Le coordonnateur des Programmes Initiative Jeunes a
effectué une mission d’encadrement du club de Fond Parisien, samedi 2 mars 2013.
L’objectif de la visite a été de s’informer de la situation et des activités du
club, et de partager avec eux des informations sur l’actualité du projet, et
les attentes que FOKAL placent en eux. Le coordonnateur a été accompagné de Real Chérizard,
cadre de FOKAL, et de Francklin Louis-Jean, animateur du club de Santo.
Le coordonnateur parle aux jeunes du club |
La rencontre avec les
jeunes s’est déroulée
en 3 étapes la collecte des informations sur le fonctionnement et les difficultés du
club, et les initiatives et les projets du club, une initiation aux techniques
de débat. Des recommandations ad hoc
et des conseils ont été fournis à l’animateur et aux jeunes.
Cette rencontre de 5
heures, conduite par le coordonnateur, a permis d’observer l’implication des
jeunes, d’identifier des faiblesses dans la vie du club, afin de fournir les
recommandations adéquates pour corriger les problèmes qui lui sont adressés. 22
jeunes dont 8 filles ont participé à la rencontre.
Les jeunes de Fond Parisien font
face à divers problèmes qui retardent l’épanouissement d’une jeunesse en mal
d’émancipation. Ces problèmes, comme vous allez le voir, ont de fortes
incidences sur le fonctionnement du club dont la viabilité est menacée.
Des jeunes aux ordres des parents
A Fond Parisien, les infrastructures
de loisirs sont inexistantes. Une petite bibliothèque de proximité soutenue
financièrement par FOKAL dessert la communauté. Les possibilités d’accès
internet sont extrêmement limitées. Ceci a été particulièrement souligné par l’animateur
qui déplore l’absence de service internet dans la localité : pas de
cybercafé, pas de connexion internet dans les écoles.
Aux dires des membres du club, les offices
religieux que leur imposent leurs
parents phagocytent les activités des jeunes le week-end: messe à l’église,
participation aux funérailles et répétitions de chants. Les jeunes en général
font partie de chorales dans leurs églises respectives (il y en a treize reconnues
dans le village pour 35,000 âmes environ). Ils sont poussés par leurs parents à
aller aux obsèques de membres dans la communauté (quasiment chaque week-end, il
y en a à Fond Parisien) de peur que l’enterrement d’un proche ne soit boudé par
leurs coreligionnaires.
Une débatteuse du club partage son point de vue |
Les filles paient un lourd tribut. L’animateur
et les filles présentes du club rapportent qu’elles sont retenues généralement
à la maison le week-end pour des taches domestiques alors que les parents s’en
vont au marché sur la frontière haïtiano-dominicaine (à 10 mns de bus du
village) ou à Croix des Bouquets, commune située au nord-est de P-au-P.
Autre problème important, et non des
moindres : les jeunes de Fond Parisien ont développé une méfiance envers
toute ONG voulant œuvrer dans la zone. Aux dires d’un jeune présent, « Yo pa dakò moun fè foto yo » et
« Yo kwè ke se kòb yo vle fè sou tèt
yo ». Pour dissiper tout malentendu, Real et moi avions expliqué aux
jeunes le but et les objectifs que poursuit FOKAL dans ses activités.
Le club veut aller de l’avant
Le club souffre d’un
déficit chronique d’effectif qui plafonne à 15 jeunes actifs, c’est-à-dire qui
assistent régulièrement aux réunions hebdomadaires. Ceci découle directement
des problèmes cités plus haut, comme l’a expliqué l’animateur du club. Le club a du mal à concilier les
horaires de réunion avec les disponibilités des jeunes le week-end.
Le coordonnateur initie les jeunes du club au débat |
Néanmoins, l’animateur a promis de s’attacher
à corriger ce problème, en prenant des initiatives pour dynamiser le club et motiver
davantage les jeunes. Le club est en train de planifier une journée de
sensibilisation sur l’environnement, à l’occasion de la Fête patronale du
village, le 18 mars prochain, et une conférence sur l’histoire de Fond
Parisien, le 31 mars.
Les activités de débat se
poursuivent avec la formation en cours. Toutefois, les jeunes déplorent que le
fonds de la bibliothèque de Fond Parisien ne soit pas adapté à leurs
recherches, car il est constitué essentiellement d’ouvrages classiques et de
romans.
Une nouvelle façon d’animer
Le coordonnateur recommande à
l’animateur Geordanis de responsabiliser les
jeunes en leur confiant des tâches à responsabilité dans le club (aide à la planification d’une
activité, entretien d’un cahier de présence, intégrer les nouveaux venus dans
le club, répercuter des informations aux autres membres…) et en les incitant à
prendre des initiatives (exposé, présentations) ; de changer l’approche et
la méthodologie des réunions en encourageant les travaux en ateliers. Les
séances de travail doivent être portées par les jeunes et non par l’animateur,
et se faire dans une ambiance plus décontractée.
Un jeune exposant son argument |
Vers une
relation rapprochée avec les autres animateurs du projet
Le coordonnateur a eu le souci de rappeler
à l’animateur que toute activité et tout projet réalisé par le club doit
satisfaire les objectifs et les attentes du programme. Il suggère à l’animateur de
prendre l’habitude de
commencer les réunions à l’heure prévue, de ne pas attendre d’avoir un certain
quorum pour les débuter; de préparer en
commun les séances à l’avance (avec objectifs, activités, méthodologie,
résultats attendus), savoir s’effacer pour laisser s’exprimer les jeunes; demander aux jeunes d’avoir de quoi écrire
lors des réunions; d’aviser et de rechercher l’appui
du coordonnateur avant d’entreprendre toute activité extérieure.
Francklin, animateur du club de Santo, encourage es jeunes |
Conclusion
La rencontre s’est
achevée avec une initiation aux techniques de débat au cours de laquelle les
notions suivantes ont été vues : les principes du débat, comment
construire et réfuter un argument. Dix-huit ouvrages de débat ont été fournis
au club, et disponibles pour les jeunes.
Le club de Fond Parisien
fera l’objet d’un suivi et d’un encadrement plus poussé de la part du
coordonnateur. La réactivité des animateurs aux sollicitations et aux
informations du coordonnateur sera davantage observée.
Geordanis Joseph, animateur du club de Fond Parisien |
Il est important et
nécessaire que ce genre de visite dans les clubs se poursuive, car seuls ces
contacts de proximité permettent au coordonnateur de corriger les dérives dans
les clubs et d’effectuer un meilleur travail d’encadrement.
Jean-Gérard Anis
Coordonnateur du PIJ
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