mardi 24 août 2021

Le séisme a frappé nos collaborateurs et débatteurs du grand Sud

 

BILAN DES DÉGATS DU TREMBLEMENT DE TERRE SUR LES COLLABORATEURS DU P.I.J

 


Et de deux ! Que dis-je ? Et de quatre ! C’est le 4e tremblement majeur qui a frappé le pays, après le Nord en 1882 et l’ouest en 1948 et 2010. Cette fois-ci c’est le grand Sud qui a subi les turbulences de la terre et les impressionnants dégâts matériels et les déplorables pertes en vies humaines. Plus de 2,000 morts déjà dénombrés et les milliers de blessés et des dizaines de disparus dans les 3 départements touchés, Nippes, Sud et Grand-Anse.

Malheureusement, FOKAL dispose de 3 clubs de débat de son réseau qui se situent dans 3 villes de 2 ses départements sinistrés, Cayes, Camp-Perrin et Jérémie. Nos six collaborateurs, nos dizaines de jeunes débatteurs et débatteuses de ces villes, ont tous été durement impactés par ce violent séisme survenu au matin du 14 Aout 2021.

Le coordonnateur du Programme Initiative Jeunes (PIJ) de FOKAL a contacté le jour même les animateurs de ces clubs pour savoir s’ils étaient en vie avec leurs familles, puis dans les jours suivants pour s’enquérir de leur situation au quotidien et celle de nos débatteurs ainsi que leurs familles. Une véritable tragédie. Voici un bilan condensé élagué de nombreux détails, sur la foi des de ce que nos animateurs nous ont rapporté.

Yvens ÉLIZAIRE, animateur du club des Cayes,

Entrepreneur, marié, père d’un petit garçon

Physiquement, Yvens, sa mère, sa femme et son fils en bas âge ont été épargnés. Sa maison est fissurée, un mur est tombé, mais la maison a globalement tenu. Ils étaient à l’intérieur quand le séisme a commencé. Pendant le passage du cyclone Grace, le lendemain, ils ont pris le risque d’aller s’abriter dans la maison pour dormir, à cause de la pluie et par peur du risque d’inondation.

Sa femme, originaire de Camp-Perrin déplore plusieurs victimes dans sa famille là-bas. Les maisons de toute sa famille se sont effondrées. Vendredi, il ira lui-même évaluer les dégâts.

Il est extrêmement difficile de se nourrir aux Cayes. Il n’y a quasiment plus rien à acheter à manger. Sa famille et lu se nourrissent tous les jours de soupe (des sachets noodles), puisées dans le stock qu’il constituait pour son fils qui devait se rendre à l’école bientôt. L’essentiel pour lui est de rester vivant, selon ses propres mots.

Ils arrivent à bien gérer l’eau car il la puise dans un puits artésien à côté de chez lui, même si l’eau a été trouble au début. Mais elle est devenue claire maintenant. Est-elle souillée ? potable ? je ne sais pas.

Elle perdu totalement sa petite entreprise dont le bâtiment dans lequel elle logeait s’est effondrée.

Il donne son concours à la Protection civile des Cayes. Ils ont récupéré 24 personnes en vie et 9 morts dans une même maison.

Les jeunes du club sont vivants, 10 ont perdu leurs maisons, d’autres ont les leurs endommagées. 1 jeune a perdu sa mère sous les décombres de sa maison détruite.

Le lieu de réunion du club des Cayes, la bibliothèque de l’IPDEC, s’est effondrée.

 

James NONÇANT, animateur du club des Cayes

Avocat, journaliste, célibataire, locataire d’un appartement

Sa famille est vivante et physiquement bien. La maison où il habitait est sérieusement endommagée. Il était à l’intérieur quand cela est arrivé. Il a logé avec d’autres personnes sous une galerie, et depuis dans la cour d’une maison d’en face à la belle étoile.

La maison en toit de tôle de ses parents et ses frères, elle aussi en ville, tient debout mais est fissurée. On peut y rentrer pour prendre quelque chose vite fait, mais pour le moment elle est inhabitable.

Il y a un besoin urgent d’abris, d’eau et de nourriture très difficile à s’en procurer. Il confirme qu’un jeune du club a perdu sa mère.

 

Alex SYLNÉ, animateur du club de Camp-Perrin

Cultivateur, enseignant, marié, père de 4 enfants, propriétaire de sa maison

Pas de victimes directes dans sa famille. Sa maison en béton a tenu le coup. Il reste cependant prudent, à cause des répliques sismiques de temps à autre. Ils dorment tous, sa femme, ses 4 enfants et 12 autres personnes de sa famille dans un abri de fortune dans la cuisine à l’extérieur de la maison de son frère.

Ses poissons dans ses 5 bassins d’aquaculture sont cependant en grand danger car, à la suite du séisme, le système irrigation est à sec. Il récupère l’eau du canal qui passe devant chez lui pour alimenter ses bassins. Mais il aurait plutôt besoin d’une pompe pour faire remonter l'eau de la Ravine du Sud juste en face de chez lui. La pluie a affecté le rendement de son jardin de légumes. Il va y perdre son investissement et ses moyens de subsistance.

Le bilan est lourd à Camp-Perrin. La communication est extrêmement est difficile. Ce qui aggravé les choses, c’est la pluie qui est arrivée très peu de temps après. Ces 2 catastrophes naturelles quasi simultanées (séisme + cyclones) les a prises de court, car ils ne s’y étaient pas préparés et il n’avait pas de stock de nourriture en prévision.

Il y a beaucoup de victimes à Camp-Perrin. Les dommages matériels sont colossaux dans cette petite commune. Beaucoup de jeunes du club ont perdu complètement leurs maisons ou ont perdu un proche. Une débatteuse de ce club a été opérée du bras qui a subi multiples fractures. Ils ont aussi des problèmes pour se procurer de la nourriture et se fournir en besoins essentiels.

 

 

Rolin SAINT-VIL, animateur adjoint du club de Camp-Perrin

Enseignant, marié, père de 3 enfants, propriétaire de sa maison

Aucune victime à déplorer dans sa famille vivant avec lui, composée de 8 personnes : sa femme, ses 3 enfants, sa mère, 2 nièces et 1 neveu. Sa maison est détruite avec 97% de ses biens à l’intérieur. Il dort avec les siens sous un abri de fortune créé avec des matériaux de récupération, et à la belle étoile dans sa cour.

L’accès à la nourriture, à l’eau, à l’énergie sont très difficiles pour eux. La communication téléphonique et par internet est épisodique, car le signal est très mauvais. Les gens aux alentours sont aux abois.

Le propriétaire du collège CUC (le lieu de réunion du club de Camp-Perrin), dans lequel il enseigne et dont il est le censeur, a perdu ses 2 filles et l’état de santé de l’épouse est très grave.

90% des jeunes du club qu’il a pu contacter ont leur maison soit effondrée soit endommagée. Beaucoup d’entre eux ont perdu un proche.

 

 

Waldinde GERMAIN, animateur du club de Jérémie

Enseignant, marié, père d’une petite fille, propriétaire de sa maison

Sa famille est sauve. Sa maison, dont la construction n’est pas achevée, est gravement fissurée. Il n’aura pas de moyens pour la réparer, encore moins de l’achever, dans un proche avenir. Il dort avec sa femme, sa fillette, et ses proches qui vivent avec lui, dans un abri provisoire pas loin de chez lui. Photos à l’appui.

Problème de courant électrique. Difficulté pour se procurer de la nourriture et d’autres biens essentiels pour survivre, faute d’argent aussi. Toutes les personnes dans sa maison dépendent de lui.

Il y a 2 débatteuses dans son club dont il n’a aucune nouvelle. Tous les autres qu’il a contacté (près d’une quarantaine) sont sains et saufs, mais plusieurs d’entre eux soit ont perdu leur maison soit elles sont endommagées.

 

 

John Feguerson BELRIS, animateur adjoint du club de Jérémie

Etudiant, bibliothécaire, célibataire, locataire d’une maison

La maison où il vit, en dehors de la ville de Jérémie, est fissurée. Seul un mur séparant la galerie de la rue est tombé. Il loge avec sa famille, composée de 6 personnes, chez un proche.

Il dispose d’un bassin d’eau chez lui, et il n’est pas difficile de se fournir en eau traitée. Ils s’organisent pour manger en restant économes et solidaires.

 

 

Points communs à tous :

Les animateurs sont décapitalisés. Leurs maisons endommagées ou effondrées, donc inhabitables. Ils vivent dans des abris improvisés, donc précaires, dans une cour, à la belle étoile, ou sous la galerie d’une maison debout.

Ils ont tous perdu au moins un membre dans leur famille (un oncle, une tante, une nièce, un cousin…). Difficulté de se procurer de la nourriture, de l’eau traitée et des biens essentiels pour survivre. Difficulté pour communiquer au téléphone et par internet.

Aucun mort à déplorer parmi les jeunes de ces 3 clubs, mais des blessés. Beaucoup souffrent de la mort d’un parent ou d’un proche. Ils sont, comme tout le monde, à la rue.

Les lieux de réunion de de clubs ne sont plus disponibles, car sévèrement affectés par le séisme.

 

Les besoins :

Les besoins de nos sinistrés sont considérables, car ils manquent de tout, particulièrement d’un abri et de quoi se nourrir, et même se vêtir. Leur situation est aggravée par le manque d’électricité et les défaillances des systèmes de communication téléphonique et internet, et l’effondrement du service public dans ces communautés.

Nos 6 animateurs Des Cayes, de Jérémie et de Camp-Perrin ont fait un travail formidable en allant à la recherche de chaque jeune de leur club, leur apportant un soutien moral. Il y avait fort à faire pour les contacter. Mais ils y sont parvenus dans le chaos et la détresse qui s’installent dans ces régions. FOKAL les remercie pour leur sens de responsabilité et de solidarité, deux valeurs cardinales de l’institution.

FOKAL et le PIJ demeureront à leurs côtés durant cette épreuve terrible de leurs vies, car les animateurs et ces jeunes ont besoin de notre soutien et nous ferons en sorte de leur apporter notre aide au moment opportun. Nous y travaillons activement.

Kenbe la, mezanmi !!!

 

Jean-Gérard ANIS

Coordonnateur du PIJ

24 août 2021

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