs sont intéressants. Voir compte-rendu des visites à la rubrique : Idées/ Initiatives.

Le coordonnateur

lundi 21 février 2011

7 Février 1986 : Révolte ou Révolution ? Les jeunes du club VDF du Cap y répondent...

7 Février 1986 : Révolte ou Révolution ?

Depuis bien des années, la question est soulevée et très peu d’ouvrages d’histoire contemporaine apportent un élément de réponse. Si la chute des Duvalier est retenue comme un tournant décisif dans la vie du peuple haïtien, comment peut-on la qualifier : une révolte ou une révolution ? Les événements de 1986 ayant abouti au renversement du régime des Duvalier portent-ils les caractéristiques d’une révolte du peuple indigné et fatigué de la dictature, ou celles d’une révolution engageant le peuple sur une nouvelle voie ? 

7 Février 1986 : Révolte ou Révolution ?  Telle est la question autour de laquelle les jeunes du Club Vague du Futur du Cap-Haïtien ont conduit de profondes réflexions ce samedi 19 Février 2011, à l’occasion de leur rencontre hebdomadaire. Plus d’une cinquantaine de jeunes garçons et filles ont participé à cette activité de réflexion dont l’objectif primordial consistait à leur porter à découvrir la nature et les retombées des faits ayant débouché sur l’effondrement du régime duvaliériste.

 Enthousiastes et enjoués, ces jeunes ont été invités de prime abord à s’exprimer et à réagir lors d’un brainstorming sur des concepts qui depuis les événements de 1986 ont refait surface en alimentant les grands débats quant à l’avenir du peuple haïtien. Le remue-méninge des jeunes a été essentiellement articulé autour des thématiques subséquentes : État, démocratie, dictature, révolte, révolution, autoritarisme, totalitarisme, droits fondamentaux.

En conduisant ce brainstorming, j’ai été particulièrement impressionné par l’étonnante précision des approches et des définitions apportées par les jeunes qui, pour la plupart, sont en classe de troisième secondaire. J’estime nécessaire de consigner quelques unes des définitions proposées par les jeunes.    

La synthèse des idées recueillies sur le vif au cours du brainstorming présente un condensé des propos tenus par les jeunes. Ils sont nombreux à soutenir que l’Etat, c’est l’entité politique ou les organes du pouvoir conduisant la destinée d’un pays. D’autres ont avancé qu’il serait plutôt une société organisée, un ensemble d’individus, vivant sur un territoire, ayant une devise, une monnaie, un drapeau et un gouvernement.

A propos de la démocratie, une jeune fille a expliqué que la démocratie consiste à être esclave de la loi, alors que d’autres ont rappelé la célèbre définition de Lincoln : « La démocratie c’est tout par et pour le peuple et avec le peuple ». Une catégorie de jeunes a souligné fortement que la démocratie repose sur le respect de la liberté d’expression et d’opinion, et qu’elle constitue un système de tolérance.

C’est d’une voix unanime qu’ils ont reconnu que la révolution suppose des transformations rapides et radicales dans l’ordre des choses et l’instauration d’un nouvel ordre. Par ailleurs, certains ont souligné que la révolte est l’expression de l’indignation et de la réprobation du peuple face à une situation donnée. D’autres ont fait remarquer que la révolte correspond aux revendications armées ou pacifiques d’un peuple ne croyant plus au résultat du dialogue.
Quant à la dictature, un grand nombre de jeunes affirme qu’elle représente un pouvoir absolu et personnel ; qu’elle se manifeste par la violation systématique des droits fondamentaux d’un peuple. A la question : que sont les droits fondamentaux dont il s’agit? Ils ont répondu qu’il s’agit des droits acquis dès la naissance, inhérents à la personne humaine, indispensables à vie de chacun.

Enfin, une jeune fille a emporté la conviction de tous les autres lorsqu’elle explique que l’autoritarisme est proche de la dictature. Selon elle, l’autoritarisme peut se définir comme un système politique ne prenant pas en compte les droits fondamentaux et, par conséquent il est aussi une autre façon de désigner le totalitarisme.

Dans la foulée, bien avant de former les ateliers de réflexion sur la question préalablement posée, j’ai pris soin d’effectuer une mise au point sur de légères nuances que présentent certaines expressions qu’ils ont utilisées. Par exemple, la différence entre la liberté d’expression et la liberté d’opinion, les régimes monarchiques et les régimes totalitaires, etc.

Tout de suite après, six ateliers se sont formés en s’attribuant des noms respectifs, et se sont dispersés pour aller réfléchir durant dix minutes sur la question. A leur retour en assemblée plénière, chaque atelier s’est fait représenter par un porte-parole. En voici, le compte-rendu des réflexions respectives des ateliers.      

Les as du futur. La porte-parole de cet atelier explique :

«  Le 7 Février 1986 marque le départ de Jean-Claude Duvalier suite au soulèvement de la masse populaire contre le régime. Cet événement historique : une révolte ou une révolution ? On sait que la révolte c’est la manifestation d’un groupe opposé à quelque chose de désagréable, et que la révolution est un changement brusque, radical au sein d’une société.
En considérant ces deux définitions, nous optons pour la révolte parce que les changements n’ont pas été profonds et radicaux. Aujourd’hui encore, la population est toujours en attente de la satisfaction des demandes et de la résolution des problèmes posés depuis 1986. Suite à cette réflexion, nous disons que c’était une révolte mais non une révolution. »

Les savants.  Voici les propos de la rapporteuse de cet atelier. Éloquente, parlant d’une voix claire et chaleureuse, et de façon méthodique, elle explique :

« D’après nos réflexions, nous pensons que la révolte désigne un ensemble de revendications populaires à caractère pacifique ou violent, tandis que la révolution correspond à une revendication armée visant des transformations profondes, des changements dans la société et dans le gouvernement.
Alors, 7 Février 1986 c’est pour nous une révolution, car :
1-      Elle était armée, accompagnée de vols, de pillage et de violences ;
2-      Elle favorisait l’arrivée d’une nouvelle ère ;
3-      Depuis la chute des Duvalier, l’ère démocratique débute en Haïti. Le peuple peut enfin s’exprimer librement et une nouvelle Constitution a été promulguée ;
4-      C’était une révolution car toute révolution vise à un changement de régime. »

Les studieux.  Le rapporteur de cet atelier a brièvement affirmé :

«  Contraint par les pressions populaires, abandonné par les supporteurs internationaux, Jean-Claude Duvalier s’en est allé le 7 Février 1986, après avoir mis en place un Conseil de Gouvernement.
Nous avançons que c’était un mouvement révolutionnaire, parce que :
1-      Le régime totalitaire de Duvalier a été contraint de partir ;
2-      Des changements profonds et radicaux se sont opérés au sein de la population haïtienne ;
3-      La violation des droits humains s’est arrêtée. »

Phare.  Les propos de cet atelier se résument ainsi :

«  Les événements qui se sont déroulés le 7 Février 1986 ne permettent pas de dire qu’il y avait une révolution, mais c’était les mécontentements du peuple qui aspirait à des jours meilleurs où il fait bon vivre. »

Les astres.  Le porte-parole des astres a soutenu avec conviction :
            « C’était une révolte. Il n’y avait aucune organisation, aucun leader, c’était juste une réaction émotionnelle. C’était brusque et spontané. Ca ne saurait être une révolution, car pour qu’il y ait une révolution, il faut qu’il y ait des changements radicaux et le renversement des structures en place. S’il est vrai que le régime duvaliériste a été renversé, il y a eu tout de même après avec Jean Bertrand Aristide d’autres actes rappelant la dictature. Ce qui prouve qu’il n’y a pas eu de changements radicaux. 7 Février 1986 est plutôt une révolte qu’une révolution. »

Les garçons intelligents.  Le rapporteur de cet atelier s’est exprimé avec calme et d’une voix posée pour soutenir :

            «  7 Février 1986 : y avait-il une révolte ou une révolution ? La révolte c’est le fait de s’opposer à ce qu’on ne veut pas. La révolution c’est le fait de s’opposer à une oppression et de la remplacer par une organisation meilleure.
Le 7 Février 1986, il y eut une révolte car la masse populaire se soulevait contre le régime dictatorial des Duvalier mais elle n’avait pas anticipé le remplacement de ce régime.
Enfin, la date qui a marqué le départ du régime duvaliériste était une révolte mais non une révolution parce qu’elle ne présentait pas les caractéristiques d’une révolution. »

            Tout compte fait, je leur ai rappelé qu’une révolution peut être générale ou touchant certains domaines spécifiques. L’on peut parler de révolution politique, de révolution sociale, de révolution industrielle, de révolution culturelle, etc. J’ai également souligné à leur attention que la révolution est généralement la résultante d’une série de révoltes ayant atteint un seuil irréversible. Fort souvent, les mouvements de révolte caractérisés par des grèves paralysantes, des manifestations de rue, constituent les antécédents de la révolution.

            La rencontre s’est terminée sur une note de satisfaction générale. Et même après avoir laissé la salle, le débat s’est soulevé entre certains membres appartenant à des ateliers ayant des points de vue opposés sur la question. Les jeunes ont affiché un air de joie sincère. Et ils ont sollicité à ce qu’un débat se tienne à la plus prochaine séance sur cette résolution.  

Jasmin D. Bellay
Animateur du club VDF Cap-Haïtien

vendredi 18 février 2011

Des jeunes du club de Jacmel débattent du retour de Baby Doc en Haiti

« Les pays du Maghreb chassent les dictateurs ; on accueille un ancien en Haïti », s’est étonné un jeune de Jacmel.

Vingt jeunes du club VDF de Jacmel, issus de la 3ème à la philo,  se sont réunis dans une petite école de la banlieue de Jacmel, samedi 12 février dans l’après-midi. Ils discutaient de l’opportunité de réaliser une journée de sensibilisation sur l’alphanétisation des adultes, principalement de leurs parents. Ils se donnent pour objectifs de décomplexer les parents face à ce puissant outil qu’est l’internet et de leur apprendre à l’utiliser (créer une adresse, envoyer un e-mail…).

Ils reconnaissent que leurs parents sont préoccupés par l’utilisation que les jeunes font du web. Le coordonnateur, présent, leur a demandé de dire à quoi ils l’utilisent réellement. Les réponses les plus courantes sont hiérarchisées ainsi : apprendre (préparer un devoir), s’informer (sur les stars précisément), envoyer des e-mails, chatter (avec des ami-es), et télécharger chansons et vidéos. Pour répondre à une autre question du coordonnateur, ils avouent néanmoins ne pas effectuer des recherches sur les mots de l’actualité de ces 2 derniers mois : dictature, duvaliérisme, crimes contre l’humanité.

Sautant sur l’occasion le coordonnateur leur demande : « C’est quoi un dictateur ? » C’est « un despote qui viole les lois constitutionnelles », dit l’un ; « un tyran qui ne respecte pas les droits humains », dit une autre, « …qui ne garantit pas les libertés », renchérit un dernier. «  Ce que je trouve étonnant, c’est que les habitants des pays du Maghreb chassent leurs dictateurs, tandis que nous accueillons un ancien dictateur en Haïti », conclut une jeune fille.

Ces réactions ont suscité 2 questions de débat proposées par l’animateur du club, sur lesquelles les jeunes ont été invités à réfléchir en atelier: 1. Doit-on accepter l’intégration le dictateur Jean-Claude Duvalier sur la scène politique haïtienne ? 2. Un dictateur peut-il devenir un démocrate ? Les jeunes se sont librement  répartis en 2 groupes, un Pour et un Contre, selon leur souhait.

A la question 1, le rapporteur des « Pour » argue que  a) si nous voulons construire la démocratie et favoriser une réconciliation nationale, il faut éviter l’exclusion des partisans du dictateur; b) depuis son départ, le 7 février 1986, le pays n’a pas fait de progrès significatifs (fatras dans les rues, corruption dans l’administration, instabilité politique) ; c) le fait qu’il a réalisé de grandes choses dans le pays (infrastructures modernes, services publics efficaces, tourisme florissant), il a une vision et des capacités dont le pays pourrait en profiter. Sur ce point, le rapporteur du groupe « Contre » lui rétorqua que c’est justement le tourisme qui a entrainé la corruption des mœurs dans le pays et qu’il fallait qu’il lise Dany Laferrière et Gasner Raymond qui ont écrit sur les horreurs de ce régime.

Les « Contre » continuent pour dire que a) même si J-C Duvalier a le droit de revenir dans son pays, puisque la Constitution interdit l’exil, le devoir de mémoire doit nous forcer à réclamer justice pour les victimes, contre les crimes et les horreurs de ce régime ; b) le regard de la communauté internationale et le jugement du peuple seront sévères si nous tolérons sa réintégration à la vie politique; c) que cela n’a pas de sens de donner voix à un dictateur alors que des pays comme la Tunisie et l’Egypte chassent le leur. « Haïti n’a pas de mémoire » a répliqué le rapporteur des « Pour ».

A la question de savoir si un dictateur peut devenir un démocrate, le groupe répondant par l’affirmative avance 2 raisons : a) dans la mesure où il échoue à être dictateur, il n’a d’autre choix que de s’ouvrir (le cas de l’Egypte); b) s’il a été un tyran qui a voulu assurer le progrès de son peuple, il peut chercher l’apaisement par l’ouverture (le cas Pinochet). Les NON, par contre, affirment qu’un tyran est un égoïste qui ne pense qu’à ses intérêts, qui ne veut que dominer, en citant l’exemple d’Adolf Hitler, dictateur de l’Allemagne nazie qui a préféré se suicider plutôt qu’abdiquer.

Les uns et les autres ont  voulu poursuivre le débat, mais la tombée de la nuit a empêché cela. Ce thème sera repris samedi prochain, promit l’animateur principal du club.

Le coordonnateur du projet VDF

mercredi 16 février 2011

Une animatrice de club VDF se marie...



L'animatrice du club de Martissant, Jennyfer Joseph se marie le 1er mars 2011. Félicitations aux futurs mariés!

lundi 14 février 2011

Le regard des jeunes du club du Cap-Haitien sur le duvaliérisme

De Novembre 2010 à Février 2011, l’atmosphère de vie en Haïti est traversée par des ondes d’inquiétudes provoquées par l’organisation des élections générales. Cette situation inquiétante s’est corsée par le retour de l’ex-dictateur Jean-Claude Duvalier dans le pays. Sa présence a immédiatement soulevé un grand nombre de questions. Et les jeunes sont particulièrement piqués par la curiosité de découvrir cette période de l’histoire nationale. Ainsi, le retour de Baby Doc constitue-t-il une nouvelle opportunité de revenir sur des années de dictature ayant marqué l’histoire du peuple haïtien.

C’est dans cette logique que le Club Vague du Futur du Cap-Haïtien s’est résolu à organiser le Samedi 12 Février 2011, à partir de 10 h, au collège Notre-Dame du Cap, une séance de réflexions avec plus d'une quarantaine de jeunes autour de la dynastie des Duvalier.

Cette activité baptisée « Le regard des jeunes sur le duvaliérisme » a eu pour objectif de porter les jeunes à découvrir les caractéristiques du régime des Duvalier qui s’étend de 1957 à 1987.

Elle s’est déroulée en trois étapes. La première consistait en un exposé sommaire présenté par Régis Jimmy, animateur adjoint du club, sur la conjoncture actuelle et sur le régime duvaliériste. Cet exposé a retracé de façon précise et concise la biographie des Duvalier (Père et Fils), les facteurs ayant favorisé l’accession au pouvoir de Papa Doc, puis les dérives du pouvoir vers la dictature. De 1964 à 1986, le régime s’est transformé en une machine à broyer les fils et les filles d’Haïti.

Cet exposé présenté selon une méthode participative a suscité chez les jeunes des interrogations pertinentes sur le rôle des Volontaires de la Sécurité Nationale, dans la mise en place de ce régime. La dernière partie de l’exposé a consisté à introduire le documentaire sur le règne duvaliériste.

La deuxième étape, c’est la projection d’un documentaire sur la dynastie des Duvalier. Ce documentaire a vite gagné l’attention des jeunes par la présentation des scènes de violence et d’autres actes barbares perpétrés par le régime. Des témoignages poignants de nombreuses victimes du système ont ému les jeunes. La projection de ce documentaire d’une durée d’une heure et vingt minutes a permis aux jeunes de se faire une idée plus ou moins claire de cette période et de comprendre un peu l’avènement de Jean-Bertrand Aristide au pouvoir.

Les jeunes ont marqué un vif étonnement devant la découverte de l’étendue des atrocités de ce régime. Toutefois, ils n’ont pas eu tous une perception analogue de cette dictature. Ce qui se justifie par leurs réactions suite à la projection.

Quelques réactions des jeunes (Nous notons ici les réactions de deux jeunes seulement)

Patrick J.: «  Je peux dire que ce régime est grandement marqué par l’irrespect des droits humains et de la liberté d’expression ».     

Jane D.: " En regardant ce documentaire, une question pivotait dans mes pensées. Pourquoi un président voudrait faire autant de mal à sa nation, son peuple, ses frères et ses sœurs ? Il est vrai que sous son règne, l’ordre était appliqué, mais pourquoi faire couler tout ce sang? Le règne de Duvalier avait un côté positif et un côté négatif. Le côté positif , c’est que l’ordre régnait, mais de quelle façon, comment ? Là intervient le côté négatif : par la force, la violence, les crimes. Tout cela a provoqué le mécontentement du peuple haïtien."
           
Tous les autres jeunes ont également réagi en soulignant les horreurs du régime ou en faisant remarquer qu’ils ne sentent pas réellement la différence aujourd’hui avec les gouvernements qu’ils ont connus.

En conclusion, un document écrit sur le régime leur a été communiqué. Ce dernier document présente le régime sur les plans économique et social ; il conduit également une analyse sur la transition démocratique en Haïti. J’ai fait un bref commentaire rappelant la nécessité de développer une conscience et une mémoire autour des faits saillants de ces trente ans de dictature dans l’histoire du pays. En voici les grandes lignes:
  
La projection de ce documentaire s'inscrit dans une logique qui est celle de vous initier à la culture d'une conscience et d'une mémoire autour de la dictature des Duvalier. Pourquoi cette démarche? Elle répond à la nécessité de contribuer à combler les lacunes des jeunes par rapport a des épisodes de l'histoire nationale dont ils vivent les conséquences actuelles. En raison de votre jeune âge, vous êtes nombreux à poser des questions sur le sens du retour de l'ex-dictateur Jean-Claude Duvalier dans le pays.

Entre ce que vous venez de voir et les interprétations personnelles de certains professeurs, vous réalisez par vous-mêmes ce qui caractérisait ce régime.

Il y a une double attitude que je vous conseille d'observer.

D'abord une attitude de conscience. Il est important de se soucier du respect de ses droits. L'indifférence et la passivité des individus jouent en faveur de tous ceux qui sont assoiffés de pouvoir au détriment de la collectivité. Seule la culture d'une conscience de ses droits peut faire obstacle aux ambitions dictatoriales. Vous venez de souligner que ce règne est marqué par la violation systématique des droits et des libertés fondamentaux. Alors, il faut savoir garder la conscience de vos droits. Car, des droits qui ne sont pas sans cesse défendus se perdent. Apprenez donc à développer le sens de l'engagement contre tout acte qui vous semble répugner à la morale du vivre ensemble.

Ensuite, une attitude de mémoire. Il s'agit d'un effort pour ne jamais oublier les faits saillants de notre histoire de peuple. En tant que jeunes, vous n'avez pas à ériger des monuments, construire des musées, mais vous avez le devoir de transmettre à vos amis, vos proches ce que vous venez d'apprendre a travers ce documentaire. Comme Djhimy vous l'a dit, on ne doit jamais oublier cela. Le devoir de mémoire consiste à continuer à interroger les plus âgés sur cet épisode de l'histoire nationale, à confronter vos points de vue à ceux des autres pour pouvoir tirer des conseils pour penser autrement l'avenir de notre pays.

Enfin, je voudrais vous remercier de votre attention et surtout de vos réactions suite à la projection. Continuez encore à vous étonner et à vous indigner de tout acte de barbarie. C'est déjà une bonne attitude pour convaincre les auteurs de ces actes que vous vous engagez à les combattre.

Les jeunes ont été très enthousiasmés par cette activité de réflexion, et ont témoigné qu’ils comprennent maintenant pourquoi ce régime est souvent qualifié de « régime de sang » ou « régime de terreur ».

Jasmin D. Bellay
Animateur du club du Cap

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