vendredi 26 avril 2013

FOKAL a formé de nouveaux juges de débat à Jacmel


Une initiative pour favoriser les débats des jeunes dans le club

Le coordonnateur des Programme Initiative Jeunes de FOKAL a formé dix (10) nouveaux juges de débat, le samedi 20 avril à Jacmel. Ces nouveaux juges sont constitués de 6 étudiants en économie, gestion et administration, de 2 anciennes débatteuses expérimentées du programme de débat des années 2000, de 2 journalistes et d’un enseignant.

Cette formation itinérante (les clubs du Cap-Haïtien, des Cayes, de Camp-Perrin, de Port-au-Prince en ont déjà bénéficié) a visé donc surtout à créer un corps de jury local dont la l’existence et la disponibilité favoriseraient l’organisation régulière de débats et de tournois locaux dans le club de Jacmel.

Les juges face aux exigences et contraintes de l’arbitrage

Les dix participants ont appris les exigences pour un juge d’arbitrer un débat, affrontement d’idées entre 2 personnes ou 2 équipes défendant chacune une position opposée sur un sujet controversé : se concentrer pour écouter les débatteurs, prendre de notes sur un ordinogramme, remplir le bulletin de vote.
Ces exigences citées auparavant font pendant aux contraintes de l’arbitrage : prendre une décision rapide en votant, résister à la tentation de se mettre à la place du débatteur, contrôler la durée des interventions de chaque débatteur et le temps de préparation de chaque équipe, être objectif dans sa décision.

Quand les juges endossent la place du débatteur…

Ils ont ensuite effectué en groupe l’exercice de construire des arguments structurés pour et contre un énoncé, à partir d’un sujet controversé qu’ils ont eux-mêmes proposé (« L’euthanasie devrait être autorisée en Haïti »), de les réfuter et de les reconstruire, afin de pouvoir comprendre la démarche des débatteurs et les attentes à avoir de leur discours.

La richesse des arguments qui rejettent l’énoncé a contrasté avec le peu de diversité des arguments le soutenant. Un des trois arguments (similaires somme toute) proposés par les participants pour justifier la résolution a considéré que  « l’euthanasie permettrait d’abréger les souffrances extrêmes et irréversibles d’un malade ». Cette décision selon eux s’apparenterait à une forme de libération pour le malade et sa famille.

En essayant ensemble d’expliquer l’expression « souffrances extrêmes » dans l’argument, les juges ont compris la difficulté pour un débatteur de réussir un tel exercice. Doit-on comprendre cette expression au sens de souffrances physiques et/ou psychologiques ? Lorsqu’on vit un homme ou une femme mette fin à ses jours à cause d’une rupture amoureuse, ne peut-on pas là parler d’un état de souffrance extrême ayant précipité ce drame ?

Les arguments exprimés contre l’euthanasie ont parlé de préférence de violation du droit à la vie du patient, d’atteinte à la dignité de la personne humaine, de risque grave de dérives conduisant vers de nombreux crimes opportunistes.

Le format de débat Karl Popper au menu de la formation
Dans un 2e temps, les participants ont été initiés au format de débat Karl Popper : 2 équipes de 3 débatteurs chacune, s’affrontant durant une heure avec des arguments structurés et opposés sur un énoncé. Puis ils ont été introduits à la fonction et responsabilité d’un juge de débat par le visionnage d’un module du Guide Pédagogique sur le débat, édité par FOKAL en 2008.

Chaque participant a bénéficié d’une documentation technique sur les critères pour juger un débat, dont un aide-mémoire pour les juges et un guide pédagogique sur le débat Karl Popper. Enfin, ils ont répondu à un quizz qui évalue rapidement les connaissances apprises sur la fonction de juge et les critères de juger.

Non seulement le juge est responsable de veiller au bon déroulement du débat (veiller à ce que les débatteurs appliquent les règles du format et respectent les principes du débat), mais aussi il doit aussi être objectif, impartial, et capable d’expliquer sa décision par écrit sur son bulletin de vote. Sa décision est définitive et irrévocable. Elle ne peut souffrir d’aucune contestation venant d’un coach ou d’un débatteur.

Critères pour juger un débat

Le dimanche après-midi, 6 des 10 apprentis-juges ont eu à arbitrer un débat entre 2 équipes de débatteurs du club de Jacmel, dont l’énoncé a été : « L’armée devrait être rétablie en Haïti ». L’équipe affirmative a soutenu que l’armée est une exigence constitutionnelle (selon l’article 263 de la Constitution haïtienne de 1987) et qu’elle générera des emplois directs et indirects, tandis que l’équipe négative a considéré que l’armée est budgétivore par rapport aux priorités plus urgentes de la Nation, et sans nul doute un instrument au service du pouvoir.

A l’issue de ce match de démonstration, ils ont eu à faire l’exercice de voter pour une équipe. A l’unanimité, ils ont voté pour l’équipe affirmative et ont fourni les raisons objectives de leur décision, et commenté la performance des débatteurs. Leur vote similaire envers l’équipe gagnante a fait converger les raisons suivantes : cohérence des arguments, clarté des discours, qualité des supports aux arguments.

Bien que les justifications des juges fussent valables et correctement expliquées, le coordonnateur a complété leurs commentaires en insistant sur l’importance à accorder aux réfutations, aux points de clash entre les 2 équipes, aux définitions des termes clés de l’énoncé.

Conclusion

Les participants sont sortis globalement satisfaits de la formation. Même s’il est encore tôt pour affirmer qu’ils maîtrisent parfaitement les critères pour bien arbitrer un match, la qualité des commentaires qu’ils ont fournis au débat de démonstration des jeunes de Jacmel augure des lendemains meilleurs.

Il revient au club de Jacmel de leur offrir la possibilité d’acquérir de l’expérience en les invitant régulièrement à arbitrer des débats. Le club a tout intérêt à profiter de ces ressources disponibles pour satisfaire son désir de refaire son blason et de rejoindre le top des clubs champions du réseau.

Jean-Gérard Anis
Coordonnateur du PIJ

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