mercredi 15 avril 2015

Une journée de formation très réussie au club de Santo

Le club de Santo a réalisé une journée de formation, le samedi  11 avril, à la bibliothèque du Collège Jacques Stephen Alexis, pour 22 membres (11 filles et 11 garçons) majoritairement nouveaux et pleins d’enthousiasme, qui en attendaient deux choses : une formation générale sur les principes du débat scientifique, ensuite  l’opportunité de jouer ou d’assister à un bon match de débat sous le format Karl Popper. La journée a duré environ 5 heures de temps.  

Le club compte environ 50 membres réguliers et son renouvellement est constant, dû en grande partie aux jeunes qui progressent vers l’université ou d’autres objectifs de carrière. Cette formation a été surtout conçue pour les nouveaux jeunes. Elle devait leur permettre de découvrir le débat scientifique, de connaitre et de pratiquer le format Karl Popper.  

La journée s’est ouverte dans une ambiance amicale à laquelle tout le monde a participé avec joie. Venaient ensuite les séances de travaux en atelier. Chaque groupe devrait travailler sur des éléments  tels que :

ü  Le débat Karl Popper (Présentation)
ü  La structure de l’argumentation
ü  Les arguments fallacieux

Les jeunes ont travaillé sur ces points et chaque atelier a été représenté par un membre pour la séance plénière sur le thème. Cette méthodologie a été privilégiée parce qu’elle permet aux jeunes de découvrir par eux-mêmes certaines subtilités du débat et de les partager tous ensemble, bref de participer davantage. Comprendre, c’est pouvoir expliquer. Ainsi, ils sont plus actifs et plus impliqués dans la formation aussi.

En outre, cette méthode aide l’animateur à bien identifier ce qui est bien compris et ce qui est à revoir ou à corriger dans la formation. Suivant la logique, si les jeunes sont bien imbus des notions  et des techniques du débat, ils donneront de meilleurs résultats au niveau de la pratique.  

Le brainstorming et la recherche documentaire

L’animateur de la formation, Francklin Louis-Jean, a assuré une présentation sur les notions de brainstorming et de recherche documentaire, fondamentales pour la préparation d’une bonne argumentation, avec en support le sujet suivant : « Les pays de la Caraïbe devraient adopter le protocole de Kyoto pour lutter contre le changement climatique ».

L’accent a été mis surtout sur le brainstorming et la recherche, parce que ce sont des aspects cruciaux du débat que les jeunes négligent certaines fois pour sauter aux arguments sans chercher à faire émerger d’abord toutes les idées qui leur permettraient de bien cerner et de mieux comprendre les difficultés, les défis, les enjeux de la résolution.

En un mot, nous voulons que le débatteur soit bien imbu du sujet et s’y retrouve comme un poisson dans l’eau avant même de passer à l’étape de l’argumentation. On ne peut argumenter efficacement sur un sujet qu’on ne maîtrise pas sur le bout des doigts. Sinon on va juste faire une lecture et faire le marronnage à chaque question, au lieu de défendre sa position avec conviction et honnêteté, lors du débat.

A vrai dire, un brainstorming ne permettra de comprendre un sujet de débat dans sa globalité. Il y a des débats aussi vieux que l’humanité ! Il y aura toujours quelque chose de nouveau à découvrir ou à redécouvrir. C’est pourquoi la recherche doit être constamment renouvelée, les sources multiples, authentifiées et crédibles.

Certainement, le bon débatteur possède une bonne culture générale qu’il construit avec le temps. Il/elle a souvent des idées originales et parfois même une maîtrise du sujet qui se présente à lui/elle. Il/elle lit beaucoup, se nourrit chaque jour des informations diffusées dans les médias, fait montre d’une grande curiosité, autant d’atouts qui lui permettent de surprendre ou de faire la différence face à ses interlocuteurs dans un débat formel ou informel.

Le match d’exhibition

L’énoncé n’est pas nouveau, car il a été déjà débattu au tournoi national 2014 aux Gonaïves : Les pays de la Caraïbe devraient adopter le protocole de Kyoto pour lutter contre le changement climatique.  C’est certes un sujet compliqué pour un match d’exhibition. Mais le club l’avait choisi compte tenu des expériences de débat qu’on a eues  dans le précédent tournoi qui nous facilitait l’exercice.

Selon l’équipe affirmative, l’adoption du protocole de Kyoto par les pays de la Caraïbe :
1.      contribuerait à la protection de la biodiversité Caribéenne.
L’équipe négative a réfuté cet argument en affirmant que les pays ayant signé le Protocole de Tokyo ont échoué. Plus loin ils allaient prendre l’exemple du Pérou et des Philippines comme des exemples de cet échec sur le plan environnemental et économique.

2.      contribuerait à leur croissance économique [argument trop général]
En guise de réfutation, l’équipe adverse a fait valoir que le Protocole de Kyoto ne permettra pas aux pays de la Caraïbe de développer et d’atteindre la croissance économique mentionnée dans l’argumentation de l’équipe affirmative, sans apporter plus de clarté.

3.      contribuerait au bien-être de la population Caribéenne [argument trop général]
L’équipe négative a réfuté cet argument par une négation. Au moment du contre-interrogatoire, ils allaient prendre l’exemple de la Jamaïque comme pays ayant signé le Protocole pour justifier leur position.

4.      faciliterait la diversification de l’économie Caribéenne. [argument trop général]
Cet argument n’a pas du tout été réfuté par l’équipe négative, bien que l’équipe affirmative n’a pas remarqué l’erreur de son côté.

L’équipe adverse, quant à elle, défendait son cas à partir de l’argumentation suivante : L’adoption du protocole de Kyoto par les pays de la Caraïbe:
1.      renforcerait leur dépendance vis-à-vis des pays développés.
L’équipe adverse a fait valoir que leurs adversaires n’ont pas suffisamment de preuves pour asseoir une telle argumentation.

2.      nuirait au développement de ces pays. [argument trop général]
La réfutation mettait l’accent sur le fait que le protocole serait plutôt en faveur des pays de la région en les protégeant des effets du changement climatique.

3.      est inefficace pour résoudre le problème du changement climatique.
L’équipe adverse n’a pas pris frontalement le contre pied de cette idée mais a précisé que c’est l’effort commun de tout les pays joint à ceux de la Caraïbe qui aidera à lutter contre le changement climatique.

De l’importance des commentaires des juges

J’ai eu l’opportunité de juger trois matchs d’exhibition pendant ces deux dernières semaines dont deux dans mon club et un à Léogane. Ce qui m’intéresse en tant que juge, animateur et formateur, c’est qu’un débatteur ne refasse pas la même erreur dans un prochain match. Pour les habitués du débat, ce sont souvent les mêmes erreurs qui se répètent. Ainsi mes recommandations se formulent sur les points suivant :

1.      Eviter de faire des attaques personnelles (argument ad hominem)
2.      Bien maitriser le sujet et toutes les informations que l’on présente dans son argumentation
3.      Faire une réfutation ordonnée (citer les arguments)
4.      Réfuter tous les arguments de l’équipe adverse. L’oubli est impardonnable.
5.      L’importance du travail du deuxième orateur (La réfutation et la reconstruction)
6.      Faire un bon résumé et bien réussir sa conclusion
7.      La maitrise de la langue et de l’art oratoire
8.      La nécessité d’utiliser les réponses obtenues dans un contre-interrogatoire pour préparer la réfutation.

Pour cela, il faut au débatteur des commentaires précis et constructifs qui lui permettent vraiment de s’améliorer. Cela dit, j’ai vu des débatteurs faire des progrès spectaculaires pendant mes 11 ans de carrière dans ce programme.

C’est pourquoi j’estime que les commentaires adressés à toute une équipe pour mettre l’accent sur le travail d’équipe est important, mais les remarques individuelles valent aussi leur pesant d’or.

À re-faire

La journée s’est terminée en laissant un goût d’inachevé pour les participants. Deux étudiants de l’UEH, anciens débatteurs du club, ont aidé dans l’organisation de la formation. Il s’agit de Daphnée Geffrard, étudiante en Psychologie, et Jeff Jean-Francois, étudiant en Communication Sociale et ancien débatteur.

 Les 22 jeunes n’ont pas caché leur volonté de poursuivre ces activités et manifestent un grand désir d’apprendre. Le prochain rendez-vous est fixé pour le samedi 18 avril. Dans le menu : une heure de partage d’informations, de comptes-rendus de lectures, d’exercice de prise de parole en public et d’improvisation, une heure de débat scientifique suivi des commentaires, et la cerise sur le gâteau : les artistes en herbe auront un espace réservé pour exposer leurs talents à la fin de la rencontre. Les jeunes n’en demandent pas plus pour leur formation et leur intégration !

Francklin Louis-Jean

Animateur du club de débat de Santo

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