Un plan pour améliorer
les débats des jeunes des clubs
Le coordonnateur des Programme Initiative Jeunes de FOKAL a
formé seize (16) nouveaux juges aux techniques de débat, le samedi 16 mars dans
les locaux de la fondation. Ces nouveaux juges sont 6 animateurs de 6 clubs de débat
de la région métropolitaine de Port-au-Prince, 6 anciens débatteurs
expérimentés,
4 cadres de FOKAL.
Cette initiative de FOKAL a été principalement motivée par
l’insuffisance de juges lors de la compétition
nationale de débat organisée chaque été par FOKAL, par la frustration récurrente
des débatteurs insatisfaits de l’arbitrage avec un seul juge du débat, par
l’indisponibilité chronique de juges pour les tournois dans les clubs.
La formation visait donc à augmenter l’effectif de juges
disponibles pour les débats, à faciliter l’organisation de tournois de débat
local dans les clubs de la capitale, à améliorer la qualité des arbitrages
(plus il y a de juges pour un débat, plus leur décision sera précise) et à affiner
les résultats des débats (les jeunes préfèrent avoir 3 juges au lieu d’un seul
pour décider de l’issue d’un débat).
Les
responsabilités d’un juge de débat
Dans un premier temps, les seize participants ont appris du
débat (affrontement d’arguments entre 2 personnes ou 2 équipes défendant leur
position sur un sujet controversé), du point de vue d’un juge, ses exigences (se
concentrer pour écouter les débatteurs, prendre de notes sur un ordinogramme,
remplir le bulletin de vote) et ses contraintes (prendre des décisions rapides,
être objectif dans sa décision, résister à la tentation de se mettre à la place
du débatteur).
Ils ont effectué l’exercice de construire des arguments
structurés à partir d’un sujet controversé (« Les étudiants devraient pouvoir noter leurs professeurs à l’université »),
de les réfuter et de les reconstruire, afin de pouvoir comprendre la
démarche des débatteurs et les attentes à avoir de leur discours. Et enfin le
format de débat Karl Popper, le plus utilisé dans le monde pour les élèves du
secondaire, dans les tournois internationaux leur a été expliqué.
En
essayant ensemble de définir le mot « noter » dans le sujet, les
juges ont compris la difficulté pour un débatteur de réussir un tel exercice.
Doit-on comprendre ce mot au sens de « évaluer » ou
« sanctionner » ? Parfois l’issue du débat repose sur une
question de définition.
Dans un 2e temps, ils ont été initiés à la
fonction de juge, avec le visionnage d’une partie du Guide Pédagogique sur le
débat élaboré par FOKAL. Ils savent désormais que non seulement le juge est
responsable de veiller au bon déroulement du débat (veiller à ce que les règles
soient appliquées et les principes respectés par les débatteurs), mais aussi il
doit aussi être ouvert d’esprit, impartial, et capable de justifier objectivement
son vote à la fin du débat.
Les critères
pour juger un débat
Le plus difficile pour eux a été d’assimiler les critères
pour bien juger un débat : analyser les arguments développés par les débatteurs,
identifier les points de confrontation directe, et décider pour l’équipe qui
l’a convaincu par la pertinence et la solidité de ses arguments. Il ne doit pas
forcer la décision sur la base de la prestation d’un débatteur, ou bien sur ce
qu’il connait du sujet du débat. Ceci a occasionné beaucoup de questions.
Lorsque les règles du format de débat ne sont pas respectées
(par exemple, l’équipe négative n’a pas présenté son cas, ou bien qu’il y a un
doute manifeste sur la véracité des supports fournis dans le débat), il ne
revient pas au juge de corriger ses faiblesses, et donc de décider en fonction
de cela. Il doit laisser les débatteurs
le soin de les montrer eux-mêmes.
Finalement, un juge n’a pas besoin d’être un expert du débat
ou du sujet débattu. Il doit être quelqu’un qui a suffisamment de connaissances
pour comprendre les idées développées dans le débat, et de recul pour
s’interdire de juger les débatteurs sur la base de ses convictions
personnelles.
L’apprentissage
par l’exemple
Dans un 3e temps, les apprentis juges ont eu à
arbitrer un débat entre 2 équipes de 3 débatteurs chacune, issues du club de la
Bibliothèque Monique Calixte de FOKAL, dont l’énoncé est le suivant :
« La censure est justifiée dans une
démocratie ». L’équipe affirmative soutenait que la censure empêche la
diffusion d’informations contraires à la morale et protège les atteintes à
la vie privée, tandis que l’équipe négative arguait que la censure prive les
citoyens de leur liberté d’expression, et sans empêcher nullement la
circulation des idées.
A l’issue de ce match de démonstration, ils ont eu à
expérimenter leurs connaissances sur l’arbitrage d’un débat. Après avoir suivi
le match, concentrés pendant environ une heure, chaque juge a expliqué les
raisons objectives pour lesquelles ils ont donné la victoire à telle équipe, et
à commenter la performance des débatteurs. Leur décision de voter pour l’équipe
gagnante du débat convergeait plus ou moins vers les mêmes bonnes raisons:
faiblesses dans la réfutation de l’équipe perdante et confusion dans sa
définition du mot censure.
Bien que les justifications des juges étaient valables et
correctement expliquées, il a fallu pour le coordonnateur national du programme
de débat de FOKAL corriger certains détails sur la notation des débatteurs (par
exemple, le total de points des débatteurs d’une équipe ne détermine pas
l’issue du débat), compléter des réponses sur les critères de juger un débat
(par exemple, les réponses obtenues lors du contre-interrogatoire entrent en
ligne de compte dans la décision quand le débatteur les réutilise dans son
discours de réfutation).
La décision du juge est définitive et irrévocable.
Elle ne peut faire l’objet d’aucune contestation de la part d’un coach ou d’un
débatteur.
Conclusion
Des documents sur la manière de juger un débat dont un
aide-mémoire pour les juges et deux guides pédagogiques sur le débat ont été
fournis à chaque participant. Ils ont sortis globalement satisfaits de la
formation. Enfin, ils ont été soumis à une évaluation sommative rapide des
connaissances apprises sur la fonction de juge et les critères de juger,
sous la forme d’un Quizz.
Ce programme de formation de juges qui a déjà été réalisé
dans le club du Cap-Haïtien, des Cayes et de Camp-Perrin, se poursuivra dans
les autres clubs en province (Jacmel, Gros Morne Jérémie). Ainsi, cela
permettra au programme de débat de la fondation de se développer davantage et
d’améliorer la qualité des débats, et de faire mieux progresser les jeunes
engagés dans ce programme.
Jean-Gérard
Anis
Coordonnateur du PIJ
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