mercredi 27 novembre 2019

Débattre c’est vivre, c’est s’affirmer

S’intégrer dans un environnement nouvel, se frayer un chemin alors qu’on ignore ce qu’on va trouver tout au fond du tunnel, s’imposer dans une famille dont on ignore le fonctionnement, voilà tout ce dont à quoi je faisais face, il y a de cela environ trois années.

Mon nom est Rose Guyrlène Régis. J’ai intégré ce club alors que je n’étais qu’une ado en 3ème à l’école congréganiste Christ-Roi (Filles de Marie). Tout a commencé un jour qui n’avait rien de trop extraordinaire; c’était la routine dans les locaux des Filles de Marie. Et comme à l’accoutumée, la directrice s’est présentée en classe afin de procéder à une élection. On n’était certainement pas bien imbues de l’invitation qu’on nous faisait. Mais de toutes façons, c’était bien mieux que de rester en cours.

Je me rappelle bien de notre arrivée à Pyepoudre, là où les anciennes telles que Vénadia Déssipé, Schéhérazade, Tamara ainsi que toute la belle équipe nous avaient faites une bonne réputation avec toutes les victoires qu’elles ont eues. Je me suis vite mise dans l’ambiance à la rencontre des Sacherncka Anacasis (l’une des coaches qui m’a marqué d’ailleurs) qui nous parlait de ses expériences de débat. Je commençais à me sentir dans ma sphère; ce qui a par la suite motivé tout mon parcours avec FOKAL.

L’accueil fut chaleureux. Toutefois cela n’en était rien. Clarisse était la première à se jeter à l’eau. Elle a eu son premier essai en débat. Quelques jours plus tard, c’était à mon tour de me mettre la honte de ma vie face au club BMC. Ce match qui allait déterminer toute ma carrière en débat me paraissait catastrophique, mais non pas tant que ça... Plus les jours passèrent et plus je commençais à y voir plus clair …

J’ai réellement pris mon envol le soir où ma mère a reçu cet appel de l’animateur du club, Alfred Désir, qui voulait avoir une approbation afin que je puisse me rendre à Jérémie représenté le club. C’était pour moi, l’occasion en or de prouver ce que je valais. Mon expérience à Jérémie est à jamais marquée dans ma mémoire, car il s’agissait là d’un privilège que beaucoup d’autres jeunes pouvaient rêver. Chaque fois, je donnais toujours le meilleur de moi.

Débattre au club demandait un peu plus chaque jour et c’était avec fierté que je contemple la jeune femme audacieuse, ambitieuse très sûre d’elle que je suis devenue. Je me suis forgée une nouvelle moi. J’ai appris, j’ai profité pleinement de chaque occasion qui s’était présentée, mais surtout j’ai appris à vivre avec l’autre, à l’accepter, à coopérer, à nous soutenir mutuellement et à apprendre de chacune de mes erreurs indistinctement. 

Les expériences se poursuivirent à Seguin, Jacmel, dans les Cayes et au Cap Haïtien... Chacun d’eux avait une leçon à m’inculquer, une pluie de bonheur à m’apporter. Je ne pourrai pas oublier notre trajet dans cette forêt avec cette bûche qu’on voulait faire brûler dans la soirée dans l’auberge, ces longues marches inépuisables qui nous menaient à la Citadelle, nos sorties animées dans la ville de Jacmel, sans oublier le fameux vendredi saint dans la ville des Cayes.

Le club m’a tout donné tant sur le plan personnel qu’intellectuel, car mes expériences dans le débat m’ont non seulement aidé à m’affirmer, à défendre mes points de vue tout en ayant la tolérance d’écouter l’autre, mais aussi à améliorer mon art oratoire.

Le poids des années ne saurait effacer ces liens forts qui m’unit au débat plus particulièrement à ce club qui m’a initié.

Merci à Jean-Gérard Anis pour cette initiative. Et aussi à Alfred Désir qui, durant toutes ces années, s’est consacré afin que ce pays ait davantage de têtes pensantes.

Mon parcours en débat fut extraordinaire, car débattre c’est vivre, c’est s’affirmer.

Rose Guyrlène Régis
École congréganiste de Christ-Roi

Campagne : « Le débat a changé ma vie »

Aucun commentaire:

Une année à la tête du PIJ

  cher.es ami.es, Depuis janvier 2022, je suis appelé par la direction de la FOKAL à assumer la charge de la coordination du Programme Initi...