Dans le souci d’intégrer de personnes-ressources
extérieures à son programme et les activités de débat associées, FOKAL a
entrepris depuis janvier 2013 une grande campagne de formation de juges de
débat dans diverses communautés où ses clubs de débat existent. Cette formation
est déjà réalisée dans les clubs de Port-au-Prince, Cap-Haïtien, Cayes,
Camp-Perrin, Jacmel.
Quatre éducateurs, quatre étudiants à
l’université et quatre animateurs de clubs de débat, trois autres
professionnels dont un homme de loi, ont reçu samedi 27 avril 2013 à Gros Morne,
une formation sur les règles et les techniques de débat Karl Popper, et sur la
fonction de juge, animée par J-G Anis, le coordonnateur du Programme Initiative
jeunes de FOKAL.
Le débat n’est
pas une opération com’
Après que le coordonnateur ait
présenté les objectifs du programme de débat de FOKAL, et ceux de cette
formation, il a interrogé les participants sur leur expérience du débat. Chacun
a reconnu que les débats qu’ils ont l’habitude d’écouter ou de regarder dans
les médias haïtiennes ressemblent plus à de la conversation ou du bavardage.
Parce que les débatteurs ne parlent pas pour apprendre ni convaincre le public,
mais plutôt pour s’émousser au risque de tout capoter.
Le débat généralement exige le
respect de l’adversaire, la tolérance des idées, l’écoute attentive, des arguments
structurés étayés par des supports crédibles, bref une bonne préparation du
débatteur. Des qualités et des attitudes que les débats présidentiels de l’an
dernier aux USA et en France ont montrées, mais pas le dernier débat
présidentiel en Haïti qui, selon eux, a été une cacophonie, une opération communication,
au pire un pugilat.
Des juges à l’exercice
d’apprentissage du débat
C’était l’occasion pour eux de passer
à l’épreuve de l’exercice de produire une argumentation sur un sujet de débat
de leur choix, qui a été : « La
médecine traditionnelle devrait être autorisée dans les hôpitaux publics en Haïti ». Ils ont défini la médecine
traditionnelle comme les pratiques naturelles et coutumières de traitement des
malades n’utilisant pas les médicaments (utilisation de plantes ayant des
vertus médicinales, les lavements, les infusions et thés…).
Puis quatre groupes de 3 personnes
ont été créées pour préparer des arguments appuyant et opposés à la résolution,
en respectant la structure du format Karl Popper. Deux groupes soutenant l’affirmation
exprimée dans le sujet (la position affirmative) ont démontré que la médecine
traditionnelle est efficace vu
qu’elle traite la plupart des maux et infections récurrentes en Haïti ; et
elle
est plus économique, car le cout du traitement est
quasiment gratuit et les produits sont disponibles dans la nature.
Par contre, les 2 groupes opposés à
la résolution (la position négative) ont affirmé que la médecine traditionnelle est un
traitement aléatoire, car il n’y a pas de norme standard pour doser correctement
les produits utilisés et y éviter les réactions négatives du patient; elle
représente un danger pour les malades, car sans un bon diagnostic, les
produits agissent le plus souvent sur les symptômes mais pas sur la maladie qui
continue à s’aggraver.
Réfuter, un
exercice hautement délicat pour convaincre
Chaque groupe s’est efforcé ensuite
de réfuter les arguments des groupes adverses. Les 2 groupes opposés à la
motion croient que l’efficacité de la médecine traditionnelle n’est pas prouvée
puisque qu’on n’a pas le taux de personnes déjà guéries par ce mode de traitement.
De plus, la soi-disant économie qu’elle fait bénéficier au patient est une
illusion qui masque un problème plus important : une médecine à 2
vitesses, l’une pour les petites bourses, l’autre pour les patients aisés.
Répondant à la position négative, la
position affirme a contesté que la médecine traditionnelle soit aléatoire car selon
elle, même un médicament administré avec la dose correcte peut être nocif pour
un patient, et aussi le traitement médical n’est pas à l’abri des mêmes erreurs
de diagnostic qu’avec le traitement traditionnel, car un médicament guérit souvent
de préférence les symptômes au lieu de la maladie elle-même, comme dans le cas
d’un cancer par exemple.
Suite à cette simulation de débat, Elizabeth
et Thierry, 2 hauts cadres de FOKAL ont expliqué aux participants, dans une
vidéo-guide du débat projetée à l’occasion, la fonction du juge de débat, ses
exigences et les critères pour bien juger un débat. Un guide pédagogique ainsi
que des documents didactiques sur les notions, principes et techniques de débat
ont été distribués à chacun. Enfin, une évaluation de leurs connaissances
acquises sur la fonction de juge a été effectuée à l’aide d’un quizz dont les
réponses ont été très satisfaisantes.
L’épreuve d’arbitrer
un débat
La formation s’est poursuivie le
lendemain après-midi avec un débat d’exhibition entre 2 équipes du club de Gros
Morne, dont les juges avaient à arbitrer comme exercice pratique. Plus de vingt-cinq jeunes ont assisté au match. Les commentaires
généraux des 7 juges présents, sur les discours et les postures des débatteurs de chaque
équipe à l’issue du débat, ont montré qu’ils ont bien compris le format Karl
Popper. Néanmoins le fait qu’ils n’ont pas beaucoup réagi sur les arguments des
équipes peut être mis sur le compte de leur inexpérience.
L’expérience a été tout de même encourageante
étant donné que les commentaires et le vote des juges pour ce débat de
démonstration ont été plutôt justes et adéquats. Le club de Gros Morne peut
espérer compter sur des juges enthousiastes qui ont manifesté la volonté d’accompagner
le club dans ses activités de débat. FOKAL attend donc de voir le résultat de
cette collaboration sur la qualité des débats qui seront entrepris dans ce club.
Jean-Gérard Anis
Coordonnateur national du PIJ
1 commentaire:
Salut Me Anis
je suis très content pour votre message et je félicite beaucoup pour le formation qui a été réalisé dans la Club de Fokal qui se tient à Gros-Morne. Moi aussi je vous remercie pour tous pour votre sagesse et bonne aptitude que vous adresser parmi les participent, je pense que nous aurons continuer et marché avec la Club débat merci,merci pour votre participation, que Dieu vous bénisse.
Anneus Petithomme, de Gros Morne
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