mercredi 9 mars 2016

Paroles de Jeunes est présenté à la communauté de Darbonne

Le club de débat de Darbonne du Programme Initiative Jeunes de Fokal a reçu ce vendredi 4 mars Jean-Gérard Anis, le coordonnateur du programme, pour une présentation du livre Paroles de Jeunes, à la demande de Maxandre Bien-Aimé et de Max Grégory saint-Fleur, les 2 animateurs du club de débat implanté dans cette communauté. 

L’objectif de cette présentation a été de faire connaitre le livre à la communauté, auquel ses jeunes ont contribué, d’orienter les jeunes vers sa lecture dans la bibliothèque Rasin Lespwa de Darbonne où 2 exemplaires sont disponibles, d’avoir des réactions des gens de la communauté sur le livre.
Environ soixante-dix personnes des 2 sexes ont été au rendez-vous. Parents, élèves, débatteurs, étudiants journalistes, représentants d’associations, tous ont été attentifs et très intéressés par la présentation de ce livre « fait pour les jeunes et par les jeunes ».

Naissance du projet et consultation nationale des jeunes

La mission principale de Fokal est d’aider les jeunes Haïtiens et Haïtiennes, c’est son axe prioritaire qui traverse tous ces programmes. C’est dans ce but que le Programme Initiative Jeune naît en 1996, qui a évolué et fête cette année ses 20 ans d’existence. « Il est rare de voir un programme durer autant dans ce pays, sans discontinuité » a précisé le coordonnateur du projet.
Paroles de Jeunes, est le premier livre dédié à la jeunesse faite par les jeunes en Haïti »,  a déclaré fièrement J-G Anis, responsable du projet à Fokal. "Il a été rédigé sur la base des 13 consultations menées auprès des jeunes dans diverses régions du pays des clubs de débat du pays. Dans ce livre, la jeunesse haïtienne parle de ses préoccupations, de ses frustrations, de ses espoirs sur le pays et leur avenir."

Pour en savoir plus sur la genèse du livre et la consultation nationale des jeunes, allez à http://vaguedufutur.blogspot.com/2014/08/les-400-voix-de-la-jeunesse-haitienne.html

Pour avoir un aperçu du contenu de l’ouvrage, allez à http://vaguedufutur.blogspot.com/2015/12/paroles-de-jeunes-est-enfin-disponible.html

Le livre a été distribué gratuitement dans toutes les zones d’implantation des clubs de débat de Fokal, notamment dans les bibliothèques publiques et de proximité, les établissements secondaires disposant d’une bibliothèque ou d'un coin de lecture, des universités publique et privée, des organisations de la société civile, des organismes de droits humains, des institutions  internationales, certains ministères (Jeunesse et sport, Culture, Tourisme, Education), des associations travaillant avec des jeunes, etc.

Ce que les jeunes de cette consultation espèrent, c’est d’être entendus. C’est pourquoi Fokal veut rendre ce livre disponible partout et pour tous. Selon le coordonnateur, la plus grande perspective de ce livre, c’est qu’il soit utilisé par les responsables ou toute personne voulant aider les jeunes dans leur avenir.

Questions et réactions du public

La présentation a été suivie des échanges passionnants avec le public. Les questions et les témoignages fusaient. Verbatim.

- Pourquoi appeler ce livre aussi, « Livre blanc de la jeunesse » ?
C’est une appellation que nous avons utilisé à l’interne pour nommer le livre. Par définition, un livre blanc est un recueil d'informations destiné à un public déterminé pour l'amener à prendre une décision sur un sujet particulier. […] Il permet aussi à des institutions privées ou publiques à but non lucratif comme les ONG de publier un message officiel sous forme d'état des lieux sur un domaine d'intérêt public. Dans notre cas, c'est d'amener les décideurs de ce pays, les institutions et les organisations œuvrant pour la jeunesse haïtienne d'entreprendre des initiatives pour ce même public.

- Le livre est-il disponible à l’achat ?
Il est en vente également dans les librairies de la capitale. Non, ce n’est un non-sens de vendre le livre alors que nous disons qu’il est disponible pour tout le monde, comme l’a fait remarquer un journaliste présent.

- Quelles sont les visions politiques de Fokal ?
La fondation n’a pas une vision politique, au sens politique politicienne, mais une politique jeunesse qui s’incarne dans ses différents programmes-maison à destination des jeunes. Le programme de débat, les bibliothèques de proximité, les bourses d’études aux étudiants, concourent tous à aider les jeunes à développer leurs capacités et à s’émanciper.

- Quand l’impact du livre se fera t-il sentir ?, s’inquiéta un jeune.
Nous aimerions que son impact se fasse sentir le plus rapidement possible. D’abord chez les jeunes qui devraient y trouver des motifs de réflexion sur eux-mêmes et sur le pays; ensuite chez les décideurs pour qu'ils engagent de véritables actions en leur faveur.

- Est-ce que les solutions présentes dans le livre paraissent plus concrètes ?
Plus concrètes par rapport à quoi ? Bien entendu, les pistes de solutions que les jeunes consultés ont proposées pour chaque problématique sont concrètes. Elles sont précises, réalistes, réalisables. C’est ce qui fait d’ailleurs la puissance du livre. On oublie trop vite que les jeunes peuvent être également une force de propositions aux problèmes du pays.

- Quelles solutions propose FOKAL pour les jeunes ?
Dans ce livre, Fokal n’a pas proposé de solutions pour les jeunes. Au contraire, ce sont les jeunes qui proposent des solutions. Fokal s’est fait seulement leur porte-parole à travers Paroles de Jeunes.

- Ne trouvez-vous pas que le livre est inachevé parce qu’on n’a pas consulté les jeunes du Nord-ouest et du Nord-est ?, questionna une jeune fille.
Oui et non. Oui, parce qu’on aurait pu faire plus de consultations, touché plus de jeunes, plus de communautés. Mais il a fallu être réaliste. Nous avions des limitations de temps et de budget. D’un autre coté non, puisque nous avons atteint nos objectifs prévus.

- Est-ce que Fokal a l’intention de s’étendre dans le Nord-ouest et le Nord-est ?, renchérit un autre.
J’espère bien qu’un jour ou l’autre Fokal interviendra dans ces 2 départements non encore touchés par ses programmes. Il n’est que d’attendre.

- Pourquoi d’autres zones n’ont pas été touchées par les consultation?, insista un camarade.
Les communautés touchées sont toutes des zones d’implantation des 14 clubs de débat de notre réseau. Ils ont servi comme ressources logistiques pour préparer les consultations et comme points de rencontre pour les jeunes. Malheureusement, dans les autres départements, nous ne disposions pas de ces ressources-là sur place. Malheureusement,  Fokal n’a pas (encore) de clubs dans ces départements : Nord-ouest, Plateau Central, Nippes et Nord-est. Nous mettrions trop de temps à y organiser ces consultations. Or, nous n’avions plus ce temps-là

- Est-ce que le livre sera disponible en format électronique ? Si oui, quand ?
Fokal y réfléchit déjà à cette possibilité. Malheureusement, je ne peux pas vous dire quand.

- Qu’est-ce qui va se passer après ? a demandé une élève.
Nous travaillons avec les clubs à transformer certaines de ces propositions en actions. Autrement dit, les clubs pourront organiser des journées de sensibilisation dans leurs communautés respectives sur des problématiques traitées dans  Paroles de Jeunes, afin de donner encore plus d’écho à leurs paroles.

- Comment l’école peut utiliser le livre ? Comment le livre peut-il aider la communauté ?, s’est interrogé un parent.
Ce livre peut être utilisé comme outil pédagogique, car il renvoie à beaucoup de sources, et aussi comme ouvrage de référence sur certains thèmes intéressant les jeunes en général, par exemple la question de l’égalité des sexes, des loisirs, de la culture, du bilinguisme à l'école…

Le livre adresse aussi des problèmes ou des préoccupations de la communauté, par exemple les questions de conditions de vie, d’habitat et de transport, d’emploi et de formation, de discriminations et de préjugés, de droits et de santé sexuels, des religions… Les réflexions et les propositions des jeunes peuvent constituer des tremplins vers des projets ambitieux si la communauté veut agir sur ces problèmes.
D’ailleurs, à la fin du livre, un chapitre est consacré à la manière dont on peut l’utiliser.

- Est-ce que n’importe qui pourrait reproduire le livre ?, a voulu savoir un élève.
Le livre est enregistré au Bureau Haïtien des Droits d’Auteur (BHDA) et est protégé par un copyright. Ces diapositifs donnent à Fokal le droit de poursuivre devant la justice, en Haiti ou à l’étranger, quiconque le vendrait illégalement, ou en ferait une reproduction illicite, sans son autorisation.

- Pourquoi le livre ne sera pas disponible dans toutes les écoles du pays ?
Nous avons fait le choix juste et sensé de donner gratuitement 1 à 2 exemplaires de l’ouvrage uniquement aux établissements secondaires disposant d’une bibliothèque ou d'un coin de lecture. Ainsi, nous évitons que le livre demeure la propriété d’un professeur ou demeure sur le bureau d’un directeur, dans une école, sans possibilité que les jeunes y aient accès.

- Pourquoi le livre est-il en vente dans les librairies ?
Pourquoi pas ? Vu qu’on n’a pas la possibilité de donner un exemplaire à chaque individu, on permet à des personnes intéressées de se l’approprier autrement, grâce à un petit effort financier. Cependant, la vente lucrative n’est pas la motivation de la fondation.

- Quel a été le coût de publication du livre pour Fokal?
Beaucoup d’argent, que la fondation a supporté seule. Il faut compter les frais d’organisation des consultations, d’édition et d’impression. Je dirais dans les trente mille dollars américains environ.

- Quelles sont les recommandations prioritaires de Fokal dans ce livre ?
FOKAL n’a pas fait de recommandations dans le livre. Néanmoins, il exhorte tout un chacun à le consulter, à s’approprier la parole des jeunes pour agir dans l’intérêt de la jeunesse haïtienne toute entière.

- Quels sont les retours espérés du livre ?
Comme les jeunes, on y met beaucoup d’espoirs : l’espoir que les paroles des jeunes soient vraiment entendues par tous ceux et toutes celles à qui le livre est adressé, que l’Etat, les responsables politiques, les institutions publiques, les organisations non gouvernementales et non étatiques agissent pour satisfaire les besoins de cette catégorie la plus importante de la population haïtienne.

- Est-ce que FOKAL compte refaire une consultation ?
On verra. Mais nous considérons les activités de débat dans les clubs comme des consultations sur des thématiques spécifiques.

Visions et perspectives du livre

Les jeunes ont applaudi l’initiative de venir présenter le livre à la communauté, de les faire découvrir son contenu et ses « secrets », au point qu’un jeune étudiant se disant leader d’un groupe de jeunes déclare qu’il ne partira pas sans un exemplaire de « Paroles de Jeunes ».

Une militante féministe, représentante d’une association de femmes à Léogane, s’est dite ravie que le club de Darbonne ait traité du thème « Egalité des genres ». Elle a ajouté que les jeunes filles doivent considérer les enseignements du livre sur l’équité de genre  pour définir leur place et leur avenir dans la société haïtienne. Elle a exhorté les filles à rester à l’école le plus longtemps possible.
Ce qu’il faut retenir, c’est que la vente du livre n’a pas un intérêt lucratif pour Fokal et que le livre n’est pas uniquement une sorte de recueil des réactions des jeunes sur des sujets de la société mais aussi un outil de réflexion et de décision afin d’améliorer la vie, l’avenir des jeunes Haïtiens ainsi que de la société en général.

Fokal réitère ses remerciements aux jeunes filles et garçons de Darbonne qui ont contribué à la réalisation du livre « Paroles de Jeunes ».

Jean-Gérard Anis
Coordonnateur du Programme Initiative Jeunes

Jessica Saint-Louis
Étudiante en 3e année à Sciences Po Rennes (France)
Stagiaire à la FOKAL

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