Le club de Cote-plage, l’un des
8 clubs de débat de la région métropolitaine engagés dans la compétition, a été
sacré champion de cette première édition. A l’issue d’une finale d’une grande
intensité contre l’équipe de Christ-Roi (CXR), l’équipe de Cote-Plage (CPL) a
gagné ce match sur le score de 2 à 1. Nixon Destine, débatteur de cette même équipe,
a été désigné Meilleur débatteur de cette compétition, par 10 des 16 juges du
tournoi.
Nixon Destine, Ebilson Grandjean, Mirlène Blanchard, de l'équipe de Cote-Plage, championne du tournoi |
Plus de 130 jeunes ont composé
le public studieux du tournoi qui a eu lieu le samedi 15 juin dans les locaux
de FOKAL. Les 8 clubs concernés, Darbonne (DAR), Mon Repos (MRP), CPL,
Martissant (MAR), BMC, CXR, Santo (SAN) et Fond Parisien (FPE) ont amené avec
eux d’autres membres en renfort, des utilisateurs de la bibliothèque Monique
Calixte, des débatteurs venant de Jacmel et de Gros Morne, des étudiants de
Quisqueya et du CTPEA ont constitué y ont assisté. Ils étaient venus surtout pour
apprendre.
Déroulement du tournoi
(Voir le tableau des résultats
avec les scores et les classements sur le blog)
Les 8 équipes étaient divisées
en 2 groupes de 4, chaque équipe jouant contre les 3 autres à l’intérieur de
son groupe : groupe 1= CPL, FPE, SAN, MAR ; groupe 2 =
MRP, DAR, BMC, CXR. Chaque équipe a donc joué 3 matches au tour éliminatoire. Elles
ont débattu de 2 sujets, le premier étant le sujet donné à préparer. L’autre a
été le sujet-surprise, débattu au 3e match de ce tour, et pour
lequel ils avaient 1 heure de préparation.
Les 2 meilleurs équipes dans chaque groupe (CPL et FPE ; BMC et Christ-roi) ont accédé directement à la demi-finale, la meilleure équipe du groupe 1 jouant contre la 2ème équipe du groupe de 2, et vice et versa. Les demi-finalistes se sont donc opposées sur la résolution-surprise: « Les parents devraient avoir pleinement accès aux comptes de leurs enfants sur les réseaux sociaux ».
Pour
les équipes affirmatives des demi-finales (CXR et CPL) qui défendaient cette
résolution, laisser les parents avoir libre accès aux comptes sur les réseaux
sociaux de leurs enfants (Myspace, Facebook, Twitter, Google+…) garantirait non seulement la protection des enfants fortement
exposés et vulnérables aux échanges à risques et aux détournements de ces
réseaux, mais encore, permettrait de
limiter la délinquance juvénile, en réduisant les mauvais usages que les
jeunes peuvent en faire.
Ce
qui n’a pas été de l’avis des équipes négatives (BMC et FPE) qui rétorquent que
le fait d’exercer un contrôle sur le
compte internet de son enfant ne va pas
éliminer les dangers auxquels il est exposé, et de plus ne le portera pas non plus à obéir à ses
parents, mais plutôt à les défier. Elles croient que ce droit des parents
ferait reculer le droit de l’enfant à une vie privée et serait préjudiciable à
son apprentissage et à son développement à la vie adulte.
La finale
La
finale a opposé les clubs Chris-roi et Cote-Plage sur le sujet suivant :
« Les Etats devraient être en mesure de surveiller l’utilisation
d’Internet par les personnes soupçonnées d’activités criminelles ». Car, selon l’équipe de CPL, les Etats ont non seulement la mission
d’assurer leur sécurité nationale contre les cybers attaques et cybercrimes, mais encore de protéger les échanges commerciaux via
internet contre les piratages informatiques.
Chris-roi
a rétorqué que ce pouvoir donné aux Etats de surveiller leurs citoyens serait une atteinte à la vie privée, une
infime partie qui reste après avoir tout donné à l’Etat. Selon elles, le
programme de surveillance américaine des communications à l’échelle mondiale,
PRISM, en est une parfaite illustration de cette dérive, heureusement dénoncée
par les organisations mondiales de droits humains.
Finalement
2 juges sur 3 ont accordé leur vote à l’équipe affirmative (CPL). Ils ont
justifié leur décision par le fait que CXR n’a pas montré que les
communications surveillées par PRISM le sont dans leur intégralité, pas
seulement des métadonnées comme l’a
affirmé CPL, et que les points de clash
(vie privée, piratage, surveillance, protection) ont été mieux défendus par
l’équipe victorieuse.
Les leçons du tournoi
Au-delà de cette finale, il est
important de signaler 4 faits singuliers qui préfigurent les enjeux du tournoi
national en juillet prochain à Jacmel : le niveau élevé des débats, la
rude concurrence entre les clubs, un esprit d’équipe plus marqué, une plus
grande détermination chez les débatteurs pour gagner.
En effet, les
différents débats dans les différentes phases de la compétition ont été
remarquables tant par la qualité, l’originalité des arguments que par la
profusion d’évidences servant à les supporter. Les réfutations de part et
d’autre ont été pertinentes et pleines de bon sens. Ce qui résulte d’une
meilleure préparation des débatteurs pour maîtriser le sujet.
Il est à remarquer également la
grande motivation des débatteurs de chaque équipe discutant fébrilement entre
eux, avant et pendant un match, pour élaborer des stratégies de réfutation et
de contre-interrogatoire. Cela a démontré une plus grande motivation des
débatteurs galvanisés par le désir de remporter cette première édition, et un
esprit d’équipe bienvenu qui faisait souvent défaut dans les tournois
précédents.
Nous avons assisté aussi à la montée en puissance de clubs plus en retrait lors les compétitions de débat précédentes : Fond Parisien et Darbonne. Fond Parisien a vaincu ses vieux démons des défaites chroniques pour se hisser en demi-finale. Darbonne avec une équipe composée uniquement de filles très jeunes, a surpris en battant aisément de sang-froid 2 de ses adversaires au premier tour. Une équipe à surveiller au tournoi national prochain.
Enfin, ce tournoi consacre
l’excellente performance des filles qui étaient au nombre de 10 sur les 24
débatteurs engagés dans ce tournoi, soit un pourcentage 40%, une tendance à la
hausse. Quatre d’entre elles ont été au nombre des 6 finalistes, une débatteuse
de l’équipe de Christ-roi, Eutaly Bélizaire, a été désignée 2e
meilleur débatteur de l’épreuve.
Jean-Gérard Anis
Coordonnateur du Programme
Initiative Jeunes
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