vendredi 25 mai 2012

Une jeune du club VDF de Jérémie à l'Université EARTH au Costa Rica

Stéphanie membre du club depuis le début du projet, étudie maintenant au Costa Rica. Voici un article écrit sur elle paru dans le newsletter de FOKAL.
Stéphanie Andressol
 Au club VDF de Jérémie, on ne peut ne pas se souvenir de Stéphanie Andressol. Dynamique, conciliante, créative : cette jeune femme a une âme de leader, à en croire Waldinde Germain, animateur du club où elle a laissé des traces indélébiles. C’est sans doute cet esprit fort et, selon l’intéressée, les techniques qu’elle a développées au sein du club de débat, qui l’ont amenée à être acceptée il y a 6 mois à l’Université Earth du Costa Rica pour des études en agronomie avec le support de l’Open Society Foundations, du réseau de FOKAL. Elle nous présente son université et sa méthode d’enseignement axée sur la pratique d’un métier essentiel pour Haïti.

EARTH est reconnue comme l’une des plus grandes universités de l’Amérique dans le domaine de l’agriculture. Elle accueille des étudiants venant de 27 pays du monde entier. Grâce à un financement de l’Open Society Foundations (OSF), plusieurs étudiants haïtiens dont Stéphanie Andressol ont pu bénéficier de bourses pour y réaliser leurs études.
 

« À EARTH, on ne se contente pas d’accumuler des théories, précise Stéphanie. L’étudiant y est préparé pour un vrai travail de terrain. Dès la première année, les étudiants doivent se regrouper en groupes de cinq pour créer une entreprise. Ainsi commençons-nous à expérimenter le marché, qui est dans ce cas formé des étudiants, des employés et de la cafeteria de l’université. Le service bancaire prête de l’argent aux étudiants pour y parvenir. Actuellement, les étudiants produisent du chocolat, du manioc frit, font de l’élevage, cultivent des ignames, des ananas, d’autres entreprises fabriquent des jus de fruits naturels et d’autres gèrent le tourisme à l’université. La majorité de ce que nous consommons à l’université est ainsi produit par les étudiants. A EARTH, on cultive les valeurs pouvant faire de nous des responsables, des leaders compétents qui ont la capacité de s’adapter aux conditions du milieu, même le plus défavorable. »

Son adaptation
« Au début, je vivais avec une famille d’accueil et je suivais des cours d’espagnol à l’université. C’était un peu difficile, tout me paraissait différent : la culture, les gens, la nourriture et surtout la langue, mais j’ai su tenir jusqu’ à pouvoir m’adapter à tout. Maintenant je vis au campus et je crois que tout va bien », témoigne Stéphanie en louant la collaboration des autres étudiants. « Ils m’ont beaucoup aidé à comprendre les choses, à me retrouver et à m’adapter. » « Je ne peux pas encore savoir ce que je vais faire, mais tout ce que j’aurai à faire, ce sera en Haïti et pour Haïti », croit fermement Stéphanie.


Earth : un modèle d’université dont s’inspirer
Du 22 au 28 mai 2011, une délégation de la Fondation Connaissance et Liberté (FOKAL) dirigée par sa présidente, Mme Michèle D. Pierre-Louis, a visité l’université Earth au Costa Rica. La mission de cette délégation consistait à comprendre le fonctionnement de cette université modèle, neutre en carbone, située dans les forêts tropicales pluvieuses de la région de Limòn, et d’essayer de voir la faisabilité de créer en Haïti un centre universitaire similaire.


L’université Earth
L’université Earth est un centre de formation supérieure international spécialisé en agriculture et gestion des ressources naturelles. Son campus se trouve à Guacimo, dans la province de Limòn, à 2 heures de voiture de la capitale du Costa Rica, San José. L’université est supportée par sa fondation, la Earth University Foundation, enregistrée aux USA, dans l’état de Georgie comme une œuvre de charité publique sous le registre 501(c)3. C’est donc une fondation qui peut recevoir des dons et contributions de donateurs aux USA qui pourront bénéficier des réductions de taxes substantielles auprès de l’administration fiscale américaine.


Le campus de Earth s’étend sur près de 3300 hectares pour une population de 1000 personnes dont environ 500 étudiants. Les salles de classe sont très spacieuses, près de 90 mètres carrés, pour seulement 25 étudiants. L’université priorise une pédagogie proactive basée sur le constructivisme. L’idée est que l’enseignement doit être centré sur l’étudiant, l’enseignant étant uniquement un accompagnateur dont la mission est d’aider l’apprenant à construire son propre savoir. A Earth, la théorie est systématiquement couplée à la pratique. La dimension de la population estudiantine est volontairement réduite, les responsables croient beaucoup au contact et suivi de près avec les étudiants. Earth a pour mission de préparer des leaders avec des valeurs éthiques fortes et contribuer au développement de l’agriculture en milieu tropical tout en faisant la promotion d’une société prospère et juste.

Près de 80% des étudiants sont boursiers et bénéficient d’une bourse complète ou partielle avec la condition d’obtenir chaque année la moyenne de 80% pour garder la bourse. La stratégie de l’université est très axée sur la recherche de fonds pour financer les études. Parmi les grandes institutions qui financent l’université, on retrouve la « Cummins Foudation » et la « Open Society Foundations » qui donnent plus d’un million de dollars USD par année, la USAID qui donne jusqu’à un million et ASPAGDOS, W.K Kellog Foundation et Ken et Sally Ohrstrom qui donnent entre 250,000.00 USD et 500,000.00 USD par année.


Pour des suites réalisables
Lorraine Mangonès, directrice exécutive, Vanessa Goscinny, directrice financière, Josiane Hudicourt Barnes, chef de projet et Thierry Chérizard, chargé de mission ont fait partie de l’équipe. Durant le séjour à Earth, nous avons eu l’opportunité de discuter avec les dirigeants, les professeurs et surtout les étudiants, mais aussi de visiter l’usine de production de bananes qui appartient à l’université, le jardin péri urbain, l’unité de gestion de déchets, la ferme organique, la communauté de La Florita, le CATIE (Centre agronomique tropical d’investigation et d’enseignement) et sa grande bibliothèque.


A partir de ces visites de terrain, toutes intéressantes et qui font écho à des problèmes que nous vivons en Haïti, nous avons eu une série de rencontres avec les responsables d’Earth qui ont été tout à fait capitales dans notre quête de compréhension de ce modèle d’université, lequel nous pensons un jour pouvoir mettre en place en Haïti.

Au cours d’une rencontre avec le bureau de l’université, nous avons discuté en long et en large du modèle de Earth. Nous avons avons essayé de comprendre comment cette université a vu le jour et pourquoi elle réussit aussi bien depuis près de trente ans. La raison en est que le choix de départ a été d’avoir une université de petite taille en termes d’étudiants (400 à 500), d’avoir une pédagogie axée sur la pratique et de véhiculer des valeurs clefs comme l’éthique, le sens de l’entrepreneuriat et d’avoir un modèle financier viable et stable. 


L’université a été créée à partir d’une dotation importante de l’USAID depuis lors gérée par l’université elle-même. Et enfin, l’université bénéficie du soutien des pouvoirs politiques en place, ce qui nécessite un effort de lobbying.

Créer une université comme Earth en Haïti actuellement est très difficile, cependant il serait bon d’entamer des partenariats en ce sens, et pourquoi pas de définir quelques programmes de formations courtes dans des secteurs clés à définir. Il est apparu à la mission primordial de pousser la réflexion en Haïti sur ce modèle d’éthique proposé à Earth, car entrepreneuriat est encore trop souvent perçu comme de l’exploitation. Mais la formation n’est pas tout dans un pays comme Haïti, et la question de l’accès au crédit est un des obstacles majeurs aux jeunes entreprises. 


Nous somme rentrés, émerveillés et la tête pleine d’idées. Nous étions partis pour comprendre le modèle de fonctionnement de cette université d’excellence et voir comment répliquer une université similaire chez nous. Nous croyons avoir bien compris et surtout nous avons pu apprécier ce que cela coute en termes de temps, d’argent, de compétences et d’engagement pour monter une institution de qualité. L’idée a été lancée de créer une « Task Force » qui devra nous amener à la définition du concept d’université que nous voulons. 


FOKAL continue sa bataille dans le secteur de l’éducation pour son renforcement et investit beaucoup dans le domaine des études supérieures. Nous sommes prêts à avancer dans le sens d’une collaboration avec Earth et même créer, quand ce sera possible, un modèle d’université similaire. Nous sommes très conscients du challenge que cela pose, mais sommes déterminés à poursuivre la bataille.


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