26 Aout 2021
Et de deux !
Que dis-je ? Et de quatre ! C’est le 4e tremblement majeur
qui a frappé le pays, après le Nord en 1882 et l’ouest en 1948 et 2010. Cette
fois-ci c’est le grand Sud qui a subi les turbulences de la terre, les
impressionnants dégâts matériels et les déplorables pertes en vies humaines.
Plus de 2,000 morts déjà dénombrés, des milliers de blessés et des dizaines
de disparus dans les 3 départements touchés, Nippes, Sud et Grand-Anse.
Malheureusement,
FOKAL dispose de 3 clubs de débat de son réseau qui se situent dans 3 villes de
2 ses départements sinistrés, Cayes, Camp-Perrin et Jérémie. Nos six
collaborateurs, nos dizaines de jeunes débatteurs et débatteuses de ces villes,
ont tous été durement impactés par ce violent séisme survenu au matin du 14
Aout 2021.
Le coordonnateur du
Programme Initiative Jeunes (PIJ) de FOKAL a contacté le jour même les
animateurs de ces clubs pour savoir s’ils étaient en vie avec leurs familles,
puis dans les jours suivants pour s’enquérir de leur situation au quotidien et
celle de nos débatteurs ainsi que leurs familles. Une véritable tragédie. Voici
un bilan condensé élagué de nombreux détails, sur la foi des de ce que nos
animateurs nous ont rapporté.
Personne n’a été
épargné
Les 6 animateurs de
nos 3 clubs aux Cayes, à Jérémie et Camp-Perrin sont sains et saufs, et les
jeunes de ces 3 clubs ont miraculeusement échappé à la catastrophe. Mais ils ont
quand même subi les affres et les ravages du tremblement de terre.
Aux Cayes
Yvens ÉLIZAIRE,
animateur du club des Cayes, entrepreneur, marié, père d’un petit garçon a
perdu sa jeune entreprise de restauration qu’elle avait créé avec son épouse,
dont le bâtiment qui la logeait s’est effondrée. Physiquement, Yvens, sa mère,
sa femme et son fils en bas âge qui vivent ensemble sont se portent bien, mais
pas sa maison qui est endommagée. Ils étaient à l’intérieur quand le séisme a
commencé.
Sa femme,
originaire de Camp-Perrin déplore plusieurs victimes dans sa famille là-bas.
Leurs maisons se sont toutes effondrées.
James NONÇANT, animateur du club des Cayes, avocat, journaliste, célibataire, est
vivant et physiquement bien ainsi que les membres de sa famille. La maison où il
habitait est sérieusement endommagée. Il était à l’intérieur quand cela est
arrivé. Il a logé avec d’autres personnes sous une galerie, et depuis dans la
cour d’une maison d’en face à la belle étoile.
Yvens et James
donnent actuellement leur concours à la Protection civile des Cayes. Ils ont réussi à sortir des décombres d'une même maison 24 personnes en vie et 9 morts.
Tous les jeunes du
club sont vivants, mais dix (10) ont perdu leurs maisons, d’autres ont les leurs
endommagées. Une jeune a perdu sa mère sous les décombres de sa maison détruite.
La bibliothèque de l’IPDEC, qui était le lieu de réunion du club des Cayes, a été détruite.
Camp-Perrin
Le bilan est lourd à Camp-Perrin. Il y a beaucoup de victimes. Les dommages matériels sont colossaux dans cette petite commune. La communication est extrêmement est difficile. Les pluies diluviennes survenues le lendemain du séisme ont aggravé les choses. Ces 2 catastrophes naturelles quasi simultanées (séisme + cyclones) a pris toute la population de court.
Alex SYLNÉ,
animateur du club de Camp-Perrin, cultivateur, enseignant, marié, père de 4
enfants, ne déplore pas de victimes dans sa famille. Sa
maison en béton a tenu le coup.
Ses poissons dans élevés dans 4 bassins d’aquaculture sont cependant en grand danger car, à la suite du
séisme, le système irrigation de la plaine de Camp-Perrin est détruit. Il récupérait l’eau du canal qui passe
devant chez lui pour alimenter ses bassins. Mais FOKAL a fait le nécessaire en
urgence pour l’aider à sauver provisoirement ses poissons.
Rolin
SAINT-VIL, animateur adjoint du club de Camp-Perrin, enseignant, marié, père de 3 enfants, n’a à déplorer aucune victime dans sa famille vivant avec lui, composée de 8
personnes : sa femme, ses 3 enfants, sa mère, 2 nièces et 1 neveu.
Malheureusement, sa maison a été complètement détruite par le violent séisme, avec
97% de ses biens à l’intérieur. Il dort avec les siens sous un abri de fortune
créé avec des matériaux de récupération issus de sa maison détruite, et à la belle étoile dans sa cour.
90%
des jeunes du club de Camp-Perrin, qu'Alex et Rolin ont pu contacter, ont perdu
complètement leurs maisons ou bien un proche, le plus souvent les 2 à la fois. Une
débatteuse de ce club a été opérée d’urgence du bras qui a subi de multiples
fractures alors qu’elle tentait de venir au secours de sa grand-mère.
Le
propriétaire du collège CUC, le lieu de réunion du club de Camp-Perrin, dans
lequel Alex et Rolin enseignent et dont ce dernier est le censeur, a perdu ses
2 filles et l’état de santé de l’épouse est très grave.
A Jérémie
Waldinde GERMAIN,
animateur du club de Jérémie, enseignant, animateur de radio, marié, père d’une
petite fille, est sauf ainsi que sa famille. Sa maison, dont la construction
n’était pas encore achevée, est gravement fissurée. Il dort avec sa femme, sa fillette,
et ses proches qui vivent avec lui, dans un abri provisoire pas loin de chez
lui.
John
Feguerson BELRIS, animateur adjoint du club de Jérémie, étudiant,
bibliothécaire, a vu le logement où il vivait en dehors de la ville de Jérémie,
gravement endommagé. Il loge présentement avec sa famille, composée de 6
personnes, chez un proche.
Tous les débatteurs
et débatteuses du club que Waldinde et Belris ont contacté (près d’une quarantaine)
sont vivants, seules deux filles dont Waldinde n’a pas encore de nouvelle.
Toutefois, plusieurs d’entre eux soit ont perdu leur maison soit elles sont
endommagées.
Points communs à
tous
Les 3 clubs cités n’ont
à déplorer aucun mort, mais des blessés et des souffrances psychologiques chez
tous ses membres, occasionnées par la mort d’un parent, d’un proche ou d’un membre
de leur famille (un oncle, une tante, une nièce, un cousin…) ou la perte de
leur logement.
Les
animateurs sont décapitalisés. Leurs maisons sont endommagées ou effondrées, donc inhabitables.
Ils vivent dans des abris improvisés, donc précaires, dans une cour, à la belle
étoile, ou sous la galerie d’une maison encore debout. Ils sont, comme tous leurs concitoyens
et concitoyennes, à la rue. Les gens aux alentours sont aux abois.
Les animateurs
comme les jeunes éprouvent de graves difficultés pour se procurer de la
nourriture, de l’eau traitée et des biens essentiels pour survivre, des
difficultés pour communiquer au téléphone et par internet.
Les lieux de
réunion de 3 clubs ne sont plus disponibles, car sévèrement affectés ou détruits
par le tremblement de terre.
Les besoins
Les besoins de nos
sinistrés sont considérables, car ils manquent de tout, particulièrement d’un
abri et de quoi se nourrir, et même se vêtir. Leur situation est aggravée par le
manque d’électricité et les défaillances des systèmes de communication
téléphonique et internet, et l’effondrement du service public dans ces
communautés.
Nos 6 animateurs des
Cayes, de Jérémie et de Camp-Perrin ont fait un travail formidable en allant à
la recherche de chaque jeune de leur club, en leur apportant un soutien moral. Il
y avait fort à faire pour les contacter. Mais ils y sont parvenus dans le chaos
et la détresse qui s’installent dans ces régions. FOKAL les remercie pour leur
sens de responsabilité et de solidarité, deux valeurs cardinales de
l’institution.
Ce qu’il reste aujourd’hui
: un traumatisme profond certain qui marquera à vie les animateurs comme les jeunes débatteurs.ses du Sud et de la Grand-Anse. Une expérience qu’ils
ne sont pas près d’oublier, comme leurs collègues et camarades des
clubs de l’Ouest et du Sud-est, il y a 11 ans.
FOKAL et le PIJ
demeureront à leurs côtés durant cette épreuve terrible de leur vie, car les
animateurs et ces jeunes ont besoin de notre soutien. Nous ferons en sorte de
leur apporter notre aide au moment opportun. Nous y travaillons activement.
N'abandonnez pas !!!
Jean-Gérard ANIS
Coordonnateur du PIJ
26
août 2021
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