Le pari du club de BMC
Le club de BMC
organise son premier tournoi annuel de débat, le samedi 23 mars 2013, à partir
de 10h am, dans les locaux de FOKAL. Quatorze matches sont prévus avec 8
équipes, autrement dit 24 débatteurs au total. La compétition qui se fera dans
le format Karl Popper, sera autour deux énoncés : « L’Etat
haïtien devrait interdire toute publicité pour le tabac » et « Des cours d’éducation sexuelle devraient être
instaurées à l’école en Haïti ».
Le club, qui
comprend une cinquantaine de membres, a fait le pari de réussir son tournoi. A
cet effet, le coordonnateur des Programmes Initiative Jeunes de FOKAL a effectué
samedi 9 mars 2013 une visite dans ce club afin de pouvoir accompagner les 2
animateurs, Ricardo Nicolas et Mozeau Wedly, et les débatteurs, dans la
préparation de l'événement.
Le coordonnateur
s’est montré disponible pour répondre aux questions des jeunes du club sur les
notions du débat. Bien qu’ils aient reçu auparavant une formation au débat avec
leurs 2 animateurs, beaucoup d’éléments les préoccupent dans le format Karl
Popper. Leurs questions ont porté sur les notions suivantes :
Comment construire un bon argument ?
Un bon argument se doit être clair, logique, objectif, bien supporté et
résistant à la réfutation. Il doit comporter une déclaration brève et simple.
Cette déclaration doit être suivie d’une explication qui démontre comment et pourquoi l’argument est généralement vrai. Idéalement,
l’explication et le raisonnement ne doivent être que de quelques phrases
seulement.
L’argument doit être supporté par un ou des exemples qui montrent qu’il
s’applique dans la réalité. Le support doit convaincre le juge et le public que
votre argument est vrai dans le monde réel.
Enfin, l’argument s’achève avec une petite conclusion qui montre exactement
comment il soutient votre point de
vue. Une technique utile est de répondre à la question « Et alors ? » en rapport avec
l’argument.
Comment construire un argument à partir d’une source ?
Tout est une question de méthode de travail. Quand vous disposez de
documents traitant du sujet, vous devez être capable d’isoler les informations
qui vont pouvoir vous servir dans l’élaboration de votre argumentation.
Quels types de support peut-on utiliser dans le débat?
Les supports sont des exemples qui constituent le moyen le plus simple et
le plus courant de justification et de preuve. Ces exemples doivent être réels, c’est-à-dire ils ne peuvent pas
être hypothétiques ; généraux, pour
ainsi dire évidents; significatifs,
autrement dit importants. Évitez les anecdotes personnelles. Les données
statistiques, les résultats d’enquête et d’étude, les citations de spécialistes
et d’experts reconnus dans un domaine de connaissance, des faits avérés et
connus constituent de très bons supports. En toute occasion, vous devez citer la source de votre support.
Pourquoi est-ce important de définir les termes de l’énoncé du débat ?
L’objectif de la définition est d’expliquer ce qu’un mot de l’énoncé
signifie pour votre débat. Dans tous les débats, les 2 équipes doivent définir les termes de la résolution, aussi claire et simple que possible (ce
qui ne veut pas dire qu’il faut définir chaque mot de l’énoncé). La définition
sert aussi à limiter la portée de l’énoncé et donc du débat, pour éviter les
hors-sujet. La définition doit demeurer raisonnable,
consensuelle, c’est-à-dire elle doit rencontrer l’adhésion d’un public neutre, peu averti du sujet.
Comment faire
une bonne définition ?
Quelques
techniques pour faire une bonne définition :
-
Ne définissez pas les termes
métaphoriques littéralement, à l’exemple de cet énoncé métaphorique, « La carotte (une incitation) vaut
mieux que le bâton (la punition)».
-
Ne donnez pas de définitions trop
compliquées,
celles d’un dictionnaire par exemple. Mieux vaut l’expliquer en rapport avec la
motion spécifique que vous débattez, même si vous vous inspirez d’un
dictionnaire.
-
Soyez prêts à donner des exemples
pour expliquer votre définition, au cas où elle ne permettrait pas de
clarifier le sens des mots.
Comment poser de bonnes questions ?
Quelques règles à suivre :
-
Votre question doit avoir rapport avec les propos que
l’orateur est en train d’énoncer ou qu’il/elle vient juste d’énoncer.
-
Chaque fois que c’est possible, formulez vos demandes sous
forme de question.
-
Evitez de poser des questions qui permettent à l’orateur
d’exposer les points forts de l’argumentaire de son équipe
-
Vos questions doivent être aussi courtes que possible.
-
Evitez d’engager une conversation avec l’adversaire
-
Posez des questions qui attaquent l’argumentation de votre
adversaire, mais non qui défendent la vôtre.
Est-il nécessaire au 3e orateur de dire que son équipe a gagné
le débat ?
Pas nécessairement, car cela n’a pas d’importance pour le juge qui seul décide
de l’issue du débat sur la base des arguments en confrontation. Néanmoins, le 3e
orateur doit être capable d’indiquer et prouver aux juges les points de confrontation (clash points) dans le débat qu’il pense que son équipe a remportés.
Que faut-il faire pour bien réfuter un argument ?
-
Notez bien d’abord l’argument de l’adversaire
-
Identifiez l’expression-clé (ou thème) de la déclaration de l’argument que vous voulez attaquer
-
Dites clairement aux juges que vous vous opposez à sa
déclaration
- Montrez les failles de l’argument (raisonnement spécieux ou
fallacieux, références mal choisies) soit par un raisonnement correct soit en
donnant d’autres références
-
Montrez l’impact de votre réfutation dans le débat, c’est-à-dire
les conséquences de l’attaque.
Il ne suffit pas de dire que l’argument de l’adversaire est faible, il faut le prouver. Il est utile de savoir que l’on peut également réfuter une définition, les exemples, les statistiques et même une réfutation.
Conclusion
A la fin de sa
visite, le coordonnateur a exhorté les jeunes à bien préparer leur débat par
des recherches approfondies, par véritable un travail d’équipe, à surmonter
leur inquiétude par une bonne préparation. Il les a encouragés à débattre
davantage pour mieux maîtriser les techniques du débat et pour devenir un
meilleur débatteur. Comme dit le philosophe allemand Emmanuel Kant :
« Le meilleur moyen de comprendre,
c’est de faire ».
Jean-Gérard
Anis
Coordonnateur du
PIJ
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