mercredi 23 février 2011

Réaction des jeunes du club VDF du Centre-ville à l'affront subi par la sélection haitienne U-17

Le coordonnateur a effectué, dans la matinée du samedi 19 février, une visite de travail dans le club VDF du Centre-ville, à FOKAL. Une vingtaine de jeunes ont participé à la réunion.

La réunion a démarré avec une pensée du jour, proposée par un jeune : « Celui qui diffère de moi, loin de me léser, m’enrichit. » Antoine de Saint-Exupéry. Les jeunes ont réagi à la pensée, en cherchant à l’expliquer et à l’illustrer. La pensée du jour a permis aux jeunes  de parler de tolérance et à effectuer des distinctions entre les notions suivantes :
-          différence et diversité : un jeune définit la diversité comme une somme de différences qui enrichit le monde et qui doit nous porter à la tolérance ;
-          tolérance et « sitirans » : selon eux, on associe trop souvent la tolérance (acceptation des différences) au sitirans (créolisme qualifiant la tendance au laxisme, la faiblesse de réaction face à des comportements et discours déviants dans la société haïtienne).

Cette partie s’est achevée sur des réflexions concernant la difficulté du travail intellectuel, à l’appui d’un texte lu par Ricardo Nicolas, un animateur du club, la mission de l’Université qui est de produire du savoir scientifique, et non des professionnels, le défi d’être un intellectuel en Haïti, sans ressources, sans public et coupé de son peuple paradoxalement par la profondeur de son savoir.

Parallèlement à la vague d’indignation qui agite le pays sur le sort qui a été fait par les autorités sanitaires jamaïcaines à la sélection haïtienne U-17 de football, la semaine dernière, le coordonnateur a demandé aux jeunes du club de Centre-ville de réagir là-dessus. Les jeunes ne se sont pas fait prier pour répondre.

L’un affirme sans ambages que c’est un complot de la Jamaïque pour empêcher Haïti de se qualifier pour la Coupe du monde de football au Brésil en 2014. Un autre de dire que « C’est un prétexte des Jamaïcains pour avilir notre image. Ils profitent de nos faiblesses » ; un troisième : « Cela n’a aucun rapport avec le football » ; un quatrième : « Les Jamaïcains ont agi par ignorance car ils ne connaissent pas les arcanes du football, n’ont pas la culture de ce sport » ; un dernier avance que « c’est un problème d’encadrement du foot haïtien. Le problème vient de nous puisque l’Etat n’a jamais pris de dispositions pour empêcher ce genre de choses ». Un dernier appelle à « …chercher d’abord le vrai mobile de cette expulsion de la sélection haïtienne de la phase de qualification du Mondial 2014 ».

Les esprits s’échauffèrent. L’indignation est montée d’un cran. Le coordonnateur leur a posé la question suivante : « Comment la société haïtienne, ou l’Etat haïtien ou vous-même devez réagir face à l’humiliation subie par la sélection haïtienne en Jamaïque? ». Les réponses ont plu. 

« L’Etat haïtien devrait interpeller la Jamaïque devant les instances de la FIFA », propose l’un. Un autre renchérit : « Si la sélection n’obtient pas justice, il faut que les Haïtiens agissent contre les politiciens  pour leur dire qu’ils sont responsables de ce qui s’est passé puisqu’ils ne valorisent pas leurs compatriotes ». Plus diplomatique, un troisième serait pour que le Sénat haïtien envoie une lettre de protestation aux autorités jamaïcaines. Mais un camarade rejette cette proposition en disqualifiant les échanges diplomatiques entre les autorités des 2 pays. Il penche pour un échange de correspondances avec les instances de football. Enfin un dernier conclut en ces termes : « Il faut saisir cette occasion pour apprendre à avoir honte, pour prendre nos responsabilités, pour que nos dirigeants fassent leurs devoirs. » La conclusion n’a pas plus à tout le monde.

L’animateur Ricardo rappelle aux jeunes que le gouvernement Haïtien a rappelé son chargé d’affaires en Jamaïque, qui elle-même a considéré cet « incident » comme un malentendu regrettable. Cela n’a pas suffi pour convaincre les jeunes dont certains pensent que les autorités haïtiennes, même si elles posent des actions concrètes, ne vont pas assurer le suivi ni faire pression auprès de la CARICOM. Un autre propose une approche méthodique dans la résolution du problème : faire silence pour éviter d’envenimer les tensions, ensuite entreprendre des actions diplomatiques. « Je ne suis pas d’accord avec la honte qui conduit au silence » s’indigne un jeune. «  Il faut être indigné ! Nos politiciens sont trop passifs !»

La réunion a pris fin sur une rubrique culturelle où des jeunes expriment leurs talents à l’écriture.

Le coordonnateur

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