Waldinde
Germain, l’animateur du club de débat de Jérémie a entrepris d’initier au débat
depuis près d’un mois, à raison de deux heures par semaine, des étudiants de 2e et de 3e année de l’Ecole normale
d’instituteurs de la ville. Cette initiative résulte d’une proposition
d’Antoine Joanna Barthèlemy, la co-animatrice du club de Jérémie, et étudiante
finissante de cette école de formation des maîtres.
Waldinde,
professeur de communication orale dans cette même institution, avait commencé
cette formation en enseignant à ces étudiants des notions théoriques sur le
débat, plus particulièrement le format Public forum. Pour passer à une phase
plus concrète et plus pratique de cette formation en débat, il a invité quatre
des jeunes du club de Jérémie à effectuer, le vendredi 22 février 2013, à faire un débat de dmonstration, pour les étudiants de ce centre de formation.
L’animateur
Waldinde a présenté les débatteurs (Dalou Andressol, Dolorès Antoine, Paul
Jolène et Josué Alexandre) aux 85 étudiants présents et leur a rappelé la
raison de ce match d’exhibition. Puis, il a
communiqué le sujet : « L’aide
sociale décourage le travail », et la position des équipes. La résolution est tirée du film Les Grands débatteurs de Denzel Washington, un classique pour les débatteurs
dans le monde entier.
Résumé du match
L’équipe
affirmative a avancé comme argumentaire : « Le montant de l’aide sociale est supérieur au salaire des employés.Le
site www.viepublique.fr nous le prouve. Celui qui bénéficie de l’aide sociale se
dit, si je reçois plus d’argent que celui que je gagne quand je travaille, à
quoi bon de travailler. Messieurs les membres du jury, c’est un fait qu’à
Jérémie, les gens qui bénéficient de l’aide de l’HHF, ne recherchent pas de travail.
L’équipe
négative a réfuté cet argument en démontrant d’abord que « la définition de l’aide sociale apportée par
l’équipe adverse ne convient pas. Il prend l’aide sociale pour la protection
sociale. Selon l’équipe affirmative, le montant de l’aide sociale est
supérieur au montant du salaire des employés. Or cet argument ne suffit pas
pour dire que l’aide sociale décourage le travail. Ce n’est pas parce qu’on leur
donne de l’aide sociale qui fait qu’ils ne peuvent plus travailler, c’est parce
qu’ils sont déjà dans l’incapacité de travailler comme les handicapés, les
orphelins, les personnes âgées et autres. Donc, même s’ils n’étaient pas
bénéficiaires de l’aide sociale, ils ne pourraient pas non plus travailler. Nous
soutenons notre position pour dire que l’aide sociale est accordée à ceux-là
qui sont hors d’état de travailler. Et c’est juste, cela crée une sorte
d’équilibre social et permet de réduire le grand fossé qu’il y a entre les
riches et les pauvres. »
La position
de l’équipe négative a été que « l’aide
sociale est accordée à ceux-là qui sont dans l’incapacité de travailler. Madame
Viviane, chargée de recherche au CNRS nous l’a dit dans l’un des résultats de
ses recherches. Et, quand on jette un coup d’œil sur les attributions des
affaires sociales dans le document décrivant son champ d’activités, on comprend
clairement que ce n’est pas tout le monde qui est éligible pour recevoir de
l’aide sociale mais ceux dans incapacité de travailler. Donc si ce sont les
incapables, cette aide ne peut, en aucun cas, décourager le travail. Au
contraire, elle crée une sorte de justice sociale ».
L’équipe
affirmative a rejeté cet argument en rappelant d’abord que la définition donnée à « aide sociale » est tirée du
dictionnaire Larousse illustré de 2011. « Maintenant,
nous doutons fort que nos compétiteurs soient bien placés pour évaluer une définition
tirée du dictionnaire Larousse. Ils ont avancé comme argument : « les
bénéficiaires de l’aide sociale sont des personnes qui sont hors d’état de
travailler » et ont pris comme malheureux exemples les handicapés, les
personnes âgées et les orphelins. Messieurs
les membres du jury, être handicapé peut-il signifier qu’on n’est pas capable
de travailler ? Gérald Oriol, le Secrétaire d’Etat à l’intégration des personnes handicapées y répond en déclarant
que beaucoup d’handicapés travaillent dans beaucoup d’Institutions haïtiennes (...), parfois comme conseillers dans
certaines organisations et comités ruraux et même dans certaines institutions
étatiques. Me
Toussaint Léonidas, avocat attaché au Ministère des affaires sociales dans la Grand’Anse
nous est un exemple.
Les orphelins sont-ils condamnés à ne pas pouvoir travailler ou ne
peuvent-ils subvenir à leurs besoins. Est-ce pour cette raison qu’ils bénéficient
de l’aide sociale ? C’est archi-clair que les personnes qui jouissent
de l’aide sociale ne sont pas intéressés à aller travailler. Et c’est pourquoi,
dans certains pays développés comme la France, on est en train de réduire les aides
sociales. Me Toussaint après ses 68 ans ne se permettrait jamais d’aller
travailler s’il était un jouisseur de l’aide sociale. Donc, l’aide sociale fait
de nous de véritables dépendants et pour reprendre l’ex président français,
Nicolas Sarkozy, l’assistanat est dégradant pour la personne humaine !
Ce fut la
quintessence du débat !
Réaction des normaliens : satisfaction, motivation et apprentissage garantis
A vrai
dire, ce fut un beau match de démonstration à la suite duquel les étudiants ont
eu de très bonnes réactions.
« Je remercie ces quatre jeunes pour ce bon
match de débat. Par ce match, je peux dire que j’ai appris à débattre dans la
pratique du débat », a dit Civil Robenson, un étudiant de l’Ecole normale.
Pour Brunel
Laguerre : « Le langage de ces
jeunes et leur capacité linguistique me motivent à travailler à développer les
miens et à me jeter, pourquoi pas, dans le monde du débat ».
Piquant Snyder, un autre étudiant, a découvert le sens du
débat: « J’ai découvert le vrai sens
du débat. Ce qui m’a le plus frappé c’est le comportement
adopté par les jeunes au cours de ce match de débat : ils ont gardé leur
calme, ils n’ont pas haussé leur voix et ils n’ont pas parlé en même temps »,
a affirmé Pintro Chalide.
En somme, ce fut une heureuse et enrichissante expérience.
Waldinde
GERMAIN et Joanna Barthèlemy ANTOINE
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