La bibliothèque Rasin Lespwa de Darbonne a été transformée
en une véritable table ronde organisée, le samedi 9 Mars 2013, pour que les
jeunes et les associations féminines de la zone puissent se rencontrer,
débattre sur le sens de la journée du 8 mars, Journée mondiale de la femme.
L’objectif a été d’essayer de comprendre la situation des femmes dans la
société haïtienne plus particulièrement à Darbonne, les 8, 9, 10 mars 2013. « Une femme, comparée à une fleur, a besoin de tendresses, d’affections et
de caresses », a estimé
Charlancia, une participante à
cette grande activité.
La bibliothèque Rasin Lespwa transformée en table ronde |
Le vendredi 8 mars, dans
la matinée, quelques dizaines d’enfants âgés entre 10 et 13 ans ont participé à
l’atelier de réflexion réalisé traditionnellement autour de cette date;
dans l’après-midi, cela a été au tour des membres du club de débat et certains
membres des associations féminines de la zone. Le 9 mars était réservé aux
élèves de Rhéto et de Philo des établissements scolaires de Léogane ; et le
dimanche 10 mars a été la clôture de ces ateliers de réflexions, agrémentée
d’un spécial « DIMANCHE DES ARTS ».
Les 2 animateurs du club de Darbonne ont exposé aux élèves
l’histoire de la lutte féminine en Haïti et les grandes figures de cette
lutte. Les enfants ont essayé de
comprendre les posters et les affiches relatifs aux traitements infligés aux
femmes dans leurs communautés. Pour
faire suite aux interrogations des enfants, les animateurs les ont invités à
lire les extraits de textes exposés, puisés dans des sources diverses et relatives
aux différentes lois et conventions votées à l’égard des femmes dans le monde.
Les enfants ont été satisfaits.
Maxandre, Jefté et Patricia intervenant sur les droits des femmes |
Dans l’après midi, Patricia Maitre et Jefté Thélisma, deux animateurs de la bibliothèque
Rasin Lespwa, ont expérimenté avec les
participants un jeu instructif et amusant : 6 filles et 4 garçons sont
appelés à simuler les habitants d’une nouvelle planète. Sur cette planète, il n’y
a pas d’exclusion et de discrimination sous aucune forme, les gens vivent en
parfaite communion parce qu’ils jouissent de leurs droits et se respectent les
uns les autres. Mais tout se renverse quand on les départage en êtres dominants
et êtres dominés. Les gens dominés sont bien obligés de livrer leurs droits aux
gens dominants qui les leur enlèvent sans qu’aucune contestation ne soit
possible. Résultats : Frustrations, chambardement total. Réagissant par rapport à l’exercice, les
participants se disent choqués,
diminués, stressés, sous-estimés, en un mot, victimes après qu’on leur ait privé de leurs droits.
Tout compte fait, les réflexions ont porté sur les droits de la
personne humaine où cette thématique a donné
lieu à des approches intéressantes: Les femmes ont-elles des droits
spécifiques ? Les intervenants ont laissé du temps aux jeunes pour réagir à
cette question. Dans la foulée on peut
retenir la déclaration de l’un des participants qui a affirmé que : « Tenant compte de l’observation faite dans la
société Haitienne, il y a lieu de dire, les
femmes n’ont pas de droits spécifiques mais elles ont des obligations envers
les hommes et les hommes en ont également envers elles. » Cela a
soulevé de vives discussions. Les jeunes filles n’on pas voulu qu’on les
catégorise parmi les êtres faibles, même
si elles ont admis avoir besoin de l’aide d’un homme dans les situations
difficiles…
Une des affiches à interpréter par les jeunes |
Les intervenants les ont amenés à définir « Droit »
et « Pouvoir ». Trois types de
pouvoirs ressortent généralement dans la vie sociétale : «pouwa sou »
(le fait qu’un individu exerce son pouvoir sur d’autres personnes), « pouvwa
pou kore zòt » (quand une personne utilise son pouvoir dans le but d’aider
une personne, mais tout en espérant quelques choses en retour), « pouvwa avèk » (le fait que deux
personnes utilisent leurs pouvoirs pour atteindre un objectif commun). Ainsi, les participants ont vite compris que les deux premiers
peuvent faire des victimes dans leur utilisation et quand il y a de victimes
les choses ne peuvent pas aller comme on le souhaite.
La deuxième partie de la séance s’est intéressée surtout à
l’interprétation des images retrouvées dans une affiche ayant pour thème :
An nou reflechi ! Lè pouvwa ant fi
ak gason gen fòs kote, eske se yon bon bagay ? Repartis en groupes de
6, les jeunes avaient à discuter de ces images qui représentaient des scènes de
violence subie par les femmes dans la société.
La première affiche traduisait l’image d’un homme qui,
injuriant sa femme, dérange le voisin d’à coté et même fait pleurer les enfants’’ a relaté le
premier groupe. Pour ces gens, quand rien ne va dans une famille, où le père se
permet d’infliger à sa compagne des violences verbales et psychologiques, la
femme, les enfants, et le voisinage sont aussi victimes de ces violences. ‘’
Deux jeunes simulant une scène de violence conjugale |
La deuxième représentait un homme et une femme qui partent en
voyage, mais c’est à la femme de tout porter : l’enfant, les valises et un
panier sur la tête tandis que l’homme lui, marche les mains accolées sur son corps en chantant. Selon un autre groupe, c’est un
abus fait aux femmes. Ce qui allait susciter une controverse car d’autres
pensent que cette incivilité relève d’un problème d’éducation puisque la société
sélectionne déjà des tâches qui relèvent de la capacité des hommes et celles
réservées aux femmes.
Quant au troisième groupe, son image représentait deux personnes qui s’aventuraient dans un
rapport sexuel. La femme veut utiliser un préservatif, mais l’homme refuse
catégoriquement. Cette représentation a soulevé plusieurs questions :
Doit-on vraiment utiliser un condom ? Si oui, pourquoi ? Les
différentes réactions ont poussé les membres des associations féminines à
proposer aux animateurs une causerie sur
l’utilisation des condoms dans une relation sexuelle dans les jours à venir.
Intervention d'une représentation d'une association féministe |
Pour clore cette journée, les animateurs ont souligné à
l’intention de tous qu’être égale ne veut pas dire que les femmes doivent
prendre le dessus, mais plutôt de vivre en parfaite harmonie avec les hommes où
le respect mutuel est établi. Ils leur ont demandé de continuer à travailler ensemble afin
d’avoir une société équilibrée où tous les habitants sont libres et égaux en
droits. Les représentants des associations féministes ont remercié la bibliothèque Rasin Lespwa
ainsi que les intervenants pour le travail qu’ils effectuent avec les jeunes en
les sensibilisant sur les droits de la femme et le respect entre les hommes.
Dimanche
des Arts est une activité conçue pour valoriser les talents des jeunes et revaloriser
la culture haïtienne. Elle a une fois de plus fait la joie des gens de la
communauté. Le clou de cette activité organisée à l’occasion de la journée mondiale
de la femme, a été une performance collective quand plus d’une soixantaine de
personnes se sont réunies entre 5 heures
et 8 heures du soir, pour chanter et dire pour la femme haïtienne.
Des jeunes en train de performer au cours de Dimanche des arts |
En lieu
et place de Festi Fanm, un spectacle présenté et animé par les femmes artistes
de Léogane, les jeunes filles de la localité joliment parées et vêtues ont
envahi la piste de Rale, pour ce spécial
« DIMANCHE DES ARTS ». Les jeunes artistes et des artistes confirmés
tels Génel Auguste, Wanel Lormilus, Marc
Henry Romulus, Max Grégory Saint-Fleur, Baby’s Lourdes, Roselande Romulus ont
égayé l’espace, ce dimanche 10 mars : les blagues, chansons, poésies,
danses, musiques ont fait la joie de l’assistance.
L’ambiance
était de taille et nous rappelle les refrains très choyés dans le temps : Fanm si
la yo toujou byen dyanm, fanm si la yo toujou gen nanm, menmlè lavi tounen yon
flanm, yo pa janm sispann de Patricia Maitre, Yo rele n pèlen, yo rele n ratyè, poutan zòt paka viv san nou de
Madame Lyonor fatal. Des diseurs pour leur part ont lu des textes d’improvisation
et des textes écrits à l’occasion, qui font l’éloge des femmes du pays.
Ainsi a
pris fin à cette belle fête, et rendez-vous est pris pour l’année prochaine
avec cette fois-ci FESTI FANM.
Maxandre BIEN-AIME, animateur du club de
Darbonne
Avec l’aimable participation de Jefté
THELISMA
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