Dans le
souci de commémorer la mort du père de la nation haïtienne, l’Empereur Jean
Jacques Dessalines, le club de débat des Cayes a organisé le mercredi 17 octobre
dernier, une grande conférence débat sur la Vie de Dessalines avec et pour les
jeunes de la ville, de concert avec M. Eddy Maurice, un professeur de Sciences
sociales. Ce fut un débat à la fois houleux et enrichissant, d’une durée de
trois (3) heures.
Cette conférence-débat était organisée dans
l’optique de rafraîchir la mémoire des jeunes sur le rôle qu’avait joué ce
vaillant garçon pendant sa vie dans la lutte pour l’Indépendance haïtienne, et
leur donner la possibilité de réfléchir et de bien comprendre les actions de l’Empereur pour le peuple et pour la postérité
à l’époque. A terme, la
conférence visait à faire comprendre à ces jeunes citoyens la nécessité de contribuer
au progrès et à la grandeur de leur pays et de s’ériger en leader pour les
autres.
Ce jour-là, à partir de 9h45 am, l’animateur du
club, dans ses propos de bienvenue aux participants, en a profité pour
présenter brièvement le club, sa mission, ses objectifs et aussi les
différentes activités déjà réalisées depuis son implantation dans la ville. Un extrait
du discours d’introduction de Jean-Hervé Jupiter, responsable du club.
« Le Club est une initiative de FOKAL. La fondation se donne pour objectifs de redynamiser la vie
de la Jeunesse dans le pays, d’accompagner dans leur apprentissage à la
citoyenneté, à la tolérance, l’amitié par des formations, des activités de débat.
Elle vise à permettre aux jeunes de développer leurs capacités d’expression,
leur sens de l’argumentation à travers le débat, leur leadership naturel et
leurs capacités d’anticiper et de bâtir collectivement des projets pour un avenir plus serein et
plus prometteur. »
« Pour vous qui êtes là pour la première
fois, je vous invite à vous joindre à nous et à prendre part à nos différentes
activités. Sans plus tarder, je voudrais vous remercier pour votre présence et
je suis honoré aussi au nom du Club de vous présenter le professeur Eddy
Maurice qui volontairement a accepté d’être notre conférencier ce matin à
l’occasion de la commémoration de la mort de l’Empereur Jean Jacques
Dessalines. »
Le professeur
Maurice a commencé son intervention en rappelant le système esclavagiste imposé
aux Noirs à St Domingue par les colons français, du soulèvement des esclaves,
de la guerre de l’Indépendance. Puis il a cité des mesures prises par
Dessalines pour affermir l’indépendance comme : la politique agraire, la
vérification des titres de propriétés, la confiscation des biens, la
nationalisation des biens. Ces mesures prises ont
suscité un mouvement de mécontentement intérieur contre lui, qui a commencé
dans le Sud. « Mon fils, tiens
prête la 24e demi-brigade… Après ce que je viens de faire dans le
Sud, si les Citoyens du Sud ne se soulèvent pas, c'est qu'ils ne sont pas des hommes », dixit
l’Empereur au colonel Lamarre. Sur la route de l’Arcahaie, au Pont
rouge, l’Empereur fut pris dans une
embuscade, et assassiné sur ordre de ses anciens généraux.
Alors, le
jeune Djimy, qui avait suivi attentivement l’intervention du conférencier, a
lancé le débat par cette
question : « En quoi
l’indépendance haïtienne représentait une contagion pour les autres colonies du
monde ? » L’intervenant lui a rappelé que la Déclaration d’indépendance
du premier peuple noir indépendant allait servir d’exemple pour les autres
colonies en Amérique, qui à leur tour manifesteront le désir de secouer le joug
de l’esclavage et d’acquérir leur liberté….
« D’après vous, ces stratégies à savoir
le massacre des français et la destruction de leurs immeubles étaient elles les
meilleures ? Ne pensez vous pas aussi que « le koupe tèt, boule kay » est un mauvais héritage légué par nos ancêtres ? », interrogea un autre
jeune.
Pour cette
deuxième question, malgré les arguments avancés par le conférencier pour essayer
de justifier les actions de Dessalines, un véritable débat était ouvert avec des
opinions vraiment partagées. Pour le jeune Wilbert « il serait mieux de confisquer les maisons au lieu de les
incendier puisqu’ au départ des français, le pays pouvait bénéficier au moins
une part de leur richesse volée après confiscation de leurs biens ». Il a ajouté que « …si aujourd’hui ces actes se
répètent parfois dans le pays après la chute de nos gouvernements, c’est à mon
avis l’exemple de Dessalines que ces fauteurs de troubles continuent de suivre.
Tout moun konsyan ke lè sa rive, se peyi a ki fè bak ! »
Puis les
questions posées par les jeunes se bousculaient : « Comment les Français restés en Haïti après
l’indépendance représentaient-ils une menace pour l’indépendance du pays ? » demanda Farah. « Comment expliquez-vous l’expression :
Haïti dwe Lafrans, Lafrans dwe Haïti ? », voulut
savoir un autre. « Dessalines de par
tout ce qu’il a fait pour le pays, méritait-il la mort ? » objecta un troisième. « Tout par et pour la Métropole,
comment l’expliquez vous ? » fit
un autre.
Le
professeur Eddy a bien compris la préoccupation des jeunes et a tout fait pour satisfaire
leur curiosité et leur donner des réponses appropriées. Le plus intéressant
dans tout cela, le jeune Jacques, pour justifier l’attitude sadique de
Dessalines vis-à-vis des Colons, a démontré que « Dessalines faisait cela pour le bien-être de ces concitoyens, il
n’avait pas d’autre meilleur choix ; et d’ailleurs cela a donné un
bon résultat, celui de chasser les français du pays ». Puis il a cité une fameuse
déclaration de Dessalines : « Que m’importe le jugement de la postérité
pourvu que je sauve mon pays ! ». Applaudissements
nourris !!!
La conférence a durée 3 heures de temps. Ce fut un très long échange autour
de la vie et des actions menées par Dessalines et aussi sur les conditions
dramatiques de sa disparition. A la fin de la conférence, l’on pouvait
remarquer sur le visage de chacun l’expression d’une grande satisfaction et le
désir d’apprendre encore plus. Ainsi, ils ont souhaité voir répéter ce type de
conférence dans le club. Et enfin, au nom du club, le jeune Brutus a pris la parole pour
remercier le conférencier : « Je vous remercie au nom du club. Moi personnellement, je suis satisfait
de votre présentation, et j’espère que vous serez disponible pour nous. Merci. »
Par Jean Hervé Jupiter
Animateur du club des
Cayes
1 commentaire:
Dommage que cet article ait paru si tard! Ce serait plus intéressant sur la période de l’évènement.
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