Par
Clarisse
C’était
une journée comme toutes les autres, j’étais en salle de classe et j’attendais
impatiemment le
moment de la recréation, jusqu’au moment arriva l’invitation du
club de débat de Christ Roi. Tout à coup, je me suis souvenue de ce fameux
tournoi inter-scolaire de débat que j’avais suivi.
Clarisse |
J’étais
un peu confuse ce jour-là, je n’arrivais pas a cerner ce qui se passait
vraiment. Mais s’il y avait bien une chose qui avait retenue mon attention,
c’était la vivacité avec laquelle les filles qui représentaient mon école
(Lycée technique Elie Dubois) défendaient leurs positions.
J’ai
tout de suite fait inscrire mon nom dans la liste des élèves qui étaient intéressées
à faire partie du club de débat. Un tout petit geste qui allait transformer complètement
ma vie.
Intégrer
le club n’était pas chose facile. Au début je le considérais comme une activité
extrascolaire qui pouvait m’aider avec
mes sujets de dissertation. Mais lors des réunions, c’était difficile de réagir dans les sujets d’interaction. Je me sentais
si petite face aux étudiants à l’université. Celui qui m’avait aidé à dépasser
ce stade était Alfred Désir qui nous racontait chaque samedi l’histoire d’un
universitaire qui a été battu par un écolier dans un match de débat.
Par
contre, c’était très facile de comprendre le format Karl Popper parce que
j’avais suivi le tournoi. Chaque fois qu’on me parlait de première affirmative,
deuxième négative, contre interrogatoire, il me venait à l’esprit les matchs de
cette journée. Puis un jour, je me suis portée volontaire pour un match dans le
club et c’est ainsi que commença ma carrière
de débatteuse.
Je
faisais partie des filles qui devaient représenter le club dans certains matchs
interclubs. Je participais a toutes ces activités tantôt en tant que débatteuse tantôt
en tant que spectatrice, parce que, quel que soit le rôle à jouer, j’apprenais
toujours quelque chose soit dans le sujet même soit dans les techniques de
débat, par exemple comment mener un contre-interrogatoire. Enfin je n’étais
plus une simple écolière : je suis devenue une débatteuse. Et grâce à mes
capacités, j’ai fait partie des trois filles à représenter le club dans le
tournoi national en 2015 à Jérémie et dans le tournoi régional en 2016.
Ce
club n’a pas seulement chassé ma timidité, il ne m’a pas seulement appris à débattre,
à défendre une position quel que soit mes
jugements personnels ; le changement n’est pas seulement intellectuel. Il
m’a donné une autre famille. Ce qui nous unit n’a jamais été et ne sera jamais que
le débat. D’ailleurs chez nous, on ne parle pas de club. On parle de famille. On
ne se limite pas aux matchs de débats. Elles sont nombreuses les activités
qu’on a organisé… nos meilleurs moments sont les sorties. On apprend à se
connaitre, à compter les uns sur les autres et à améliorer notre capacité à débattre.
Parmi
nos nombreuses sorties, je n’oublierai jamais celle à Seguin, dans les
montagnes du département du Sud-est. La route a été longue, mais cela en valait
la peine… C’était bien de passer un moment en famille hors de la capitale en
contact avec la nature. Nous avions besoin de ce moment de paix après des mois
de travail pour le tournoi national. Alors, on est allés se recueillir là-haut à
Seguin. On a profité du séjour aussi pour développer quelques techniques de préparation
des sujets-surprises lors des tournois.
Je
n’oublierai pas non plus celle dans la ville des Cayes en Mars 2016. On a été
accueillis et logés par l’animateur du club des Cayes, Yvens Elizaire. On est
peut être toujours en compétition avec les autres clubs, mais nous n’oublions
jamais ce qui nous unit : le débat. Partager mes expériences avec les
jeunes Cayen-nes, leur expliquer comment nous on fait pour rester uni et
surtout comment on fait pour surpasser nos difficultés était l’une de mes plus
beaux moments lors de cette sortie.
Après
le passage de l’ouragan Matthew en octobre 2016, le club a réuni tout ce qu’on
pouvait réunir pour aider et montrer notre solidarité à nos camarades du club
de Camp-Perrin dans le Sud. Comme le dit le petit adage, « il y a plus de joie en donnant et en
partageant qu’en gardant ». Cela a été un plaisir pour nous de voir
ces jeunes et de les aider, aussi difficile qu’il soit, à sourire et à regarder
vers l’avant.
Faire
partie d’une association ou d’un club est souvent l’unique choix qu’ont les
jeunes haïtiens de s’épanouir, de montrer leurs talents et capacités. Il y a
deux ans de cela, j’ai fait ce choix, un choix qui aujourd’hui me rend heureux,
qui m’a transformé et qui m’a fait connaitre des gens qui s’impliquent
dans l’épanouissement intellectuel de la jeunesse haïtienne comme M. Joël
Lazard qui est toujours là pour nous et qui est le catalyseur de nombreux débatteurs
dans le club de Christ de Roi.
Ce
club fait partie de ma vie. Il est comme une deuxième famille, tout ce que j’ai
appris durant ces activités m’aide à grandir intellectuellement et à orienter
mes actions quotidiennes. Deux ans de joie, d’apprentissage pour toute une vie
reconnaissante et fière d’être une débatteuse du club de Christ Roi.
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