samedi 2 octobre 2021

« En ce moment la moindre distraction peut vous couter la vie », dixit une débatteuse de Jérémie

 30 Septembre 2021

Le vendredi 10 septembre 2021, le club de Débat de Jérémie a ouvert ses portes. Nous aurions dû avoir avec nous le psychologue Alain Victor pour une thérapie de groupe afin de faire parler les jeunes de leurs angoisses, des stress et traumatismes qu’ils ont subis après les récents graves évènements survenus dans le pays. Cependant, il a eu une exigence de travail de dernière heure qui l’obligeait à se rendre à Port-Au-Prince la veille. Toutefois, il nous a dit de demander aux jeunes ce qu’ils ont précisément comme problèmes pendant ces derniers jours, enregistrer leurs paroles, les lui envoyer et, à son retour, le 17 septembre prochain, il fera une rencontre de suivi avec les jeunes.

Voici quelques témoignages recueillis :

« Je me sens stressé à cause du tremblement de terre. Depuis ce jour-là, le moindre bruit me fait sursauter. Je ne peux m’empêcher de rester sur le qui vif et à n’importe quel moment pour me mettre à courir. Mais je me demande où est-ce que je vais comme ça en courant. J’ai envie de me perdre dans une réalité, mais il m’est très difficile de me distraire parce qu’en ce moment la moindre distraction peut vous couter la vie. C’est tout ce que je ressentis après le tremblement de terre », a avancé Sharanaelle Belris.

Sophonie a enchainé en disant : « Après cette catastrophe, je suis stressée. Je n’arrive même pas à formuler une phrase complète. J’ai fait des cauchemars absurdes. Je n’arrive pas à me contrôler émotionnellement. J’ai toujours envie de courir, de partir, de laisser la ville en pensant que ça va recommencer. Je n’arrive pas à dormir. Parfois, je suis très en colère. Je me culpabilise de n’avoir pas su que toutes ces gens allaient mourir pour, au moins, essayer de les sauver. Je me demande parfois si j’arriverai un jour à affronter la réalité. Je n’arrive pas à me concentrer sur mes responsabilités personnelles. C’est absurde ! »

Pour Guillaume Eudès : « Chak lèm tandon bagay souke, manvi kouri se komsi se tranbleman an epi manvi kouri ».

Nyrlande Jacquet : « M pat janm konn sa k tranbleman tè a. Epi, lè l te fèt la, m te kanpe yon miwa, m wè lap vire. Male poum kouri, manmanm kenbem. Apre sa, depim tandon bri m toujou se tranblemand tè a ».

Rockson : « Gen 4 bagay ki stresem : koronaviris lan, ensekite, lamo prezidan an avek tranbleman tè a».

Bien que le Psychologue n’ait pas été là, mais on sent que les jeunes se libèrent dans leur manière de s’exprimer, ils se sont soulagés.

Toutes les plaintes ont été enregistrées et envoyées au psychologue Alain Victor et une rencontre de suivi a été planifiée avec lui le 17 septembre prochain.

Le 2e jour, le 17 septembre prochain, le psychologue était là comme il l’avait promis. Il a commencé en disant aux jeunes : « Avec une attention très soutenue, j’ai entendu toutes vos plaintes. Et, en conclusion, j’ai fini par comprendre que vous êtes, pour la grande majorité, vous êtes stressés. Maintenant, la question qu’il faut se poser c’est comment surmonter le stress ? »

Après plusieurs réponses données par les jeunes, il a enchainé pour dire : « C’est normal comme jeunes, quand un évènement pareil est passé, il agit sur votre cerveau, mais l’essentiel c’est de nous adapter et de chercher à résoudre le problème qu’on a car, nous sommes tous nés avant les problèmes. Et, puisque nous sommes nés avant eux, il revient à nous de les résoudre mais non pas à eux de nous résoudre ».

 « Pour surmonter le stress, il faut parler, exprimer le problème qu’on a, l’extérioriser pour se délibérer. Le stress, si on ne le surmonte pas, cela peut engendrer l’anxiété… »

Il a ajouté : « Je sais bien que ce sont les derniers évènements politiques et le tremblement de terre suivi de différentes répliques et les hallucinations qui vous rendent stressés à ce niveau. Cependant, il faut que vous sachiez que le plus important c’est la façon de se préparer et de se comporter en cas de tremblement : construire les maisons suivant les nomes parasismiques, rester dans un endroit dégagé, sortir si vous êtes à l’intérieur de la maison ou se mettre sous une table… »

 

Waldinde Germain

Animateur du club de débat de Jérémie

PIJ

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