mardi 26 mars 2013

Le club de débat de Darbonne célèbre la Journée mondiale de la femme


La bibliothèque Rasin Lespwa de Darbonne a été transformée en une véritable table ronde organisée, le samedi 9 Mars 2013, pour que les jeunes et les associations féminines de la zone puissent se rencontrer, débattre sur le sens de la journée du 8 mars, Journée mondiale de la femme. L’objectif a été d’essayer de comprendre la situation des femmes dans la société haïtienne plus particulièrement à Darbonne, les 8, 9, 10 mars 2013. « Une femme, comparée à une fleur, a besoin de tendresses, d’affections et de caresses », a estimé  Charlancia,  une participante à cette grande activité.

La bibliothèque Rasin Lespwa transformée en table ronde
Le vendredi 8 mars,  dans la matinée, quelques dizaines d’enfants âgés entre 10 et 13 ans ont participé à l’atelier de réflexion réalisé traditionnellement autour de cette date; dans l’après-midi, cela a été au tour des membres du club de débat et certains membres des associations féminines de la zone. Le 9 mars était réservé aux élèves de Rhéto et de Philo des établissements scolaires de Léogane ; et le dimanche 10 mars a été la clôture de ces ateliers de réflexions, agrémentée d’un spécial « DIMANCHE DES ARTS ».

Les 2 animateurs du club de Darbonne ont exposé aux élèves l’histoire de la lutte féminine en Haïti et les grandes figures de cette lutte.  Les enfants ont essayé de comprendre les posters et les affiches relatifs aux traitements infligés aux femmes dans leurs communautés.  Pour faire suite aux interrogations des enfants, les animateurs les ont invités à lire les extraits de textes exposés, puisés dans des sources diverses et relatives aux différentes lois et conventions votées à l’égard des femmes dans le monde. Les enfants ont été satisfaits.


Maxandre, Jefté et Patricia intervenant sur les droits des femmes
Dans l’après midi, Patricia Maitre et  Jefté Thélisma, deux animateurs de la bibliothèque Rasin Lespwa, ont  expérimenté avec les participants un jeu instructif et amusant : 6 filles et 4 garçons sont appelés à simuler les habitants d’une nouvelle planète. Sur cette planète, il n’y a pas d’exclusion et de discrimination sous aucune forme, les gens vivent en parfaite communion parce qu’ils jouissent de leurs droits et se respectent les uns les autres. Mais tout se renverse quand on les départage en êtres dominants et êtres dominés. Les gens dominés sont bien obligés de livrer leurs droits aux gens dominants qui les leur enlèvent sans qu’aucune contestation ne soit possible. Résultats : Frustrations, chambardement total.  Réagissant par rapport à l’exercice, les participants  se disent choqués, diminués, stressés, sous-estimés, en un mot, victimes après qu’on leur ait  privé de leurs droits.

Tout compte fait, les réflexions ont porté sur les droits de la personne humaine où cette thématique a donné  lieu à des approches intéressantes: Les femmes ont-elles des droits spécifiques ? Les intervenants ont laissé du temps aux jeunes pour réagir à cette  question. Dans la foulée on peut retenir la déclaration de l’un des participants qui a affirmé que : « Tenant compte de l’observation faite dans la société Haitienne, il y a lieu de dire, les femmes n’ont pas de droits spécifiques mais elles ont des obligations envers les hommes et les hommes en ont également envers elles. » Cela a soulevé de vives discussions. Les jeunes filles n’on pas voulu qu’on les catégorise parmi les êtres  faibles, même si elles ont admis avoir besoin de l’aide d’un homme dans les situations difficiles…

Une des affiches à interpréter par les jeunes
Les intervenants les ont amenés à définir « Droit » et  « Pouvoir ». Trois types de pouvoirs ressortent généralement dans la vie sociétale : «pouwa sou » (le fait qu’un individu exerce son pouvoir sur d’autres personnes), « pouvwa pou kore zòt » (quand une personne utilise son pouvoir dans le but d’aider une personne, mais tout en espérant quelques choses en retour),  « pouvwa avèk » (le fait que deux personnes utilisent leurs pouvoirs pour atteindre un objectif commun).  Ainsi, les participants ont vite compris que les deux premiers peuvent faire des victimes dans leur utilisation et quand il y a de victimes les choses ne peuvent pas aller comme on le souhaite.

La deuxième partie de la séance s’est intéressée surtout à l’interprétation des images retrouvées dans une affiche ayant pour thème : An nou reflechi ! Lè pouvwa ant fi ak gason gen fòs kote, eske se yon bon bagay ? Repartis en groupes de 6, les jeunes avaient à discuter de ces images qui représentaient des scènes de violence subie par les femmes dans la société.

La première affiche traduisait l’image d’un homme qui, injuriant sa femme, dérange le voisin d’à coté  et même fait pleurer les enfants’’ a relaté le premier groupe. Pour ces gens, quand rien ne va dans une famille, où le père se permet d’infliger à sa compagne des violences verbales et psychologiques, la femme, les enfants, et le voisinage sont aussi victimes de ces violences. ‘’
Deux jeunes simulant une scène de violence conjugale
La deuxième représentait un homme et une femme qui partent en voyage, mais c’est à la femme de tout porter : l’enfant, les valises et un panier sur la tête tandis que l’homme lui, marche  les mains accolées sur son corps  en chantant. Selon un autre groupe, c’est un abus fait aux femmes. Ce qui allait susciter une controverse car d’autres pensent que cette incivilité relève d’un problème d’éducation puisque la société sélectionne déjà des tâches qui relèvent de la capacité des hommes et celles réservées aux femmes.

Quant au troisième groupe, son image représentait  deux personnes qui s’aventuraient dans un rapport sexuel. La femme veut utiliser un préservatif, mais l’homme refuse catégoriquement. Cette représentation a soulevé plusieurs questions : Doit-on vraiment utiliser un condom ? Si oui, pourquoi ? Les différentes réactions ont poussé les membres des associations féminines à proposer aux animateurs  une causerie sur l’utilisation des condoms dans une relation sexuelle dans les jours à venir.

Intervention d'une représentation d'une association féministe
Pour clore cette journée, les animateurs ont souligné à l’intention de tous qu’être égale ne veut pas dire que les femmes doivent prendre le dessus, mais plutôt de vivre en parfaite harmonie avec les hommes où le respect mutuel est établi. Ils leur ont demandé  de continuer à travailler ensemble afin d’avoir une société équilibrée où tous les habitants sont libres et égaux en droits. Les représentants des associations féministes  ont remercié la bibliothèque Rasin Lespwa ainsi que les intervenants pour le travail qu’ils effectuent avec les jeunes en les sensibilisant sur les droits de la femme et le respect entre les hommes.

Dimanche des Arts est une activité conçue pour valoriser les talents des jeunes et revaloriser la culture haïtienne. Elle a une fois de plus fait la joie des gens de la communauté. Le clou de cette activité organisée à l’occasion de la journée mondiale de la femme, a été une performance collective quand plus d’une soixantaine de personnes se sont réunies entre 5 heures  et 8 heures du soir, pour chanter et dire pour la femme haïtienne.

Des jeunes en train de performer au cours de Dimanche des arts
En lieu et place de Festi Fanm, un spectacle présenté et animé par les femmes artistes de Léogane, les jeunes filles de la localité joliment parées et vêtues ont envahi la piste de Rale, pour ce  spécial « DIMANCHE DES ARTS ». Les jeunes artistes et des artistes confirmés tels  Génel Auguste, Wanel Lormilus, Marc Henry Romulus, Max Grégory Saint-Fleur, Baby’s Lourdes, Roselande Romulus ont égayé l’espace, ce dimanche 10 mars : les blagues, chansons, poésies, danses, musiques ont fait la joie de  l’assistance. 

L’ambiance était de taille et nous rappelle les refrains très choyés dans le temps :   Fanm si la yo toujou byen dyanm, fanm si la yo toujou gen nanm, menmlè lavi tounen yon flanm, yo pa janm sispann de Patricia Maitre, Yo rele n pèlen, yo rele n ratyè, poutan zòt paka viv san nou de Madame Lyonor fatal. Des diseurs pour leur part ont lu des textes d’improvisation et des textes écrits à l’occasion, qui font l’éloge des femmes du pays.

Ainsi a pris fin à cette belle fête, et rendez-vous est pris pour l’année prochaine avec cette fois-ci FESTI FANM.

Maxandre  BIEN-AIME, animateur du club de Darbonne
Avec l’aimable participation de Jefté THELISMA

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