mercredi 31 janvier 2018

La non-violence en débat au club de Darbonne

Dix-huit (18) nouveaux jeunes de Darbonne, 6 filles et 12 garçons venus d'établissements secondaires différents de la communauté, joints par 5 anciens débatteurs, ont eu le privilège de bénéficier d’une formation sur les techniques de débat Karl Popper, samedi 16 et dimanche 17 décembre 2017 dans les locaux de la bibliothèque Rasin Lespwa. Les animateurs Jefté et Nirva, deux anciens débatteurs, Samuel Attis et Kindro Cadet ont initié ces jeunes à ce jeu.


Cette formation visait à attirer d'autres jeunes de la localité à faire partie du groupe et aussi à préparer de nouveaux compétiteurs pour notre club. En introduction, Jefte a parlé du débat en général ainsi que les habilités et les principes pour débattre. Attis, lui, a expliqué le chapitre de l'argumentation. Cette séance a été suivie par un exercice pratique. 

Divisé en groupe de trois, les apprenants devaient former un argument pour chacun des cas sur le sujet : « L’État Haïtien devrait prendre des mesures drastiques pour empêcher le départ massif des jeunes vers les pays de l’Amérique Latine ». Suite à ce travail en groupe, l’intervention de Kindro a portait sur la réfutation. Chaque groupe devait partager leur argument afin que les autres puissent commencer à exercer la réfutation expliquée par Kindro dans son intervention.

Au cours de la deuxième journée, les jeunes ont appris à reconstruire après que leur argument ait été  par leurs camarades. Le temps de parole de chaque orateur ainsi que le contre-interrogatoire  leur ont été expliqué par Jefté.  A La fin de la deuxième journée, il y a eu un match d'exhibition avec les nouveaux jeunes sur le sujet : L’État haïtien devrait prendre des mesures drastiques pour empêcher le départ massif des jeunes vers les pays de l’Amérique Latine. Ce match nous a permis d'approfondir certaines notions  et de corriger certaines erreurs de la formation.


Suites aux commentaires de ceux qui ont assisté au match, le sujet pour le tournoi de fin d’année a été communiqué par Jefté : « La non-violence est le meilleur moyen de lutte contre l'oppression ». Un tournoi dans lequel 5 équipes composées d'anciens et de nouveaux jeunes du club ont participé les 23 et 26 décembre 2017.  Chaque équipe avait un ancien débatteur comme tuteur.

Ainsi deux équipes étaient qualifiées pour la grande finale après avoir passé le premier tour où chaque équipe devait disputer deux matchs. La première équipe qualifiée, composée d’Angeline Eustache et Walguens Simon, deux nouveaux jeunes, et de l’ancien débatteur Jeff Louis, était confiante de gagner le match face à l'autre équipe de Marc Frantso, débatteur expérimenté, accompagné de Mélina Désulmé et Mardoché Mérisemé. L'équipe de de Jeff  défendait le cas  négatif pourtant celle de Frantso supportait la position contraire. Le jury composé de Nerline Toussaint, Chery Eddy, Samuel Attis, Gaelle Felix et Kindro Cadet, avait du pain sur la planche face à la motivation des deux équipes à vouloir défendre vigoureusement leur position pour remporter le tournoi.

L'équipe affirmative a soutenu son cas avec deux arguments. Le premier parlait de l'atmosphère de paix que crée la non-violence dans la famille et dans la politique, face au racisme. Son deuxième argument montrait que la non-violence attaque les vrais problèmes. Ils ont mentionné  le droit de parler des gens dans la famille et surtout l'importance du dialogue. La marche de Martin Luther King face au racisme a créé une atmosphère de paix, disait- elle afin de supporter ses explications? Selon elle, la non-violence crée aussi une atmosphère de paix dans la politique. La violence fait trop de dommages collatéraux, affirme-t-elle ?

Cependant pour prendre à contrepied les idées de l'équipe affirmative, l'équipe négative a fait mention de la présence des instances juridiques dans le cas des familles troublées ou divisées et la prédication de  la paix ne fait qu'augmenter l'emprise de l'oppresseur sur les oppressés. « La lutte armée est historiquement la plus efficace », l’argument avancé par cette dernière afin de construire son cas. Pour soutenir l'explication donnée, la lutte de Saint-Domingue, La lutte contre Hitler étaient les deux illustrations de cette équipe.


Le débat, situé sur la lutte armée  et la famille, a fait l'admiration des jeunes présents dans l'enceinte lors de cette grande finale. Des questions plus embarrassantes que d'autres ont permis d’apprécier l'astuce utilisée par  chaque débatteur afin d'esquiver ou de répondre intelligemment. Des questions comme : Existe-t-il d'oppression dans la famille ? Et Peut-on procéder à une lutte armée pour résoudre les conflits dans la famille ? Est-ce attaquer un problème signifie que le problème est résolu ?

« La non-violence est une arme juste et puissante », une citation de Martin Luther King  que l'équipe affirmative a-t-elle avancé afin de clore le match. Suite aux décisions du jury, l'équipe affirmative est couronnée l'équipe championne de ce tournoi sur un score de quatre(4) à un (1). Les jurés ont fait savoir que cette année le club de Darbonne peut chanter la présence de nouveaux joueurs qui avec de l'aide et du travail  peuvent devenir de bons débatteurs.

Les nouveaux jeunes, après ce tournoi, ont promis d'aller proposé aux directeurs de leur école de créer un groupe de débat à l’intérieur de l'école. Trois écoles étaient présentes : Ste Croix, Le Lycée Anacaona  et le Collège St Esprit de Darbonne. Les jeunes du Lycée  ont proposé  aux animateurs de réaliser un match dans les locaux de la bibliothèque Marie Claire Heureuse en présence de plusieurs écoles de la ville afin que chaque école puisse lier connaissance à ce jeu.


Pour Mélina Désulmé, élève de philo du Lycée Anacaona, « le débat est une nouvelle façon de comprendre les autres », conclut-elle afin de remercier les animateurs pour la formation et le tournoi organisé dans l'idée d'aider les jeunes. De leur côté, les animateurs ont remercié tous les participants tout en leur promettant de réaliser plus de match afin de les aider à mieux débattre.


Jefte THELISMA
Animateur du club débat de Darbonne

14 janvier 2018

lundi 29 janvier 2018

WSDC: Interpréter une motion dans le format World School Debating Championship

Interpréter le sujet
Étape 2
Identifier le type de sujet

Différents sujets exigent différents types de définition, et ainsi savoir quelle sorte de sujet vous débattez peut vous aider si vous essayez de comprendre ce qui doit être défini et ce qui ne fonctionne pas. Comme toujours, en général, il sera évident ce qui doit être défini, mais dans le cas contraire, c’est une façon de comprendre.

Parfois, les classifications de motions peuvent devenir assez complexes avec jusqu'à 6 (ou plus) types différents reconnus. Cependant, pour atteindre notre objectif lors de la définition du sujet, il faut distinguer deux types: les sujets d'évaluation et les sujets de politique.

Comme leur nom l'indique, les motions d'évaluation demandent aux équipes d’évaluer un phénomène dans le monde. Généralement ceux-ci auront la forme schématique: THBT X est Y, où X est un phénomène comme l'avortement, l'utilisation de drogues récréatives, de la religion, et ainsi de suite. Le Y est un terme d'évaluation tels que, bon, mauvais, bien, mal, le succès, l'échec, ou quelque chose de semblable. Un exemple d'une motion d'évaluation pourrait être « Cette Assemblée pense que l’avortement est un meurtre ». L'avortement est un phénomène dans le monde, le meurtre est un mot évaluatif. L'enjeu est de savoir si l'avortement doit être considéré comme moralement répréhensible de la même manière que le meurtre l’est.

THB = This House Believes That… [Cette Chambre Croit Que…]

Dans les motions d'évaluation, vous devez définir explicitement le phénomène qui doit être évalué (sauf si elle est quelque chose de douloureusement évident). Vous devez également savoir quels critères que vous utilisez pour mesurer ce phénomène. Toutefois, ceux-ci sont susceptibles d'être contestés par l'autre équipe, et donc ils sont en fait une partie de votre cas, plutôt qu’une partie du cadre du débat qui devrait être partagé par les équipes. Un débat sur le fait de savoir si l'avortement est un meurtre pourrait être tout à fait à propos de savoir si l'avortement tel que défini par le gouvernement, en fait, relève de la définition de meurtre fournie par l’opposition. Toutefois, cela pourrait aussi être de savoir si le meurtre est mieux compris par les critères du gouvernement, ou par un ensemble différent de critères prévus par l'opposition.

Les motions de politique requièrent des équipes qu’elles débattent des mérites d'un plan fourni par le gouvernement. Elles viennent généralement sous la forme THW faire X ou X THBT devrait faire Y. Dans le premier cas, X est une politique, dans le second cas, X est un acteur, tandis que Y est la politique. Un exemple de ce type de sujets serait : Cette Assemblée voudrait légaliser l'usage récréatif de la marijuana, ou Cette Assemblée croit que les États-Unis devraient effectuer une frappe préventive contre les installations nucléaires nord-coréennes.

THW= This House Would… [Cette Chambre voudrait…]

Les motions de politique sont définies en proposant un modèle. Le modèle est une déclaration de politique plus en profondeur, qui décrit exactement comment le gouvernement a l'intention d'aller faire ce que la motion demande de faire. La prostitution peut être légalisée de nombreuses façons et, pour que le débat soit possible, il faut que l'on sache clairement laquelle d'entre elles propose la proposition. De nombreux arguments seront plus ou moins forts en fonction de la façon précise dont une politique est mise en œuvre.

Un bon modèle est concis, donne une idée claire de ce qui est à accomplir et de quelle manière il est à faire. Il n’est pas censé être un projet de loi, ni un plan élaboré avec des solutions à chaque éventualité potentielle.

Penchons-nous sur un exemple pour voir ce que l'on entend par là. Supposons que la motion que nous débattons est Cette Assemblée voudrait légaliser la prostitution. Tout d'abord, nous avons besoin de comprendre qui est l'Agent, quelle entité légalise la prostitution dans ce cas. Pour des raisons qui seront discutées plus tard, disons que nous décidons que l’Agent soit « les démocraties libérales occidentales ».

Ensuite, nous devons savoir de quelle politique il s’agit. Légaliser la prostitution peut avoir des significations différentes - il se pourrait que tous les types de prostitution par des personnes ayant atteint l'âge de la majorité doit être autorisé. Ou elle pourrait être restreinte à certains établissements réglementés par le gouvernement. Ceux-ci pourraient même être la propriété de l'état. Peut-être que la prostitution ne serait légale que si l'impôt sur le revenu était payé. Il serait peut-être illégal de se livrer à la prostitution dans certains endroits tels que les zones résidentielles ou dans les environs des écoles.

Un point important de cette partie du modèle - il peut devenir important dans le débat de montrer que votre politique est en fait possible, que votre Agent a la capacité de faire appliquer la nouvelle législation ou d'effectuer certaines actions. Vous ne pouvez pas simplement supposer que tout fonctionnera comme vous dites qu'il le serait. Vous avez besoin d'avoir des arguments à l'appui de cette hypothèse.

Enfin, nous devons savoir quelles ressources seront utilisées pour mettre en œuvre la politique. Ils disent que, dans la fiction Debateland, l'argent est infini, et c'est en quelque sorte vraie. Il serait ridicule de demander à la proposition de présenter un état budgétaire détaillé.

Cependant, le bon sens est toujours valable, et dans le bon sens, d'énormes projets de construction ont coûté beaucoup d'argent, de ressources naturelles, et de travail. Les attaques économiques sont généralement perçues comme faibles; cependant, parfois, elles peuvent devenir très fortes, si, par exemple, le débat est réglé dans les pays en développement. Vous devez alors avoir des arguments prêts à montrer que l'argent peut soit permettre de mettre en œuvre la politique, soit qu'il peut lui donner une priorité plus élevée que dans les autres régions qui seraient concernées. La ligne de fond est la suivante: restez raisonnable. Si cela semble trop beau pour être vrai, il l’est probablement.
Deux remarques de prudence quand on arrive à la classification de sujets.

Premièrement, il y a toujours beaucoup de zone grise et les catégories ne sont pas gravées dans la pierre. Ceci est juste une ligne directrice, ne soyez pas surpris si une motion qui semble être une motion d'évaluation, ressemble à une motion politique ou vice versa. Si vous pensez qu'il est plus judicieux d'aborder une motion différemment de celle suggérée par les schémas fournis ici, vous avez probablement raison. Suivez votre intuition.

Deuxièmement, tous les sujets de politique englobent un élément d'évaluation en eux. Par exemple, si nous proposons que quelque chose soit interdit, la raison générale est que nous pensons que c'est mauvais pour une raison ou une autre.

Etape 3
Définir les termes clés

Ceci est la dernière étape et la plus importante. Il est temps de voir quels critères de définition devraient être conformes aux règles du format World School Debating. Espérons que, après avoir lu cette partie, vous serez plus conscient de ce qui compte comme une bonne définition et ce qui ne fonctionne pas.

Il y a quelques considérations générales applicables à tous les sujets et les définitions. Tout d'abord, quelque chose sur la façon plutôt approximative dans laquelle les mots communs sont utilisés dans des motions. Je me réfère en particulier à l'utilisation des quantificateurs tels que: «tout, jamais, tous, non ...» et ainsi de suite. Ceux-ci ne doivent pas être pris à la lettre. Au contraire, ils doivent être compris un peu le long des lignes de : «dans une écrasante majorité des cas pertinents". Ceci pour une raison très solide : si ces quantificateurs ont été pris dans leur sens littéral, le fardeau de la preuve sur l'opposition serait trop facile. Juste un cas obscur dans lequel la motion ne tient pas et tout le travail minutieux de la proposition est ruiné. Cependant, dans l'interprétation correcte mentionnée ci-dessus, les côtés sont beaucoup plus rapprochés. L'opposition doit maintenant montrer qu'il y a un sérieux problème systémique avec la motion, ce qui entraînera des conséquences négatives pertinentes.

Une deuxième remarque sur la façon dont les motions doivent être comprises est qu'elles doivent être prises à l'échelle mondiale, autrement dit qu'elles doivent s’appliquer au monde entier. Il est considéré comme contraire aux règles de limiter la portée d'un sujet à un seul pays, ou à un groupe de pays que votre équipe connait bien. Donc, si nous débattons de l'abolition ou du rétablissement de la peine de mort, les arguments qui sont présentés dans le débat devraient avoir une validité universelle, et la motion ne devrait pas empêcher ces arguments d'être traités. Si la motion se lit comme suit: Cette Assemblée croit que la peine de mort devrait être autorisée, il est correct de dire que nous ne débattons pas de cette motion dans le contexte du Japon. Il serait encore pire de faire valoir ensuite que le soutien public élevé pour la peine de mort est la principale raison pourquoi cela devrait tenir.

Comme toujours, il y a des exceptions à cette règle. Parfois, la motion elle-même vous dit qu'elle ne devrait appliquer qu’à un pays ou à un groupe de pays. Donc, si le sujet dans le paragraphe précédent a déclaré Cette Assemblée croit que le Japon devrait maintenir la peine de mort, alors le débat sur le Japon est évidemment ce qui serait nécessaire. Certaines motions peuvent se référer à des pays développés ou en développement, à l'Union européenne, ou par exemple à des régimes autoritaires. Dans ces cas, débattre du sujet à l'extérieur des pays mentionnés serait inacceptable. 

Une autre exception est un peu plus délicate. Dans les cas où la question qui doit être débattue prévoit un débat assez assorti seulement à un certain groupe de pays, il est légitime de restreindre la portée du sujet à ces pays. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi « démocraties libérales occidentales», comme l'Agent dans notre exemple de la prostitution. Au Moyen-Orient, par exemple, il semble tout à fait impossible d'examiner cette question, et ne pas restreindre la motion serait apporter beaucoup d'arguments non pertinents à propos de l'indignation du public, et de la faisabilité de la politique. Restreindre le sujet conduit à  un débat juste et il est donc permis.

Maintenant, l’ultime partie de cet article va arrondir certains concepts très importants qui ont été explicitement ou implicitement mentionnés dans les sections précédentes. Nous verrons quelles sont les propriétés d'une définition idéale vers laquelle vous devriez tendre.

La notion centrale à garder à l'esprit lors de la définition d'un sujet est celle de l'équité. La définition met en place des limites pour le débat, et elle ne doit pas être utilisée comme un moyen pour vous donner un avantage dans le débat, ou mettre votre adversaire en désavantage. Si votre définition vous fait gagner le débat, il est mauvais et vous ne devriez pas l'utiliser. L'autre équipe le remarquera et fera un tapage à ce sujet, ainsi que les juges.

Les définitions servent principalement à permettre un débat d’avoir lieu. Par conséquent, d'autres façons sur comment faire une définition inacceptable ont à voir avec les concepts de controverse et de raisonnabilité. Ce sont en fait des sous-catégories de l'équité.

Une motion est controversée si la proposition et l'opposition ont l'occasion de présenter des arguments convaincants à l'appui de leur position. Il y a deux façons de se tromper sur celle-ci. Tout d'abord, vous pouvez définir la motion d'une manière qu'il n'y a rien qui soit en désaccord avec elle. De telles définitions infaillibles tendent à résulter d'un modèle trop compliqué, et le désir d'anticiper toutes les attaques possibles sur votre position. Deuxièmement, la motion devrait susciter de forts sentiments d'assentiment ou de dissidence. Si la réaction que vous provoquez chez un observateur qui est modérément intéressé à la question est « Quel que soit, ces deux positions se ressemblent », alors il y a un problème de controverse. La motivation pour faire ce genre d'erreur est à peu près la même que ci-dessus - la peur de la confrontation, la méfiance envers vos propres arguments (même si, bien sûr, cela peut être le résultat d'une simple erreur).

« Raisonnabilité », à des fins de définir des motions, signifie prévisibilité. Si vous définissez une motion d'une manière qu'une personne rationnelle et bien éduquée ne peut pas comprendre de simples mots de la motion, vous enfreignez les règles. En tordant les significations communes naturelles des mots dans la motion, l'opposition se tourne vers un débat différent de celui que vous faites. Si une personne rationnelle bien éduquée ne peut pas comprendre votre sens du sujet, comment l'opposition peut-elle l’être? Ce principe est cassé (sinon par erreur honnête) par la volonté de prendre l'opposition par surprise, et de gagner le débat avant même qu'il ait commencé. Les juges seront en colère.



Post-scriptum
Que faire si ça ne va pas?

Parfois, vous serez dans une situation où la proposition apporte une définition qui ne se conforme pas aux exigences décrites dans la section précédente. Dans ce cas, la solution est simple – le dire aux juges et proposer une définition appropriée à votre cas. Cela doit se faire dans le premier discours de l'opposition si elle veut être prise au sérieux. Vous devez également prendre soin d'être aussi explicite que possible afin que les juges ne doutent pas que vous contestez la définition.

Il y a une légère technicité d’avoir à faire avec les définitions difficiles. C’est la différence entre ce qu'on appelle un "droit exclusif de la définition" et un "droit non exclusif de la définition".
Sous la rubrique «droit exclusif de la définition », la notion de définition équitable, controversée et raisonnable est traitée comme un binaire. La proposition est tenue de fournir une définition qui soit juste, controversée et raisonnable, et l'opposition ne peut la contester que dans le cas où la définition n’est pas juste, controversée, ou raisonnable. Il n'y a pas de degrés d'équité – soit la définition est juste, soit elle n’est pas juste.

Sous la rubrique "droit non exclusif de la définition», l'équité, la controverse et le raisonnable viennent en degrés. Il est toujours nécessaire pour la proposition de fournir une définition qui soit juste, controversée, et raisonnable, mais cette fois-ci, l'opposition peut légitimement contester la définition à tout moment, quand ils peuvent apporter une autre qui est plus juste, plus controversée, ou raisonnable.

Chaque compétition peut choisir laquelle de ces normes à suivre, bien que l'état d'esprit dominant est en faveur du "droit exclusif de la définition". Quoi qu'il en soit, cette distinction ne vient pas en jeu trop souvent, mais il est utile de garder cela à l'esprit, et si cela devrait vous déranger, vous n’avez pas à avoir peur de demander aux organisateurs quel standard est utilisé.

Matej KOHAR
Association slovaque de Débat

Traduit de l’anglais par Jean-Gerard Anis
Coordonnateur du Programme Initiative Jeunes
FOKAL Haiti

vendredi 26 janvier 2018

Un nouvel animateur au club de Santo

J’ai le plaisir de vous annoncer l’arrivée dans le programme de Djim GUERRIER, le nouvel animateur adjoint, mais intérimaire, du club de Santo. Il remplace à ce titre Francklin Louis-Jean en voyage d’études aux Etats-Unis. Son mandat prendra fin le 31 juillet 2018, au retour de Francklin.

Djim, né le 16 mars 1996, est étudiant en Sciences économiques, en 3ème année à l’Université Quisqueya. Il a été débatteur du club de Santo pendant 3 ans. Il a participé avec notre équipe haïtienne au tournoi international de débat organisé par IDEA, en Irlande en 2013. Il a l’expérience de formateur (il aide déjà à la formation des débatteurs de Santo depuis 2 ans), de juge de débat (il a jugé dans la plupart des tournois organisés dans le programme depuis 2 ans) et de coach d’équipe. Il a participé à la retraite des animateurs en décembre 2017 à Petit-Goâve.

Il est actuellement le président de l’Association des Anciens Elèves du collège Louverture Cleary. Djim veut activement redynamiser le club de Santo afin qu’il devienne un club de référence dans le réseau.

Nous lui souhaitons la bienvenue dans le staff des animateurs-trices des clubs du réseau PIJ


Jean-Gerard Anis
Coordonnateur du PIJ
FOKAL

lundi 15 janvier 2018

R.I.P. Sony !!!


La mort inattendue, dans la nuit du dimanche 14 à lundi 15 janvier 2018, de notre collaborateur et ami dans le programme de débat de FOKAL, Pierre Sony DAUDIER, nous a tous surpris et bouleversés. Sa femme et ses 4 enfants sont en deuil, son collègue, Alex Sylné, les jeunes du club de débat de Camp-Perrin, ses élèves au Collège Cœurs Unis de Camp-Perrin, ses proches et ses ami(e)s itou.

Personne parmi les 27 animateurs et animatrices des clubs de débat de notre réseau ni la direction de FOKAL n’étaient au courant que Sony souffrait d’une quelconque maladie. C’est pourquoi son décès nous a tous choqués. En attendant d’apprendre davantage sur les circonstances troublantes de sa mort, FOKAL et le Programme Initiative Jeunes adressent leurs sincères condoléances à la famille du regretté défunt.

La fondation exprime également sa profonde gratitude et considération pour tous les services rendus aux jeunes débatteurs du club  de Camp-Perrin et pour toutes les actions qu’il a entreprises au cours de sa mission d’animateur dans son programme de débat. Ses conseils comme coach, ses recommandations comme juge, son esprit de sagesse vont vraiment nous manquer.

Nous avons une pensée spéciale à sa veuve éprouvée par sa disparition brutale et à ses 4 enfants devenus orphelins de leur père. J’invite la communauté des débatteurs de notre réseau à honorer la mémoire de Pierre Sony Daudier !

Les funérailles de notre regretté collaborateur prévues le samedi 27 janvier 2018, seront chantées de préférence le samedi 3 février, à 9h am, à Camp-Perrin.

Repose en paix, cher ami !

Jean-Gérard Anis
Coordonnateur du Programme Initiative Jeunes
FOKAL



Sa biographie


Pierre Sony DAUDIER est né le 6 avril 1969 à Chantilly, dans la commune Camp-Perrin (département du Sud). Il est marié et père de quatre enfants. Sony a fait ses études primaires à l’Ecole évangélique Baptiste de Camp-Perrin et ses études secondaires au lycée Nicolas Geffrard dans la même ville.

Après avoir suivi une formation universitaire à la Faculté de Linguistique appliquée de l’Université d'Etat d’Haiti, de 2002 à 2005, il est revenu en 2005 dans sa ville natale de Camp-Perrin pour y être professeur de littérature au lycée Nicolas Geffrard, au collège congréganiste de Mazenod et au collège Bon Berger de Camp-Perrin, ces 2 derniers depuis 2007. Il a été également animateur d’activités culturelles à l’Alliance française des Cayes (1997-1998), et même animateur de radio.

Sony a intégré le programme de débat en 2013 comme juge de débat, puis devient animateur adjoint du club de débat de camp-Perrin en 2014.

Pierre Sony DAUDIER est mort à l’âge de 48 ans.

Paix à son âme !

jeudi 11 janvier 2018

WSDC: Le format World School Debating Championship (version longue)

[Un compromis entre le format Karl Popper et le format parlementaire britannique]

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le format WSDC
David Moskovici d'ARGO (Roumanie) expliquant le format de débat WSDC                                
Étape 1
Un aperçu

Le Format WSDC a été spécialement créé pour les compétitions mondiales de débat scolaire, en cours depuis 26 années. Les premiers tournois mondiaux de débat scolaire sont arrivés en Australie avec seulement quelques pays en compétition. Cette année, la compétition mondiale de débat scolaire a lieu en Thaïlande et a été suivi par 45 pays du monde entier. Le format est principalement débattu au niveau du lycée et les dernières années de collège. A travers les années, le format pour les compétitions mondiales de débat scolaire a gagné en popularité et de plus en plus de pays l’ont adopté. Il est devenu l'un des formats de débat le plus utilisé dans les écoles secondaires dans des pays comme l'Allemagne, les Pays-Bas, la Pologne, la Slovénie, la Croatie, la Roumanie, la Grèce, la Turquie, Israël, la Corée du Sud, Qatar, les Emirats Arabes Unis, le Pakistan, Singapour, l’Afrique du Sud, la Chine, l'Argentine, le Pérou et beaucoup d'autres.

Au niveau national, les langues de débat sont l’anglais et/ou les langues nationales. Au niveau international, la langue la plus commune est l'anglais, cependant, il y a des tournois internationaux organisés également en espagnol, arabe, russe, français ...

 Chaque débat oppose deux équipes. Une équipe propose, est appelée proposition, affirmatif ou le gouvernement. L'autre équipe, soi-disant l’opposition, est contre la motion (ou le sujet). Chaque équipe dispose de trois (3) débatteurs, qui parlent chacun une seule fois. Ces discours constructifs durent pendant 8 minutes et alternent proposition et opposition. Après que chaque orateur ait parlé une fois, chaque équipe a droit à 4 minutes de discours de réplique (ou de conclusion).

Le discours de réplique est d'abord présenté par l'équipe de l'opposition, ensuite vient le discours de réplique de la proposition. Les discours de réplique peuvent être donnés par le premier ou le deuxième orateur de l'équipe. Le discours de réplique est la moitié de la longueur des discours principaux ou constructifs. Pendant les principaux discours, l'équipe adverse peut demander des points d'information. Les points d'information ne peuvent pas être demandés dans la première et la dernière minute des discours principaux. En outre, aucun point d’information ne peut être demandé pendant les discours de réplique.

La longueur des discours présentés est celle pratiquée dans les compétitions de débat scolaire du monde. Les communautés de débat pourraient décider de raccourcir les discours constructifs, selon les besoins de leurs débatteurs. Par exemple, pour de très jeunes débatteurs novices ou non expérimentés, parler huit minutes d’affilée peut paraître beaucoup. Par exemple: en Slovénie nous avons raccourci les discours constructifs à 7 minutes.

Les motions que les équipes débattent sont des questions générales plutôt que des programmes ou des propositions spécifiques. Le débat est entre les équipes, et non entre des individus. Chaque membre de l'équipe a une partie spécifique du cas de son équipe à présenter, et doit aussi attaquer celui de l’adversaire et se défendre de l'attaque de l'équipe adverse. A mesure que le débat progresse, de plus en plus de temps doit être consacré pour traiter des questions déjà soulevées dans le débat, et de moins en moins pour un nouvel argument et ou pour des questions.

Chaque équipe doit convaincre le public que ses arguments sont supérieurs. Pour cela, elle doit présenter des arguments logiques percutants, elle doit les présenter dans un style oratoire intéressant et convaincant, et elle doit structurer et hiérarchiser ses arguments. On doit mettre l’accent sur ces trois aspects du débat.

Les rôles des orateurs

Le premier orateur due la Proposition définit la motion (ou le sujet), décrit le cas de la proposition, annonce la division du cas, et sa part du cas présent.

Le premier orateur de l’Opposition traite la définition si elle est un problème, explique les différences importantes entre les deux cas de l'équipe, réfute les principaux arguments du cas de la proposition présentée dans le premier discours et décrit le cas de l'opposition, annonce la division de cas, et lui présente sa part du cas.

Le deuxième orateur de la Proposition défend la définition de son équipe (si nécessaire) en cas d’attaque de l'opposition, réfute le cas de l'opposition, et procède pour sa part au cas de la proposition. Environ 2 à 3 minutes du discours du locuteur vont tourner autour de l’attaque de l'opposition et de la présentation du nouvel argument de son équipe.

Le deuxième orateur de l’opposition fait de même que le deuxième orateur de la proposition. Il passera de l’attaque de la proposition à la présentation du nouvel argument de son équipe, autour de 3 à 4 minutes dans son discours.

Le troisième orateur de la proposition va passer une grande partie de son temps à attaquer l'opposition et à reconstruire les arguments les plus importants de son cas. Les orateurs ne doivent pas faire une réfutation ligne par ligne, mais ils devraient se concentrer sur les arguments les plus importants et les principes sous-jacents. Le troisième orateur de la proposition peut avoir une petite partie du cas de son équipe à présenter. Cependant, ce nouvel argument doit être annoncé dans le premier discours. Ceci est une possibilité, mais la majorité des équipes ne font pas cela.

Le troisième orateur de l’opposition va passer la plupart de son temps à attaquer la proposition et à reconstruire les arguments de l’opposition. Ils ne devraient pas avoir de nouveaux arguments présentés dans ce discours. Notez que la réplique de l'opposition suit tout droit ce discours, il est donc préférable pour la troisième opposition de traiter par le détail le cas de la proposition et laisser un aperçu large du discours de réplique.

Les discours de réplique (ou de conclusion) ne vont pas plonger dans les moindres détails, mais auront une approche globale des enjeux du débat. Ils devraient également résumer leur propre cas soit dans le cadre de l'analyse des questions ou vers la fin du discours dans une section distincte. Pour des raisons évidentes, les discours de réplique ne peuvent pas introduire de nouveaux arguments. Non seulement cela est injuste, mais c’est une incompréhension totale du rôle des discours de réplique. Le discours de réponse est une synthèse de l'ensemble du débat, pas une occasion pour présenter de nouvelles idées.

Le débat commence par un orateur dont les arguments sont tout à fait nouveaux. A mesure que le débat progresse, de plus en plus de temps est consacré à traiter ce qui a été dit par les orateurs précédents, et de moins en moins à ce qui est nouvellement dit. À la fin du débat, il n'y a pas de nouvel argument, et les orateurs ne traitent que de ce qui a précédé.

Si vous aviez à représenter cela graphiquement, il y aurait une ligne passant de 100% de nouvelles question au premier orateur du  gouvernement à près de O% au troisième orateur de l’opposition et les réponses, et une ligne correspondante passant de 0% réfutation, au premier gouvernement à presque 100% de réfutation, au troisième de l'opposition et les réponses.

Points d'information

Un point d'information est demandé pendant qu’un membre de l'équipe adverse prononce son discours. L’orateur peut soit accepter le point soit le refuser. S’il est accepté, l'adversaire peut faire un point court ou poser une brève question sur un certain point dans le débat (de préférence venant de l'orateur). Il est, si vous voulez, une interjection formelle.

Les questions d'information amènent un changement majeur dans le rôle des orateurs dans un débat. Dans ce style, chaque orateur doit prendre part au débat du début à la fin, pas seulement au cours de leur propre discours. Un premier intervenant pour la proposition continue de jouer un rôle actif dans le débat même lorsque le troisième orateur de l'opposition parle. De même, le troisième intervenant de l'opposition doit jouer un rôle actif dans le débat lorsque le premier orateur pour la proposition parle.

Les orateurs jouent ce rôle en offrant des points d'information. Même si les questions ne sont pas acceptées, ils doivent encore démontrer qu'ils sont impliqués dans le débat en le demandant au moins. Un orateur qui ne prend part au débat autre qu’en faisant son discours devrait perdre des points pour le contenu et la stratégie - le contenu pour ne pas profiter des opportunités, la stratégie pour ne pas comprendre le rôle d'un orateur dans ce style.

De même, les intervenants doivent veiller à ce qu'ils acceptent au moins quelques questions d'information au cours de leur discours. Dans un discours de 8 minutes, on peut s'attendre à en prendre au moins 2, (en fonction, bien sûr, de combien sont demandés). Un orateur qui ne parvient pas à accepter des questions d'information doit perdre des points pour le contenu (refuser à l'adversaire de poser des questions d’information réduit ainsi la quantité d'affrontement direct entre les deux équipes), et en particulier pour la stratégie (pour ne pas comprendre le rôle des orateurs dans ce style). Bien sûr, un orateur qui en prend trop risque certainement de perdre le contrôle de son discours et de perdre ainsi des points pour le style et probablement aussi pour la stratégie (structure de discours pauvre) ainsi que pour le contenu.

L'éthique des points d'information

Un point d'information est proposée debout en disant : « Point d'information ». La personne qui fait un discours n’est pas obligée d'accepter chaque point. Elle peut demander à la personne qui se lève de s’asseoir pour finir sa phrase, puis accepter de prendre la question, ou accepter la question sur le champ.

Plus d'un membre de l'équipe adverse peut se lever simultanément. La personne qui fait un discours peut refuser tout ou en partie, et peut choisir lequel prendre. Aux autres, il leur dit de s’asseoir. Les orateurs opposants doivent parfois marcher sur une ligne ténue entre la demande légitime de points d'information d'une part, et le casernement d'autre part.

Le fait que les points d’information doivent être demandés rend le style plus agressif et plus enclin à des interruptions. Cependant, la demande continue d’une équipe revient en réalité à une interruption excessive et un casernement. Les membres de l'équipe impliqués devraient encourir des sanctions pour cela.

Il est impossible de mettre un chiffre sur le nombre de points d'information qu'une équipe peut demander avant que son comportement ne constitue un casernement. Les juges doivent déterminer quand la demande de points d'information, loin d'ajouter au débat, commence à empiéter sur le droit et/ou la capacité de la personne qui fait un discours à s’adresser à l'auditoire. Cette détermination exige de la sensibilité au contexte du débat particulier: deux équipes bien adaptées et hautement qualifiées peuvent offrir les uns aux autres de nombreux points d'informations sans perturber le débat ou ébranler la personne qui fait un discours, mais les points demandés à ce même taux élevé à un orateur qui est moins confiant peuvent constituer un casernement.

En général, les orateurs ne devraient pas accorder des points d'information seulement quelques secondes après qu’une requête précédente ait été refusée, ou alors l’orateur est clairement dans les premiers stades de la réponse à un point d'information qu’elle vient juste d’accepter : de fréquentes violations de ces principes pourraient raisonnablement être pénalisées.

Le point d'information peut être sous la forme d'une question à la personne qui fait un discours, ou bien une remarque adressée à la personne qui préside le débat. Certaines équipes ont tendance à utiliser le dernier format, tandis que la plupart des équipes ont tendance à poser une question. Qu'il soit bien clair que quelque soit le format, il est parfaitement acceptable.

Le point d'information doit être bref. Dix à quinze secondes constituent la norme, et au-delà, l’orateur peut demander à l'interrupteur de s’asseoir. De plus, lorsque la personne qui fait le discours comprend le point, elle peut dire à l'interrupteur de s'asseoir – dans tous les cas, l’orateur n'a pas à laisser le requérant obtenir le droit de prolonger au-delà. Toujours se rappeler que l’orateur a le contrôle complet des points d'information - quand les accepter, et s’il les accepte, combien de temps ils devraient durer.

Un lien vidéo vers un match de débat dans ce format: https://www.youtube.com/watch?v=sIRsdxSKE-o&feature=share 

Les Juges

Les débats sont jugés par un ou plusieurs juges. Chaque juge rend la décision par elle ou lui-même. Après que le débat soit terminé, les juges donnent une critique orale révélant la décision, en expliquant pourquoi une équipe gagne et l'autre perd. Les juges prennent la décision sur la base de trois éléments: le contenu, le style et la stratégie.

Contenus / Arguments

Le contenu recouvre les arguments qui sont utilisés, indépendamment de la façon de parler. C’est comme si vous voyez les arguments écrits plutôt que parlés. Le juge doit évaluer le poids des arguments sans être influencé par l’éloquence de l'orateur qui les présente.

Le contenu comprendra également une évaluation du poids de la réfutation ou de l’affrontement. Cette évaluation doit être faite du point de vue de la moyenne d’une personne raisonnable. Le travail du juge est d'évaluer la force d'un argument indépendamment du fait que l'autre équipe est en mesure de le faire tomber. Si une équipe introduit un argument faible, il n’aura pas un score élevé dans le contenu même si l'autre équipe ne le réfute pas.

Tout d'abord, si un argument d’une grande équipe est manifestement faible, une équipe adverse qui ne réfute pas peut bien avoir commis un plus grand péché que l'équipe qui l'a introduit. En effet, l'équipe a laissé son adversaire s’en sortir avec un argument faible. Ceci n’est pas une règle automatique, mais elle est vraie dans de nombreux cas. Bien sûr, il doit être un argument majeur, pas un petit exemple que l'équipe adverse choisit correctement d’ignorer afin d’attaquer des points plus significatifs.

Deuxièmement, les arbitres doivent veiller à ne pas être influencés par leurs propres croyances et leurs préjugés, ni par leurs propres connaissances spécialisées.

Le Style

Le style couvre la façon dont les intervenants parlent. Comme on l'a déjà noté, ceci peut être fait de plusieurs façons, dans des accents différents et avec l'utilisation de la terminologie qui ne vous est pas familière. Cependant, il n'y a pas un seul, un meilleur style de langage. Il y a différents bons styles de langage!

La Stratégie

La stratégie recouvre deux concepts principaux: la structure et le temps de parole, et si l'orateur a compris les enjeux des questions de débat. Ces questions sont suffisamment importantes pour justifier de les prendre séparément.

Structure et Temps de parole

Un bon discours a un début, un milieu et une fin. Sur le chemin, il y a des balises pour nous aider à voir où l’orateur va. La séquence d'arguments est logique et découle naturellement d’un point à un autre. Cela est aussi vrai d'un premier orateur décrivant le cas du gouvernement comme il est du troisième orateur réfutant le cas du gouvernement. Une bonne structure de discours est donc une composante de la stratégie.

Le temps de parole est également important, mais il ne doit pas être poussé à l'extrême. Il y a deux aspects à la synchronisation: parler dans le délai imparti, et consacrer une quantité appropriée de temps pour les questions dans le discours.

Quant au premier aspect, un orateur qui dépasse son temps de parole (par exemple, 9 minutes dans un discours de 8 minutes) doit obtenir une pénalité. De même, un orateur qui parle moins (par exemple, 7 minutes dans un discours de 8 minutes), dans la plupart des cas, recevrait une peine similaire. Gardez à l'esprit, cependant, que le temps est seulement un élément de la stratégie. Un orateur dont le seul péché est de dépasser son temps de parole pourrait toujours obtenir une note de stratégie raisonnable si tous les autres aspects de la stratégie étaient tout à fait remarquables. Ce ne serait pas une note brillante - il y aurait encore une pénalité - mais ce ne serait pas automatiquement une note très faible non plus. Tout dépend combien était le reste des éléments de la stratégie.

Quant au second aspect, un orateur devrait donner la priorité à des questions importantes et laisser celles sans importance pour plus tard. Par exemple, c’est généralement une bonne idée pour un orateur qui réfute (c-à-d quelqu'un d'autre que le premier orateur pour la proposition) de commencer par attaquer l'adversaire avant de passer à son propre cas. En effet, c’est plus logique de se débarrasser de l'argument adverse avant d'essayer de mettre quelque chose à la place.

Un orateur devrait également donner plus de temps aux questions importantes. S’il y a un point essentiel qui supporte tout le cas de cette équipe, il doit consacrer une bonne quantité de temps pour qu'il puisse être dûment établi. Mais s’il ya un point qui est assez trivial, il ne mérite pas plus qu'une petite quantité de temps.

Donc, le juge doit peser non seulement la force des arguments dans la catégorie du contenu, mais aussi le temps et la priorité appropriée qui leur ont été accordés dans la catégorie de la stratégie.

Comprendre les enjeux

Étroitement lié à ce dernier point, les débatteurs doivent comprendre quelles étaient les questions importantes dans le débat. C’est une perte de temps pour un orateur qui réfute de traiter des points insignifiants si des arguments cruciaux sont laissés sans réponse. Un tel orateur ne comprendrait pas les enjeux importants du débat, et ne devrait pas être bien en stratégie. En revanche, un orateur qui comprendrait les questions importantes et les aurait traitées soigneusement devrait être bien noté en stratégie.

C’est très important que les juges comprennent la différence entre la stratégie et le contenu. Imaginez un débat où un orateur répond aux questions cruciales par une faible réfutation. Cet orateur devrait obtenir de mauvaises notes pour le contenu, parce que la réfutation était faible. Mais l'orateur doit obtenir des notes raisonnables pour la stratégie, parce que les bons arguments ont été pris en compte.

Le Discours de Réplique

L'approche thématique à un argument exposé ci-dessus devient critique dans les discours de réplique. Ils ont été décrits comme «une décision de notre côté » et vraiment comme quantité d’un aperçu des principaux enjeux du débat.

L’orateur d’un discours de réplique n'a pas le temps de traiter avec des petits arguments ou des exemples individuels. L'orateur doit composer avec les deux ou trois grandes questions d’un débat à l’échelle mondiale, en montrant comment elles favorisent son équipe et son travail contre l'équipe opposée. En règle générale, un orateur de réplique qui se rabaisserait à traiter des exemples individuels ne comprendrait probablement pas non plus les questions du débat ou les principes d’un bon argument.

La Division du cas

Avec trois débatteurs par équipe, les arguments de la proposition doivent être divisés entre les deux premiers. La même chose est vraie pour l'équipe de l'opposition, mais les troisièmes orateurs ne devraient pas présenter de nouveaux arguments constructifs pour son équipe, parce que son rôle principal est de réfuter les arguments de la proposition ou de l’opposition.

Le premier orateur de la proposition est tenu de présenter la ligne de temps de la proposition et de la division du cas. Cela doit être fait avant que le premier orateur commence à expliquer leur partie du cas. La même chose est vraie pour le premier orateur de l'opposition.



Adaptée par Bojana Skrt du Format du Monde scolaire Débat au www.schoolsdebate.com
Traduit de l’anglais par Jean-Gerard Anis
Coordonnateur du Programme Initiative Jeunes
FOKAL Haiti



WSDC: le format (version courte)

LE STYLE MONDIAL DE DEBAT

Le style mondial est le format de débat pratiqué aux tournois « World School Debating Championship » et « Pan-American Schools Debating Championships ». Les équipes se nomment « Proposition » et «Opposition» et chaque équipe comprend trois membres. Les résolutions abordent de questions importantes sur un plan international (pas des sujets qui ne touchent que le Canada). Les résolutions se présentent sous le format de « Cette chambre croit… » ou « Cette chambre devrait… ».

Chaque équipe doit présenter une thèse supportée par 3 ou 4 arguments. Cette thèse prend la même forme que la thèse d’un texte argumentatif.

Exemple: considérez un débat qui porte sur la résolution suivante: «Cette chambre devrait légaliser l’utilisation de la drogue dans le sport». Une thèse pour la proposition pourrait être: «Parce que la science améliore le sport». Il est important que l’opposition ait aussi une thèse et des arguments constructifs; il ne suffit pas d’attaquer ce que la proposition dit, car le fardeau de la preuve est beaucoup moins important que le fardeau que le « gouvernement » porte dans les débats parlementaires.


Responsabilités des orateurs :

Le contenu des six premiers discours évolue du premier discours contenant exclusivement de la matière constructive au dernier discours de l’opposition qui ne contient que de la réfutation. Le ton commence également avec une présentation plutôt calme d’idées et monte en passion et en énergie jusqu’à la fin du troisième discours de l’opposition.

1ère  Proposition (8 minutes)

Le premier orateur du débat doit définir les termes, introduire la thèse de son équipe et expliquer aux juges comment les arguments seront divisés avant de présenter les deux premiers points de son équipe. La définition des termes doit suivre l’interprétation la plus évidente de la résolution, sans liens indirects ou « modifications farfelues ».

Idéalement, ce discours commencera avec une introduction courte qui explique pourquoi on devrait passer une heure de discussion sur le sujet donné. Les arguments devraient idéalement être d’une longueur égale et faire référence à la thèse de l’équipe.

1ère  Opposition (8 minutes)

Le premier orateur pour l’opposition doit introduire la thèse de son équipe et la division de leurs arguments. Il doit passer jusqu’à deux (2) minutes au début de son discours à réfuter avant de présenter les deux (2) premiers arguments de son équipe pendant six minutes.

2ième  Proposition (8 minutes)

Le deuxième orateur pour la proposition commence avec deux (2) à trois (3) minutes de réfutation, suivie par le dernier argument (ou les deux derniers) constructif de son équipe, discours qui dure cinq (5) à six (6) minutes. Cet argument se doit d’être un point solide avec une solide analyse. Habituellement, le deuxième orateur ne défend pas les arguments de ses partenaires en faisant la contre-réfutation.

2ième  Opposition (8 minutes)

Le deuxième orateur pour l’opposition a un discours symétrique: quatre (4) minutes de réfutation suivies de quatre (4) minutes de discours constructif sur le dernier (ou deux derniers) argument de son équipe.

3ième  Proposition (8 minutes)

Cette position est unique au style mondial. Le troisième orateur ne présente aucun argument nouveau. Son rôle est de réfuter en détail et en profondeur tous les arguments de l’équipe opposée et de défendre les arguments déjà faits par sa propre équipe. Il peut l’accomplir en passant six (6) à sept (7) minutes de réfutation systémique puis une (1) à deux (2) minutes de contre-réfutation.

3ième  Opposition (8 minutes)

Le troisième orateur de l’opposition a les mêmes responsabilités que le troisième orateur de la proposition.


Les Discours de réplique

Les discours de réplique durent quatre (4) minutes et sont livrés par le premier ou le deuxième orateur de chaque équipe, commençant par l’opposition. Pendant le discours de réplique, l’orateur prend le ton calme et désengagé d’un membre de l’auditoire qui analyse pourquoi son équipe devrait gagner le débat. L’organisation prend souvent la forme de deux ou trois thèmes ou de quelques questions importantes. Le discours de réplique n’est pas un discours de réfutation mais c’est un sommaire philosophique du débat.


Les Questions d’information

Il n’y a pas de points d’ordre ni de points de privilège personnel dans le style mondial. Par contre, les questions d’information jouent un rôle important dans l’échange. Les questions d’information peuvent être posées après la première minute et avant la dernière minute de chacun des six premiers discours. Les chronométreurs annoncent la fin et le début du temps protégé en frappant leurs pupitres. Les questions d’information ne peuvent pas être posées pendant les discours de réplique. La règle générale est que chaque orateur devrait poser deux questions d’information et d’accepter deux questions pendant chaque discours.

Idéalement, les questions seront courtes (15 secondes maximum) et pertinentes, elles ne sont pas nécessairement pas sous forme interrogative. Les juges punissent la participation inférieure dans les questions d’information et récompensent les orateurs qui les utilisent bien.

Une vidéo d'un débat dans ce format
Le Système de pointage

Les juges accordent à chaque orateur une note sur cent (100) avec une échelle effective de soixante (60) à quatre-vingts (80). Les discours de réplique sont notés sur cinquante (50) avec des notes entre trente (30) et quarante (40) alors que chaque équipe reçoit une note sur cent-cinquante (350). L’équipe qui reçoit le plus de points l’emporte et il n’y a pas de matchs nuls. Les juges accordent des notes en trois catégories :

Présentation (40 points)

Les juges considèrent la présentation des discours. La confiance, le ton, le volume, le contact visuel, l’utilisation de l’humour et le rythme sont tous importants. Les notes pour la présentation vont de vingt-quatre (24) pour un discours ordinaire jusqu’à trente-deux (32) pour un discours brillamment engageant.

Contenu (40 points)

Cette catégorie évalue le discours comme si c’était un texte écrit. La logique, la qualité des arguments, des évidences et l’analyse déterminent la note. On peut donner vingt-quatre (24) points pour un discours qui manque ostensiblement de substance jusqu’à trente-deux (32) pour un discours qui démontre une bonne préparation et une sérieuse analyse.

Stratégie (20 points)

Pour la stratégie, on se pose deux questions: 1- comment l’orateur a-t-il répliqué aux idées de l’autre équipe? 2- Est-ce que l’organisation a été efficace? (temps bien géré, arguments choisis et divisés stratégiquement).

Les discours de réplique sont jugés avec les mêmes catégories, mais avec la moitié des points. Les notes pour les discours de réplique ne comptent pas pour les orateurs qui les donnent, seulement pour l’équipe.

À la fin de leurs délibérations, un des juges explique quelle équipe a gagné le débat, pourquoi cette équipe a gagné et combien de juges étaient en accord et en désaccord.


ada Association de débat d’Argentine



Différences entre les formats DKP et WSDC

Catégories
DKP
WSDC

Equipe

Affirmatif / Négatif
Proposition / Opposition

Sujet

Résolution : une opinion
Motion : un jugement basé sur un parti pris

Membre de l’équipe

Débatteur
Orateur
Discours

6 discours
8 discours

Temps de parole
6 mns pour 1A et 1N et 5 mns pour les autres discours
8 mns chacun pour les 6 premiers discours et 4 mns pour chacun des 2 discours de réplique

Temps de préparation
8 mns / équipe durant tout le débat
1 mn / équipe pour préparer le discours de réplique uniquement


Contre interrogatoire
3 mns après chacun des 4 premiers discours
Pas de contre-interrogatoire, mais n questions d’information tout au long des 6 premiers discours



Argumentation
Tous les arguments donnés par le premier débatteur de chaque équipe. Pas de nouvel argument après
Les arguments sont divisés et répartis entre les 2 premiers orateurs de chaque équipe. Pas de nouvel argument par le 3ème orateur


Structure du cas

Pas de modèle en soutien à la position de l’équipe à présenter
Présentation d’un modèle, en soutien à la position de l’équipe


Verdict
Individuel, mais communiqué séparément par chaque juge

Individuel, mais communiqué aux débatteurs par un seul juge au nom des autres


Jugement
Victoire à l’équipe avec la meilleure argumentation
Victoire à l’équipe avec un total de points supérieur


FOKAL – Programme  Initiative Jeunes  ©  octobre 2017

Une année à la tête du PIJ

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