Un avant-gout du tournoi national
La finale opposant le
club de Diquini et celui de la BMC dans le tournoi régional de débat de l’Ouest
a été sans doute le match le plus émotif des deux tournois régionaux réalisés
par FOKAL en ce mois de juin. Les pleurs des perdants et les cris de joie des
gagnants et de leurs supporters (une cinquantaine au total) ont permis d’avoir
une idée de cette compétition où toutes les équipes se sont réellement données
à fond. Le niveau de préparation des équipes, la motivation des débatteurs et
la qualité des échanges au cours des débats sont très prometteurs.
Contre-interrogatoire entre Martissant et Christ-Roi |
Ce samedi 21 juin 2014,
dès neuf heures du matin, toutes les équipes étaient présentes accompagnées de
leurs coachs et des animateurs, et d’autres jeunes de leurs clubs, au lieu du
tournoi, l’école congréganiste de Christ-Roi, à Bourdon. Ils étaient huit
clubs à avoir concouru pour obtenir le titre de champion: Cap-Haïtien (Nord), BMC
(P-au-P), Christ-Roi (P-au-P), Diquini (Carrefour), Fond Parisien (Ouest),
Gros-Morne (Artibonite), Martissant (Carrefour) et Santo (Croix-des-Bouquets). 24
débatteurs dont 9 filles, et 14 juges étaient engagés dans cette compétition.
Le club de Diquini, la nouvelle révélation du programme
de débat
Ce samedi 21 juin 2014,
dès neuf heures du matin, toutes les équipes étaient présentes accompagnées de
leurs coachs et des animateurs, et d’autres jeunes de leurs clubs, au lieu du
tournoi, l’école congréganiste de Christ-Roi, à Bourdon. Ils étaient huit
clubs à avoir concouru pour obtenir le titre de champion: Cap-Haïtien (Nord), BMC
(P-au-P), Christ-Roi (P-au-P), Diquini (Carrefour), Fond Parisien (Ouest),
Gros-Morne (Artibonite), Martissant (Carrefour) et Santo (Croix-des-Bouquets). 24
débatteurs dont 9 filles, et 14 juges étaient engagés dans cette compétition.
Marc Onel Massénat, Mardoché Barthélus et Stanley Pierre Jean, de l'équipe de Diquini championne de la compétition |
Intelligent et
talentueux débatteur, Stanley est doué d’une perspicacité qui a sauvé son équipe
face aux arguments de l’équipe adverse. Selon les juges, Stanley a été le débatteur
le plus convaincant et, lors de la finale, il a effectué la meilleure reconstruction
d’arguments, et le meilleur discours de fin de match de tout le tournoi. Et c’est
sans doute cette performance remarquable qui l’a conduit au titre de Meilleur débatteur,
avec un total de 131 points (lire son
témoignage dans l’article suivant).
Le débat, la force des arguments
BMC et Diquini se sont
affrontés en finale autour de l’énoncé suivant : « Les pays en voie de développement victimes
de catastrophe naturelles doivent bénéficier d’un allègement de leur dette »,
la même que le tournoi régional du grand Sud. L’équipe de BMC, qui défendait
cette thèse, a présenté 3 arguments. Selon eux, l’allègement de la dette :
Ruth Sarah Monteau (BMC) interrogeant Marc Onel Massénat (Diquini) lors de la finale |
1) permettra de répondre aux besoins immédiats des PVD victimes de
catastrophes, qui régressent automatiquement à cause d’importantes pertes et de
dommages subis. Cet argument a été réfuté par l’équipe de Diquini qui a
assuré que l’allègement de la dette, qu’elle soit sous une forme de réduction
ou de report des échéances à verser aux pays créanciers, ne peut en aucun cas satisfaire
les besoins immédiats. La solution dans le cas des catastrophes serait l’aide
humanitaire, qui n’est pas pécuniaire.
2) renforcera la solidarité entre les pays, en forçant les consciences
des bailleurs à faire un geste de générosité envers les pays sinistrés. Là,
l’équipe de Diquini a montré la faiblesse de cet argument en montrant que la solidarité manifestée est une aide
virtuelle. Toute aide est toujours conditionnée, car les pays n’ont pas d’amis,
ils n’ont que des intérêts.
Contre-interrogatoire entre Christ-Roi et Cap-Haïtien |
3) permettra l’accomplissement de perspectives de développement, vu que
les PVD revoient leur plan de développement, comme cela a été le cas de la
Grèce qui a dégagé un excédent budgétaire après avoir bénéficié d’un allègement
de 90% de sa dette publique. L’équipe de Diquini a démontré que, au contraire, l’allègement de la dette soit consacre la faillite assumée des PVD soit
conduit à une plus forte dépendance des PVD envers leurs créanciers, ouvrant la voie à une forme de
néocolonialisme.
Le débat, une confrontation d’arguments
L’équipe de Diquini qui
s’opposait donc à la résolution, a soutenu de leur coté que :
1) les PVD victimes de
catastrophes ne doivent pas bénéficier d’un allègement de leur dette pour éviter une nouvelle forme de domination des
pays riches, puisque l’allégement est
une stratégie des bailleurs internationaux comme le FMI, pour entretenir la
dette des PVD (dixit Jeffrey
Sachs, conseiller économique du président américain). Cet argument n’a pas
semblé perturber outre mesure l’équipe de BMC qui a rétorqué qu’il faut alléger la dette des PVD
sinistrés, qui généralement remboursent 15 fois plus qu’ils ne reçoivent d’aide.
2) l’allègement de la dette causerait une régression économique des PVD,
auxquels les créanciers imposent 5 conditions pour en « jouir »,
comme l’austérité budgétaire, la dérèglementation du marché local, des réformes
fiscales lourdes, l’interdiction de subventionner la production locale,
dévaluation de la monnaie locale (dixit
Eric Berne, économiste). Par exemple, Haïti n’a cessé de se faire alléger depuis le cyclone Anna en septembre 2008, et pourtant
elle ne cesse de régresser jusqu’à être considéré comme un Etat en faillite.
L’équipe de BMC, très combattive, a rejeté cet argument en arguant que la balance des paiements de ces pays pauvres
très endettés n’est pas toujours négative. Le Brésil a beaucoup emprunté aux
bailleurs internationaux au point de devenir aujourd’hui une puissance
mondiale.
Le tournoi régional, une compétition en mode rodage
Cette compétition a été
très éprouvante pour les nerfs et les méninges des débatteurs, car elle a été très
offensive. Les résultats serrés de certains matches, notamment celui de la
finale, en témoignent. Tous les débatteurs se sont dépassés pour défendre
farouchement leurs positions et arguments, pour donner en fin de compte à ce
tournoi une touche exceptionnelle.
Les débatteurs de Diquini en pleine préparation avec leur coach |
Certains débatteurs
estiment qu’il doit y avoir davantage de juges (il y a au minimum 3 juges par
match dans les compétitions de FOKAL) pour que les jugements soient sans appel.
D’autres veulent tout simplement avoir plus de temps pour préparer les sujets-surprises
(les débatteurs ont en moyenne une heure et trente minutes pour préparer les
résolutions-surprises dévoilées en cours de tournoi).
Contre-interrogatoire entre Martissant et Fond Parisien |
Les animateurs et
animatrices des clubs, de leur coté, revendiquent l’organisation de compétitions
locales, c’est-à-dire dans les clubs mêmes, pour mieux entrainer les débatteurs
et les aider à mieux maitriser le format Karl Popper, format de débat priorisé
à ces genres de tournois (ceci a été une recommandation émise déjà par FOKAL en
septembre 2013 à tous les clubs de son réseau).
Cap sur Gonaïves !
Le tournoi régional de
débat de l’Ouest s’est achevé ce samedi 21 juin dans les cris de joie et
l’euphorie du club de Diquini, heureux de gagner la compétition après une très
longue période d’absence au tableau des clubs champions. Une longue traversée
du désert qui a enfin pris fin.
L'équipe championne de Diquini et ses supporters |
Maintenant, rendez-vous
est pris pour le tournoi national au camp d’été aux Gonaïves, du 21 au 24
juillet prochain. Une compétition qui, espérons-le, soit confirmera le statut
des nouveaux clubs champions soit révèlera un nouveau champion. En tout cas,
Bonne chance à tous les clubs et à toutes les 14 équipes attendues!
Jean-Gérard Anis & Stéphanie Balmir
FOKAL
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