mercredi 26 novembre 2014

Charlancia Rémy, l’enfant terrible du débat !

Charlancia, au tournoi national de débat aux Gonaives
« Oh mon Dieu ! Je viens enfin de réaliser mon grand rêve celui de gagner le titre de meilleure débatteuse », s’est réjouie Charlancia Rémy, une fois le verdict prononcé à l’issue du duel des champions régionaux, samedi 22 novembre 2014. Ce match de débat qui a opposé au Centre culturel Katherine Dunham l’équipe de Darbonne à celle de Diquini, a vu le sacre des Léogânais.

Portrait de cet enfant terrible du débat

Charlie, de son sobriquet est seulement en 4e année fondamentale, lorsqu’elle commença à fréquenter la bibliothèque Rasin Lespwa à Darbonne, commune de Léogane, et à y emprunter ses premiers livres. Aujourd’hui âgée de 17 ans, elle est déjà en Rhéto et garde toujours la première place de sa classe.
Chalancia avec ses coéquipiers  Kindro & Gayle Sloane lors du duel Diquini/Darbonne
Inscrite au club à la fin de l’année 2012, elle a pris part à la formation réalisée pour les nouveaux inscrits et a représenté du même coup l’équipe de Saint-Esprit, école qu’elle fréquente, à une compétition de débat inter-scolaire à Darbonne. Delà, elle a su montrer ses grandes capacités d’expression orale et son esprit de synthèse a attiré du même coup l’attention des ses pairs et aussi des animateurs.

Depuis lors, elle s’est créée une place incontournable au sein de l’équipe de Darbonne et forme un trio hors pair avec Gayle Sloane Saint-Louis et Kindro Cadet, ses 2 coéquipiers lors du duel de samedi. Elle a participé au tournoi national débat de 2013 à Jacmel, et cette année encore, elle a fait très bonne figure au tournoi régional du sud en Juin, et aux Gonaïves en juillet dernier lors du tournoi national.

Son expérience avec le débat

Charlancia avoue qu’elle vit l’expérience du débat. « Cela m’a permis non seulement de chasser la timidité qui était en moi mais aussi de développer mes capacités intellectuelles. Lors des préparations des matchs, j’apprends beaucoup de choses qui peuvent me servir aujourd’hui et durant toute ma vie. J’apprends aussi à prendre position et à défendre mes opinions ».
Charlancia interrogeant un adversaire au tournoi régional du grand Sud
A la question « que représente [pour elle] ce prix de meilleure débatteuse ? », elle a répondu : Ce prix est pour moi le couronnement du travail assidu et des efforts personnels que j’ai toujours consentis lors des préparations des matchs de débat. C’est aussi celui du support des autres camarades du club et de toute l’équipe, mais aussi des mots d’encouragement de mes parents et des animateurs qui ont toujours cru en mes capacités ».

Gayle Sloane Saint-Louis, sa coéquipière et ancienne meilleure débatteuse au tournoi régional du grand sud en juin dernier, voit en Charlancia un chef d’orchestre. « Elle est toujours prête à nous motiver. Lors des matchs, sur la table, elle mène le jeu, discute des questions à poser, des nuances à toucher. Rien n’est à négliger », a-t-elle ajouté.

Une jeune fille polyvalente au débat …et dans la vie

La petite Charlie a de grandes ambitions. Elle rêve de faire une spécialité en médecine, car elle se sent toujours interpellée par la souffrance des gens. « Je veux me sentir au service des autres », a-t-elle fait savoir. Elle a un penchant aussi pour le mannequinat. Mais pour l’instant, elle s’intéresse et s’essaie à la poésie, à la danse, au théâtre et à d’autres activités artistiques.
Charlancia, meilleure débatteuse du match Darbonne/Diquini
Charlancia est l’une des toutes meilleures joueuses de l’équipe de Darbonne. Dans les matchs, elle peut jouer n’importe quel rôle, mais elle croit qu’elle est plus à l’aise en jouant le troisième orateur, « car le dernier coup cela fait vibrer ». Son esprit de synthèse, sa ténacité et sa perspicacité sont être autres ses plus grands qualités.

Max Grégory SAINT FLEUR

Animateur du club de débat de Darbonne

Le Groupe ECHO Haïti a donné un Élan aux jeunes

Campus Roi Henry Christophe à Limonade
Le groupe ECHO Haïti, a organisé du 15 au 18 novembre 2014, ELAN Haiti 2014, le premier symposium international de jeunes leaders, au campus du Roi Henry Christophe de l’Université d’Etat d’Haïti à Limonade (dans le Nord d’Haïti). Ce forum qui a eu pour slogan « La Jeunesse s’engage ! » a réuni une centaine de jeunes (38 femmes et 62 hommes) dont des étudiants sélectionnés dans tous les départements du pays (74) et dans la diaspora (8), des jeunes professionnels et entrepreneurs haïtiens, des jeunes leaders haïtiens et étrangers (canadiens, américains, dominicains, européens). FOKAL a supporté cette première édition.


Le Groupe ECHO Haïti (GECH) est une association de jeunes étudiants et professionnels d’Haïti, créée en 2010. Sa mission est de renforcer la capacité de la jeunesse haïtienne tout en prenant des mesures concrètes pour un impact significatif sur le développement d’Haïti. Son plan d’action suit 3 grands axes : création d’un réseau de jeunes dynamiques ; conception et utilisation de nouveaux instruments pour la formation sociale et l’intégration des jeunes ; mise sur pied d’initiatives à impacts sur le développement d’Haïti.
A l'ouverture du symposium
ELAN Haïti 2014 est un événement annuel qui vise à dévoiler les meilleurs potentiels de jeunes en Haïti ou dans la diaspora et des étrangers (14 jeunes hommes et femmes venant de 10 pays) sensibilisés à la question haïtienne, et à faciliter le montage et la réalisation par les participants de projets  d’affaires innovants pour le développement du pays, dans 4 domaines distincts : Education, Entrepreunariat, Environnement et Coopération internationale.
L'actrice haïtienne Claudine Oriol, Marc Alain Boucicault et Mme Benjamin 
Pendant 4 jours de suite se sont succédé des conférences-débat animées par des panels d’experts haïtiens et étrangers et consacrées à des réflexions sur les enjeux, les défis liés à chacun des axes de travail précités. Les interventions les plus instructives, car elles collaient plus à l’orientation du forum et se complétaient, ont été celles de Guelmana Rachelin, une entrepreneure américaine d’origine haïtienne, co-fondatrice de 3 entreprises aux USA, de Geoffey Handal de la Chambre franco-haïtienne de commerce et d’industrie (CFHCI), et de Ludovic Comeau du Groupe de Réflexion et d’Action pour une Haïti Nouvelle (GRAHN).

Des idées pour devenir un bon entrepreneur

Guelmana Rachelin
Guelmana Rachelin, pour qui l'esprit d'entreprise est d'identifier la bonne occasion et d'appliquer de la discipline pour attirer les ressources et l'équipe nécessaires pour bien exécuter, a livré ses 10 recettes pour devenir un bon entrepreneur : croire en soi ; être à l’aise avec l’échec ; tirer vos idées de votre entourage ;  bâtir une équipe ; contrôler vos peurs ; soyez  discipliné, planifiez et exécutez ; faire des sacrifices et travaillez dur est une partie du marché ; soyez flexible et patient ; ayez à l’esprit que votre réputation vous précède ; apprenez à chaque étape du parcours.



L'homme d'affaires Geoffrey Handal
Geoffrey Handal a campé le profil de 3 sortes d’entrepreneurs : les entrepreneurs par nécessité, plutôt que par choix, qui montent une petite affaire pour subvenir à leurs besoins ; les entrepreneurs par opportunité, qui démarrent leur entreprise bien qu’ils aient des opportunités d’emploi; les entrepreneurs qui misent sur la croissance prévoient de créer au moins 5 emplois dans les 5 prochaines années. Il a aussi souligné les 3 erreurs à éviter pour réussir en affaires : ne pas se considérer comme un expert en solutions (pas d’idées préconçues), ne pas être têtu (savoir changer de cap quand nécessaire), ne jamais penser qu’on est arrivé (il n’y a pas de ligne d’arrivée en affaires).

Le professeur Ludovic Comeau
Ludovic Comeau, professeur haïtien dans une université américaine, a fait un rappel historique des processus économiques du pays depuis 1804 à nos jours, en insistant surtout sur les freins et les obstacles à l’émergence d’une économie haïtienne forte et performante : la dette équivalente à 21 milliards de dollars américains que Haïti a dû payer pendant 25 ans à la France pour qu’elle reconnaissance notre indépendance, le contrôle de l’économie haïtienne par la Citibank au cours de l’occupation américaine de 1915 à 1934 qui a créé une économie d’import/export, l’exode des cerveaux du pays sous la dictature des Duvalier, et la création d’une mentalité de pénurie exacerbée pendant un siècle et demi qui a retardé le développement du pays.

Néanmoins, les 3 intervenants de ce panel sur entrepreneuriat ont tous d’accord pour affirmer que les Haïtiens ont besoin de collaborer, qu’ils doivent arrêter de se dénigrer, et que réussir en affaire exige la volonté de négocier. Les autres conférenciers (ils étaient 7 au total) ont fait valoir que pour réussir ensemble, les Haïtiens doivent combattre leur incivisme environnemental, éviter le gaspillage énergétique, finalement éduquer la population autrement.

Les projets d’affaires des participants : une affaire à suivre

Tous les jours, après les conférences-débat, ont suivi des travaux en 4 ateliers dans lesquels 3 groupes de jeunes par atelier réfléchissent ensemble pour identifier des problèmes dans le domaine choisi et partager leurs idées avec lesquelles chaque groupe va monter un projet d’affaires. Des observateurs issus des milieux d’affaires, de l’administration publique, des universités, du monde associatif, un ancien Premier ministre et un représentant de FOKAL assistaient à leurs travaux.

25 participants dans chaque atelier d’orientation (éducation, entrepreneuriat, environnement et coopération internationale) mettaient en concurrence leurs idées pour réussir à monter un projet d’affaires original, viable et réalisable durant l’année 2015. Un vrai parcours de combattant tant ils avaient des difficultés à identifier les problèmes à résoudre, à choisir un parmi ceux dégagées, à s’entendre sur une action concrète et la démarche à suivre pour la résoudre, et à définir les responsabilités.

La tache a été d’autant plus ardue qu’au dernier jour du symposium, chaque groupe avait l’obligation, sur la base des travaux de réflexion qu’ils ont effectués durant les 2 jours précédents, d’élaborer et de rendre son projet d’affaires en 3 heures. Une fois les projets d’affaires présentés, le groupe gagnant de ce concours a reçu des distinctions et des primes et son projet aura à bénéficier d’un financement déjà disponible pour sa réalisation. Les jeunes n’ont pas lésiné sur leurs efforts pour élaborer un projet.

Par exemple, dans le domaine « Coopération internationale », les jeunes ont opté pour l’implication des jeunes pour une meilleure image d’Haïti dans la définition de ses rapports avec la communauté internationale. Comme action, ils ont en projet la mise en place d’un réseau de jeunes ambassadeurs volontaires ici et ailleurs pour promouvoir l’image d’Haïti à l’extérieur via une plateforme numérique interactive.

Un autre exemple de projet ambitieux est celui de l’axe « Education », dans lequel les jeunes de ce groupe ont identifié les problèmes de la formation inadéquate des enseignants, de la langue de transmission des connaissances, de la méthode d’apprentissage inadéquate. Ils ont proposé la création d’une plateforme numérique interactive d’éducation qui offrirait un service de tutoriels en 5 matrices, pour enseignants et étudiants.

Un pari risqué, un défi relevé

Les membres du comité organisateur d’ELAN Haïti 2014, sous le leadership du jeune dynamique et infatigable leader, Marc Alain Boucicault, et du président du Groupe ECHO, Herrick Dessources, ont réussi le pari de réaliser cet événement d’envergure internationale qui mijotait dans la tête depuis deux ans. Les déclarations flatteuses des observateurs invités, lors des interviews par la presse qui couvrait le forum et les félicitations des panélistes aux conférences, en disent long sur le degré de satisfaction et de fierté éprouvées à l’égard de ces jeunes du groupe ECHO.
Interview d'une observatrice à ELAN Haiti
L’enthousiasme et l’énergie de la centaine de jeunes, sélectionnés pour participer à ELAN Haïti 2014, leur ardeur à réfléchir et à travailler ensemble, ont démontré vraisemblablement leur capacité à dépasser les égoïsmes pour élaborer des projets conjoints, leur potentiel à trouver des solutions innovantes pour résoudre des problèmes du pays, ou tout simplement leur espérance dans un meilleur avenir pour le pays.

Les partenaires du projet qui sont des entreprises locales du Nord, des compagnies nationales privées, des organisations internationales, des institutions publiques, l’Université d’Etat d’Haïti, même s’ils n’ont pas eu à bénéficier directement du projet en termes de publicité, peuvent se réjouir pleinement d’avoir donné à tous ces jeunes l’élan qu’ils pouvaient attendre d’eux pour faire aboutir un tel projet.

FOKAL souhaite que, grâce à Elan Haïti 2014, ces jeunes leaders, étudiants, professionnels ou entrepreneurs émergents qui y ont participé trouveront la foi nécessaire pour réaliser leur rêve ou leur idéal, ou tout simplement poursuivre ce qu’ils ont déjà commencé. Souhaitons-leur bonne chance !

Jean-Gérard Anis
Coordonnateur du Programme Initiative Jeunes- FOKAL

25 novembre 2014

lundi 24 novembre 2014

Le club de Darbonne a gagné le duel des champions régionaux

Le club de Darbonne a battu le club de Diquini sur le score de 2 à 1, lors d’un match de débat entre les 2 champions des tournois régionaux de l’Ouest et du Sud, en juin dernier. Ce match a eu lieu comme prévu samedi 22 novembre, au centre culturel Katherine Dunham, au parc de Martissant.
Fendy, Mardoché et Stanley de l'équipe de Diquini
Des délégations de jeunes venues des clubs de Martissant, de Darbonne, de Diquini, de Cote-Plage, de BMC et de Fond Parisien, et accompagnés de leurs coaches ont assisté à ce débat qui les a tenus en haleine.
Kindro, Gayle Sloane et Chalencia de l'équipe de Darbonne
 Je félicite pour sa belle victoire l’équipe de Darbonne composée de Kindro Cadet, Gayle Sloane Saint-Louis et de Charlencia Rémy, exactement la même qui a remporté le tournoi régional de débat du grand Sud. J’adresse des félicitations spéciales à Charlencia Rémy, consacrée Meilleur débatteur du match.

Un compte-rendu plus détaillé de ce match sera publié cette semaine dans le blog du Programme Initiative Jeunes à l’adresse suivante : http://vaguedufutur.blogspot.com
L'équipe gagnante du duel avec leur coach Max Grégory
Ainsi, le club de Darbonne va s’opposer au club de BMC, le champion du tournoi national dans un ultime duel qui aura lieu donc le samedi 13 décembre prochain, à 10h am, au centre culturel Pyepoudre, siège du club de Christ-Roi. L’équipe gagnante de cet ultime duel sera sacrée le « Champion des champions ».

Préparez-vous !

Jean-Gérard Anis
Coordonnateur du PIJ


vendredi 14 novembre 2014

IDEA des Pays-Bas (IDEA NL) fête ses 15 ans d’existence


L’organisation néerlandaise de débat, IDEA NL, basée à Amsterdam, dont FOKAL est membre, célèbre en ce mois de novembre 2015, son 15e anniversaire de fondation. Pour l’événement, IDEA NL a élaboré un programme d’actions impliquant différentes associations  de débat dans le monde qui lui sont affiliées,  (dont FOKAL), qui combinent articles, entrevues, diaporama, films retraçant son histoire, ses activités  et les activités de ses partenaires. Ces produits sont consultables sur le site web d’IDEA à www.idebate.org ou sur You Tube à https://www.youtube.com/watch?v=901neoZhjkg.

IDEA (International Debate Education Association) est un réseau international d’associations de débat implantées aux USA, en Angleterre, aux Pays Bas, en Asie, en Afrique, qui font la promotion du débat dans le monde,  sous la tutelle d’IDEA Central basée à Bruxelles. Plusieurs associations de débat dans le monde sont affiliées à chacune de ces entités d’IDEA, dépendamment de leur proximité géographique ou des relations déjà tissées auparavant. FOKAL est affiliée IDEA aux Pays-Bas depuis plus de 8 ans.

Yvonne Heselmans, Présidentete de IDEA nl,  et moi, en Irlande
En mettant l'accent sur les jeunes et leurs communautés, la mission de IDEA) est de promouvoir la compréhension mutuelle et la démocratie au niveau mondial, en soutenant la discussion et la citoyenneté active au niveau local. IDEA vise à remplir sa mission en offrant aux élèves et aux enseignants l'occasion d'examiner les questions qui affectent leurs vies et leurs communautés, en créant des clubs de débat larges et inclusifs qui encouragent la participation de tous les segments de la population, y compris les minorités ethniques, et par la création d'associations indépendantes de débat pour promouvoir, organiser et soutenir l'éducation au débat.               

En aidant des jeunes dans plus de 40 pays à développer l’art oratoire en public, tout en élargissant leur maîtrise des questions complexes et controversées, IDEA forme de nouvelles générations de penseurs critiques, tolérants à des rôles de leadership dans la vie civique et politique. Chaque année, FOKAL reçoit une invitation d’IDEA pour faire participer une équipe de jeunes débatteurs, de son réseau de clubs en Haïti, au Global Youth Forum, une compétition internationale de débat, impliquant une cinquantaine de pays.
   
La présidente d’IDEA NL, Yvonne Heselmans a adressé ses vœux à tous les organisations et associations de débat partenaires.

Longue vie à IDEA !

Jean-Gérard Anis
Coordonnateur du Programme Initiative Jeunes
FOKAL OSF Haiti


Pour de plus amples renseignements sur les programmes d'IDEA, visitez son site web à  www.idebate.org    

mardi 11 novembre 2014

Premier duel des clubs champions


Salut

J’ai le plaisir de communiquer à toute la communauté des débatteurs du réseau et les usagers du blog le sujet du duel entre les 2 champions des tournois régionaux 2014, Darbonne et Diquini :
« Les produits locaux sont à privilégier chaque fois que possible, même si les recettes de l’État dépendent des taxes sur les produits importés ».
Le match aura lieu au Centre Culturel Katherine Dunham (CCKD), au parc de Martissant, le samedi 22 novembre 2014, à 10 h am.
Tous les débatteurs des clubs sont invités à y assister selon vos moyens. Ce débat est bien entendu ouvert au public.
Le prochain débat entre BMC et l’équipe gagnante de ce duel aura lieu au Centre culturel Pye Poudre, à Bourdon, le samedi 10 décembre 2014, à 10 h. Le sujet sera communiqué à l’issue du duel Diquini-Darbonne.
Ne ratez pas ce rendez-vous!

Jean-Gérard Anis
Coordonnateur du PIJ
FOKAL OSF Haiti

lundi 3 novembre 2014

Dinon Murlène HYPPOLITE, une débatteuse patriote et ambitieuse

Dinon Murlène Hyppolite

Dinon Murlène Hyppolite est débatteuse du club de débat du Cap-Haitien. Elle est en rhéto au collège Regina Asumpta.

Elle a participé à la consultation des jeunes de cette ville que FOKAL a effectuée le 22 mai 2014, dans le cadre de son projet de livre blanc de la jeunesse haïtienne. 51 jeunes, dont 31 filles, issus de plusieurs établissements scolaires de la ville y ont pris part. Elle a partagé avec nous ses impressions sur l’exercice, de son expérience de débatteuse, des jeunes, et ses aspirations.

De la consultation
Dinon a salué l’initiative. « Pour moi dans l’ensemble, cela a été positif, parce que les jeunes ont réagi. Vous avez encadré les jeunes [en parlant de l’équipe de FOKAL qui a conduit la consultation] de façon à ce qu’ils ne sortent pas du sujet. Vous les avez remis sur les rails lorsqu’ils avaient tendance à dérailler ».

Doctement, elle poursuit : « Pour moi, le livre est une vision de la jeunesse. Donc, publier un livre pareil est comme offrir aux adultes, aux autres qui le liront, une possibilité de savoir ce que pensent les jeunes. C’est donc comme intégrer les jeunes dans la vie sociale et politique de notre pays ».

« Les opinions des jeunes inscrites dans ce livre, c’est comme dire aux lecteurs que les jeunes aussi ont leur mot à dire. Et quelques fois, ces mots qu’ils disent sont importants et valables. C’est comme dire aussi à ces gens qu’il ne faut pas négliger la jeunesse, à cause de sa jeunesse. »

Aux décideurs du pays, Dinon prévient : « Même si nous sommes des jeunes, nous ne sommes pas des bons à rien ! ».

Du débat
« Le débat peut renforcer l’apprentissage de la démocratie car elle nous permet d’accepter l’opinion des autres. Parce que, quand on va débattre, on ne sait jamais si on va être pour ou contre. On vous dit que vous allez défendre le pour ou le contre [indépendamment de vos convictions personnelles]. Par exemple, si nous prenons le mariage homosexuel. Et puis on vous dit d’être pour le mariage homosexuel. Si vous êtes un bon débatteur, vous allez normalement trouver des arguments pour approuver le mariage homo. Ainsi, vous allez comprendre un peu les personnes qui sont pour ».

Elle regrette que « […] la plupart des jeunes, lorsqu’ils discutent, ils ont plutôt tendance à se chamailler. Les discussions entre les jeunes ont tendance à devenir des disputes. Quand on sait débattre, quand on a l’habitude de débattre, ça nous permet de discuter correctement ».

Dinon apprécie tout particulièrement la discipline qu’impose le débat : « Au débat, on sait qu’on a un nombre de temps pour parler, on sait qu’il faut permettre à l’autre personne de parler. On sait aussi qu’on n’est pas le seul à parler, qu’il faut savoir écouter ce que la personne a à dire afin de pouvoir réfuter ».

« Ça nous permet aussi de réfléchir parce que [… ] on ne dit pas seulement ce qu’on a lu dans les livres ou bien en ligne, mais il y a un peu de ce que l’on pense qui passe à travers ».

De son expérience du débat
« Je suis celle qui prend le débat au sérieux. Je ne veux pas dire que tout le monde a peur de moi [comme débatteuse, bien entendu], parce que tout le monde a ses capacités, croit en ses capacités. Et je ne peux pas dire aussi que je suis la meilleure débatteuse du club, parce que, où qu’on est, il y a toujours meilleur que soi. Mais je suis une bonne débatteuse. Je peux le dire sans me vanter », signifia t-elle avec assurance.

Lorsqu’on lui a demandé ce qui lui permet d’affirmer cela, elle rétorqua : « A travers plusieurs réunions qu’on a eues dans le club, on a des sujets sur lesquels il fallait débattre. Et puisque je crois que j’ai bien répondu, mes paroles ont fait de l’effet. Et j’ai bien défendu ma position, que ce soit pour ou contre, et peu importe que le sujet soit moral, intellectuel. Je pense que je suis une bonne débatteuse par rapport aux résultats que j’ai obtenus durant les débats organisés dans nos réunions.»

Le débat, un apprentissage

Elle a relaté un cas où son expérience du débat a changé sa manière de penser. « Je me souviens dernièrement, il y a un débat pour ou contre le ‘rabòday’ [un style de musique haïtienne, populaire chez les jeunes, accompagnée de sa danse dédiée, dans laquelle les jeunes filles tournent les reins et bougent les fesses à tout va, la danse ‘twerk’ à l’haïtienne]. Autrefois, dès que j’entendais ‘rabòday’, c’était quelque chose pour moi de très négatif. Maintenant, grâce au débat, je sais que ça permet à certains jeunes d’éliminer le stress. Donc même si je ne suis pas dans la condition de ces jeunes qui ont besoin du ‘rabòday’ pour éliminer le stress, je peux dire que c’est quelque chose que je ne savais pas que j’ai appris.»

De son club
« Jusqu’à présent, je suis satisfaite de mon club de débat. Il n’y a rien qu’elle aurait aimé y changer, mais plutôt à y ajouter : « Par exemple, la participation des jeunes. Il y a certains jeunes, lorsqu’ils viennent au club, ne participent pas vraiment. J’aimerais qu’il y ait moins d’assistants, et plus de participants

Des jeunes
« Je pense que les jeunes devraient prendre la décision de rester dans le pays. Parce que si tout le monde part, qui est-ce qui va changer le pays ? Personne. Et il y a aussi cette conviction que nous devons avoir : Le pays est dans cet état parce que nous l’avons mis dans cet état, c’est-à-dire c’est à nous de réparer nos torts. Si tout le monde se dit : Ah, je m’en lave les mains ! Alors il va arriver un moment où le pays sera pire qu’actuellement ». Que faire ?

Loin de se décourager, Dinon assura : « Le problème est que, en Haïti, il est difficile de conscientiser les gens parce que la plupart des haïtiens ne pensent qu’à leur ventre. Et aussi aux choses qui les concernent. Mais si j’avais la possibilité de sensibiliser les jeunes, les gens de mon entourage à faire comme moi, rester en Haïti, je le ferais. Parce que c’est nous qui devons changer ! »

De son avenir
« Lorsque j’étais petite, je rêvais d’être géophysicienne, parce que, lorsque je regardais les documentaires à la télévision, je disais toujours à mon père c’est ce que je voudrais être. Mais en grandissant, j’ai remarqué qu’il n’y a pas beaucoup d’opportunités pour les géophysiciens en Haïti. Et moi, je n’aimerais pas vivre à l’étranger. Donc, j’aimerais être une femme d’affaires ».

« Je veux vivre en Haïti, c’est juste parce j’ai en moi un patriotisme exacerbé », a-t-elle confirmé, comme pour conjurer tout doute dans l’esprit de son interlocuteur.

Propos recueillis par
Yvens RUMBOLD & Jean-Gérard ANIS
22 mai 2014

Une année à la tête du PIJ

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