Le vendredi 14 mars dernier, la bibliothèque
Monique Calixte a accueilli Danièle Magloire de l’organisation féministe Kay
Fanm, pour une conférence sur « les droits spécifiques des femmes et des
filles ». Dans la bibliothèque, cette conférence a réuni un public
principalement composé de jeunes étudiants.
L’exposé de Danièle Magloire, titulaire d’une maitrise en sciences
sociales, a été l’occasion d’un rappel historique sur l’évolution de la
question des droits de l’Homme avant d’aborder les droits de la femme et
d’attirer l’attention sur les débuts du mouvement féministe en Haïti.
D’après Danièle Magloire, le droit des femmes découle de cette nécessité de
spécifier le droit de certains groupes sociaux qui sont marginalisés et sont
souvent des victimes de la société. Les femmes et les filles constituent un
groupe vulnérable victime des discriminations et des préjugés sociaux. Arriver
à imposer le droit spécifique des femmes et des filles comme une nécessité a
été un combat, et il y a nécessité de continuer cette lutte. Il n’a pas suffi
de la charte des droits de l’Homme pour aboutir aux droits des femmes.
L’établissement d’une charte des Nations Unies concernant les droits de la
femme est le fruit d’une longue bataille.
L’intervenante a expliqué que, bien qu’Haïti soit né d’une demande
d’humanité, elle a paradoxalement exclu les femmes qui ont tant contribué à la
lutte pour l’indépendance. Les droits civils et politiques de la femme
haïtienne sont restés lettre morte pendant longtemps. Cette réalité est révélée
à travers les différentes constitutions du pays depuis Toussaint Louverture en
passant par la constitution de Soulouque, jusqu'à celle de 1987. Pourtant Haïti
a toujours été à l’avant-garde des pays signataires des chartes des Nations
Unies en ce qui a trait aux questions de droit.
L’une des organisations qui a débuté la lutte pour la reconnaissance des
droits des femmes en Haïti est la Ligue féminine d’action sociale. C’était un
mouvement assez précoce qui montre d’ailleurs le caractère avant-gardiste de la
lutte féminine en Haïti.
La conférencière a permis de comprendre que l’injustice faite aux femmes
pouvait également revêtir le manteau de la légalité : l’interdiction du
droit de vote des femmes par exemple.
Le combat pour les droits spécifiques, c’est faire en sorte que les femmes,
en plus de leur droit politique, accèdent à une émancipation sociale et
économique. Si l’État a son rôle à jouer, si les lois doivent favoriser
l’établissement d’un nouveau rapport de genre dans la société, les citoyens
eux-mêmes doivent participer à ce combat. Donc, il faut aller plus loin que la
simple sensibilisation, il faut une véritable militance pour que les autorités
entendent les voix qui prônent le changement face aux discriminations, les voix
qui exigent l’établissement d’un cadre légal garantissant le droit des femmes.
Suite à l’exposé, le public a posé des questions sur le rôle des
associations de femmes, leur présence dans les milieux défavorisés, des
commentaires sur la perception de la femme par l’homme uniquement fondée sur
les différences physiques.
Après environ deux heures d’exposé et de débats, les discussions ont
continué entre l’intervenante et quelques jeunes sur le parvis de la FOKAL.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire