Définir le débat, c’est amener le débat
sur un terrain précis. C’est en préciser le champ, le sens de la motion, la
définition de la résolution, son interprétation en toute honnêteté sans tomber
dans l’arbitraire, dans la limitation excessive, dans la généralisation hardie,
dans la casuistique.
La définition du débat ne peut
s’arrêter à la définition des mots-clés les uns après les autres. La
signification des mots tirée d’un dictionnaire sert à clarifier le sens du
débat. Le dictionnaire propose souvent des définitions hors contexte. Un mot
est vide s’il n’est pas intégré dans un tout cohérent. Un mot dont
l’interprétation est trop générale ne prête pas à l’opposition, à la
contradiction, à la confrontation des idées, à la controverse, bref au débat
selon le format Karl Popper.
La contextualité du mot, comme de la
résolution, est nécessaire pour fixer le sens du débat, les enjeux. Dans un
débat par exemple sur la disparition ou non du livre, il est clair qu’il s’agit
du livre traditionnel, sur support papier. Sur l’acception de l’expression
« pays en voie de développement », on peut proposer « pays
pauvres »sur le plan économique au regard du Produit Intérieur Brut (PIB).
Un débat sur l’aide internationale (USAID, FMI, BM, BID) et l’aide bilatérale
(UE, Petro Caribe, ACDI) ne peut se ramener à l’aide des Haïtiens vivant à
l’étranger. Il faut circonscrire, partir d’un lieu pour proposer une définition
acceptable, élaborée sur une base solide selon la position des équipes.
C’est l’équipe qui construit sa définition, et non le dictionnaire. Une définition précise qui fixe le
champ du débat et en conséquence l’organisation de la bataille, c’est-à-dire
les arguments, les explications, les supports.
Accepter la définition de l’autre
équipe, c’est accepter le sens donné à la résolution, c’est accepter de se
battre, de débattre sur ce champ précis, c’est accepter la confrontation.
Au-delà de la définition du dictionnaire, définir le mot ou l’énoncé, c’est
fixer le sens que prend le mot, la résolution dans un débat. Il n’y a pas de débat si les équipes
ne se décident pas sur la signification de la résolution, si elles s’engagent
sur des voies différentes, si elles refusent la confrontation.
Il faut ramener la résolution à un
problème, à une question, à une controverse essentielle et importante, y
centrer le débat, en fixer l’enjeu ou les enjeux.
La qualité de la résolution
Les bonnes motions en plus du sujet
de controverse donc de débat, misent sur des termes qui déclenchent le débat.
On peut avancer que les rédacteurs de la résolution se fixent des attentes. Par exemple, cette résolution devrait
porter les débatteurs á approfondir la question de l’aide internationale en
Haïti, mieux comprendre le fonctionnement des institutions internationales,
s’intéresser sur le fondement éthique du clonage, de l’euthanasie, du mariage
homosexuel, sur la question du rétablissement ou non de l’armée en Haïti, sur
les relations haïtiano-dominicaines.
C’est certes un jeu, mais un jeu dont les
enjeux éducatifs sont mis en avant par FOKAL.
Par Jean-Marie PIERRE
Juillet 2014
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