mercredi 27 novembre 2019

Le débat m'a aidé à me construire...


Je suis Romie Ferdinand. Agée de quinze ans, je suis en Nouveau Secondaire 2, au Collège Marie-Anne. Ces dernières années, j'ai pris part à plusieurs activités comme la danse, la cuisine et le karaté. Cependant, je n'avais toujours pas trouvé une activité qui me correspondait vraiment. Je cherchais une activité littéraire, mais assez dynamique qui allait m'aider à me dépasser et à surmonter ma timidité.

Je n'avais jamais entendu parler de match de débat en Haiti et je suis désolée que ce ne soit pas une activité très connue en Haïti. Pourtant regarder le film "The Great Debater ", de Denzel Washington, m'a vraiment introduite dans le monde du débat et j'étais énormément impressionnée. Les débatteurs semblaient être des défenseurs de la vérité, des héros de la vie courante...

L'année dernière, je fus informée par la directrice de mon école que celles qui voulaient pouvaient participer au club de débat de Bourdon et moi, j'en mourrais d'envie. Il y avait peu de filles qui voulaient y participer... Certainement parce que beaucoup d'entre elles ignoraient ce que le débat était réellement. Il n'y avait que quatre filles dans ma promotion qui étaient intéressées et au bout de l'année, j'étais la seule à être rester au club.

Mon premier match s'était très mal passé. J'avais très mal géré mon temps de parole et j'avais du mal à appliquer ce que MM. Désir et Lazard m'avaient si bien enseignée. Néanmoins, je n'étais pas découragée. J'étais convaincue que j'avais bien plus à offrir. Et la deuxième fois, ça s'est mieux passé, même si on me reprochait d'être trop passive, trop calme. J'ai vraiment commencé à m'améliorer lors des tournois internes. J'ai beaucoup appris et j'ai commencé à devenir la débatteuse que je voulais être. Mes notes étaient assez bonnes et je pouvais dire que j'étais fière de moi.

Pour la première fois de ma vie, je ne m'étais pas laissée abattre par l'échec, la peur, le stress. Avec trois autres jeunes de mon club, j'ai eu l'opportunité de participer au tournoi mixte organisé dans la ville des Cayes. C'était une très bonne expérience. Et bien que je ne me sois pas hissée dans les classements, je n'en demeure pas moins fière de moi. J'ai eu l'opportunité de rencontrer beaucoup de gens extraordinaires, des débatteurs hors pairs et des coaches expérimentés. Les animateurs du Club étaient encore plus présents que d'habitude, nous épaulant et nous supportant chaque jour du tournoi.

Le débat m'a rendu plus confiante en moi. Juste savoir que mes mots ne se perdent pas, que mes paroles comptent, que des oreilles attentives m'écoutent m'a beaucoup aidé à avoir plus d'estime pour moi-même, à connaitre ma valeur personnelle. Mon expérience au club m'a appris à mieux disserter et à rédiger mes textes argumentatifs. Et mes connaissances se sont accrues...

Le débat m'a permis de nouer des liens avec les membres de mon club et également avec d'autres débatteurs. Bien que je sois toujours une personne réservée, il m'est plus facile maintenant d'échanger avec mon entourage. Je trouve que cette initiative de FOKAL est une très bonne chose. Permettre aux jeunes de se regrouper, de réfléchir sur des sujets importants c'est donner une chance à la jeunesse de s'épanouir, de grandir et de s'amuser sainement. C'est donner une chance à des milliers de jeunes haïtiens, leur offrir d'autres possibilités, leur ouvrir d'autres chemins.

De nos jours, la violence est partie dans nos rues et souvent ce sont les jeunes qui la pratiquent. Le débat ouvre d'autres horizons aux jeunes et leur permet de devenir de meilleures versions d'eux-mêmes. Je pourrais dire brièvement que le débat m'a aidé à me construire.

Romie Isabelle Ferdinand
Collège Marie-Anne


Campagne : « Le débat a changé ma vie »

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