mardi 13 mars 2018

Le contre-interrogatoire, pivot d’une bonne réfutation


Dans un match de débat, chaque phase relève d’une importance capitale, qu’il s’agit de la présentation des cas, du contre-interrogatoire, de la réfutation des arguments ou du travail de synthèse des orateurs. Mais, il arrive très souvent que les débatteurs exploitent mal le contre interrogatoire, ce qui à maintes occasions donne lieu à des scènes d’agressivité et de tohu-bohu. Rares sont les équipes qui parviennent à en faire un bon usage.

Sachant que le débat en soi est une activité intellectuelle qui entre autres consiste à éveiller l’esprit critique de ses pratiquants, cependant cet éveil ne peut pas être réalisé en dehors d’une posture de questionnement. De ce fait, la bonne gestion de cette séquence du débat est bénéfique  à toute équipe aspirant à une bonne prestation, car cette phase stratégique peut bien servir à la déstabilisation de l’équipe adverse lors de la réfutation. Voyons progressivement et de manière très succincte en quoi cette phase d’interaction est favorable à un bon travail de réfutation, lorsque sa gestion est faite de manière adéquate.

Bien avant d’évoquer les raisons pour lesquelles on estime que le contre-interrogatoire est utile à la réfutation, il s’avère important de le définir : « C’est une partie importante, ou les débatteurs peuvent vérifier leur compréhension du cas adverse et travailler à le démanteler à travers un questionnement stratégique direct. » Cette définition nous renvoie à deux éléments majeurs dans le cadre de la préparation réfutation : compréhension du cas de l’adversaire et démantèlement de son discours.

D’abord, pour réfuter un critère ou un argument, il faut avoir une nette compréhension de ce que l’on veut réfuter, c'est-à-dire, saisir le sens et la portée du discours adverse, car on ne réfute pas à partir du néant, mais par le biais des failles relevées dans les déclarations.

Pour cela, l’écoute s’avère très importante, car elle vous permettra de ne pas mal interpréter le sens du discours des orateurs. Toutefois, certaines choses pourraient vous échapper lors d’une intervention, mais ne vous affolez pas. Notez quelque part ce que vous n’avez pas trop bien cerné, et attendez le contre-interrogatoire pour faire le point là- dessus. Profitez-en, en formulant toute une panoplie de questions servant à élucider le discours de l’adversaire, afin qu’il soit à la portée de votre compréhension. Car, une fois que l’idée de l’adversaire est bien saisie, vous voila déjà en mesure de la contrecarrer.

Une fois que vous vous êtes assuré de bien comprendre le cas adverse, il faut ensuite procéder à son démantèlement. Sachez  que  normalement, un cas bien compris est à demi réfuté. Mais la grande question reste à savoir comment poser les jalons de la réfutation en plein contre-interrogatoire ? 

Dans les paragraphes ci-dessus, nous avons bien mentionné que l’on peut s’en servir des questions pour mieux comprendre l’argumentation de l’équipe opposante, cependant les questions ne servent pas seulement d’outils de clarification, ils permettent aussi d’évaluer l’authenticité des raisonnements de l’adversaire, de relever l’incohérence de son discours qui entre autres peut vous permettre d’identifier les failles de son argumentation. Si vous voulez que les questions vous servent réellement à mettre à nu les failles de l’équipe adverse, il faut éviter de s’éterniser sur des questions dont vous connaissez déjà la réponse.

Il est important de poser des questions directes (on peut y répondre par oui ou non), car elles peuvent à tout moment vous aider à mettre en exergue la contradiction planant dans le discours de l’orateur. Cependant, il y a des orateurs qui font beaucoup d’attention pour ne pas se contredire. Si leurs discours sont cohérents et si l’orateur fait des concessions dans leurs réponses, il sera sans effet de lui imposer cette manière de répondre. Dans ce cas toute tentative d’insistance aboutira à une perte de temps et un gaspillage du contre-interrogatoire.

Peu importe la qualité d’un discours, il y aura toujours des choses à reprocher, autrement dit des failles. Il n’existe pas d’argument irréfutable. Aussi fort qu’il puisse avoir l’air, les failles sont là. C’est à vous de les identifier en évaluant soit les liens logiques entre les prémices et les conclusions, soit les sources, soit le raisonnement logique de l’argument, soit la validité ou la pertinence d’un support, soit le contexte dans lequel une déclaration a été faite.

Prenez garde de bien écouter vos adversaires, afin de comprendre leur argumentation. N’hésitez pas de les poser des questions en vue de clarifier leur discours. Ayez de la suite dans vos questions, ne laissez pas l’adversaire vous poser de questions, soyez courtois. Ainsi vous serez en mesures de livrer une bonne performance non seulement lors du contre-interrogatoire mais aussi dans l’ensemble du match. 

Jonas Anélus
Animateur du Club de Diquini
 

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