lundi 5 février 2018

WSDC: Débattre dans le format World School Debating Championship [2]


LA REFUTATION

Deux argumentations opposées ne font pas un débat. Il faut qu’il y ait interaction entre les argumentaires. Autrement dit, vous devez attaquer frontalement les arguments de l’adversaire. C’est ce qu’on appelle une réfutation.

C’est l’une des parties les plus passionnantes, la plus cruciale du débat. C’est la réfutation qui distingue le débat de la parole publique ordinaire, en donnant aux participants la possibilité de critiquer ouvertement les arguments de leurs adversaires.

Quoi réfuter ?

Le but de la réfutation est de démonter l’argumentaire de la partie adverse. Votre rôle n’est pas de juger l’argumentaire de l’adversaire (par exemple en lui reprochant d’avoir dépassé son temps de parole, ce qui n’affecte le caractère persuasif de son argumentaire) ni de remplacer le juge (par exemple en relevant que tel argument n’est pas illustré, au lieu de dire que l’absence de preuve est la preuve de la non véracité de l’argument).

Vous devez réfuter l’argumentaire de votre adversaire, en discréditant toute notion ou affirmation, ses définitions, les exemples, les statistiques et tout autre élément contribuant au caractère persuasif de son argumentaire.

Le thème
Attaquer les idées et hypothèses qui sous-tendent l’argument



La définition
- Faites clairement savoir que vous contestez la définition de votre adversaire
- Expliquez en quoi la définition est incorrecte
- Remplacez leur définition par la vôtre
- Expliquez en quoi votre définition évite les écueils de celle de l’opposition



Un argument
1. identifier l’argument ou l’idée que vous attaquez. Ce qu’ont dit vos adversaires.
2. indiquer quelles sont les limites de l’argument. Pourquoi c’est faux ?
3. montrer comment votre équipe répond au problème que vous avez identifié dans l’argument de l’adversaire. Ce que nous avons dit.
4. reliez la réfutation à votre propre argumentaire, au risque de perdre l’initiative. Pourquoi ce que vous dites est vrai ?

Les exemples et les statistiques
Si vous réfutez des exemples et des statistiques, vous devez constamment examiner et discuter la pertinence et le contexte dans le débat

Une réfutation
Vous devez répondre à l’attaque de vos adversaires, mais veiller à ne jamais explicitement présenter la réfutation d’une réfutation comme une question-clé du débat

Remarque : Vous devez consacrer la majeure partie de votre temps de parole à réfuter, particulièrement les 2e et 3e orateurs.

Motifs-clés de réfutation et astuces

Voici certaines raisons courantes pour lesquelles vous devez réfuter un argument :

a.       Absence de pertinence logique : examiner ce que l’opposition doit prouver et déterminer si elle le fait effectivement. La concession peut être une technique de réfutation efficace.

b.      Insignifiance. La technique de réfutation la plus adaptée est la marginalisation par distinction, c-à-d on fournit une base sur laquelle distinguer un argument ou un exemple en rapport à la question directement débattue.

c.       Inexactitude factuelle. Les faits inexacts peuvent servir de base à la réfutation si elles influent substantiellement sur l’argument avancé.

d.      Affirmation sans fondement. Une simple affirmation, une vague déclaration sans justification efficace, autrement dit sans preuves, est un motif de réfutation.

e.      Hypothèses sous-jacentes. Contester les hypothèses qui sous-tendent l’argumentaire de vos adversaires.

f.        Causalité. Quand une équipe cause qu’une tendance (par exemple la tendance à regarder des films violents) provoque une autre tendance (par exemple la tendance à être une personne violente). Le moyen le plus puissant de l’exprimer dans une réfutation consiste à fournir et à appuyer une autre explication du fait que les tendances vont ensemble.

g.       Contradictions. Un orateur concède une idée, mais un autre membre de la même équipe essaie de s’opposer à la même idée. C’est une incohérence.

h.      Présentation erronée. C’est une forme de réfutation qui consiste simplement à réduire ou à déformer les arguments de vos adversaires, au point de les rendre méconnaissables et de les vider de leur substance, puis à les traiter comme s’ils étaient d’une inexactitude évidente. C’est risqué !



Le Style

Quelques règles pour présenter efficacement vos idées.

1.       Etre soi-même

Parlant de style, l’aspect le plus important n’est pas ce que vous devez faire, mais ce que vous devez être. Vous devez donc apprécier ce que vous êtes ! N’adoptez pas une personnalité différente ni un style d’élocution différent.

2.       Présentation visuelle

·         Votre style se manifeste dés que votre équipe entre en salle de débat. La ponctualité est de mise. Dès que le président vous annonce, vous devez prendre la parole au risque d’entacher votre crédibilité. Un juge a le droit de sanctionner un orateur qui retarde la prise de parole après avoir été annoncé.
·         Contact visuel. Un débatteur doit cibler des personnes parmi l’auditoire et maintenir un contact visuel avec celle-ci pendant un certain temps. Il doit éviter de lire ses notes / de cligner des yeux entre les notes et le public / de s’adresser à ses adversaires, en les vouvoyant / de regarder ailleurs dans la salle
·         Geste. Les gestes sont naturels dans une conversation. En tant que débatteur, vous devez vous efforcer d’avoir l’air naturel pour paraitre crédible et sincère. Libérez donc vos mains autant que possible, et donnez libre cours à vos gestes !
·         Posture. Aucune règle ne vous oblige à restez scotché sur place pendant toute la durée de votre discours.  Déplacez-vous donc dans un but précis. Toutefois vous devez éviter tout mouvement répétitif ou distrayant

3.       Présentation verbale

Vous devez toujours viser à exprimer vos idées aussi simplement et clairement que possible, à l’aide d’un langage simple et des phrases courtes.
·         Eviter le vocabulaire complexe dans la mesure du possible
·         Introduire les acronymes, en prenant soin de fournir la signification de tout acronyme que vous utilisez la première fois dans votre discours (OMS= Organisation Mondiale de la Santé)
·         Expliquer les termes techniques
·         Répondre à toute question rhétorique, c-à-d à toute question que vous posez à vous-même pendant  votre discours
·         Eviter de faire de l’humour, de faire des plaisanteries isolées,  du sarcasme


Remarque : Le public et les juges réagissent mieux aux débatteurs qui argumentent réellement, et moins à ceux qui lisent leurs arguments à partir des notes. Notez les repères et les sous-titres pour maintenir la structure interne de votre discours.

PIJ – FOKAL  Novembre 2017

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